André DUFRAISSE
André DUFRAISSE
André Dufraisse est né le 30 juin 1926, à Silord, petit hameau de la commune de Razès. Il est décédé, à l’âge de 94 ans, le 21 février 2021, dans ce même petit hameau de Silord.
Ses clubs amateurs.
Durant toute sa carrière, de 1946 à 1966, André Dufraisse est resté fidèle à son club d’origine, l’Union Vélocipédique Limousine.
Ses équipes professionnelles.
André Dufraisse a signé treize licences professionnelles.
En 1952, il porte le maillot de l’équipe Rochet Dunlop. A ses côtés on retrouve François Bussemey, Georges Claes, Georges Ramoulux et Pierre Tacca.
De 1953 à 1956, il porte le maillot vert et blanc de l’équipe Terrot. Parmi les coureurs de renom qui portent le même maillot, durant cette période, on retrouve : Jean De Gribaldy, Lucien Teisseire, Adolphe Deledda, Nello Lauredi, Charly Gaul, Jean Malléjac, Jean Dotto, Jean Robic, Tino Sabbadini, Jan Adriaenssens, Féderico Bahamontes, Roger Chaussabel, Abdel Kader Zaaf, Raymond Elena, Joseph Groussard, Roger Rondeaux, François Mahé. Trois autres coureurs du Limousin portent le même maillot : Georges Gay, Marcel Guitard et Valentin Huot.
De 1956 à 1961, André Dufraisse est membre de l’équipe Raphaël Géminiani. On retrouve, à ses côtés, durant cette période : Pierre Barbotin, Louis Bergaud, Gilbert Bauvin, Louis Caput, Jean Dotto, Raphaël Géminiani, Roger Hassenforder, Hugo Koblet, Maurice Lampre, François Mahé, Jean Malléjac, Gérard Saint, Roger Walkowiak, Jean Claude Annaert, Nicolas Barone, Michel Dejouahannet, Roger Rivière, Jean Brankart, Emmanuel Busto, Emile Carrara, Jacques Dupont, Pierre Everaert, Raymond Mastrotto, Albertus Geldermans, Tom Simpson, Jean Claude Lebaube.
En 1962, l’équipe Saint Raphaël s’est dotée d’un nouveau sponsor la marque Helyett, fabriquant de cycles. Aux côtés d’André Dufraisse on retrouve : Rudi Altig, Jean Claude Annaert, Jacques Anquetil, Seamus Elliott, Pierre Everaert, Maurice Gandolfo, Albertus Geldermans, Jean Graczyk, Marcel Queheille, Louis Rostollan, Jean Stablinski.
En 1963 et en 1964, la firme Gitane s’associe à Saint Raphael. Pour ses deux dernières saisons pros André Dufraisse est entouré par Rudi Altig, Jean Claude Annaert, Jacques Anquetil, Seamus Elliott, Pierre Everaert, Maurice Gandolfo, Albertus Geldermans, Roger Hassenforder, Guy Ignolin, Jean Claude Lebaube, Anatole Novak, Louis Rostollan, Jean Stablinski, André Zimmermann, Arie Den Hartog, Michel Grain.
Son début de carrière.
André Dufraisse débute la compétition en 1948. Dès le début de la saison il se classe régulièrement dans les premiers des classements jeunes sur les épreuves de premières catégories. Le 30 mai, il s’impose au sprint à Saint Lazare, quartier du Sud Est de Limoges. Ce Prix de Saint Lazare est ouvert aux 4ème catégories. Il est organisé par son club avec l’appui de la Confrérie des Cornards. Le 29 août, André Dufraisse court à Saint Victurnien en 3ème et 4ème catégorie. A 27 kilomètres de l’arrivée, il s’échappe et il ne cesse d’augmenter son avance pour franchir la ligne d’arrivée avec cinq minutes d’avance. Le 27 septembre, il s’impose à La Meyze en devançant Georges Aymard.
André Dufraisse clôture brillamment sa première saison de compétition en remportant, le 17 octobre, le Championnat de l’Union Vélocipédique Limousine disputé contre la montre sur le parcours Limoges-Magnac Bourg et retour.
Saison 1949.
En 1949, pour sa deuxième saison de compétition, André Dufraisse fait déjà partie des meilleurs coureurs de premières catégories. Le 26 juin, il remporte sa première victoire de la saison après avoir dominé ses adversaires lors du Grand Prix de la Place Marceau, à Limoges.
La finale du Championnat du Limousin 1949 se dispute à Limoges, le 10 juillet 1949. 72 kilomètres sont à accomplir, contre la montre, en passant par Saint Junien, Saint Cyr, Saint Laurent sur Gorre, Séreilhac et Aixe sur Vienne. Les 15 coureurs qualifiés pour disputer cette finale sont : Henri Perret de Guéret, André Dufraisse de l’UVL, Marius Duteil de Périgueux, Marcel Alix de l’UVL, Léon Bouilhac de Brive, Marcel Guitard de l’UVL, René Dufour du CRCL, André Martrat de la Pédale Gaillarde, Jean Rigout de l’UVL, André Lajoinie de la Pédale Gaillarde, Louis Lacoste du CC Périgueux, André Bernard de l’UVL, Raymond Cassier de Guéret, André Commerie de la Pédale Faidherbe et Pierre Mounet du CC Périgueux. Le leader du classement provisoire est André Commerie avec 35 points, suivi de Raymond Cassier 31 points, André Bernard 29 points, Pierre Mounet 27 points. Un pointage réalisé en haut de la côte de Virolas, à la sortie de Saint Junien, après une trentaine de kilomètres, donne déjà une bonne indication sur la suite des événements. André Bernard passe en 53 minutes. Pierre Mounet est pointé à 1′ 20″. René Dufour et André Martrat sont à 2 minutes. Henri Perret et André Dufraisse à 3 minutes. André Bernard ne semble pas sentir les pédales. Un ton au dessus des autres, il va creuser les écarts jusqu’à l’arrivée. Seul, son second, André Dufraisse, auteur d’un très bon final réussit à lui reprendre du temps. Il termine cependant à 2′ 45″.
André Bernard fait coup double, son extraordinaire performance lui permet d’être sacré Champion du Limousin 1949. 5 points de bonification lui ayant été accordés pour avoir terminé avec plus d’une minute d’avance, son total de points s’élève à 64. André Commerie avec 53 points monte sur la 2ème marche du podium, Raymond Cassier monte sur la 3ème avec 51 points. André Dufraisse échoue au pied du podium à la 4ème place.
Le 17 juillet, André Dufraisse triomphe, à nouveau, à Limoges, au Circuit des Ponts où il termine, en solitaire, en devançant André Roussy et André Commerrie.
Le 30 juillet 1949, André Dufraisse remporte un premier titre de Champion du Limousin. Le Championnat du Limousin des Sociétés se déroule à Périgueux sur un parcours de 72 kilomètres. A 14 h 30, c’est l’Union Vélocipédique Limousine qui s’élance en première position. André Dufraisse fait partie de l’équipe. Il a, à ses côtés, Marcel Guitard, André Bernard, Maurice Domingue et Jean Rigout. D’entrée, les cinq hommes de l’UVL mènent un grand train, se relayant parfaitement, leur allure approche les 60 kilomètres heure dans les faux plats descendants. Au premier pointage à Cubjac, au 20ème kilomètre, ils ne possèdent pourtant que 7 secondes d’avance sur l’équipe première du CC Périgueux composée de Marius Duteil, Pierre Mounet et Robert Lascaux. La surprenante équipe du VC Aubusson composée d’Emile Appert, de Marsilly et de Brugère passe en 3ème position, avec un retard de 15 secondes. Au second pointage, à Saint Martial d’Albarède, au 37ème kilomètre, c’est une énorme surprise, le VC Aubusson pointe en tête avec 2 minutes d’avance sur le CC Périgueux. L’UVL est reléguée à 2 minutes 20″. Bergerac à 2 minutes 30″. Au 55ème kilomètre, à Savignac Les Eglises, le VC Aubusson est toujours en tête mais l’UVL ne compte plus que 5 secondes de retard et le CC Périgueux est tout près, à 10 secondes. La fin de course est palpitante. Sur une route plate, brulée de soleil, l’UVL recueille le fruit de ses efforts prudents et savamment dosés. C’est avec 1 minute 12″ d’avance que le club limougeaud va franchir la ligne d’arrivée. Le VC Aubusson est surprenant second au détriment du CC Périgueux qui doit se contenter de la 3ème marche du podium à 2 minutes 15″ des vainqueurs.
Le 4 septembre, André Dufraisse se distingue à Saint Sulpice Laurière. Il s’échappe en compagnie de Ricou de Chateauroux. Il ne tarde pas à le décrocher pour s’envoler vers la victoire en terminant avec 4 minutes d’avance sur le second Meyrat.
André Dufraisse récidive, le 25 septembre, à Pierre Buffière, où il termine, une nouvelle fois, en solitaire.
Saison 1950, les débuts en cyclo-cross et un premier titre de Champion du Limousin de cyclo-cross.
En 1950, André Dufraisse découvre le cyclo-cross. Le 29 janvier, il prend le départ du cyclo cross des Cycles Elans. qui se déroule sur le circuit de La Bastide et du Moulin Pinard, au nord de Limoges. Ce parcours, avec quelques variantes, est devenu le lieu de rendez-vous incontournable des coureurs de la région qui sont de plus en plus nombreux à pratiquer le cyclo-cross, discipline en plein développement. C’est un début très prometteur pour André Dufraisse qui termine deuxième derrière son camarade de club Marcel Guitard.
Le 5 février, lors du Championnat de l’UVL disputé de bout en bout sous la pluie, André Dufraisse prend sa revanche en devançant le grand favori Marcel Guitard.
Le 12 février, le Championnat du Limousin se déroule, encore sur le circuit de La Bastide. André Dufraisse accomplit les deux premiers tours en compagnie de René Dufour du CRCL, second du championnat précédent. A l’amorce du 3ème et dernier tour, André Dufraisse lâche René Dufour et, avec une régularité remarquable, il creuse progressivement un écart qui atteint 1′ 48″ au moment où il franchit la ligne d’arrivée et ceci, dans un étonnant état de fraîcheur. Derrière lui, René Dufour lutte courageusement pour la deuxième place qualificative pour le Championnat de France qui doit se dérouler à Fontainebleau. Marcel Guitard, retardé en début de course, par des ennuis mécaniques, parvient, au prix d’un bel effort, à revenir dans la roue de René Dufour dans les tous derniers kilomètres. Les deux hommes vont se départager au sprint. Marcel Guitard prend trois longueurs d’avance mais, à 20 mètres de la ligne, il casse sa roue libre laissant ainsi la qualification à René Dufour.
Au lendemain de l’épreuve, Raymond Brice, journaliste du Populaire du Centre, n’hésite pas à écrire dans les colonnes du quotidien : La course d’André Dufraisse fut un modèle de régularité et fut conduite magistralement. La victoire de Dufraisse récompense un coureur loyal et consciencieux qui prend son métier au sérieux et qui doit arriver, au cours des futures saison, à glaner de nombreux succès. La suite démontrera que Raymond Brice avait vu juste.
Le 28 février, à Fontainebleau, l’inexpérimenté André Dufraisse réalise une formidable performance en terminant en 12ème position du Championnat de France remporté par Pierre Jodet devant Georges Meunier et Kléber Piot.
1950 – De très beaux résultats sur les routes régionales.
La saison de cyclo-cross terminée, André Dufraisse retourne sur la route. Le 26 mars, c’est à nouveau dans le quartier Saint Lazare à Limoges qu’André Dufraisse renoue avec la victoire. Dès le 2ème tour de circuit, autour de l’ancien aérodrome de Limoges, Yves Viécelli s’échappe. André Dufraisse se lance à sa poursuite et ne tarde à établir la jonction. Les deux hommes se relayant parfaitement vont se disputer la victoire au sprint. André Dufraisse s’impose aisément.
Le 1er mai, André Dufraisse s’aligne, Quai Saint Martial, à Limoges, au départ du Grand Prix Esders, épreuve réputée du calendrier, richement dotée avec 8000 francs au premier. 3h 29′ plus tard, c’est sous un tonnerre d’applaudissements qu’André Dufraisse franchit la ligne d’arrivée après avoir, dans le dernier tour, sorti de sa roue arrière, son compagnon d’échappée, Valentin Contarin, licencié à La Châtre.
Le 21 mai, à Bellac, André Dufraisse lève à nouveau les bras à l’occasion du Grand Prix de la ville et des commerçants. C’est une nouvelle victoire en solitaire pour l’enfant de Razès qui a démarré à huit kilomètres de l’arrivée, dans la côte de Bel Air, sous la pluie et avec un vent proche de la tempête.
Malgré son métier de forgeron qui l’occupe neuf heures par jour, André Dufraisse reste à la pointe du combat. Le 9 juillet, il fait partie des meilleurs lors du Championnat du Limousin disputé contre la montre, à Limoges. Il doit cependant se contenter de la 3ème marche du podium derrière Jacques Vivier et André Bernard.
Le 14 juillet, André Dufraisse s’impose près de chez lui, à Folles, en battant, au sprint, Yves Viécélli.
Huit jours plus tard, le 22 juillet, il prend le départ du Championnat du Limousin des Sociétés. Son club, l’Union Vélocipédique Limousine est chargé d’organiser l’épreuve. Le parcours retenu est le suivant : Limoges, La Crouzille, Ambazac, Saint Laurent Les Eglises, Le Pont du Dognon, Le Chatenet en Dognon, Saint Léonard de Noblat, La Croix Ferrée, Aureil, Crézin, La Cidrerie, soit 78 kilomètres. L’équipe de l’UVL, tenante du titre, est solide avec Jean Rigout, Marcel Guitard, André Dufraisse et Raymond Hébras. Le départ est difficile pour l’UVL. Marcel Guitard n’est pas au mieux et une crevaison, à Maison Rouge, ne va pas arranger les choses. Raymond Hébras se dévoue en lui donnant sa roue. Au pointage de la Croix Ferrée, l’UVL compte 1 minute 32″ de retard sur la 1ère équipe qui n’est autre que la 3ème équipe de l’UVL, le club ayant engagé trois équipes. André Bernard, André Dufraisse mais aussi Jean Rigout, beaucoup mieux dans le final, vont tout donner lors du retour sur Limoges. Ils vont finalement l’emporter avec 44 secondes sur l’équipe 3 de l’UVL. Le CA Ribérac prend la 3ème place à 3 minutes 57 secondes. L’UVL a archi dominé ce championnat puisque outre les deux premières places, l’équipe 2 termine au 4ème rang devant le Cyclo Racing Club Limousin et le VC Aubusson. Pour André Dufraisse c’est un deuxième titre de Champion du Limousin des Sociétés.
Alors que la fin de saison sur route approche, André Dufraisse, classé indépendant, a la possibilité de participer à plusieurs courses ouvertes aux pros. Ainsi le 20 août, il termine 4ème du réputé Prix du Macaud, à Eymoutiers remporté par Roger Buchonnet. Malgré cette bonne prestation, le Populaire du Centre, dans un article un peu sévère, juge que c’est une contre performance mais, dans ce même article, il est aussi intéressant de constater que l’hydratation du coureur cycliste était, à cette époque, vue sous un angle totalement différent qu’elle ne l’est de nos jours.. Après son échec dans le Circuit du Macaud, Dufraisse donne rendez-vous à ses rivaux dans trois semaines, à Limoges, pour le Prix du Populaire du Centre. Comment vouliez vous que j’arrive à rejoindre s’exclamait le sympathique André Dufraisse en nous montrant, à l’arrivée, sa roue avant bloquée. Depuis 10 tours c’est comme cà, mon frein appuie sur la jante et impossible de l’arranger en course. Toutefois, je ne veux pas discuter la victoire de Buchonnet, il était très fort aujourd’hui. Quel dommage que je n’ai pas cru à son échappée, sinon j’aurais pu facilement prendre la roue. En fait, Dufraisse est étonnant de fraîcheur. Il transpire à peine. Il est vrai qu’il fait partie de ceux qui surent s’abstenir de boire. Ce n’est qu’au 40ème tour qu’il réclama à boire soit à 10 tours de l’arrivée.
Le 6 septembre, André Dufraisse se déplace à Toulouse pour participer au Championnat de France des Indépendants. Toujours aux avant-postes, il fait partie des vingt coureurs qui se disputent le titre au sprint. Sauveur Néri se montre le plus rapide. André Dufraisse est classé 7ème ex-aequo.
Le 25 septembre, le Grand Prix de Chateauponsac est ouvert aux pros 2ème catégorie et aux indépendants. Bien que 10000 francs récompensent le premier, les coureurs ont boudé cette épreuve. Cela fait le bonheur d’André Dufraisse qui clôture brillamment sa saison sur route en devançant, au sprint, Jean Rigout.
Saison de cyclo-cross 1950-1951. Premier podium national et premier podium mondial.
Le 24 décembre, André Dufraisse débute sa saison de cyclo-cross 1950-1951 à Angoulème. Avant cette épreuve, il se montre particulièrement confiant : Dès dimanche, je vais faire le point de ma condition, à Angoulême, où Monsieur Monnerie veut bien m’amener. Ce sera mon premier cross de la saison et je dois en tirer des enseignements. Je ne veux rien laisser au hasard pour conserver mon titre car Monsieur Manière m’a promis que si je me qualifiais, Marcel Venineaux, directeur sportif des Cycles Rochet s’occuperait de moi lors de la finale ce qui ne manquerait pas d’accroitre mes chances de bien me classer. Du reste, après Angoulême, je poursuivrai ma préparation en allant disputer quelques cross en région parisienne pour jauger mes futurs adversaires. A Angoulême, sur un parcours très difficile, avec une rampe à fort pourcentage à gravir huit fois et le tout sous un froid glacial, André Dufraisse va dominer l’épreuve après avoir pris le commandement dès la fin du premier tour.
Début 1951, André Dufraisse suit le programme qu’il s’était fixé. Le 7 janvier, il fait le déplacement à Châteauroux, en compagnie de Marcel Guitard. Les deux hommes réalisent le doublé. André Dufraisse laisse Marcel Guitard à 24 secondes.
Le 14 janvier, André Dufraisse termine second derrière Georges Ramoulux à Poitiers.
Le 21 janvier, il termine deuxième à Montreuil derrière Pierre Jodet, champion de France en titre. Le 28, il est, à nouveau, second, à Dreux derrière Roger Rondeaux, vice champion du monde en titre.
Le 4 février 1951, André Dufraisse remet en jeu son titre de champion du Limousin de cyclo-cross mais, si la saison précédente, André Dufraisse s’était présenté au départ en novice, la situation n’est plus la même en ce début de saison 1951. André Dufraisse s’est fait remarquer dans cette discipline au niveau national. Aussi, à la veille du championnat du Limousin, Claude François, journaliste au Populaire du Centre, n’a pas manqué de recueillir ses impressions : Il n’y a pas de doute actuellement, c’est Rondeaux le plus fort d’autant qu’il prend énormément de risques et c’est surtout ce qu’il faut faire dans les cross parisiens qui ressemblent tous à de véritables montagnes russes dans la terre glaise. Rondeaux est véritablement l’acrobate numéro 1 du cyclo-cross. C’est surtout le manque de métier qui m’a manqué mais, ces deux courses en région parisienne m’ont fait beaucoup de bien. Lorsque Claude François le questionne sur ses ambitions pour le prochain Championnat de France qui doit se dérouler à Dijon, André Dufraisse s’empresse de préciser : Avant d’aller à Dijon, il faut gagner le championnat du Limousin, à Limoges, car seuls, les trois premiers seront qualifiés. Evidemment, j’ai confiance et j’espère bien conserver mon titre. Je sais qu’il faudra surtout compter sur André Bernard, Marcel Guitard et Jean Delpech qui ont dominé dans les cross régionaux. Marcel Guitard est le plus coriace mais, je l’ai battu deux fois, à Poitiers et à Châteauroux et je ne veux pas faire mentir le proverbe. Sans sous estimer mes camarades, je crois que je redoute surtout les incidents mécaniques qui pourraient me faire perdre stupidement ma qualification.
André Dufraisse ne croyait pas si bien dire. Le parcours, s’il est situé toujours au nord de Limoges, a été modifié. Le départ a lieu sur la nationale 20, près du carrefour du Malabre, puis les concurrents entrent dans Limoges, empruntent le Clos de la Bregère, la rue Claude Lorrain, la rue René Peschiras, le talus de la voie ferrée, la prairie Boutet, le chemin creux, le carrefour de Beaubreuil, le Moulin Pinard, la carrière du Malabre, le hameau d’Uzurat, la carrière de Brachaud, le Saut du Diable, la ferme Roumilhac, la route nationale 20, le Bois de La Bastide, les 4 routes de Beaubreuil, le chemin creux, la prairie Boutet, le Clos de La Bregère, le château d’eau de La Bastide. Soit 11 kilomètres. Puis les coureurs reviennent au Moulin Pinard et à partir de là, ils font le même circuit que la première boucle soit 8 kilomètres supplémentaires. Enfin, la dernière boucle repart au Moulin Pinard et revient par la carrière de Brachaud, le Saut du Diable, la ferme Roumilhac et la Route Nationale 20 jusqu’au château d’eau de La Bastide où est jugée l’arrivée. Soit 4,7 kilomètres supplémentaires. Au total 24,5 kilomètres sont à accomplir. 46 coureurs ont fait parvenir leur engagement aux organisateurs. Peu après le départ, les craintes émises, la veille de l’épreuve, par André Dufraisse, ne tardent pas à se vérifier. Il est victime d’une crevaison 500 mètres, à peine, après le départ. Ce championnat va donc être un match poursuite entre André Dufraisse et Marcel Guitard qui met le nez dans le guidon dès la crevaison de son adversaire. André Dufraisse va mettre deux bonnes minutes pour changer son boyau. A la carrière du Malabre, au premier passage, les positions sont les suivantes : Marcel Guitard est seul en tête. A 44 secondes, André Bernard et René Mannat. A 50 secondes, l’Aubussonnais, Armand Salvini. André Dufraisse passe, loin derrière, avec un retard de 1′ 45″. Au premier passage au château d’eau, André Dufraisse est remonté à la deuxième place mais il accuse encore un retard de 1′ 40″ sur un Marcel Guitard survolté. Au second passage, au Trou du Diable, André Dufraisse est revenu à 1′ 18″. Enfin, au dernier passage, au Moulin Pinard, l’écart n’est plus que d’une minute. Malgré une chute dans les derniers hectomètres, André Dufraisse passe la ligne à seulement 38 secondes de Marcel Guitard lequel, exténué, avoue à l’arrivée : C’est la course la plus dure que j’ai jamais faite.
Tous les deux obtiennent leur billet pour le Championnat de France qui se déroule, le 11 février, à Marsannay La Côte, près de Dijon. André Dufraisse va réaliser l’exploit de monter sur la deuxième marche du podium de ce championnat, derrière Roger Rondeaux. Sur un parcours extrêmement boueux, il a su faire preuve de beaucoup de volonté : C’était terrible moralement. J’avais peur de crever. J’étais étroitement marqué et il m’a fallu un tour pour me dégager du paquet. Rondeaux est très fort, c’est vraiment un grand champion de France et il est presque imbattable. Je regrette d’avoir été aussi mal placé au départ car j’aurais pu finir plus près. Meunier aussi était très fort et il m’a fait souffrir sur la fin car il revenait dur.
Le 18 février, qualifié pour disputer le Championnat du Monde à Luxembourg, il en reviendra avec un nouveau podium. Roger Rondeaux a endossé le maillot arc en ciel, André Dufraisse a terminé, une nouvelle fois, deuxième devant Pierre Jodet et Georges Meunier. La France a archi dominé ces deuxièmes championnats du monde de cyclo-cross mais l’on retiendra surtout que la carrière du plus grand cyclo-crossman de tous les temps vient d’être superbement bien lancée. Je suis content, mon désir est réalisé. Mes amis de Razès et ceux du Café du Brésil, à Limoges, vont être satisfaits. Mais, je ne me leurre pas pour autant car je sais que j’ai beaucoup à faire sous les couleurs de l’UV Limousine. Si je dois aller courir dimanche à Genève, je dois aussi monter à Paris pour disputer les grandes épreuves réservées aux indépendants en vue de me préparer pour les Six Provinces.
24 heures avant les Championnats du Monde, André Dufraisse s’était confié au journaliste de l’Echo du Centre, Guy Fontaine. Si je termine dans les trois premiers au Championnat du Monde, j’irais en pèlerinage sur la tombe d’André Raynaud pour qui j’ai toujours eu la plus grande admiration. Dès son retour à Silors, il a tenu parole en se rendant au cimetière de Vaulry pour déposer, sur la tombe, le ruban de la gerbe remise à Luxembourg.
1951 – Une saison sur route en demi teinte.
Du 26 avril au 3 mai, André Dufraisse participe à sa première grande course par étapes en s’alignant au départ du Circuit des Six Provinces. Sur la première étape qui conduit les coureurs, durant 228 kilomètres, de Lyon à Montélimar, tout se passe bien pour André Dufraisse jusqu’à ce qu’un chien sorti d’un rideau de spectateurs vienne percuter sa roue avant. La chute est inévitable. André Dufraisse contusionné à la cuisse, aux genoux, aux bras et aux épaules, se relève péniblement alors qu’il reste 70 kilomètres à accomplir. Il va parvenir à rejoindre Lyon à la 89ème place avec 15 minutes de débours. Dès le lendemain, de Montélimar à Aix Les Bains, les coureurs abordent la montagne. André Dufraisse prend une belle 12ème place à seulement 3 minutes du vainqueur Gilbert Bauvin. Sur la 3ème étape disputée entre Aix Les Bains et Bourg, André Dufraisse est classé 11ème ex-aequo, dans le même temps que le vainqueur Marcel Ernzer. Par la suite, alors que les abandons se succèdent et qu’Ils ne sont plus que 48 classés, André Dufraisse fait preuve d’une belle régularité mais c’est surtout lors de la 7ème et dernière étape qu’il démontre qu’il est bien un très bon coureur par étapes. Entre Roanne et Lyon, la sélection s’opère dans le col du Pilat. Six hommes se retrouvent en tête, André Dufraisse est de ceux là. La victoire se joue au sprint sur le vélodrome de Lyon. Marcel Ernzer remporte une nouvelle fois l’étape et André Dufraisse prend la 6ème place. Si Marcel Ernzer remporte le classement général final, André Dufraisse occupe une belle 14ème place. A noter que sur les 110 partants, ils ne sont que 36 à terminer.
Le 20 mai, lors du Prix de Bessereix près de La Souterraine, André Dufraisse en démarrant sèchement dans la côte de Saint Priest La Feuille se déjoue de la coalition Raoul Pouget – Maurice Pradel pour l’emporter en solitaire avec 40 secondes d’avance sur Stéphane Nemec, Raoul Pouget, Maurice Pradel, André Martat et Henri Perret avec lesquels il s’était échappé dès le 4ème tour.
Le 17 juin, André Dufraisse participe à la 20ème édition, de Paris Limoges. Disputée par beau temps cette 20ème édition s’anime, comme souvent, en abordant les dernières difficultés de Morterolles, Bessines et Razès. Difficultés bien connues d’André Dufraisse qui ne manque pas l’occasion de se faire remarquer. Dès le début des premières bosses, le peloton vole en éclat. Jacques Marinelli (Alcyon) montre ses talents de grimpeur en passant en tête en haut de Morterolles devant Armand Audaire (Gitane) et Antoine Frankowski (La Perle). André Dufraisse attaque, à son tour, dans la traversée de Bessines mais, au sommet de la côte, c’est Armand Audaire qui remporte les points devant Maurice Monier (Olympique Dunlop). Les coureurs abordent la côte de Razès entre deux haies de spectateurs qui n’ont d’yeux que pour André Dufraisse. Follement acclamé, André Dufraisse démarre une nouvelle fois mais il est battu de justesse par Jacques Marinelli au classement du meilleur grimpeur. Les deux hommes ont rejeté à 40 secondes leurs poursuivants, Emile Bruneau (Automoto), Jean Gueguen (Mercier), Galliano Pividori (Automoto), Georges Meunier et Louis Forlini (Gitane). Jacques Marinelli est très costaud, il sort de sa roue André Dufraisse dès la sortie de Razès. André Dufraisse est alors repris par le groupe des poursuivants qui s’organisent. A son tour, Jacques Marinelli est repris peu après La Crouzille. La foule est énorme à l’approche de Limoges et notamment le long du Bois de La Bastide. Jacques Marinelli n’a pas dit son dernier mot, il place une nouvelle attaque dans la côte du château d’eau. Seuls, Louis Forlini, Georges Meunier, Galliano Pividori et Jean Gueguen réussissent à prendre la roue. C’est la bonne échappée. Contrairement aux autres années, les coureurs ne tournent pas à gauche pour rejoindre le vélodrome Raynaud. Ils foncent tout droit jusqu’à la place Carnot puis remontent la rue Emile Labussière, totalement pavée, pour rejoindre le stade municipal de Beaublanc où est jugée l’arrivée. Sur la piste en cendrée, dans la ligne opposée, Georges Meunier démarre. Il a course gagnée mais il se relève trop tôt et c’est d’extrême justesse qu’il enlève le 20ème Paris-Limoges. Louis Forlini prend la seconde place devant Galliano Pividori et Jacques Marinelli. Après avoir amené le sprint, pour la 7 ème place, André Dufraisse se fait déborder, il prend une méritoire 15ème place et l’on retrouve dans ce même peloton son camarade de l’UVL, André Bernard qui termine 17ème.
Le Championnat du Limousin des Sociétés se déroule le 23 juin, à Limoges. sur le parcours suivant : Feytiat, Aureil, Masléon, Neuvic Entier, Chateauneuf la Forêt, Linards, Saint Paul d’Eyjeaux, Aureil, Feytiat, Limoges. Les clubs de la Dordogne n’ont pas fait le déplacement et il n’y a que six équipes au départ : deux pour l’Union Vélocipédique Limousine et le Cyclo Racing Club Limousin, une pour Guéret et l’AS Saint Junien. La course pour le titre va se résumer à une bataille entre les deux équipes premières de l’UVL et du CRCL. Pour L’UVL, on retrouve le trio vainqueur des saisons précédentes, Marcel Guitard, André Bernard et André Dufraisse. L’équipe est complétée par Paul Simon et Raymond Hébras. Les couleurs du CRCL sont défendues par Albert Treuil, René Dufour et Georges Aymard. Les hommes du CRCL partent très vite. Au 1er pointage, à Aureil, ils précèdent l’UVL de 17 secondes. A Masléon, l’UVL n’a plus que 3 secondes de retard. A Châteauneuf La Forêt, l’UVL occupe la pôle position avec seulement 7 secondes d’avance mais, fort de l’expérience des années précédentes, l’équipe première de l’UVL va terminer, en boulet de canon, en portant son avance à 2 minutes 40 secondes sur la ligne d’arrivée à Limoges. C’est le 3 ème titre consécutif pour l’Union Vélocipédique Limousine mais aussi pour André Dufraisse.
Le 9 juillet, après plusieurs années de tâtonnement sur la manière d’attribuer le titre de Champion du Limousin sur route, le Comité du Limousin de Cyclisme avec, à sa tête, le Président Mourier, revient à la formule toute simple : départ sur la même ligne de tous ceux qui veulent tenter leur chance sur un circuit de 172 km. Le parcours concocté est hérissé de bosses. Départ de Limoges, puis le peloton va traverser, Saint Léonard, Sauviat, Bourganeuf, Guéret, Saint Vaury, La Souterraine, avant d’aborder un final réputé pour sa difficulté, avec les côtes de Morterolles, Bessines et Razès. L’arrivée est jugée sur la piste, en cendrée, du Stade Municipal de Beaublanc, à Limoges. Cette nouvelle formule plait si l’on en juge par la quantité d’articles de presse qui durant les 15 jours qui précèdent l’épreuve vont faire monter la pression. Au rang des favoris figure le tandem des ‘André‘, Dufraisse et Bernard, au même titre, que le duo de la Dordogne, Jacques Vivier – Michel Brun. La course prend une nouvelle tournure au 90ème kilomètre dans la traversée de Saint Vaury où le racingman Pierre Marinier tente l’aventure. Le Guérétois, André Lambert et le coureur de Ribérac, Marius Duteil sautent dans sa roue. Quelques kilomètres plus loin, le peloton est secoué par une attaque beaucoup plus sérieuse. Joseph Fabro de Bergerac, Albert Treuil du CRCL, André Commerie de la Pédale Thibérienne et surtout, Jacques Vivier sont sortis du peloton. A La Souterraine (km 115), les deux groupes de tête n’en forment plus qu’un mais ils ne sont plus que six. André Lambert n’a pas pu suivre le rythme qui a fortement augmenté. Le peloton accuse un retard de deux minutes. Les hommes de tête vont maintenant aborder les dernières difficultés sur la Route de Paris. Pierre Marinier est, à son tour, éjecté de l’échappée dans la côte de Morterolles. (km 135). André Bernard qui a senti que la bonne échappée était partie sans lui, entame une poursuite effrénée. Sa force est décuplée avec l’envie de revenir dans la roue de son rival Jacques Vivier. Il va ainsi se rapprocher à 500 mètres du quintet de tête mais, il va coincer et il ne pourra jamais combler ces derniers mètres. A Bessines, (km 144) Jacques Vivier passe en tête avec dans la roue, Marius Duteil, Albert Treuil, André Commerie et Joseph Fabro. Vivier et Duteil encouragent leurs compagnons de route à donner leur maximum. A 1′ 10″, passe André Bernard. André Dufraisse et Georges Aymard sont à 1′ 50″. Eugène Fourgeaud, le coureur de Nontron, Michel Brun et Marcel Guitard accusent un retard de 2′ 10″. A Chanteloube, (km 151), au sommet d’une des côtes les plus difficiles du parcours, les échappés sont groupés mais, derrière eux, André Dufraisse, Michel Brun, Marcel Guitard et Georges Aymard qui ont dépassé André Bernard à la dérive, reviennent très fort. Dans la dernière grosse difficulté, la côte de Razès, (km 155), les poursuivants ne sont plus qu’à 20 secondes du groupe de tête. C’est le moment que choisi Jacques Vivier pour se dresser sur les pédales. Son coup de pédale est élégant, son visage n’est pas marqué, sa victoire ne fait aucun doute pour les suiveurs. C’est sans compter sur le retour des rouleurs du second groupe. A La Crouzille, (km 159), Jacques Vivier compte encore 200 mètres d’avance sur les huit poursuivants amenés par un André Dufraisse rageur. Jacques Vivier est repris peu avant Maison Rouge. Les neuf hommes de tête s’accordent alors un moment de récupération ce qui permet à Eugène Fourgeaud de venir grossir le groupe. A 10 km de Limoges, André Dufraisse et Joseph Fabro tentent bien de s’isoler mais sans grande conviction. Visiblement tout le monde pense déjà au sprint. Les coureurs entrent dans Limoges par La Bastide. Ils empruntent ensuite le faubourg de Paris (aujourd’hui : avenue du Général Leclerc). Arrivés au rond point Carnot, ils tournent à droite pour emprunter la longue montée de l’avenue Emile Labussière entièrement pavée. André Dufraisse attend le pont de chemin de fer pour placer une première attaque. Jacques Vivier ramène tout le monde. André Dufraisse va placer deux autres démarrages mais les coureurs de Ribérac répondent à chaque fois. Ces attaques auront pour conséquence d’éliminer Eugène Fourgeaud complètement mort. Puis, c’est le tour d’Albert Treuil, de Marius Duteil, de Georges Aymard et de Joseph Fabro de rendre les armes. En haut de l’avenue Emile Labussière, ils ne sont plus que quatre : Marcel Guitard, Jacques Vivier, Michel Brun et André Dufraisse. Ces quatre hommes pénètrent ensemble sur la piste en cendrée du stade municipal où les attendent 2500 personnes. La coalition Vivier-Brun ne peut rien faire face la pointe de vitesse de Marcel Guitard qui, de plus, a eu l’intelligence de pénétrer en premier sur cette piste en cendrée où il fallait faire preuve de beaucoup d’adresse et de maitrise. Ces qualités, il les avait montrées, quelques mois plus tôt, en devenant champion du Limousin de cyclo-cross devant André Dufraisse. Elles lui permettent, aujourd’hui, de remporter un 2ème titre de champion, la même année. Ce championnat aura été un grand championnat. André Dufraisse reste au pied du podium. Sans doute a t’il payé les efforts consentis pour revenir sur la tête de course. Il aura été, tout de même, un grand animateur de ce championnat du Limousin qui était un des plus difficiles de ces dernières années.
Après le championnat du Limousin et après avoir participé au Championnat de France des Sociétés avec l’UVL où avec ses camarades il termine au 12ème rang, André Dufraisse connait un coup de moins bien suite à des problèmes dentaires.
Le 6 août, André Dufraisse se déplace à Rennes pour participer au Tour de l’Ouest. Neuf étapes sont au programme. André Dufraisse fait partie de l’équipe Rochet avec Albert Dubuisson, Marcel Bouysse, Jacques Geus, Lucien Lauk, Albert Goutal, Georges Ramoulux et Alexandre Pawlisiak. Lors de la 2ème étape, Cherbourg-Caen, Lucien Lauk est victime d’une crevaison. Il va être attendu par Albert Goutal, Alexandre Pawlisiak et André Dufraisse. Malheureusement tous les quatre vont arriver hors délai.
La fin de saison est plus difficile pour André Dufraisse. Il abandonne les Boucles de la Gartempe alors qu’il figurait parmi les principaux favoris. Il remporte cependant deux beaux succès l’un à Mauriac et l’autre à Arnac Pompadour le 28 août.
Saison cyclo-cross 1951-1952. Deuxième podium national suivi d’un deuxième podium mondial.
Alors qu’une nouvelle saison de cyclo-cross se profile, la presse locale n’est pas tendre avec le champion Limousin comme on peut le constater en lisant un article du Populaire du Centre du mois de novembre : Dufraisse en qui Robert Oubron voit un futur champion du monde ne semble pas aborder la saison avec le cran et le moral qui conviennent à un homme qui va avoir à lutter pour conserver son prestige. Alors que Roger Rondeaux et ses camarades de l’équipe de France ont déjà débuté en compétition, notre ami se contente de prolonger son repos à Silord. Il ne semble pas qu’il se rende en région parisienne pour disputer les épreuves importantes avant janvier. Ainsi, Dufraisse parait parti pour rééditer, en cyclo-cross, certaines erreurs de la saison routière. Pourtant, il a la classe, une classe terrible et il a l’opportunité de disputer le titre national chez lui, cette saison. S’il continue, il risque fort de laisser passer sa chance !
Ne souhaitant pas entrer dans une polémique, André Dufraisse ne se défend pas. Il fait sa rentrée, le 16 décembre, à Fontenay aux Roses, où il prend la 2ème place derrière Pierre Jodet mais devant le champion du monde, Roger Rondeaux. Ce dernier prend sa revanche, le 30 décembre, à Montreuil en laissant André Dufraisse second à 3′ 21″. Le duel entre les deux hommes est lancé.
Début 1952, André Dufraisse continue sa préparation après avoir terminé deuxième, le 5 janvier, à La Ferté sous Jouare derrière Gérard Durand et ceci malgré une chute, puis 3ème le lendemain à Clamart derrière Roger Rondeaux et Pierre Jodet et ceci malgré une crevaison, André Dufraisse remporte, le 13 janvier, le cyclo cross de Poitiers devant Georges Ramoulux.
Le 20 janvier et le 27 janvier, il obtient deux troisièmes places, en Suisse, à Zoug, derrière les deux Suisses, Pierre Champion et Albert Meier et à Genève, sur le circuit du prochain championnat du monde, derrière Pierre Jodet et Albert Meier.
De retour à Limoges, le 6 février, il remporte le Prix Baudou où, à huit jours du championnat du Limousin, il devance Marcel Guitard et le Creusois, Armand Salvini.
Nous retrouvons André Dufraisse et Marcel Guitard au départ du championnat du Limousin de cyclo-cross, le 10 Février 1952, avec une grande nouveauté : les traditionnels chemins et prairies de La Bastide et du Moulin Pinard ont été abandonnés pour être remplacés par un nouveau parcours autour du stade municipal de Beaublanc, toujours à Limoges. La vallée de l’Aurence sert de cadre à ce championnat avec un passage par le Mas de l’Age. Les coureurs ont trois tours de circuit à effectuer avec un passage sur la piste en cendrée du stade municipal. Les deux premiers tours en prenant la corde à gauche et en sortant par la grande entrée des Tours de France et, pour l’arrivée, en prenant la corde à droite et en enchaînant par un tour complet de piste. Ce parcours est le même que celui retenu pour le Championnat de France qui doit se dérouler huit jours plus tard. La ville de Limoges a, en effet, eu la chance d’être choisie pour organiser les Championnats de France. Les performances d’André Dufraisse, sur le plan national et international, ne sont, sans doute, pas étrangères au choix de la Fédération Française de Cyclisme. Si la candidature de Limoges a été retenue c’est aussi parce que la Haute Vienne est devenue un des départements phare du cyclo-cross, toujours grâce au talent d’André Dufraisse. Le public est présent par milliers au départ du championnat. Tout le monde attend avec impatience le duel que vont se livrer Marcel Guitard et André Dufraisse. Autre intérêt de cette épreuve, cinq coureurs seront qualifiés pour disputer le Championnat de France, prévu à Limoges, les trois premiers auxquels s’ajouteront deux places en faveur des coureurs accidentés. S’il n’y a pas de repêchage, les cinq premiers seront qualifiés. André Dufraisse et Marcel Guitard sont les deux grands favoris de ce championnat du Limousin mais d’autres coureurs peuvent jouer les trouble fêtes : l’Aubussonnais Armand Salvini, les coureurs de l’Union Vélocipédique Limousine, André Bernard, René Dufour et Yves Dadat et le coureur du Cyclo Racing Club Limousin, Albert Treuil. Au total, ils sont 46 à rêver du titre. Etincelant de classe, André Dufraisse va dominer les débats. Dès le départ, André Dufraisse, René Dufour, Marcel Guitard et Armand Salvini creusent un premier écart. A la sortie du Mas de l’Age, dans la terre labourée, André Dufraisse attaque et fait le trou. Au Pont de Pierre, il a déjà 25 secondes d’avance sur ses rivaux. André Bernard est pointé à 43 secondes. Yves Dadat, accidenté, a perdu toutes ses chances. Marcel Guitard connait à son tour la malchance. Il casse un blocage de roue et doit laisser filer ses compagnons. A la fin du premier tour, André Dufraisse précède René Dufour de 54 secondes, Armand Salvini est à 1′ 30″, Marcel Guitard à 1′ 53″ et André Bernard à 2′ 18″. A l’avant, malgré un terrain de plus en plus gras, André Dufraisse augmente progressivement son avance avec une aisance impressionnante. Il est pourtant contraint, à deux reprises, de descendre de machine pour regonfler un boyau déficient. Malgré cela, il va effectuer le dernier tour en dedans, assuré de sa victoire. Lors de ce dernier tour, Marcel Guitard, victime d’une crevaison est contraint de terminer à plat. André Dufraisse a couvert les 23,450 kilomètres en 1h 6′. René Dufour termine à 2′ 25″, Armand Salvini à 4′ 11″, André Bernard à 6′ 49″ et Marcel Guitard à 7′ 32″. Tous sont qualifiés pour disputer le Championnat de France, huit jours plus tard.
Dans la semaine qui précède le championnat de France, André Dufraisse quitte Razès pour aller se reposer chez un cousin à Aubusson. Il explique pourquoi aux journalistes du Populaire du Centre. C’est là bas que je trouve le repos idéal et la concentration avant une épreuve de cette importance. Je reviendrai à Razès vendredi soir et ce sera bien assez tôt car je veux penser au championnat de France le plus tard possible. Or tant à Limoges qu’à Razès, mes amis ne me parle que de cela…. Rondeaux est fort partout et par n’importe quel temps aussi je ne pense pas que quiconque puisse le lâcher s’il n’a pas d’incident mais, j’avoue aussi, qu’il aura du mal s’il veut me lâcher car je me sens très bien.
Le 17 février, devant un public tout acquis à sa cause, André Dufraisse prend la 3ème place du Championnat de France derrière Roger Rondeaux et le provençal Antonin Cavanèse. Le dégel avait rendu le parcours très glissant et les chutes ont été nombreuses. Ainsi, dès le premier tour, Roger Rondeaux, Joseph Rigaut et Pierre Jodet se retrouvent à terre. Malgré cet incident, Roger Rondeaux reprend très vite la tête et, à la fin du premier tour, après la traversée du stade, il possède 10 secondes d’avance sur André Dufraisse, Antonin Canavèse et Joseph Rigaut qui roulent roues dans roues. Au milieu du deuxième tour, Antonin Canavèse décroche André Dufraisse et Joseph Rigaut et se rapproche de Roger Rondeaux. Au début du 3ème tour, Roger Rondeaux chute à nouveau, Antonin Canavèse en profite pour faire la jonction. André Dufraisse est à 50 secondes. Dans la traversée du champ de manoeuvre, Antonin Canavèse passe à l’attaque et prend 18 secondes à Roger Rondeaux mais, moins habile, dans le chemin creux, très glissant, il chute et laisse la voie libre à Roger Rondeaux et c’est avec 100 mètres d’avance que Roger Rondeaux remporte le titre. André Dufraisse monte sur la 3ème marche du podium en accusant un retard de 2′ 32″. Il ne pouvait que constater les dégâts. Avant le départ, je pensais qu’il fallait que Rondeaux soit vraiment fort pour me lâcher c’est dire si j’apprécie, à sa valeur, la victoire qu’il vient de remporter. Mais, je n’avais pas du tout compté sur Canavèse. Je ne suis pas à mon aise dans la boue qui rendait la course très pénible pour moi et ma chute dans le chemin creux, au dernier tour, n’a rien arrangé.
Sélectionné pour le Championnat du Monde, disputé à Genève, le 24 février, André Dufraisse termine en seconde position pour la 2ème année consécutive derrière Roger Rondeaux. Il se montre très satisfait de sa course : J‘étais beaucoup mieux qu’à Limoges. Hélas, j’ai pris un mauvais départ. Et puis, il n’y a rien à faire contre Rondeaux. Lorsqu’il faut courir dans les prairies avec le vélo sur l’épaule personne ne peut lui résister. Maintenant la route ! Je vais raccrocher le vélo de cyclo-cross pour me consacrer à la route.
Mais avant d’enfourcher le vélo de route André Dufraisse met un point d’honneur à s’imposer sur le dernier cyclo-cross de la saison en Limousin, à Saint Yrieix la perche, où le 9 mars, il devance René Dufour et Claude Galaud.
1952. Saison route. Dans le grand bain avec une sélection pour le Tour de France.
Le 23 mars, Marcel Venineaux a engagé André Dufraisse sur le 21 ème Critérium National. Malheureusement, handicapé par un gros rhume, André Dufraisse ne pourra faire mieux que 84ème à 30′ 30″ du vainqueur Louison Bobet.
Le 27 avril, André Dufraisse participe à sa première grande classique le 38ème Paris-Bruxelles. Il se classe 91ème à 7′ 15″ du vainqueur Albéric Schotte.
De retour dans la région, le 1er mai, André Dufraisse se fait remarquer en étant un des principaux animateurs du Grand Prix du Libre Poitou. Il prend une très belle 3ème place à l’issue d’un sprint massif remporté par Raymond Guegan devant Albert Dollhats.
Le 11 mai, 70 concurrents prennent le départ du 6ème Paris-Clermont Ferrand. André Dufraisse termine au 30ème rang à 7′ 50″ du vainqueur Jean Guegen.
Après ces débuts un peu difficiles, André Dufraisse se fait remarquer, le 18 mai, en terminant 7ème du Grand Prix du Pneumatique à Montluçon. Maurice Diot a remporté l’épreuve, au sprint, devant Jean Robic. A l’issue de cette épreuve, Marcel Venineaux, directeur sportif de l’équipe Rochet se dit satisfait de la prestation de son coureur. Je dis et je répète qu’André Dufraisse a perdu un an de ne pas m’avoir écouté. S’il m’avait écouté, l’année dernière, il aurait eu une licence d’aspirant et non pas d’indépendant et, c’est à ce moment là, que je l’aurais mis dans les épreuves officielles comme je le fais cette année mais avec un an de retard. Cette année, il donne satisfaction. Je lui ai dit dans Paris-Clermont, je mets quatre belges et quatre français et tu peux marquer des points pour le championnat de France. Cela s’est confirmé, j’ai confiance en lui. En prenant la 7ème place il marque 5 points et avec les 3 points du Libre Poitou, il en a désormais huit. Maintenant, il doit axer ses efforts pour obtenir sa sélection pour le Tour de France. Marcel Bidot a les yeux sur lui.
Lors du week-end du 25 mai, André Dufraisse confirme ses prétentions pour le Tour de France en prenant deux belles places d’honneur à Clermont Ferrand. Lors du Critérium d’Europe, les coureurs escaladent uniquement le Puy de Dôme et à l’issue des 11 kilomètres de course, André Dufraisse se classe 8ème à 2′ 45″ du vainqueur, Jean Dotto et ceci malgré un développement trop grand et surtout parce qu’il a été contraint de mettre pied à terre au péage, son dérailleur s’étant bloqué. Le lendemain, au Grand Prix des Villes d’Eaux, il prend la 9ème place. Cette épreuve très difficile a été remportée par Siro Bianchi devant Nello Lauredi.
Le 8 juin, à Saint Etienne, André Dufraisse est au départ de la célèbre Coupe Marcel Vergeat, industriel du Cycle. Sur cette épreuve très montagneuse André Dufraisse prend la 11ème place. Siro Bianchi triomphe à nouveau.
Ces bons résultats ont permis à André Dufraisse d’atteindre son principal objectif de la saison, à savoir, prendre part au Tour de France. La veille du départ, le journal, l’Echo du Centre, lui consacre un article intitulé : André Dufraisse : le forgeron de Silord est parti vers la belle aventure. L’article d’André Dexet nous permet de mieux connaitre le champion Limousin. Accroché dans les contreforts enchanteurs des monts du Limousin, Silord est le type même du petit village de chez nous. C’est là, dans une ferme aussi typiquement limousine que le village lui même que demeure le vice-champion du monde de cyclo-cross. Il y est né le 30 juin 1926 et ce jour là, les parents de Dufraisse étaient loin de penser que plus tard, leur fils deviendrait un champion. Les soucis de la petite exploitation familiale n’avaient aucun rapport avec les exploits cyclistes et lorsque André devint en âge de travailler, on s’empressa de le mettre à la tâche. Il aidait ses parents dans leurs occupations, puis, un jour, les circonstances l’amenèrent à apprendre le métier de forgeron. Monsieur Chevalier, de Razès, avait besoin d’un apprenti et en 1943, André commença à tirer sur le soufflet de la forge. Il fut un arpète appliqué. On ne pouvait pas trouver un meilleur garçon, disait Monsieur Chevalier. Il était un peu timide, pas rouspéteur pour deux sous, ajoute, aujourd’hui, son ancien patron. Dufraisse apprit très vite le dur métier de forgeron. Mais, Monsieur Chevalier ne réparait pas que des socs de charrues, il avait un tout petit magasin de cycles et quand l’apprenti fut ouvrier, il lui permit de bricoler dans la bicyclette. C’est sans doute en bricolant ainsi que naquit chez Dufraisse le goût du vélo. Il enfourchait soir et matin sa bécane pour faire le chemin entre Silord et Razès et effectuait le voyage le nez dans le guidon. Le hasard voulut qu’un cycliste de la région, Meyrat, prit d’amitié notre jeune forgeron. Et le sympathique Meyrat fit inscrire Dufraisse à l’UVL. Il débuta bien, gagna quatre petites courses et devint champion du club. Il ne s’en tint pas là et compta à son actif de belles victoires notamment le Prix Esders, puis en 1951, à La Souterraine, Pompadour et Mauriac. Mais les routes accidentées de la région de Razès et la campagne qui servait de cadre à ses entraînements devaient l’inciter à se lancer dans le cyclo-cross, une spécialité dans laquelle Dufraisse a conquis de si beaux titres. Trois ans de courses à travers champs ont fait, de l’enfant de Razès, l’une des plus grandes vedettes internationales. Dès la première année, il se classa 12ème au championnat de France et il est inutile de revenir sur ses exploits de 1950-1951 et de cette saison. Evidemment après ces exploits à travers les terres labourées, la nouvelle de la sélection de Dufraisse au Tour de France venant après une très belle saison sur route, dans les grandes classiques, aux côtés des professionnels, constitue un très grand événement pour Silord d’abord, pour Razès ensuite et aussi pour tout le Limousin. On a failli arrêter la fenaison dans son petit village mais, la nouvelle est venue trop tard. Per fa n’assimblado et trinquâ avant de sé quitta ! Et pendant que le père et la mère s’affaireront dans les durs travaux d’été, leur grand fils entreprendra, lui aussi, courageusement, le dur travail de géant qui l’attend au Tour de France. Dufraisse : un charmant garçon chez qui il reste encore un peu de timidité, un homme courageux qui très jeune n’hésita pas à se battre dans la région avec la résistance contre l’occupant. Calme, tenace, patient, il réunit ces belles qualités du paysan Limousin. Il lui manque un peu de panache, l’étincelle qui fait les vedettes mais, André Dufraisse qui méritait très largement de participer au Tour de France peut acquérir ce petit quelque chose. Il est parti vers l’inconnu, sans doute, mais avec la ferme intention de prouver que sa classe est réelle et que ce premier Tour de France peut donner à notre grand cyclo-crossman une place parmi les géants de la route.
Le 25 juin, André Dufraisse se rend donc à Brest pour prendre le départ du 39ème Tour de France. Au sein de l’équipe Ouest-Centre Ouest, dirigée par Léon Le Calvez, il porte le dossard 113. Deux autres Limousins font partie de l’équipe : André Bernard et Jacques Vivier. Ils ont pour partenaires René Berton, Jean Delahaye, Albert Dolhats, Guy Lapébie, Jean Le Guilly, Jean Malléjac, Alain Moineau, Tino Sabbadini et Raymond Scardin. Sur la première étape, Brest-Rennes, longue de 246 km, André Dufraisse termine au sein du peloton, il se classe 22ème ex-aequo. Dès cette première journée, il a souffert : J’ai trouvé le parcours difficile. Heureusement, demain, il n’y a qu’une difficulté sérieuse. Nous serons rodés, cela ira mieux. Malheureusement pour lui, cette seconde étape qui conduit les coureurs de Rennes au Mans ne va pas se passer comme il l’espérait. Victime d’une chute puis, malade, il va franchir la ligne d’arrivée, au Mans, à la 117ème place. Il est dernier de l’étape et il a frôlé l’élimination en terminant à 28 minutes soit, à une minute des délais éliminatoires. J’ai eu le tort de chasser la canette. J’ai eu mal au ventre et je n’ai pas pu récupérer. De plus, j’ai eu mon pédalier faussé dans une chute, il frottait quelque part et je peux vous assurer que c’était très dur. Le lendemain, cela se complique encore plus. Dès le début de la 3ème étape, entre Le Mans et Rouen, il traine en queue de peloton. Il est régulièrement lâché à la moindre difficulté. Pendant une trentaine de kilomètres, il lui est pratiquement impossible de s’assoir sur la selle à cause d’une furonculose. Il va mettre pied à terre à Alençon. Le Tour de France est fini pour lui dès le 3ème jour.
Après cette grosse désillusion André Dufraisse va mettre du temps à retrouver le moral mais, à la veille du 21ème Paris-Limoges, prévu le 27 juillet, il a remonté la pente, du moins en apparence, lorsqu’il se confie aux journalistes du Populaire du Centre. Pour moi, il n’y a qu’une seule chance, les côtes de la fin de parcours. Je crois que c’est seulement là que je peux me distinguer et arracher la victoire car cela peut paraître présomptueux mais je vise la victoire. Attendez vous à me voir dans le peloton de tête dès Argenton pour pousser une pointe dans la côte de la Croix du Breuil, après Morterolles. Ensuite, dans la côte de Bessines, si je me sens bien, je suis capable de décrocher les plus forts. Hélas, une nouvelle fois, André Dufraisse va passer à côté en abandonnant très discrètement, à Razès. Le lendemain de l’épreuve, les journalistes ne l’épargne pas. Le comportement de Dufraisse est pour le moins mystérieux. Il abandonne alors que rien ne peut le justifier. Il était dans le 3ème groupe, peu avant Razès. Il paraissait très à l’aise. Or tous ceux qui était avec lui, terminent. Il avait, tout au long de l’épreuve, fait preuve de sagesse mais celle ci est devenue du lymphatisme sur la fin. Il en est certains pour qui l’air du pays est stimulant. Ce n’est pas le cas du poulain de Rochet. Son directeur sportif, Marcel Vénineaux, n’est pas en reste : Je vais lui monter 3 vélos et 8 roues pour qu’il s’entraîne sans arrêt !
8 jours plus tard ayant obtenu sa qualification pour disputer le championnat de France, André Dufraisse se rend à Reims. Là encore, il va regagner les vestiaires avant la fin de l’épreuve.
De retour à Razès, André Dufraisse se confie : Une fois de plus, j’ai été victime de mon foie. Comme dans Paris-Limoges, j’étais très à l’aise et d’un coup j’ai eu des coliques, j’ai souffert du côté droit et alors c’était fini. Au 20ème tour, j’ai regagné les vestiaires, incapable de faire un effort de plus, les jambes coupées. Le ravitaillement m’avait été néfaste. J’en suis le premier navré car je suis certain que mes supporters ont encore été déçus. mais vraiment, je n’y pouvais rien. J’ai vu le docteur de Razès qui m’a donné un nouveau traitement et un régime à suivre. J’espère qu’avec cela, je vais pouvoir me remettre d’aplomb. Je vais tenter mes chances, jeudi au Bol d’Or des Monédières puis je resterai sur le plan régional jusqu’à Paris-Tours. Aprèsn j’attaquerai la saison de cyclo-cross et j’espère me rattraper.
Le 7 août, au Bol d’Or des Monédières, André Dufraisse retrouve la condition. Il est l’un des derniers à résister aux hommes forts. Montant les côtes, les mains en haut du guidon, avec une facilité étonnante. Il termine 7ème de l’épreuve remportée par Jean Robic.
Après avoir bien figuré sur de nombreuses épreuves régionales, André Dufraisse renoue avec la victoire en remportant, le 14 septembre, le Prix de Bort les Orgues devant Hervé Prouzet et Georges Meunier.
Saison de cyclo-cross 1952 – 1953. 3ème titre de Champion du Limousin et un troisième podium mondial.
En octobre, de retour du salon du cycle où il vient de signer un nouveau contrat chez Terrot, André Dufraisse dévoile ses ambitions sur la saison de cyclo-cross. Je vais débuter un peu plus tôt que l’an passé, vers le 15 novembre, mais je forcerai moins afin de mieux doser mes efforts. Il faut, avant tout, que je sois au maximum de ma condition, le 15 février. Ne croyez pas que parce que je suis chez Terrot j’entends rester le second de Rondeaux. J’ai besoin d’un maillot de champion cette saison car je pense me marier fin mars et ce serait un beau cadeau de mariage. Quant à la prochaine saison routière, je verrai plus tard, elle sera en fonction de mes résultats en sous-bois.
Le 7 décembre, André Dufraisse débute sa saison de cyclo-cross par une victoire en devançant René Dufour sur le circuit de la route d’Eymoutiers à Limoges, lors du Prix d’Ouverture de l’UVL. Il récidive huit jours plus tard, toujours à Limoges, au prix de la Brasserie Maspataud. Malgré le froid et la neige, un millier de spectateurs sont venus applaudir le champion Limousin qui a fait preuve d’une domination écrasante.
Le 21 décembre, pour sa 3ème sortie en cyclo-cross, André Dufraisse s’offre un 3ème succès à Châteauroux.
Les performances d’André Dufraisse dans cette discipline sont une aubaine pour les organisateurs Limousins. Les épreuves se multiplient et, mieux encore, les adversaires nationaux d’André Dufraisse n’hésitent pas à venir le défier sur ses terres. Ainsi, le 25 décembre, le VC Arédien organise le cyclo-cross de Saint Yrieix La Perche avec la participation de Roger Rondeaux et de Pierre Jodet qui a cumulé les succès depuis le début de la saison. Pierre Jodet, après avoir mené la course de bout en bout, bat au sprint, Roger Rondeaux. André Dufraisse a fait une course exemplaire. Durant huit tours, il a tenu la roue de ses adversaires puis le blocage de sa roue arrière s’est déréglé. Après avoir changé de roue, il est reparti avec un handicap de 45 secondes qu’il va réduire d’une façon remarquable pour ne terminer qu’à 12 secondes de ses rivaux.
Dès la ligne d’arrivée franchie, André Dufraisse prend la direction de la gare de Limoges pour prendre le train, afin de disputer, le lendemain, le cyclo-cross de Marles, dans le Pas de Calais. Roger Rondeaux se montre le meilleur. André Dufraisse termine, une nouvelle fois, 3ème après avoir été gêné au départ par les autres concurrents.
André Dufraisse attaque l’année 1953 par un succès au cyclo cross de Marsannay la Côte. Sur le parcours du championnat de France d’il y a deux ans, le gel a rendu les parties boueuses plus roulantes. Au premier tour, le régional Carteret précède Jean Robic de deux cent mètres. André Dufraisse victime d’une crevaison est à 400 mètres. Après avoir passé Jean Robic ce n’est que dans le dernier tour qu’André Dufraisse profitant d’une terre labourée de un kilomètre de long parvient à rejoindre le local Carteret et l’emporter avec 18 secondes d’avance.
Après Saint Yrieix c’est Saint Junien qui a le privilège d’accueillir, le 11 janvier, les meilleurs spécialistes nationaux de la discipline à l’occasion du Prix JB Reix. . En plus de Roger Rondeaux et de Pierre Jodet, Jean Robic est de la partie. A la fin de la 1ère boucle, Pierre Jodet passe en tête avec André Dufraisse. Roger Rondeaux qui a du changer de roue est à 25 secondes. Au second tour, Pierre Jodet et André Dufraisse sont toujours en tête Mais Roger Rondeaux est à 10 secondes. Pierre Jodet casse son dérailleur et perd beaucoup de temps. Roger Rondeaux qui termine en force parvient à décrocher André Dufraisse avant le toboggan. André Dufraisse ne peut que reconnaitre sa défaite : Le terrain était vraiment très lourd et cela avantageait Roger Rondeaux. Mais je ne me plains pas, je termine fatigué mais ma condition est bonne. Le tracé était dur et pour moi il y avait trop de barrières.
Les deux hommes se retrouvent à Clamart, le 25 janvier. Une nouvelle fois, Roger Rondeaux prend le meilleur sur André Dufraisse auteur d’un très beau retour puisqu’au premier passage il était passé en 15ème position.
Le week end suivant, André Dufraisse termine deux fois deuxième, le 31 janvier, à Vierzon et le 1er février, à Mehun sur Yèvres mais il est devancé à chaque fois par le Berrichon Georges Meunier.
A huit jours du Championnat du Limousin, André Dufraisse retrouve sur sa route pour la première fois de la saison Marcel Guitard lors du cyclo cross de Nontron disputé le 8 février. André Dufraisse va faire une course sans histoire. Augmentant régulièrement son avance il laisse son rival à 3 minutes.
Le 15 Février 1953, le championnat du Limousin de cyclo-cross retrouve le tracé situé au nord de Limoges, avec départ et arrivée, au château d’eau de La Bastide. On retrouve sensiblement les mêmes en présence : André Dufraisse, René Dufour, Marcel Guitard mais, il y a aussi des nouveaux comme Georges Gay actuel champion du Limousin sur route, André Lajoinie qui s’est distingué à la Route de France 52. Tous les deux se sont exercés au cyclo-cross sur les terres corréziennes. Parmi les outsiders, il faut citer Serge Lajat et ses compères du Cyclo Racing Club Limousin Albert Treuil et René Mannat, sans oublier le Creusois, Marcel Tourade. André Dufraisse est devenu le 2ème coureur mondial de la spécialité derrière Roger Rondeaux mais cela ne l’a pas changé. Il a toujours cette même simplicité et sa discrétion légendaire. Cela lui vaut d’ailleurs, d’être trop souvent oublié par la presse sportive parisienne. Dans la semaine qui a précédé le championnat alors que ses deux principaux rivaux, Marcel Guitard et René Dufour, se sont entraînés sur le circuit, reconnaissant mètre par mètre, André Dufraisse est resté chez lui, à Silord. Il a roulé très peu, accumulant des réserves. Il a surtout marché dans les bois et les chemins car il sait qu’avec les mauvaises conditions atmosphériques qui règnent sur la région, la course à pied va jouer un rôle prépondérant lors du prochain championnat de France qui doit se disputer à Besançon. Une nouveauté pour ce championnat du Limousin : deux postes de dépannage permettront aux coureurs de changer de roue en cas de crevaison ou d’ennui mécanique. Voilà une décision qui va rendre la course plus équitable. Après un départ sur la Nationale 20, les coureurs emprunteront la route du Malabre puis effectueront cinq tours de circuit par la ferme Cibot, la ferme Roumilhac la Nationale 20 sur 500 mètres, le Moulin La Tour, le Moulin Pinard, la voie ferrée et la carrière des Fusillés. Ils entameront ensuite un 6ème tour jusqu’à la ferme Roumihac puis regagneront directement l’arrivée jusqu’au château d’eau de La Bastide, par la route Nationale. 22 coureurs ont fait parvenir leur engagement. Malgré le froid très vif, plusieurs milliers de spectateurs se sont déplacés. Ce froid, mais aussi, les nombreuses difficultés rendues encore plus pénibles sur un sol enneigé, vont faire de ce championnat une très belle école du courage. André Lajoinie, crânement, se lance le premier dans la bataille qu’il sait pourtant inégale de par son gabarit imposant mais, il est venu pour obtenir la troisième place qualificative. Il ne ménage donc pas ses efforts. Malheureusement pour lui, alors qu’il est échappé avec André Dufraisse et Marcel Guitard, il chute et casse son dérailleur. Dès le premier tour la sélection est faite. André Dufraisse précède Marcel Guitard. Passe ensuite René Dufour qui a été victime d’un saut de chaine. Il est suivi par Robert Mannat et Serge Lajat. Pendant trois tours, il n’y a pas de changement. Au 4ème tour, René Dufour qui, au travail, s’est fait une déchirure aux reins, regagne les vestiaires, la mort dans l’âme. Serge Lajat qui était parti plus prudemment revient sur Robert Mannat et le dépose. A l’arrivée, André Dufraisse franchit la ligne avec 1′ 23″ sur Marcel Guitard. C’est une très bonne performance pour ce dernier qui n’a plus perdu de temps sur les trois derniers tours. Extraordinaire d’aisance, André Dufraisse a couvert les 21,1 kilomètres en 1h 16′ 2″. Serge Lajat, âgé seulement de 20 ans, est allé chercher la troisième place qualificative à 4′ 43″ d’André Dufraisse qui a remporté son 3ème titre de Champion du Limousin.
A 8 jours du Championnat de France, le 22 février, André Dufraisse retourne à Clamart pour la deuxième fois de la saison. Il a atteint sa meilleure forme. Parti en 20ème position, il est déjà en tête après quelques centaines de mètres de course. Il va garder cette position jusqu’à l’arrivée et s’imposer sans difficultés. Il est vrai que ses principaux adversaires nationaux n’étaient pas présents.
Malheureusement huit jours plus tard, le 1er mars, André Dufraisse ne se présente pas au départ du Championnat de France, à Besançon, avec toutes ses capacités. La veille de l’épreuve, il s’est fait extraire une dent qui le faisait souffrir atrocement. Depuis deux jours, il avait eu beaucoup de mal à manger et la nuit, il arpentait nerveusement sa chambre cherchant vainement un moyen de calmer la douleur. Diminué, il ne va terminer qu’au pied du podium, derrière Roger Rondeaux, Gilbert Bauvin et Antonin Canavèse. Roger Rondeaux remporte, quant à lui, un sixième titre national.
C’est donc un André Dufraisse revanchard qui se présente, le 8 mars, au Championnat du Monde à Saint Sébastien. Les Français sont à la pointe du combat. A l’issue du premier tour, Gilbert Bauvin passe en tête suivi de Roger Rondeaux et d’André Dufraisse. Au second tour, Roger Rondeaux et Gilbert Bauvin précèdent André Dufraisse de 25 secondes. Au 3ème tour, Roger Rondeaux passe seul en tête. Le dernier tour n’apporte pas de changement. André Dufraisse décroche la médaille de bronze derrière Roger Rondeaux qui enlève un 3ème titre consécutif en battant Gilbert Bauvin. C’est un nouveau triplé des Français.
Le Lendemain du championnat, de nombreux participants prennent le départ de la Subida d’Aranzazu, petit ville basque, proche de Bilbao. Cette course de côte de 9,5 kilomètres permet à André Dufraisse de démontrer son aptitude pour les courses de côtes. Il triomphe avec 27 secondes d’avance sur le second.
Dès son retour d’Espagne André Dufraisse livre ses impressions. Je l’ai échappé belle à la fin du 2ème tour. Jusque là, Bauvin et Rondeaux me précédaient d’une vingtaine de mètres. Je sentais mon guidon s’affaissait puis, il a cassé brusquement. C’était la cabriole, heureusement peu grave. Je me relevais, me précipitais sur mon vélo inutilisable puis parcourais deux cent mètres à pied avant de trouver une machine de rechange, celle de Canavèse. Hélas, je n’étais pas au bout de mes peines car dans la même descente, au tour suivant, la chaine sautait et je devais, à nouveau, descendre pour la remettre. Enfin, je récupérais mon vélo d’entrainement, au poste de rechange. Bien qu’équipée sommairement, cette bicyclette me convenait mieux. En tout, j’avais dû descendre 4 fois, prendre 3 vélos et perdre toute chance de finir second. Je crois que l’écart de 1′ 5 qui me sépare de Bauvin est inférieur au temps que j’ai perdu dans toutes ces péripéties. Le lendemain, je me suis vengé, à Aranzazu, en approchant de 5 secondes le record détenu par Robic depuis 1950 alors qu’il venait d’être sacré champion du monde. C’est l’indice que je vais marcher sur la route mais avant d’attaquer celle-ci, je m’accorderai un mois et demi de repos.
Le 15 mars, André Dufraisse fait le déplacement à Genève où se déroule, comme chaque année, la revanche du championnat du Monde. André Dufraisse devance tous ses rivaux ce qui lui laisse encore plus de regrets après Saint Sébastien.
Après s’être marié, André Dufraisse termine sa saison de cyclo-cross en se rendant dans le Nord où il va, à deux reprises, devancer Roger Rondeaux. Le 21 mars, il termine 2ème à Hem derrière Edouard Klabinski mais devant Roger Rondeaux et lendemain, il devance, à nouveau, le champion du monde à Calais.
1953 – Une nouvelle saison sur route un peu décevante.
Alors qu’il avait prévu de prendre un mois et demi de repos avant d’attaquer la saison sur route, André Dufraisse, de plus en plus sollicité, est invité par les organisateurs de la course de côte du Mont Faron qui doit se dérouler le 5 avril. Il accepte l’invitation. Je crois qu’il faut que je tente cette expérience spéciale. Je vais donc descendre à Toulon. J’aimerais me frotter à Dotto et Robic ne serait-ce que pour voir leur position en côte et les braquets qu’ils utilisent. Je vais équiper spécialement un vélo ultra léger et j’espère bien faire. Ma première sortie à Aranzazu n’a pas été trop mauvaise, alors on verra bien. C’est en ligne que se déroule l’épreuve du Mont Faron et les rudes lacets de l’ascension ne tardent pas à disloquer le peloton. Sur une accélération de Jean Dotto, dix hommes se retrouvent en tête. André Dufraisse est de ceux là. Au trou du diable Jean Dotto place une nouvelle attaque mais Jean Robic saute dans sa roue. A 1500 mètres du final Jean Dotto part seul et l’emporte avec 30 secondes d’avance. André Dufraisse obtient une belle 7ème place.
La saison sur route 1953 d’André Dufraisse va être en demi teinte. Il souhaite marquer des points sur les épreuves nationales afin de participer au championnat de France mais il espère aussi être sélectionné pour le Tour. Il va certes participer à de nombreuses épreuves de second plan comme le Libre Poitou, le Grand Prix du Pneumatique à Montluçon, le Circuit de l’Indre etc… mais, une part de malchance va le priver de résultats probants.
Le 14 juin, il participe à Paris-Limoges et ses ambitions reste modestes même s’il est en forme ascendante comme il le déclare, non sans un certain humour, quelques jours avant l’épreuve. Je regrette vraiment cette crevaison sur le Circuit de l’Indre car j’étais en meilleure condition et j’aurais aimé savoir où j’en étais. Je vais aller faire 200 bornes jeudi et vendredi, je roulerai probablement avec Georges Gay qui est venu se reposer dans la région. Je pense, cette année, aller à l’arrivée car je n’aurais aucune raison de m’arrêter à Razès puisque ma femme a décidé de m’attendre au vélodrome. Il va tenir parole puisqu’il sera classé 6ème ex-aequo, à l’issue d’un sprint massif, remporté par Charles Costes.
Privé de Tour de France, André Dufraisse se rabat sur les courses régionales ouvertes aux aspirants. Le 12 juillet, il s’impose à Paulhac sous une pluie battante et un vent extrêmement violent qui a rendu la course très difficile. Il récidive deux jours plus tard à Folles. Ces deux succès acquis sous la colère par le fait que les organisateurs de Bourg-Genève-Bourg ont refusé son engagement.
Pour la suite de la saison sur route, les journalistes locaux attendent un sursaut du champion Limousin mais, même sur les épreuves régionales, André Dufraisse ne parvient pas à dominer les débats, tout en faisant preuve, parfois, d’action de classe.
Saison de cyclo-cross 1953-1954. André Dufraisse prend la relève de Roger Rondeaux en remportant son premier championnat du monde.
Le mois d’octobre arrivé, André Dufraisse retrouve avec un certain plaisir sa discipline favorite.
A l’image de Saint Yrieix La Perche et de Saint Junien, la saison passée, d’autres communes de la Haute Vienne se lancent dans l’organisation d’épreuves de cyclo-cross. Le succès populaire obtenu avec la présence des meilleurs spécialistes nationaux de la discipline a fait des envieux. Ainsi, le 18 octobre, l’UVL organise à Glanges, le cyclo-cross de la Briance. Le champion du monde, Roger Rondeaux, est présent bien décidé à s’imposer. André Dufraisse va barrer la route de son redoutable adversaire, comme il l’avait fait, à la fin, de la saison précédente. André Dufraisse effectue un départ ultra rapide et à l’issue du premier tour, Roger Rondeaux accuse plus d’une minute de retard. Victime d’une crevaison au 5ème tour, André Dufraisse voit son rival se rapprocher dangereusement mais il parvient à relancer l’allure pour finalement l’emporter avec 32 secondes d’avance sur Roger Rondeaux lequel, dès la ligne d’arrivée franchie, déclarait : je prendrai ma revanche, à Razès, et cette fois je ne me laisserai pas distancer.
Le 8 novembre, André Dufraisse s’impose à Nieul. Course sans histoire pour André Dufraisse malgré une belle résistance de René Dufour lequel, à l’amorce du huitième tour, ne comptait que 15 secondes de retard. Mais André Dufraisse relevait alors davantage le niveau et René Dufour victime d’une chute va passer la ligne d’arrivée avec plus de 3 minutes de retard.
Tous les deux prennent la direction du Mans, le 22 novembre. C’est pour André Dufraisse l’occasion de faire sa rentrée sur le plan national et de retrouver Pierre Jodet, terreur du début de saison des cyclo-crossmen parisiens. Dès le départ, Pierre Jodet et Roger Rondeaux prennent les devants. André Dufraisse les suit à une cinquantaine de mètres. La situation est inchangée jusqu’au 5ème tour, moment que choisit André Dufraisse pour mettre le turbo. Il dépasse ses adversaires et, impressionnant d’aisance, creuse l’écart. La victoire lui semble promise lorsqu’une crevaison stoppe son avancée. Roger Rondeaux et Pierre Jodet reprennent le commandement. André Dufraisse perd beaucoup de temps pour changer de roue, il est même dépassé par d’autres adversaires mais, dans les trois derniers kilomètres, il va faire un retour éblouissant en venant mourir à seulement 22 secondes de Roger Rondeaux lequel a laissé filer Pierre Jodet vers la victoire. Sans sa crevaison, André Dufraisse l’aurait, sans aucun doute, emporté.
Le 6 décembre, André Dufraisse, devenu le maitre incontesté du cyclo-cross régional, remporte le cyclo-cross du Moulin du Gué à Limoges devant 2000 spectateurs. Il a littéralement tourné autour de ses adversaires laissant Marcel Guitard, deuxième, à 4 minutes et René Dufour, troisième, à 5 minutes.
Comme il l’avait promis, le 20 décembre, Roger Rondeaux revient en Limousin pour prendre sa revanche sur André Dufraisse, sur les terres de ce dernier, à Razès. C’est au milieu d’un foule considérable mais indisciplinée qu’André Dufraisse va triompher, à nouveau, de son grand rival, Roger Rondeaux. Dès le premier tour, à la sortie de la terre labourée, André Dufraisse possède 20 mètres d’avance sur Roger Rondeaux. Durant trois tours, la situation va rester figée malgré l’allure ultra rapide des deux hommes mais, au 4ème tour, André Dufraisse hausse le ton et, porté par ses fidèles admirateurs, il creuse un écart qu’il porte à 37 secondes au moment de franchir la ligne d’arrivée.
A l’issue de l’épreuve, Roger Rondeaux décide de rester dans la région pour mieux préparer les deux prochains rendez-vous de cyclo-cross celui de Saint Yrieix La Perche et celui de Saint Junien. La lutte avec André Dufraisse s’annonce passionnante d’autant plus que Pierre Jodet, lui aussi présent, compte bien mettre tout le monde d’accord. C’est effectivement ce qui va se passer, le 25 décembre, à Saint Yrieix. Pierre Jodet l’emporte. D’entrée, il a mené un train d’enfer en entraînant dans sa roue Roger Rondeaux. André Dufraisse, gêné lors du départ, n’a jamais pu refaire son retard. Roulant avec le Parisien, André Brulé, il va même devoir laisser partir ce dernier dans le final. Légèrement grippé, ses jambes l’ont trahi. Quant à Pierre Jodet, il a tenu à rester en tête jusqu’au sprint sur la cendrée afin de ne laisser aucune chance à Roger Rondeaux. C’est un très mauvais jour pour André Dufraisse, il est victime d’un accident de la circulation sur la route le ramenant à Razès. Blessé légèrement à l’oeil, il va toutefois pouvoir défendre ses chances à Saint Junien.
Le 27 décembre, on retrouve donc les trois hommes au départ à Saint Junien. André Dufraisse, une nouvelle fois, rate son départ. A la fin du premier tour, il passe en 12ème position. Roger Rondeaux n’en demandait pas tant. Le parcours rendu glissant par la pluie du matin n’a pas été un handicap pour lui, bien au contraire. Pierre Jodet ayant été victime de deux chutes et d’une crevaison n’est plus un danger pour lui. Roger Rondeaux retrouve donc logiquement le chemin de la victoire. André Dufraisse a beaucoup mieux terminé qu’il n’avait commencé, même s’il termine à 1′ 31″ du champion du monde.
A noter que cette semaine de cyclo-cross, qui a passionné les sportifs limousins, a aussi permis de révéler les talents d’un jeune speaker, originaire de Troche, en la personne de Jean Tamain lequel, par la suite, va animer avec brio les plus importantes courses de notre région.
En ce début d’année 1954, la lutte que se livrent André Dufraisse, Roger Rondeaux et Pierre Jodet est toujours aussi intense. Le 3 janvier, à Levroux, Pierre Jodet triomphe devant André Dufraisse. Le 10 janvier, à Marsannay La Côte c’est Roger Rondeaux qui l’emporte devant André Dufraisse. Le 17 janvier, à Mehun sur Yèvre , André Dufraisse s’incline face à Pierre Jodet. Le 31 janvier, à Dreux, Roger Rondeaux devance André Dufraisse et Pierre Jodet. Le 7 février, à Auray, il récidive mais cette fois-ci, la victoire se joue au sprint. André Dufraisse n’est battu que d’une demi-roue.
Le 14 février, André Dufraisse n’aborde pas le Championnat du Limousin avec le même objectif que les saisons précédentes, à savoir, obtenir sa qualification pour les championnats de France et pour cause, la Fédération Française de Cyclisme a pris la curieuse décision de placer les championnats de France après les championnats du Monde prévus, à Gallarate, en Italie De toute façon, grâce à ses précédentes performances, André Dufraisse a déjà obtenu son billet pour Gallarate. La région Limousine est devenue une des plus riches en spécialistes des sous-bois grâce à André Dufraisse qui a tiré vers le haut ses adversaires. Seule, l’Ile de France rivalise avec le Comité du Limousin. La particularité de ce championnat du Limousin 1954 c’est qu’il se déroule sur le circuit, derrière le stade municipal de Beaublanc, à Limoges, le même jour que le 16ème de finale de Coupe de France de football qui oppose Toulon à l’US Normande. Pour assister à l’arrivée, sur la piste en cendrée, de Beaublanc, les spectateurs ont le choix d’acheter des places à partir de 120 francs pour assister aux 16ème de finale et au cyclo-cross ou d’acquitter la somme de 100 francs s’ils ne veulent voir que l’arrivée du cyclo-cross. André Dufraisse apparait intouchable au départ de ce championnat. Il est en grande condition après ses nombreuses luttes avec Roger Rondeaux et Pierre Jodet. Ses deux principaux rivaux sont, une nouvelle fois, René Dufour et Marcel Guitard. André Bernard, brillant second derrière Marcel Guitard du cyclo-cross de Bussière Galant, le Creusois Marcel Tourade , l’Aubussonnais René Roffet, Albert Treuil, René Mannat, Jacques Tranchant, Serge Lajat, Raymond Hébras, sont à classer parmi les outsiders. Le parcours emprunté est le même qu’en 1952 mais en sens inverse. Sur un terrain transformé en bourbier, André Dufraisse avec une aisance extraordinaire va dominer tous ses rivaux. C’est dur dira-t’il cependant à l’arrivée. Pourtant, André Dufraisse a terminé dans un état de fraîcheur remarquable nullement marqué par les efforts et la presse ne manque pas de mentionner que si le terrain de Gallarate, le 28 février, est aussi peu roulant que celui de Limoges, jamais le coureur de Razès n’a possédé une telle chance de revêtir le maillot arc en ciel. Cette prédiction va s’avérer exacte. Le duel pour la seconde place entre Marcel Guitard et René Dufour n’a pas eu lieu. Dès la première boucle, Marcel Guitard a cassé son dérailleur ainsi que des rayons à sa roue arrière. René Dufour a donc, sans peine, franchi la ligne, en seconde position, à 4′ 13″. En prenant la 3ème place, avec un écart de 7′ 17″, le Creusois, Marcel Tourrade, est récompensé de ses efforts.
Le 21 février, André Dufraisse fait un nouveau déplacement, en région parisienne, à Clamart, huit jours avant le championnat du monde. Il va subir encore la loi de Roger Rondeaux et de Pierre Jodet qui prennent les deux premières places.
Avant le championnat du monde, André Dufraisse se confie à la Presse. Je crois que le parcours de Galarate ne fera pas une très grosse sélection car, excepté une grimpette de 50 mètres, où l’on mettra pied à terre, le reste est roulant. Aussi, je crois que, pour une fois, nous devrions voir le titre se disputer au sprint et, de ce fait, Jodet sera mon favori, il ne devrait pas être décramponné par Rondeaux sur un tel terrain. Ce que André Dufraisse ne dit pas, c’est qu’il espère bien, lui aussi, se mêler au sprint.
Le jour J, le 28 février, devant 15000 spectateurs, l’Italien Graziano Pertusi est le premier à prendre la tête de ce championnat du Monde sur le circuit de Crenna de Gallarate, près de Milan. Après un kilomètre, il est rejoint par Roger Rondeaux. Au second passage, Roger Rondeaux est toujours en tête talonné par Pierre Jodet. Graziano Pertusi est à 21 secondes, suivi de Firmin Van Kerrebroecke. Les Français, André Dufraisse qui a été victime d’une crevaison, et Gérard Durand, sont à 46 secondes. Au 3ème tour, Roger Rondeaux et Pierre Jodet augmentent leur avance. Le Suisse, Hans Bieri, est à 24 secondes, le Luxembourgeois, Johny Goedert, à 33 secondes, l’Espagnol Antonio Barrutia à 38 secondes et André Dufraisse et Graziano Pertusi, à plus d’une minute. Au 4ème tour, Hans Bieri revient à 16 secondes. André Dufraisse commence à reprendre du terrain, il passe en 6ème position. Au 5ème tour, il remonte à la 4ème place à 38 secondes de Roger Rondeaux. Pierre Jodet est en 2ème position à 7 secondes et Hans Bieri à 22 secondes. Au 6ème tour, alors que Roger Rondeaux a encore augmenté le rythme, André Dufraisse est revenu en seconde position à 16 secondes. La course se joue 400 mètres avant la fin du 7ème tour. André Dufraisse est pratiquement revenu au contact de Roger Rondeaux mais ce dernier chute et brise son cadre. La course est finie pour lui. André Dufraisse n’ayant plus d’adversaire accomplit le dernier tour sans être inquiété. André Dufraisse confirme ainsi tous les espoirs placés en lui en revêtant son premier maillot arc en ciel. Il devance Pierre Jodet de 44 secondes et le Suisse, Hans Bieri, de 56 secondes. Inutile de préciser le retentissement qu’a eu cet exploit dans la capitale Limousine.
Au soir de cette retentissante victoire, André Dufraisse apparait comme un autre homme. Le garçon calme, replié sur lui même se laisse aller aux confidences et dévoile quelques ambitions. J’étais cyclo-crossman l’hiver mais, dès le début de la saison routière, mon premier directeur sportif ne m’a pas laissé le temps de souffler. Je n’avais pas le temps de récupérer. J’étais rapidement sur les genoux. En 1952, j’étais heureux d’être sélectionné pour le Tour mais, volontiers je ne serais pas parti. Je n’avais pas d’enthousiasme, pas d’ambition. En fait, je savais ce qui m’attendait. Il est difficile pour un cyclo-crossman de s’imposer sur la route. Si l’on passe sans transition du cyclo-cross à la route, vous êtes rapidement au bout du rouleau. Si vous arrêtez un mois, en avril, puisque les derniers cyclo-cross ont lieu en mars, alors, lorsque vous reprenez, les routiers sont déjà en pleine forme et vous écrasent. Pourtant, je suis certain de faire un bon routier, toutes les courses ne me conviennent pas mais, sur un parcours accidenté et sur les courses par étapes, je peux me défendre.
Mais avant de se projeter sur la route, André Dufraisse se doit de terminer honorablement la saison de cyclo-cross 1954.
Le 14 mars, à La Baule, lors du Championnat de France, André Dufraisse, victime d’une crevaison au 5ème kilomètre, doit se contenter de la 3ème place derrière Roger Rondeaux et Pierre Jodet.
Le 28 mars, à Nieul, le club d’André Dufraisse organise la revanche du championnat du monde. Bien évidemment, Roger Rondeaux et Pierre Jodet sont de la partie. C’est le dernier rendez-vous de la saison. Sur un terrain roulant qui avantageait Pierre Jodet, André Dufraisse va dominer, de bout en bout, cette épreuve. Comme à son habitude, Pierre Jodet fait un départ ultra rapide. André Dufraisse va parvenir à faire la jonction dès la mi-course. alors que Roger Rondeaux a déjà baissé les bras. Pierre Jodet répond à une première attaque d’André Dufraisse mais, il doit, lui aussi, s’avouer vaincu dans la montée du bois. Il finit par concéder sept petites secondes sur la ligne d’arrivée. André Dufraisse prouve ainsi qu’il est bien devenu le meilleur représentant de la spécialité. Une passation de pouvoir a eu lieu.
Route 1954 – Quelques résultats plus encourageants.
Sur route, André Dufraisse se rappelle aux bons souvenirs de ses supporters, le 6 juin, à l’occasion du Grand Prix Aixois. Il s’échappe, quelques kilomètres après le départ, mais, jugeant son effort prématuré, il se relève. Il attend la dernière montée de la côte de Verneuil pour porter une nouvelle attaque décisive cette fois-ci. Le second, Georges Aymard termine à 38 secondes.
Le 20 juin, André Dufraisse s’aligne pour la 4ème fois sur la ligne de départ de Paris-Limoges. Victime d’un léger ennui mécanique, il préfère renoncer lors du passage à Châteauroux. C’est un autre Limousin, Valentin Huot, qui va s’imposer, en solitaire, sur la piste du vélodrome André Raynaud.
Par la suite, André Dufraisse continue de courir dans la région où il ne connait pas vraiment la réussite comme le 1er août au Grand Prix de Saint Léonard, épreuve difficile avec la côte de Farebout à escalader à 13 reprises. Alors qu’il est seul en tête avec 20 secondes d’avance, il brise sa selle laissant la victoire à Valentin Huot.
Le 5 août, lors du 3ème Bol d’Or des Monédières, remporté par Louison Bobet, André Dufraisse, pas épargné par le sort, est contraint de se retirer après une crevaison.
Au cours du mois d’août, il connait plus de réussite en s’imposant à deux reprises. Le 9 août, à Bugeat, il s’échappe dès le 2ème tour et malgré une averse torrentielle à cinq tours de la fin, il fait cavalier seul jusqu’à la ligne d’arrivée pour l’emporter avec 3 minutes d’avance sur André Bernard. Le 30 août, près de chez lui, à Grammont, sur un terrain, une nouvelle fois, très sélectif, André Dufraisse sort vainqueur d’une véritable course par élimination. C’est avec 10 minutes d’avance sur André Bernard qu’il franchit la ligne d’arrivée en vainqueur.
Saison de cyclo-cross 1954-1955 – Doublé Championnat de France – Championnat du Monde.
A l’approche de la saison de cyclo-cross, Pierre Dion, directeur sportif d’André Dufraisse, lui renouvelle son contrat chez Terrot. C’est à Glanges qu’André Dufraisse fait sa rentrée en cyclo-cross, le 17 octobre. Comme la saison précédente, Roger Rondeaux et Pierre Jodet viennent l’affronter sur ses terres. André Dufraisse domine la situation. Il l’emporte avec 1’ 30″ sur Roger Rondeaux et laisse Pierre Jodet, 3ème à un tour. Il est vrai que ce dernier a été victime de deux crevaisons.
Le 28 novembre, c’est la commune de Nieul qui accueille les spécialistes des sous-bois. Le plateau présenté est de qualité avec Roger Rondeaux, Robert Aubry, Gérard Durand et le jeune espoir Suisse, Emmanuel Plattner. Seul Roger Rondeaux va résister à André Dufraisse mais, ce dernier, est dans un grand jour. En tête dès le second tour, il va prendre 5 secondes d’avance à chaque tour sur Roger Rondeaux. C’est avec 45 secondes d’avance qu’il franchit la ligne d’arrivée. Le 3ème, Gérard Durand, termine à 4 minutes.
Le 19 décembre, André Dufraisse accueille ses adversaires, sur ses terres, à Razès. Roger Rondeaux est de nouveau présent. La Suisse est également représentée par Roland Fantini. André Dufraisse reste maître chez lui mais ce n’est que dans le dernier tour et dans la dernière montée, à escalader à pied, qu’il parvient à décrocher Roger Rondeaux. Puis, avalant la côte d’arrivée au sprint, il s’impose avec 18 secondes d’avance sur Roger Rondeaux. Pierre Jodet prend la 3ème place à 2′ 30″.
Le Limousin est devenu la terre du cyclo-cross. Le département de la Creuse n’est pas en reste. Ainsi, le CRCL organise un important cyclo-cross à Fursac, le 26 décembre. Roger Rondeaux est encore présent de même que Jean Robic bien décidé à jouer le rôle d’arbitre entre André Dufraisse et Roger Rondeaux. Un autre spécialiste a fait le déplacement, il s’agit du Parisien, Robert Aubry. La vieille de l’épreuve, c’est un André Dufraisse déterminé qui se confie aux journalistes du Populaire du Centre. Je sais que Rondeaux veut vaincre, qu’il ne me fera pas de cadeau, loin de là, mais je tiens, moi aussi, à rester invaincu dans la région et affirmer ma suprématie. On a prétendu que j’avais gagné mon maillot arc en ciel par accident, je veux le conserver à la régulière et jusque là je crois que j’y ai fait honneur. Prenant la tête dès le 2ème tour, André Dufraisse, va faire cavalier seul jusqu’au 10ème tour, terme de l’épreuve. Si Roger Rondeaux ne termine qu’à quatorze secondes, c’est surtout parce qu’André Dufraisse a terminé l’épreuve à sa main sans forcer outre mesure, faisant ainsi preuve d’une très grande maitrise.
1955
Le début de l’année 1955 ne commence pas très bien pour André Dufraisse. Le 6 février, il se rend à Milan pour disputer un cyclo-cross international. Il est parti avec une sciatique mais, face aux meilleurs spécialistes transalpins, il va tout de même s’imposer. Après avoir bouclé le 1er tour avec le champion d’Italie, Graziano Pertusi et son compatriote, Amérigo Severini, André Dufraisse passe à l’attaque au tour suivant et, sans trop forcer son talent, il passe la ligne en vainqueur avec 15 secondes d’avance sur Graziano Pertusi et 50 secondes sur Amérigo Severini.
Le Championnat du Limousin, inscrit au calendrier à la date du 13 février, se déroule sur quasiment le même circuit que celui de 1951 qui avait vu Marcel Guitard s’imposer devant André Dufraisse. Le parcours est le suivant : départ rue de la Bregère face à la rue d’Orléans, à hauteur du café Chabrol, la ferme Guitard, la propriété de Monsieur Le Baron de La Bastide, rue Georges Fourest, rue de la Bregère où l’arrivée est jugée à hauteur du Vélodrome André Raynaud. André Dufraisse ne se présente pas dans les meilleures conditions avant ce championnat. Outre sa sciatique qui le fait toujours souffrir, il subit une attaque de la presse locale qui met en doute ses capacités, sa forme physique et ses méthodes d’entraînement. Quelques jours avant le championnat, le Populaire du Centre titre : Dufraisse sur un tracé où il perdit le titre joue sa réputation face à un homme en forme, Marcel Guitard. André Dufraisse étant qualifié d’office pour le championnat de France qui doit se disputer à Calais, trois autres Limousins l’accompagneront et les places seront chères. Marcel Guitard qui a parfaitement préparé ce championnat a toutes les chances d’être qualifié. La 3ème place qualificative mettra en lutte les habitués, René Dufour, Serge Lajat et Marcel Tourade mais aussi, deux petits nouveaux, Yves Viécelli et Marc Latié, tous les deux licenciés à l’Union Vélocipédique Limousine.
La veille du jour J, la presse locale continue de régler ses comptes avec André Dufraisse qui a disparu de la circulation après sa victoire à Milan. Personne ne sait où il se trouve et comme il n’a pas informé les journalistes du Populaire du Centre sur sa situation, ces derniers ne se privent pas d’en rajouter une couche en faisant le compte rendu du championnat du Limousin qu’il a pourtant, à nouveau, remporté. Grâce à sa classe exceptionnelle, André Dufraisse enlève aisément un nouveau titre régional. Nous considérons toutefois, que la victoire de Dufraisse a été acquise sur sa valeur intrinsèque mais pas sur sa préparation. Nous croyons trop à André pour le bercer d’illusions après son succès d’hier qui fut facilité par un accident mécanique de Guitard à l’issue du 2ème tour. La tâche qui l’attend, à Calais, sera autrement ingrate. A lui de prendre des mesures. Voilà qui est dit !
Lors de ce championnat du Limousin, on retrouve en tête, dès les premiers hectomètres, André Dufraisse et Marcel Guitard. Les deux hommes accomplissent le premier tour ensemble. Lors du second tour, André Dufraisse place une attaque dans la montée du pré de la ferme Guitard. Il prend alors une cinquantaine de mètres d’avance sur Marcel Guitard qui est alors victime d’une chute. Lorsqu’il reprend son vélo, il ne peut que constater les dégâts, sa roue arrière est en huit. André Dufraisse qui a la voie libre, s’envole alors vers la victoire tandis que son rival direct après quelques hectomètres, de concert avec le surprenant Yves Viécelli, entame un match poursuite qui ne va lui permettre que de réduire très légèrement l’écart. André Dufraisse a couvert les 20,4 kilomètres en 1h 3′. Marcel Guitard termine 2ème à 1′ 55″. Yves Viécelli enlève la 3ème place à 4′ 25″.
C’est un André Dufraisse avec un sourire malicieux qui s’est rendu, dès le mardi suivant, dans les locaux du Populaire du Centre : Vous savez combien je crains le froid. Or, le temps ne permettait guère de s’entraîner sans risquer un rhume. En outre, la pluie n’est pas plus agréable surtout lorsque l’on souffre de sciatique. La course en Italie était pour moi une excellente occasion d’aller me préparer au soleil sans risque. Ainsi, sur la Côte d’Azur, j’ai pu rouler tous les jours, sans inquiétude. De cela, évidemment, je n’avais pas parlé car je tenais à réserver une surprise à mes adversaires. J’ai réussi, je crois. J’avoue aussi que j’ai mis le paquet lorsque j’ai vu que vous mettiez en doute mes possibilités de vaincre à nouveau et je n’ai pas fait de cadeau à Guitard. Il est vrai que lui aussi n’avait pas l’intention de m’en faire ce qui ne nous empêche pas d’être les meilleurs amis du monde.
Le 20 février, à Calais, André Dufraisse endosse son premier maillot de Champion de France en devançant Gérard Durand, Roger Rondeaux et Pierre Jodet et ceci malgré une crevaison au second tour. Marcel Guitard et Yves Viecelli terminent respectivement 16ème et 22ème. La veille du départ, André Dufraisse était pourtant inquiet en voyant tomber la neige en abondance : C’est la chute toujours possible dans de telles conditions. Le jour de l’épreuve, le dégel a rendu le circuit boueux ce qui n’avantage pas, non plus, le champion Limousin. Dès le départ, le Nordiste, Joseph Rigault, se porte au commandement. A la fin du 1er tour, Gérard Durand et Pierre Jodet mènent la danse. Au début du second tour, André Dufraisse est victime d’une crevaison. Il va perdre un temps précieux. Au 3ème tour, Roger Rondeaux a rejoint Gérard Durand et Pierre Jodet. André Dufraisse est en 8ème position à 43 secondes. Au 4ème tour, Roger Rondeaux est seul en tête. Gérard Durand et Pierre Jodet sont à 20 secondes. André Dufraisse est remonté en 4ème position. Durant le 5ème tour, André Dufraisse dépasse Gérard Durand et Pierre Jodet et se rapproche à 8 secondes de Roger Rondeaux. Dans le 6ème et dernier tour, André Dufraisse comble son retard et dans un ultime effort, il décroche Roger Rondeaux de sa roue. Le maillot tricolore est acquis. André Dufraisse a couvert les 23 km en 1h 3′ 40″. Gérard Durand prend la seconde place à 38 secondes. La crevaison d’André Dufraisse l’a survolté : C’était très dur, mais aujourd’hui, je me sentais très bien. Je ne souffrais pas des reins. Lorsque j’ai crevé, au second tour, j’ai bien cru pourtant que c’était fini pour moi. Mais ça m’a mis en colère et bien que j’ai eu à descendre ensuite, souvent pour recentrer ma roue, j’étais survolté. Je fonçais sans rien voir jusqu’à l’avant dernier tour où j’ai rejoint Roger Rondeaux. Je l’ai attaqué aussitôt et je suis parti tout seul. Je dois toutefois reconnaître que si je suis revenu aussi fort sur Roger Rondeaux c’est que bien sûr, je tenais à ce titre de champion de France mais c’est aussi parce que je me suis trompé d’un tour et lorsque l’on m’a aiguillé une dernière fois sur la grande boucle, je vous avoue que je n’étais pas de bonne humeur même si j’avais pris la tête. C’est le premier maillot tricolore pour André Dufraisse, ce ne sera pas le dernier.
Tout auréolé de son titre de champion de France, André Dufraisse envisage la suite de la saison avec une totale confiance en espérant s’imposer à quatre reprises lors de ses prochains déplacements, le 28 février, au Mont Valérien, au Prix Martini, puis huit jours plus tard, au championnat du monde, à Sarrebruck puis ensuite à la revanche du Championnat du Monde, à Genève et enfin, en Limousin, pour le dernier cyclo-cross de la saison à Châteauneuf La Forêt.
André Dufraisse va presque atteindre ses objectifs à une exception près. Au 4ème Prix Martini, au Mont Valérien, il fait un mauvais départ. A l’issue du premier tour, il compte 40 secondes de retard. Il va devoir se contenter de la 3ème place derrière Amerigo Severini et Pierre Jodet.
Poursuivant sa formidable carrière internationale, le 6 mars, à Sarrebruck, c’est le maillot arc-en-ciel qu’il endosse pour la seconde fois consécutive. Il devance le Suisse, Hans Bieri, et l’Italien, Amérigo Severini. Mais, tout n’a pas été facile. Pour une fois, la malchance l’a épargné mais ce sont ses adversaires qui lui ont causé le plus de soucis. La course s’est déroulée par un temps sec et froid, sur un circuit boueux et détrempé à certains endroits, gelé et glissant à d’autres. 36 coureurs ont pris le départ répartis en neuf nations et pour la première fois, les étrangers vont faire douter sérieusement l’équipe de France. A l’issue du premier tour, le Suisse, Hans Bieri, est accompagné d’André Dufraisse et d’Amerigo Severini. Ces trois hommes restent ensemble jusqu’au 3ème tour de l’épreuve qui en compte six. Au 4ème tour, André Dufraisse attaque mais le Suisse, Hans Bieri, s’accroche en ne perdant que quelques longueurs. Au cours du 5ème tour, André Dufraisse porte son avance à 20 secondes et derrière lui, Hans Bieri et Amérigo Severini se livrent une lutte acharnée. A l’amorce du 6ème tour, les poursuivants se rapprochent du coureur Limousin. Avec seulement 10 secondes d’avance, André Dufraisse va faire un dernier tour au courage afin de conserver son maigre avantage. Il y parvient et c’est finalement avec un avantage de 50 secondes sur Hans Bieri qu’André Dufraisse passe la ligne d’arrivée en vainqueur. Amérigo Severini, victime de deux chutes dans les derniers hectomètres, termine à plus d’une minute. Après cet effort intense, André Dufraisse tente de retrouver ses esprits dans les bras de Robert Oubron : Je me souviendrai longtemps de Sarrebruck. J’ai cru ne jamais atteindre le but. Calais, c’était rien par rapport à cette galère infernale. Je suis mort de fatigue mais j’ai conservé mon titre. Malgré la boue et la neige, j’avoue que quelque fois, j’ai eu très chaud. Bieri et Severini étaient vraiment très forts. Ils se sont accrochés jusqu’au bout.
Comme prévu, André Dufraisse se rend à Genève, le 13 mars, pour disputer la revanche de ce championnat du monde et comme il l’avait pronostiqué, il va, une nouvelle fois, triompher en devançant ses compatriotes Français, Gérard Durand et Roger Rondeaux.
Le 20 mars, à Châteauneuf La Forêt, André Dufraisse participe à sa dernière course de la saison. L’UVL qui organise l’épreuve a bien fait les choses en invitant les cyclo-crossmen Italiens, Amerigo Severini et Danté Benvenuti. Malheureusement, les coureurs transalpins vont faire faux bonds, au tout dernier moment, aux organisateurs, à la grande déception des milliers de spectateurs qui se sont déplacés. La bataille va se résumer à une lutte entre Français avec Roger Rondeaux, Pierre Jodet, André Brulé et Gérard Durand. En tête du premier au 10ème tour de circuit, André Dufraisse s’impose nettement malgré un beau retour de Roger Rondeaux dans le final. Il signe ainsi sa 13ème victoire de la saison sur 16 épreuves disputées.
1955 – Une saison sur route avec comme principal objectif : garder la condition.
André Dufraisse fait son entrée sur route, le 17 avril, à l’occasion du Prix A Dony, une épreuve de 200 kilomètres reliant Périgueux à Limoges en passant par Brive. Victime d’une crevaison, il va abandonner. Par la suite, on le retrouve sur d’autres épreuves de renom comme les Boucles du Bas Limousin, le Grand Prix du Pneumatique à Montluçon, le Circuit du Cher, autant d’épreuves ouvertes aux aspirants où il connait des fortunes diverses.
Le 19 juin, André Dufraisse participe au 24ème Paris-Limoges qui voit la victoire de Louis Caput lequel devance, au sprint, un peloton de 28 coureurs. Sur la piste du vélodrome André Raynaud, André Dufraisse est classé 9ème ex-aequo.
Le 4 août, André Dufraisse termine 18ème du 4ème Bol d’Or des Monédières enlevé par Jacques Anquetil.
Par ailleurs, André Dufraisse, de par sa notoriété, est invité sur différents critériums à travers toute la France.
Sur le plan régional, André Dufraisse remporte, le 29 août, pour la deuxième année consécutive le Grand Prix de Grammont, disputé, près de chez lui, dans les Monts d’Ambazac. Il devance, à cette occasion, Marcel Guitard.
Saison de cyclo-cross 1955-1956 – Second doublé Championnat de France – Championnat du Monde.
André Dufraisse attaque très tôt sa saison de cyclo-cross 1955-1956. La FFC a donné son accord pour faire disputer, avant l’ouverture de la saison officielle, le cyclo-cross de Donzy dans la Nièvre, le 11 septembre. André Dufraisse s’y rend en compagnie de René Dufour. Déjà en excellente condition, André Dufraisse s’impose avec 23 secondes d’avance sur Pierre Jodet. René Dufour prend la 3ème place.
Au Mans, le 11 novembre, André Dufraisse n’est que 3ème derrière Pierre Jodet et Jean Robic, au 6ème des 11 tours de circuit. Faisant preuve d’une grande efficacité, en course à pied dans la traversée de la terre labourée, il déborde Jean Robic. Après un duel sévère avec Pierre Jodet, André Dufraisse s’offre une nouvelle victoire en franchissant la ligne d’arrivée 10 secondes avant son dernier adversaire.
Le 27 novembre, à Bourges, c’est sur les terres de Georges Meunier qu’André Dufraisse fait étalage de sa classe en prenant la tête au 2ème des 11 tours de circuit. A l’arrivée, il devance Pierre Jodet d’une minute.
Le 4 décembre, à Châteauroux, André Dufraisse signe déjà sa 5ème victoire de la saison. Il devance René Dufour.
Le 17 décembre, en se rendant au cyclo-cross de Lurbe Saint Christau, André Dufraisse est victime d’un accident de la circulation. Peu après Mont de Marsan, suite à l’éclatement d’un pneu, son véhicule heurte violemment un arbre. Heureusement, André Dufraisse s’en sort relativement bien. C’est un miracle. Deux jours plus tard, il prend tout de même le départ de l’épreuve et tout en étant lourdement handicapé, il réussit, une nouvelle fois, l’exploit de devancer Pierre Jodet de 46 secondes. La course a toutefois été difficile pour lui comme il le déclare à l’arrivée. :La course a été un long calvaire et j’ai souvent songé à abandonner mais, peu à peu, je me suis échauffé et j’ai terminé à ma main. Je souffre de la tête mais, ce qui m’inquiète le plus, c’est mon genou.
Bien que souffrant toujours de contusions multiples, André Dufraisse est présent le jour de Noël au cyclo-cross international de Fursac, organisé par le CRCL. Il fête, à sa manière, la naissance de son fils, en enlevant, avec brio, l’épreuve malgré un lot relevé de concurrents avec notamment la présence des Suisses, Hans Bieri et Albert Meier qu’il laisse à plus d’une minute à l’arrivée.
En ce début d’année 1956, après le CRCL c’est l’UVL qui organise, le 2 janvier, un cyclo-cross international à Crézin. Des milliers de spectateurs se sont déplacés pour applaudir celui qui est devenu le grand maître de la spécialité. Le sociétaire du club organisateur ne sera jamais inquiété. A l’arrivée, Jean Robic, second, concède 1′ 30″ et Pierre Jodet franchit la ligne avec 2′ 30″ de retard.
Le 8 janvier, sur un circuit qu’il connait bien, André Dufraisse s’impose à Marsannay la Côte, près de Dijon. La victoire n’a cependant pas été facile, le local Carteret lui a donné du fil à retordre. Au 1er tour, André Dufraisse s’est accordé un avantage de 30 secondes sur Carteret mais ce dernier bouche la moitié de son retard au cours du 3ème tour. Contraint d’accélérer l’allure, le champion Limousin finit par s’imposer avec 45 secondes d’avance.
Le 15 janvier, à Saint Pierre sur Dive, près de Caen, sur un parcours extrêmement difficile et après deux heures de course, André Dufraisse s’offre un nouveau succès.
Continuant sur sa lancée, le 22 janvier, à Plougasnou, près de Morlaix, André Dufraisse après 1h 32′ de course rejette Pierre Jodet à 3′ 57″ et le Suisse, Hans Biéri, à 7 minutes. Preuve de sa grande domination, André Dufraisse s’est permis le luxe de doubler tous les concurrents à l’exception de Pierre Jodet.
Le 29 janvier, André Dufraisse est de retour en Limousin pour disputer le cyclo-cross de Bussière Galant. Parmi ses principaux adversaires, on retrouve Georges Meunier, André Brulé mais aussi Charly Gaul venu tester le champion Limousin en vue des prochains championnats du monde qui doivent se dérouler, chez lui, au Luxembourg. C’est sous un terrible déluge que va se dérouler l’épreuve, le terrain étant très vite transformé en patinoire. Pas très à l’aise, Charly Gaul va devoir se contenter de la 6ème place. C’est Georges Meunier qui va pousser dans ses retranchements André Dufraisse lequel va toutefois l’emporter avec 21 secondes d’avance sur ce dernier.
Pour la première fois depuis sa création, le championnat du Limousin de cyclo-cross n’a pas lieu à Limoges. Le 5 février, c’est la commune d’Eyjeaux qui a été choisie par le Comité du Limousin et qui accueille donc les meilleurs spécialistes régionaux des sous-bois. André Dufraisse en est, bien évidemment, le grand favori. Marcel Guitard, René Dufour et Yves Viecelli sont ses principaux rivaux auxquels il faut ajouter Serge Lajat, Jacques Tranchant, René Mannat, Yves Dadat, André Bernard, le coureur de l’AC Creusoise Albert Longequeue, le Périgourdin René Boucherie, sans oublier le coureur de l’UC Nontron, René Grandcoing. Huit tours de 2,5 kilomètres sont à accomplir. Malgré le froid, de très nombreux spectateurs pour lesquels un service de cars a été organisé, se sont déplacés à Eyjeaux. A 15 heures, le maire d’Eyjeaux libère 19 concurrents. Au premier tour, André Dufraisse passe en tête devançant Yves Viécelli de 19 secondes. René Dufour est à 43 secondes puis viennent René Grandcoing et Jacques Tranchant. Marcel Guitard qui a cassé sa roue est en 7ème position à 1′ 7″. Au second passage, André Dufraisse est toujours en tête devant René Dufour qui a rejoint Yves Viécelli et qui a réduit l’écart à 31 secondes. Jacques Tranchant passe à 38 secondes suivi par René Grandcoing et par le Saint Juniaud Marc Aubert. Au 3ème passage, André Dufraisse passe avec 43 secondes sur René Dufour. Marcel Guitard est toujours en 7ème position. Au 4ème passage, André Dufraisse a creusé l’écart sur Yves Viecelli qui a repris la seconde place. René Dufour victime d’incident mécanique passe en compagnie de Jacques Tranchant et de Marcel Guitard qui poursuit sa remontée. Au 5ème passage, André Dufraisse possède 1′ 33″ sur un trio composé d’Yves Viecelli, de Marcel Guitard et de René Dufour. Jacques Tranchant est à 1′ 58″, René Grandcoing à 2′ 40″. Au 6ème passage, André Dufraisse, toujours en tête, ne semble pas forcer outre mesure. A 1′ 38″ passent Marcel Guitard et René Dufour, à 2′ 40″ Jacques Tranchant. Yves Viecelli accidenté est rejeté beaucoup plus loin. Au 7ème tour, il n’y a pas de changement et au dernier tour, André Dufraisse ne peut plus être battu. Il passe la ligne en ayant couvert les 20 kilomètres en 1h 2′. Marcel Guitard est à 1′ 45″. René Dufour à 2′ 20″. En terminant en 4ème position à 3′ 19″, Jacques Tranchant prive Yves Viécelli de sa sélection pour le Championnat de France prévu à Dreux.
Le 12 février, à Dreux, André Dufraisse endosse son second maillot de champion de France en devançant Georges Meunier, Pierre Jodet et Gilbert Bauvin. Marcel Guitard prend la 12ème place. Le gel a rendu le circuit extrêmement roulant. C’est surtout dans les parties pédestres et dans la montée des escaliers qu’André Dufraisse a fait la différence. A l’issue du 1er tour, il est précédé par Gilbert Bauvin, Pierre Jodet, Georges Meunier, Jean Gérardin et André Brulé. Après le passage des escaliers, André Dufraisse rejoint Georges Meunier, Pierre Jodet et André Brulé. Pierre Jodet est éliminé sur crevaison alors que Gilbert Bauvin place une nouvelle attaque. mais, sur la nouvelle montée des escaliers, André Dufraisse refait son retard et place, à son tour, un contre. Il va garder la première place jusqu’à l’arrivée. Ses adversaires ont compris qu’ils doivent lutter pour la seconde place qui revient à Georges Meunier devant Gilbert Bauvin.
Le 19 février, à Luxembourg, lors d’un championnat du monde qualifié d’inhumain, André Dufraisse réalise l’exploit de remporter pour la 3ème fois consécutive le titre de champion en devançant Georges Meunier et le Suisse, Emmanuel Plattner et ceci après 1h 23′ d’efforts intenses. Le parcours très dur rejette, de suite, au second plan, tous ceux qui ne sont pas de classe internationale. La neige poudreuse qui recouvre la route, les feuilles mortes dans les sous-bois provoquent chutes et glissades. Seuls les plus expérimentés effectuent les descentes sur le vélo. A ce jeu, André Dufraisse, Gilbert Bauvin, Pierre Jodet et le Suisse, Emmanuel Plattner, se montrent les plus efficaces, dès le premier tour. Au second tour, André Dufraisse est seul en tête avec 100 mètres d’avance sur Gilbert Bauvin. Au 3ème tour, André Dufraisse, Pierre Jodet et Georges Meunier roulent roues dans roues. A mi-course, les jeux sont faits. André Dufraisse avec son maillot immaculé alors que les autres ont chuté plusieurs fois, très à l’aise, accentue son avance. Seul Georges Meunier lui résiste dans le final. A l’arrivée, les membres gourds et le souffle court André Dufraisse se montre particulièrement revendicatif vis à vis de l’organisation : C’était trop long. Il y avait au moins un tour de trop. C’est presque inhumain de nous faire souffrir de la sorte même pour un maillot arc en ciel !
Le 26 février, André Dufraisse remporte, pour la 4ème fois, la revanche du championnat du monde, à Genève. Les spectateurs Suisses qui apprécient beaucoup le champion limousin n’hésitent pas à le comparer à Hugo Koblet. Sur un parcours enneigé et gelé, André Dufraisse s’est joué de tous ses adversaires donnant une nouvelle preuve éclatante de son invincibilité.
Le 4 mars, sur le Plateau de Gravelles, en région parisienne, André Dufraisse triomphe au Prix Martini. Cette victoire lui donne une totale satisfaction : Je sais que même battu, je restais champion du monde. Mais, après une saison que je crois très honorable, je me faisais un devoir de terminer premier car, vous avez pu le remarquer, à part le titre officiel, il y avait aujourd’hui toute l’élite mondiale de cyclo-cross. Comme je sais que souvent on reste assez sceptique sur mes résultats, une nouvelle victoire devant tous mes rivaux de Luxembourg et, de plus à Paris, où je n’ai pas pu triompher ces deux dernières années, çà fait vraiment plaisir. Parti sagement alors que Pierre Jodet caracolait en tête, André Dufraisse a attendu la mi-course pour revenir sur Pierre Jodet et dans la montée du Plateau de Gravelles, sa longue foulée a, une fois de plus, fait la différence.
Les revanches des championnats du monde n’en finissent plus. Le Limousin ne pouvait pas rester à la traine. L’UVL organise ainsi, le 11 mars, à Feytiat un cyclo-cross en présence des principaux rivaux d’André Dufraisse. Georges Meunier, Pierre Jodet, André Brulé, Amerigo Severini, Manuel Benvenutti et Roger Rondeaux ont notamment répondu à l’appel des dirigeants de l’UVL. Devant ses compatriotes, André Dufraisse va mettre KO tous ses adversaires. L’épreuve est la copie conforme du cyclo-cross de Paris. Pierre Jodet prend la tête. André Dufraisse revient à mi-course puis file en solitaire vers la victoire.
Le 18 mars, sursaturé de cyclo-cross et de revanches, André Dufraisse doit laisser la victoire à André Brulé au cyclo-cross de Versailles. Cela ne doit pas faire oublier que ce n’est que sa seconde défaite de la saison après 21 participations. Avant Versailles, seul Pierre Jodet l’avait devancé à Paris, le 14 janvier mais, après une crevaison d’André Dufraisse. 19 victoires pour 21 participations, André Dufraisse a réalisé une saison époustouflante.
1956 – Une saison route avec une envie de réussite.
Après cette remarquable saison de cyclo-cross André Dufraisse s’accorde un peu de repos avant de reprendre les compétitions sur route. C’est au Prix Dony, comme la saison précédente, qu’il fait sa rentrée. Sur cette épreuve difficile remportée par Pierre Tymen, André Dufraisse termine à la 9ème place.
Le 28 mai, André Dufraisse termine deuxième du 38ème Prix de la Trinité à Guéret. Il s’est incliné seulement au sprint, battu par son adversaire des sous-bois, Georges Meunier.
Malgré sa volonté affichée de réaliser une belle saison sur route, André Dufraisse ne parvient pas à ses fins. Il ne désespère pas pour autant et après avoir participé à une course par étape, en Sarre, il compte sur Paris-Limoges pour se faire remarquer car il a toujours en tête son rêve d’être, une deuxième fois, sélectionné pour le Tour de France. Malheureusement, les conditions atmosphériques, avec une pluie incessante du départ à l’arrivée et surtout un violent vent de face, sous lesquelles se déroule, le 25ème Paris-Limoges, vont en décider autrement. Transi de froid, souffrant de la pluie, incapable de produire le moindre effort, André Dufraisse renonce dès la traversée d’Orléans.
Plus tard dans la saison, le 1er juillet, on retrouve André Dufraisse au départ du 3ème Critérium du Vigenal, à Limoges, disputé sous forme d’américaine d’une durée de 3 heures. Associé à André Bernard, il termine en 3ème position.
Le 2 août, au 5ème Bol d’Or des Monédières remporté par Raphaël Géminiani et qui a vu un certain Raymond Poulidor donner du fil à retordre aux pros, André Dufraisse doit se contenter de la 20ème place.
Le 8 septembre, André Dufraisse termine second du Prix Antonin Reix, à Saint Junien, remporté par Robert Pallu. Sa fin de course a été remarquable. Il revenait très fort sur Robert Pallu tout en pensant qu’il y avait d’autres tours à accomplir.
Le 13 septembre, démontrant, une nouvelle fois, de belles qualités de grimpeur, André Dufraisse s’impose à Bort les Orgues. Il devance, à cette occasion, Claude Colette.
Saison de cyclo-cross 1956-1957 – 4ème titre de Champion du Monde sous un nouveau maillot.
André Dufraisse fait sa rentrée en cyclo-cross pour la saison 1956-1957, le 4 novembre, à Nieul. Cette épreuve organisée par son club, l’UVL, se déroule dans le parc du château de Nieul. Pour ce lever de rideau de la nouvelle saison, André Dufraisse se montre très confiant. Depuis un mois je me suis mis au vert. Je me suis entièrement consacré …. à la chasse. C’est une excellente façon de se détendre physiquement et moralement. en même temps que l’on fait une cure de grand air. Chaque matin, je me lève à 6 h et je vais retrouver les fourrés de Silord. Cependant, si la chasse est la base de ma préparation, je n’ai pas pour autant délaissé le vélo. Je fais chaque après midi soit 40 soit 100 km. Je crois que jamais je n’ai attaqué une saison de cyclo-cross dans une forme aussi bonne. Cette année, les difficultés vont débuter dès le premier cross. Meunier vient à Nieul pour chercher un succès de prestige. Mais, je tiens, moi aussi, à vaincre non seulement pour démontrer que je reste encore le meilleur mais aussi pour apporter à ma nouvelle maison, le groupe sportif Géminiani Saint Raphaël, une victoire qui aura un prix compte tenu de la valeur des opposants. Outre Georges Meunier, André Brulé, Marcel Guitard, René Dufour, Yves Viécelli font partie de ces opposants. Il n’y aura pas de surprise, André Brulé victime d’une chute, côte fracturée, est contraint à l’abandon. Comme prévu, Georges Meunier ne va s’avouer vaincu qu’après avoir fait douter le champion Limousin qui possédait, au 5ème tour, 35 secondes d’avance mais qui, dans le tour suivant, voyait son adversaire revenir à 15 secondes. Haussant le ton, deux tours plus tard, André Dufraisse avait repris son bien et c’est avec 1′ 25″ qu’il passe la ligne d’arrivée signant ainsi sa première victoire de la saison.
Le 11 novembre, André Dufraisse retrouve Pierre Jodet au Mans. Il s’impose de 8 secondes sur son rival. Georges Meunier prend la 3ème place.
Le 18 novembre, c’est la commune de Laurière qui accueille les spécialistes des sous-bois. Parmi les principaux engagés, on retrouve, Georges Meunier, André Brulé, René Dufour, Marcel Guitard, Nello Sforrachi mais aussi, un invité inattendu, en la personne de l’Italien, Amérigo Severini. André Dufraisse signe son 3ème succès de la saison devant Georges Meunier et Amérigo Severini qui s’est montré particulièrement dangereux. A l’exception du premier tour où Georges Meunier précède André Dufraisse, ce dernier va très vite prendre le commandement pour ne plus le lâcher et ceci malgré plusieurs sauts de chaine. Sur ce circuit très roulant, Georges Meunier est à son avantage. Il va garder en point de mire André Dufraisse et il ne va s’incliner que d’une centaine de mètres à l’arrivée. L’Italien, Amérigo Severini, victime de deux chutes, apparait toutefois comme un des plus sérieux prétendants au prochain titre mondial. Preuve de son ambition, le cyclo-cross d’Uzerche se déroulant huit jours plus tard, Amérigo Severini décide de rester dans la région afin de se confronter, une nouvelle fois, à André Dufraisse.
Le 25 novembre, à Uzerche, c’est un match entre routiers et spécialistes du cyclo-cross qui est annoncé avec d’un côté, Charly Gaul, Gilbert Bauvin et Raphaël Géminiani et de l’autre, André Dufraisse, Georges Meunier et Amérigo Severini. Pour son 4ème cyclo-cross de la saison, André Dufraisse décroche une 4ème victoire. Etonnant d’aisance, il a tourné autour de ses rivaux pour terminer, à sa main, avec une confortable avance puisque Georges Meunier, 2ème, est relégué à plus de deux minutes. Le 3ème, Marcel Guitard, termine à 3′ 10″. Victime de bris de rayons, Amérigo Severini a été contraint de regagner les vestiaires. Les routiers ont été dominé, Gilbert Bauvin termine 6ème. Raphaël Géminiani a tenu à terminer mais, très attardé, quant à Charly Gaul, souffrant, il n’a pas fait le déplacement.
Le 2 décembre, c’est près de Saint Brieuc à Saint Laurent de la Mer qu’André Dufraisse remporte un nouveau succès. A cette occasion, il devance Georges Meunier et Roger Rondeaux toujours présent malgré les années qui passent.
C’est désormais une tradition, le 25 décembre, la Creuse et le CRCL accueillent les meilleurs spécialistes à Fursac. On retrouve au départ, Pierre Jodet qui se remet d’une fracture de la main, le transalpin Amerigo Severini, les Suisses, Emmanuel Plattner et Albert Meier, Raphaël Géminiani, Charly Gaul et Valentin Huot. En inscrivant son nom au palmarès du Martini de Fursac, André Dufraisse signe son plus beau succès de la saison. Dès le départ, Amérigo Severini, Emmanuel Plattner et Charly Gaul se portent en tête. Au second tour, Emmanuel Plattner et Amérigo Severini impriment toujours un rythme d’enfer. Lors du 3ème tour, André Dufraisse qui trouve que la plaisanterie a assez duré, précède Emmanuel Plattner et Amérigo Severini qui s’accrochent désespérément. Au 4ème tour, seul Amérigo Severini colle à la roue d’André Dufraisse. A la fin du 5ème tour, André Dufraisse passe avec 15 secondes d’avance sur Amérigo Severini. Pierre Jodet est à plus d’une minute. Jusqu’au 8ème passage, Amérigo Severini va rester menaçant à seulement une vingtaine de secondes du champion Limousin. A l’arrivée, Amérigo Severini accuse 35 secondes de retard, Georges Meunier 1 30″, Pierre Jodet 1 40″, Charly Gaul 3′ 25″, Yves Viecelli 4′ 25″ et les Suisses, Albert Meier et Emmanuel Plattner plus de 6 minutes.
C’est par une victoire acquise à Valençay, le 1er janvier, qu’André Dufraisse débute l’année 1957. Son second, Georges Meunier ne s’est avoué vaincu que dans les derniers mètres.
Le 6 janvier, André Dufraisse retrouve Raphaël Géminiani sur ses terres à Clermont Ferrand. L’opposition n’est pas très importante. André Dufraisse s’impose malgré une crevaison qui l’a obligé à rouler à plat durant plus de trois kilomètres.
Le week end du 12 janvier, André Dufraisse se déplace à Paris et à Dreux. Si à Paris, sous une pluie battante, il signe sa 11ème victoire de la saison, en s’imposant nettement devant Roger Rondeaux et Jean Gérardin, le lendemain, à Dreux, victime de deux crevaisons, il doit abandonner n’ayant plus de boyaux, laissant ainsi la victoire à Georges Meunier.
Le 3 février, soucieux de peaufiner sa préparation en vu des prochains championnats, André Dufraisse se rend en Italie, à Allizzate. Si l’année précédente, il avait été relativement épargné par les ennuis mécaniques ce n’est plus le cas cette saison. Alors qu’il fait partie du groupe de tête, une crevaison lui fait perdre beaucoup de temps. Il va faire un très beau retour mais il doit se contenter de la 4ème place. Il se montre toutefois relativement satisfait de son expérience Italienne qui lui a donné confiance pour le prochain championnat du Limousin. Je suis tombé, à Allizate, sur des gars qui ont disputé la course de leur vie. Aussi, lorsque j’ai crevé, au premier tour, et fais le second à plat, inutile de dire que je n’ai pas été épargné. De plus, à deux tours de la fin, j’ai encore été obligé de faire de la mécanique. Quoiqu’il en soit, je suis très content de cette sortie, je n’ai pas terminé éprouvé malgré les efforts consentis. Dès jeudi, je vais me rendre sur le parcours du championnat du Limousin, dernière épreuve préparatoire avant que je mette en jeu mon titre de Champion de France à Bourges. J’ai l’intention d’aller quotidiennement au Palais afin d’assimiler parfaitement le tracé et ne pas courir de risques dimanche.
Le 10 février, c’est l’Union Vélocipédique Limousine qui est chargée d’organiser le championnat du Limousin, au Palais sur Vienne. Le parcours très sélectif est visible, en grande partie, par les spectateurs depuis le stade. Départ devant la cité Jules Ferry, après 600 mètres de route, les concurrents tournent à droite et empruntent successivement, une allée, un sous-bois où la course à pied est imposée par le profil du terrain. C’est ensuite une longue descente technique derrière le stade, toujours en sous-bois, suivie par une remontée assez raide pour revenir au stade. 10 tours de 2 kilomètres sont à accomplir. A l’issue de ce championnat, quatre coureurs seront qualifiés pour disputer le championnat de France à Bourges. André Dufraisse est, à nouveau, qualifié d’office du fait de son niveau international. Les dirigeants du Comité du Limousin annoncent que deux autres coureurs, les mieux classés, seront aussi qualifiés. Le quatrième sera pris parmi les coureurs victimes d’ennuis mécaniques ou de chutes mais susceptibles de représenter au mieux les couleurs du Comité du Limousin. Pour accompagner André Dufraisse à Bourges, les mieux placés sont, à nouveau, Marcel Guitard, René Dufour et Yves Viécelli. 31 coureurs ont fait parvenir leur engagement aux organisateurs.
Le jour J, il n’y a pratiquement pas de course. André Dufraisse affiche, dès le départ, une très grosse supériorité. Derrière lui, Yves Viécelli s’installe en 2ème position suivi par Marcel Guitard. René Dufour victime d’incidents est rejeté loin à l’arrière. Ce n’est qu’à la mi-course qu’il peut remonter à la 4ème place en dépassant Marc Aubert. Au cours du 7ème tour, Marcel Guitard, sur ennui mécanique, est contraint de quitter la course. Le tour suivant, René Dufour connait le même sort. Les deux derniers tours ne provoquent pas de surprise. André Dufraisse boucle les 20 kilomètres en 1h 9′ 43″. L’état du terrain particulièrement gras a provoqué de gros écarts. Yves Viécelli passe la ligne en seconde position avec 2′ 25″ de retard. Il faut attendre 7′ 7″ pour assister à l’arrivée de Marc Aubert qui précède de 8 secondes le coureur de Sarlat, Raymond Pouget.
Avant son départ, pour Bourges, André Dufraisse a comme un pressentiment. Mes craintes d’avoir un parcours trop roulant s’atténuent avec la pluie qui tombe aujourd’hui. Toutefois, il semble qu’il y ait beaucoup de route et je crois que nous n’aurons pas un championnat typiquement de cyclo-cross. Les écarts risquent d’être minimes, il ne faudra commettre aucune erreur ni être victime d’incidents. Meunier, sur son terrain, sera redoutable. Jodet reste toujours très dangereux. Toutefois, celui que le tracé avantage le plus est, pour moi, André Brulé. Il est en grande forme et pas question de le battre au sprint.
Le 17 février, à Bourges, André Dufraisse va perdre son maillot bleu blanc rouge sur un circuit particulièrement roulant qui a été tracé afin de favoriser, au mieux, le coureur local, Georges Meunier. Ce dernier ne laisse pas passer cette belle opportunité d’enfiler le maillot tricolore. Pierre Jodet prend la seconde place. André Dufraisse doit se contenter de la 3ème. Georges Meunier a dominé ce championnat poussé par les 15000 spectateurs, tous acquis à sa cause. A l’arrivée, André Dufraisse ne pouvait que reconnaître sa défaite : Je n’ai rien à dire. Meunier était très fort aujourd’hui alors que je ne me sentais pas bien. Avec le départ rapide, je me suis retrouvé enfermé dans le peloton lorsque je suis revenu en tête, Meunier était déjà parti. Je pense que dimanche prochain, j’aurais, à mon tour, l’occasion de prendre ma revanche. Le président de l’UVL, Jean Germaneau, qui avait fait le déplacement, se montre beaucoup plus critique : Je ne vois pas pourquoi le Comité du Berry n’a pas fait disputer ce championnat sur un vélodrome. Un tel parcours est indigne d’un cyclo-cross. On aurait pu facilement rouler derrière derny.
Le 24 février, André Dufraisse prend une éclatante revanche, en Belgique, dans la boue d’Edelaère. Il devance le Belge, Firmin Vankerrebroeck et Georges Meunier. C’est le 4ème maillot arc en ciel consécutif. Pourtant tout n’avait pas bien commencé, comme le déclarait André Dufraisse, la veille de l’épreuve : J’ai vainement attendu, à Bruxelles, l’arrivée de mon vélo. Mais, je n’ai obtenu aucunes nouvelles de ma bicyclette. J’espère que demain tout s’arrangera. Je n’ai pas pu ainsi reconnaître le parcours et d’après Meunier, Jodet et Aubry c’est dur et très boueux. Bien qu’il n’y ait que peu de grimpettes et de course à pied, ce ne sera pas facile. Privé de vélo, je n’ai pas pu me tester, mais ce matin, dans la neige, mes adversaires n’ont pas pu rouler non plus. Les organisateurs ont été contraints de jeter du sable sur la neige pour la faire fondre. Dès le premier tour, le Belge, Van Hernebroeck, prend la tête. après avoir distancé tous ses rivaux dans les labours. André Dufraisse accuse un retard de 20 secondes. Lors de la seconde boucle, après le toboggan que seuls trois concurrents parviennent à descendre à vélo, André Dufraisse revient sur le Belge. Après 9 km de course, Firmin Van Kerrebroeck et André Dufraisse précèdent Georges Meunier de 20 secondes, Graziano Pertusi et Jengy Schmit de 36 secondes et le jeune Allemand, Rolf Wolfshohl , d’une minute. Lors de la 3ème boucle, André Dufraisse est seul en tête avec 30 secondes d’avance sur le Belge, Firmin Van Kerrebroeck et 1′ 12″ sur Georges Meunier. Il n’y aura pas de changement au 4ème tour et lors de la dernière partie du parcours André Dufraisse creuse encore l’écart pour finalement l’emporter avec 1′ 11″ sur Firmin Van Kerrebroeck, 2′ 04″ sur Georges Meunier, 2′ 54″ sur Graziano Pertuzi, 3′ 51″ sur le champion de Belgique, René De Rey. Une victoire indiscutable donc pour André Dufraisse : Quelle boue ! Que c’était sale. Deux heures après l’arrivée, je ne vois encore pas clair. Je crois que je vais loucher jusqu’à la fin de mes jours. J’ai des graviers partout et c’est cela qui a été le plus terrible dans le dernier tour. Toutefois, la course par elle même a été moins dure qu’à Sarrebruck. En effet, si j’ai été un peu surpris par le départ ultra rapide de Van Kerrebroeck, je me suis placé tout de suite en seconde position et d’avoir lâché Meunier m’a donné un moral terrible. Lorsque que j’ai repris le Belge, Robert Oubron m’a dit de l’attaquer, ce que j’ai fait dans le 3ème tour et il n’a pas résisté, il est vrai que j’ai mis le paquet. Aujourd’hui, j’étais vraiment bien. Le régime sévère que je me suis imposé cette semaine a porté ses fruits. Mais croyez moi, c’était une course à mourir dans les terres pour celui qui n’était pas au meilleur de sa forme. Enfin, je crois avoir remis les choses au point et je pense que l’on ne pourra plus épiloguer lorsqu’il s’agira de disputer un véritable cyclo-cross.
Le 3 mars, André Dufraisse remporte le Martini à Vincennes. Sur un sol roulant et sous un soleil printanier, il franchit la ligne d’arrivée 17 secondes seulement devant Pierre Jodet qui règle, au sprint, Nello Sforrachi, Rolf Wolfshohl et Jengy Schmit.
Le 10 mars, André Dufraisse se montre irrésistible à Versailles, après un très beau duel avec Georges Meunier. Pierre Jodet, Georges Meunier et André Brulé mènent la course dès le départ alors qu’André Dufraisse se retrouve, comme bien souvent, enfermé dans le peloton. Après plusieurs tours, Georges Meunier part seul et André Dufraisse commence sa remontée habituelle. Après sept tours, il arrive sur les talons de Georges Meunier, il l’attaque immédiatement et prend rapidement du champ mais le Berrichon a de la ressource. Cinq tours plus tard, il est revenu dans la roue du Limousin. Une ultime attaque du champion du monde, dans le dernier tour, fait la différence. André Dufraisse franchit la ligne 24 secondes devant Georges Meunier. Roger Rondeaux excellent 3ème accuse un retard de 2′ 18″.
Huit jours plus tard, le 17 mars, André Dufraisse triomphe à Vihiers. Georges Meunier doit se contenter de la 2ème place à 41 secondes du champion du monde.
André Dufraisse clôture sa saison à Limoges, le 24 mars. Sur le circuit du stade municipal de Beaublanc, c’est à une véritable revanche du championnat de France que sont conviés les 5000 spectateurs Limousins présents. La course est d’une simplicité enfantine. Parti très vite, Georges Meunier victime d’une chute rétrograde rapidement. André Dufraisse accompagné de Pierre Jodet prend la relève. Au 3ème passage André Dufraisse a déjà 35 secondes d’avance. Dès lors, le Limousin n’est plus menacé malgré un retour de Pierre Jodet dans le dernier tour.
1957 – Sur route – Des objectifs à la baisse.
Comme il l’avait fait en 1953, à Aranzazu, où il avait remporté une course de côte, André Dufraisse débute sa saison sur route, le 26 avril, sur une autre épreuve en montée, la difficile ascension du Bettex, à Saint Gervais. L’épreuve de 22 kilomètres est remportée par l’Italien Adriano Salviatto. Valentin Huot prend la 2ème place à 38 secondes précédant de 3 secondes André Dufraisse.
André Dufraisse fait sa rentrée sur les routes limousines, le 2 mai, lors des 3ème Boucles du Bas Limousin mais les 250 kilomètres de l’épreuve sont beaucoup trop longs pour André Dufraisse qui rend les armes peu après le contrôle de ravitaillement.
André Dufraisse prend de plus en plus conscience que les aptitudes physiques demandées sur ce type d’épreuve n’ont rien à voir avec celles exigées sur les épreuves de cyclo-cross. Pour la première fois, il va ainsi renoncer à participer à Paris-Limoges.
On le retrouve cependant au départ de nombreuses autres épreuves régionales comme le Tour de la Dordogne, le Tour de la Corrèze, le Grand Prix International de Panazol, le Prix de la Trinité à Guéret etc… et, à chaque fois, la presse locale n’hésite pas à le ranger parmi les favoris. Mais les résultats n’étant pas toujours au rendez-vous, cette même presse, qui croit encore en lui et à sa grande classe, finit par prendre une position plus tranchée à son encontre. Ainsi à la veille du Circuit Vienne Gartempe qui se déroule en deux étapes le 1er et le 2 juin, on peut lire dans les colonnes du Populaire du Centre : Si nous avons mis Dufraisse dans les favoris c’est que nous croyons toujours le champion du monde de cyclo-cross capable d’un tel exploit sur la route surtout avec un tracé difficile comme ce sera le cas. Dufraisse sera l’outsider numéro 1 de la course car il peut être très mauvais ou très bon. S’il sait s’accrocher et surtout, s’il veut souffrir, il faudra compter sur lui.
André Dufraisse continue d’être très demandé sur les critériums organisés à travers tout le territoire national. Avoir un champion du monde au départ est un gage de réussite pour les organisateurs. Si André Dufraisse s’en accommode, les nombreux déplacements occasionnés ne sont pas en adéquation avec une préparation physique optimum.
Parmi ses meilleurs résultats, obtenus au cours de cette saison, il faut citer une deuxième place au Critérium d’Aurillac où il devance Raphaël Géminiani et une victoire, le 14 septembre, à Bort les Orgues, pour la 2ème année consécutive, où il prend le meilleur sur Robert Pallu et Roger Buchonnet.
Saison de cyclo-cross 1957-1958 – un 5èmemaillot arc en ciel.
Pressé par les multiples demandes qu’il reçoit, André Dufraisse débute, très tôt, la saison de cyclo-cross 1957-1958.
Le 25 octobre, à Saint Brieuc, déjà en excellente condition, il s’impose après une belle lutte avec Georges Meunier.
Le 11 novembre, c’est au Palais sur Vienne qu’André Dufraisse a donné rendez-vous à ses nombreux fans. Georges Meunier, Pierre Jodet, Robert Aubry et Amérigo Severini sont ses plus sérieux adversaires. C’est avec la mention très bien qu’il passe son examen de rentrée en Limousin. Comme à l’accoutumée, il a été lent à se mettre en action. Dès le 3ème tour, dans la montée du bois, il produit son effort. Seul Pierre Jodet, malgré ses 37 ans, va s’accrocher à ses basques. Au 8ème tour, Pierre Jodet est rejeté à 42 secondes et Georges Meunier compte 1′ 5″ de retard. A l’arrivée, Georges Meunier accuse plus de deux minutes de retard alors que Pierre Jodet a limité la casse à 57 secondes. Cette entrée en matière satisfait pleinement le champion du monde : Jodet m’a vraiment fait peur durant trois tours car il m’avait en point de mire et je n’arrivai pas à faire un trou décisif. Il est en grande forme et c’est un adversaire avec lequel on doit toujours compter. Il est inusable.
A Laurière, le 17 novembre, André Dufraisse retrouve sensiblement les mêmes adversaires, tous avides de revanche. André Brulé et Nello Sforrachi sont également de la fête. Ce sera pour André Dufraisse une troisième victoire consécutive. Certes, la malchance n’a pas épargné Georges Meunier et Pierre Jodet mais cela ne veut pas dire qu’André Dufraisse, sans ces incidents, n’aurait pas gagné, tant sa maîtrise est apparue, une nouvelle fois, exceptionnelle. Au 3ème tour, Georges Meunier casse son dérailleur et doit regagner les vestiaires. André Dufraisse et Pierre Jodet passent à l’attaque et creusent l’écart. Au 5ème tour, André Dufraisse lâche Pierre Jodet. L’écart entre les deux hommes grandit lentement mais régulièrement jusqu’au dernier tour où Pierre Jodet casse, à son tour, son dérailleur. A l’arrivée, André Dufraisse précède André Brulé d’une minute 17 secondes . Yves Viecelli, en prenant la 3ème place, s’affirme comme un futur grand spécialiste.
Le 8 décembre, une forte délégation Limousine, composée d’André Dufraisse, d’Yves Viecelli, de Raymond Hébras, de René Dufour et de Marcel Guitard, se rend à Vierzon, sur les terres de Georges Meunier. Une nouvelle fois, André Dufraisse va s’imposer. Georges Meunier, devant son public et sur un terrain qu’il connait bien ne peut pas soutenir le rythme imposé par André Dufraisse et Pierre Jodet. Dans le dernier des quinze tours de circuit, André Dufraisse fait lâcher prise à Pierre Jodet qui termine avec 20 secondes de retard.
Le 22 décembre, à Oloron Sainte Marie, par un très beau temps, André Dufraisse devance Georges Meunier et un petit jeune qui fera, par la suite, parler de lui, Pierre Bernet.
Le 25 décembre, l’AC Creusoise a pris la relève du CRCL pour organiser le cyclo-cross international de Fursac qu’André Dufraisse a déjà gagné à 3 reprises. Le plateau présenté est prestigieux. Si les Français sont en nombre, les étrangers ne sont en reste. La Belgique est représentée par Roger Declercq, le Luxembourg par Jengy Schmit, la Suisse par Albert Meier et Emmanuel Plattner, l’Italie par Amérigo Severini. Je n’aime pas ce parcours trop difficile avait déclaré André Dufraisse avant le départ et pourtant il va se montrer, encore une fois, irrésistible. Pierre Jodet boucle le premier tour en tête. Il reste en pôle position jusqu’au 6ème tour, moment que choisit André Dufraisse pour placer un contre décisif. André Brulé cause la surprise en devançant Pierre Jodet et Georges Meunier pour la 2ème place. Les Français se sont montrés supérieurs aux étrangers.
En ce début d’année 1958, les amateurs de sport Limousins redoublent d’intérêt pour le cyclo-cross. Les spectateurs sont de plus en plus nombreux et tous, attendent avec impatience, le grand événement sportif du mois de février, à savoir l’organisation des prochains championnats du monde, à Limoges.
Poussée par cette fièvre collective, le 5 janvier, la petite commune de Peyrat de Bellac se lance, à son tour, dans l’organisation d’un cyclo-cross. Les organisateurs locaux ne s’attendaient pas à ce que cette initiative soit autant arrosée. Ce sont, en effet, des trombes d’eau qui se sont invitées durant toute l’épreuve, accompagnées de fortes rafales de vent glacial. Sur les 29 partants, douze seulement vont parvenir à franchir la ligne d’arrivée et ceci après avoir lutté pendant plus d’une heure trente sur un terrain particulièrement boueux. Durant quasiment toute la course, André Dufraisse et Georges Meunier vont se livrer une bataille dantesque. Grâce à sa maitrise, André Dufraisse parvenait, à chaque passage, du toboggan rendu très glissant, à prendre quelques longueurs à Georges Meunier mais ce dernier refaisait, à chaque fois, son retard dans la difficile rampe qui suivait. Lors de la dernière ascension, André Dufraisse est trahi par sa chaine qui sort des pignons. Georges Meunier n’en demandait pas tant, il passe la ligne avant André Dufraisse, pour la première fois de la saison, laissant le champion du monde à 30 secondes. Preuve de la domination des deux premiers, le Parisien Robert Aubry, 3ème, termine à plus de 8 minutes.
Dès le 12 janvier, André Dufraisse ne tarde pas à remettre les pendules à l’heure. A Mazé, dans le Maine et Loire, André Brulé, connaissant parfaitement le parcours, prend la tête dès le départ, en entrainant avec lui, Robert Aubry. Au 6ème tour de l’épreuve, qui en comptait neuf, André Dufraisse revient sur les leaders et, profitant des petits raidillons, se détache irrésistiblement pour l’emporter avec 20 secondes d’avance sur André Brulé, 2′ 30″ sur Robert Aubry et plus de 3 minutes sur le Luxembourgeois, Jengy Schmit.
Le 18 janvier, André Dufraisse s’impose à Paris, au cyclo cross de Robinson. Il a cependant bataillé ferme. Pierre Jodet, parti très vite, l’a inquiété mais, c’est surtout Le Parisien, Bernard Vattier qui va lui causer le plus de soucis puisqu’il ne va s’incliner qu’à l’issue d’un sprint très disputé.
De retour dans la région, dès le lendemain, à Saint Léger le Guérétois, bien que souffrant d’une cheville, André Dufraisse se porte en tête, dès le premier tour, escorté par André Brulé et Bernard Vattier. Se débarrassant d’eux à mi-course, il franchit la ligne avec 43 secondes sur André Brulé et près de 4 minutes sur Bernard Vattier.
Continuant sur sa lancée, André Dufraisse triomphe à Pons, le 25 janvier. Après un début très rapide de Pierre Jodet lors des deux premiers tours, André Dufraisse fait un retour fracassant et laisse à l’arrivée Pierre Jodet à 1′ 24″ et le vétéran, Roger Rondeaux, à 2 minutes.
Devant 4000 spectateurs, le lendemain, à Bourges, sur un circuit sensiblement plus difficile, sur lequel André Dufraisse avait perdu le maillot bleu blanc rouge que lui avait ravi Georges Meunier, André Dufraisse prend une éclatante revanche sur ce dernier. Outre le duo Meunier-Dufraisse, trois autres hommes vont jouer les troubles fêtes, en s’accrochant aux basques des leaders : Robert Aubry, Marcel Guitard et surtout Bernard Vattier qui va même jusqu’à prendre la tête de course au 6ème tour. Malheureusement pour lui, il crève et en même temps, casse son dérailleur. André Dufraisse attend alors les trois derniers tours pour démontrer sa supériorité. A l’avant dernier tour, Georges Meunier accuse 40 secondes de retard mais, lors du dernier tour, il se rapproche d’André Dufraisse pour finalement terminer à 20 secondes. Marcel Guitard prend la 3ème place à 1′ 50″.
Le 9 février, le championnat du Limousin se déroule à Limoges, derrière le stade municipal de Beaublanc. Six tours sont à accomplir pour une distance totale de 21,380 kilomètres. Ce championnat va servir de répétition pour le championnat du monde du 23 février prochain. Mettre son titre de champion du monde en jeu, dans sa propre ville, est un juste retour des choses pour André Dufraisse. Bien qu’étant qualifié d’office pour le championnat de France et du monde, il tient, comme il l’a fait les saisons précédentes, à prendre le départ du championnat du Limousin. Ce titre, il y tient, c’est le premier qu’il a remporté et chaque année, il le met en jeu face à ses camarades sans souci des risques qu’il peut courir. C’est aussi pour cette raison qu’il est apprécié par les sportifs limousins qui le considèrent, certes, comme un grand sportif et un beau champion, mais aussi pour quelqu’un qui a su rester lui même malgré ses titres multiples de champion de France et de champion du monde.
Si la victoire d’André Dufraisse est quasiment acquise, la course reste passionnante notamment pour les trois places qualificatives pour le championnat de France qui doit se dérouler à Calais. Marcel Guitard, Yves Viécelli et René Dufour semblent les plus aptes à se qualifier mais ils doivent aussi se méfier de Raymond Hébras, de Marc Aubert, de Marcel Tourade, du jeune de l’Union Vélocipédique Limousine Jean Claude Morelon et du Tulliste Jean Rioux. C’est par un temps printanier que la vingtaine de participants est libérée. Dès la première boucle, André Dufraisse précède Yves Viécelli et Marcel Guitard. Au second tour, il commence à produire son effort et l’écart va grandir avec une régularité de métronome au rythme de 20 secondes par tour. René Dufour et Raymond Hébras sont écartés sur ennuis mécaniques dès les premiers tours. Dans le 3ème tour, Yves Viécelli qui s’affirme de plus en plus comme le dauphin d’André Dufraisse se débarrasse de Marcel Guitard. A l’arrivée, André Dufraisse, qui a couvert la distance en 1h 13′, analyse, en parfait connaisseur, le tracé proposé pour les prochains championnats du monde : C’est un parcours sélectif et typiquement de cyclo-cross même s’il est relativement roulant sur sa quasi totalité. Il n’y a qu’une petite grimpette de 50 mètres qu’il faut passer à pied. Ce parcours reste toutefois extrêmement pénible. Derrière André Dufraisse il n’y a pas de surprise. Yves Viécelli s’empare de la seconde place à 1′ 45″ du vainqueur ce qui permet, à l’enfant du Palais sur Vienne, d’espérer obtenir une bonne performance au championnat de France. Marcel Guitard qui n’a pas pu suivre Yves Viécelli termine éprouvé à 3′ 40″. C’est au sprint que s’est jouée la quatrième place qualificative et c’est le jeune espoir, Jean Claude Morelon, qui s’est imposé face à Marc Aubert.
Le 16 février, à Calais, André Dufraisse retrouve le maillot bleu blanc rouge pour la 3ème fois. Il devance André Brulé et Georges Meunier. Excellente performance d’Yves Viécelli qui prend la 5ème place qui lui ouvre la porte du championnat du monde. Marcel Guitard termine au 12ème rang. C’est sous un soleil radieux que se déroule le championnat, la pluie tombée la veille a rendu le terrain sablonneux plus roulant, seule la montée de blockhaus et les passages dans les dunes présentaient des difficultés réelles. Des 70 concurrents, André Brulé est le plus rapide à se mettre en action. Pierre Jodet, Georges Meunier, Jean Gérardin et Robert Aubry le suivent de très près. André Dufraisse est en 8ème position. Au second tour, Pierre Jodet a pris le commandement mais les autres le gardent en point de mire jusqu’au 3ème tour où c’est Georges Meunier qui mène la course précédant Roger Rondeaux et André Brulé. C’est au 4ème tour qu’André Dufraisse produit son effort. Personne n’est capable de prendre sa roue. Le dernier tour lui permet de porter son avance à 20 secondes sur André Brulé qui devance Georges Meunier, Pierre Jodet, Yves Viecelli et Roger Rondeaux. André Dufraisse se montre particulièrement satisfait d’avoir retrouvé le maillot tricolore : J’avais peur avant le départ car je souffrais d’un lumbago. C’est pour cela que j’avais décidé de n’attaquer que bien échauffé. Guitard faisait la course à mes côtés en m’encourageant sans cesse. Je n’ai jamais cessé d’avoir le moral d’autant que Viecelli était devant, surveillant les hommes de tête. Au 5ème tour, je me suis dit : il faut y aller, si tu ne passes pas maintenant, tu ne passeras jamais. L’effort a été brutal et je rends hommage à celui qui m’a précédé sur les tablettes du championnat de France et du monde, Roger Rondeaux. C’est lui qui a été le plus difficile à décramponner. Quand j’y suis parvenu, j’ai vite compris que, sauf accident, la course était jouée. Et ce n’est pas le retour de Brulé qui m’a causé du souci puisque j’étais devant. Mais je tiens à le rappeler, Rondeaux a été le plus agressif et je trouve admirable que Viecelli prenne la cinquième place. Comme je voudrais l’avoir comme équipier dimanche au championnat du monde, à Limoges. J’ai reconquis mon maillot tricolore que Meunier m’avait ravi sur son vélodrome Berrichon. Je veux garder, dimanche, ma tunique arc en ciel mais je me méfierai des Allemands dont Meunier qui vient de les affronter, en Belgique, m’a dit le plus grand bien.
En rentrant de Calais, André Dufraisse a fait une halte à Paris afin de passer des radios pour tenter de trouver l’origine du mal de dos qui le fait souffrir. De retour à Limoges, il se montre plutôt serein : J’ai pu me reposer cette nuit et j’ai retrouvé l’appétit. Le spécialiste que j’ai vu à Paris m’a remis le nerf sciatique en place qui était légèrement coincé entre les vertèbres. Toutefois, il n’est pas question de faire des efforts d’ici dimanche. Vendredi, j’irai effectuer quelques tours de circuit à ma main. Jeudi, pour éviter de me rouiller, j’effectuerai une petite sortie sur route, en promeneur. J’ai besoin de recharger les accus car à Calais, c’était très dur et dimanche ce le sera encore plus encore car ceux qui ne sont pas disposés à me faire de cadeaux seront encore plus nombreux.
Le 23 février, à Limoges, 20000 spectateurs enthousiastes se sont déplacés pour assister à la victoire d’André Dufraisse et ils ne vont pas être déçus. André Dufraisse endosse pour la 5ème fois le maillot de champion du monde et ceci après une lutte particulièrement intense. Il devance l’Italien, Amérigo Severini et l’Allemand, Rolf Wolfshohl. Dès le baisser du drapeau, le jeune espoir Allemand, Rolf Wolfshohl prend la tête. Il boucle le premier tour devant André Dufraisse suivi du Suisse, Emmanuel Plattner. Dans la seconde boucle, dans le petit bois qui longe l’Aurence, André Dufraisse recolle à la roue de l’Allemand. A mi-course, Rolf Wolfshohl commence à donner des signes de fatigue alors qu’Amerigo Severini est revenu aux avants-postes. Malheureusement pour lui, un saut de chaine, dans la descente du toboggan, va lui faire perdre beaucoup de temps. Au 4ème tour, André Dufraisse produit son effort dans la grimpette après le toboggan au moment où Amérigo Severini revient sur Rolf Wolfhohl puis se lance à la poursuite d’André Dufraisse. A l’amorce de la dernière boucle, l’Italien n’est plus qu’à une dizaine de mètres du Limousin. Mais follement acclamé par les 20000 spectateurs, André Dufraisse trouve assez de ressources pour finalement l’emporter avec 25 secondes d’avance ce qui lui permet d’endosser son 5ème maillot arc en ciel. Les yeux brillant de fièvre encore tout frissonnant et asphyxié par une nuée de supporters, André Dufraisse tente d’analyser sa course : Le parcours était moins difficile qu’à Sarrebruck et Adelaère mais, j’ai eu plus peur. Je vous l’avais dit cette semaine j’étais malade et il a fallu que je me surpasse pour réprimer, dès le départ, l’attaque de Wolfshohl. Je savais que ce jeune espoir était dangereux mais, je ne l’aurais jamais cru aussi audacieux. Ayant étouffé dans l’oeuf l’attaque de l’Allemand, j’avais fait un grand pas vers la victoire car la décision était faite et en dehors de Severini, il ne restait plus personne au 3ème tour. Severini m’a menacé mais, il faut tenir compte qu’il était dans des circonstances plus favorables que moi. Devant mes compatriotes, je n’avais pas le droit de perdre. Il s’agissait pour moi de ne pas prendre de risques inutiles et de ne pas me lancer à corps perdu dans les descentes et éviter la moindre chute ou le plus petit incident. Severini lui, pouvait prendre des risques. Il ne s’en ait pas privé. Mais j’ai gagné et après mon titre de champion de France, je conserve mon titre de champion du monde. Maintenant, je vais courir jusqu’à fin mars car Roger Piel m’a procuré sept contrats pour des revanches de championnat de France et du monde.
Ainsi le 23 mars, André Dufraisse s’impose, à Villiers, près de Thouars où il précède Rolf Wolfshohl et André Brulé.
1958 – Une saison routière dans l’anonymat.
A part une 7ème place dans l’ascension du Mont Faron, André Dufraisse se montre relativement discret tout au long de la saison.
Saison de cyclo-cross 1958-1959 – Une première passation de pouvoir. Renato Longo détrône André Dufraisse.
Le 9 novembre, André Dufraisse, a choisi la région Parisienne pour remonter sur son vélo de cyclo-cross, lors du Prix Grimault qui se dispute à Clamart. André Dufraisse prend la tête dès le départ suivi d’André Brulé et de Bernard Vattier. Il ne va trouver personne pour répondre à sa première attaque et c’est avec 33 secondes sur André Brulé et 44 secondes sur Bernard Vattier qu’il remporte son premier cyclo-cross de la saison.
Le 11 novembre, à Harelbeke, en Belgique, André Dufraisse va connaître une première défaite sur un parcours émaillé de bottes de pailles que les coureurs devaient escalader. La boue et la distance lui ont, aussi, été fatales. Le Belge, René De Rey en couvrant les 25 km en 1h 21′ s’est montré le meilleur au sprint.
Le 16 novembre, en terre Bourguignonne, à Beaune, André Dufraisse retrouve le chemin de la victoire. Malgré la présence de Rolf Wolfshohl, d’Emmanuel Plattner et d’Amérigo Severini, André Dufraisse va s’imposer assez facilement. Dès le signal du départ, Emmanuel Plattner et Rolf Wolfshohl prennent les devants. André Dufraisse se contente de les suivre à 100 mètres. A deux tours de la fin, il accélère et dans un premier temps, Emmanuel Plattner est le premier rejoint puis, c’est au tour de Rolf Wolfshohl de subir le même sort, incapable de prendre la roue du Limousin qui file vers la victoire. Emmanuel Plattner va terminer second à 12 secondes d’André Dufraisse. Victime d’ennui mécanique, Rolf Wolfshohl termine très loin. La 3ème place revient à Amérigo Severini.
Le 14 décembre, à Grenoble, sur la ligne de départ du cyclo-cross de la Corne d’Or, André Dufraisse se présente diminué. Son nerf sciatique le fait à nouveau souffrir. Il doit se contenter de suivre Georges Meunier. Tous les deux s’étant débarrassé d’Amérigo Sévérini, victime d’une crevaison dès le premier tour, les deux hommes vont faire la course en tête. Dans le dernier tour, Georges Meunier perce à son tour. André Dufraisse a la victoire en vue. Georges Meunier n’abdique pas, il va effectuer un formidable retour. La victoire semble se jouer au sprint mais André Dufraisse, victime d’ennui de chaine, dans les derniers hectomètres, est contraint de laisser la victoire au Berrichon.
Le 21 décembre, André Dufraisse retrouve toutes ses capacités. Il remporte pour la 4ème fois consécutive le cyclo-cross de Lurbe Saint Christau. Au 4ème tour, d’un coup de pédale aérien, dans la rude pente de 200 mètres, à flanc de montagne, suivie par une descente vertigineuse où l’acrobatie est de rigueur, André Dufraisse décroche tout son monde. Amérigo Severini, Georges Meunier et Rolf Wolfshohl passent à la trappe. Dans le final, toutefois, Georges Meunier et Rolf Wolfshohl se montrent très dangereux en venant mourir à une dizaine de secondes de l’enfant de Razès que beaucoup surnomment maintenant le Fausto Coppi des labours.
Le 23 décembre, à OOstakker, en Belgique, André Dufraisse ne peut faire mieux que 6ème. L’épreuve est remportée par le Belge, René De Rey, qui devance l’Allemand, Roff Wolfshohl.
Le 25 décembre, André Dufraisse se présente à Fursac avec la ferme intention de remporter un 5ème succès consécutif. Le Suisse, Emmanuel Plattner fait un départ ultra rapide mais qui va lui rester en travers de la gorge. Rolf Wolfshohl, Pierre Jodet et Amérigo Severini prennent le relais. Ce n’est qu’au 4ème tour, soit à la mi-course, qu’André Dufraisse se joint à eux. Pierre Jodet est le premier à passer à la trappe. Rolf Wolfshohl s’accroche mais au 6ème tour, une attaque d’André Dufraisse lui est fatale. Il ne reste plus qu’Amerigo Severini dans la roue du champion du monde. S’accrochant avec une énergie remarquable, le coureur transalpin fait forte impression. Le doute s’installe. Difficile de dire qui va l’emporter. C’est le sort qui décide, André Dufraisse victime d’une crevaison laisse la voie libre au champion Italien qui signe ainsi une victoire prometteuse en vue des prochains championnats du monde. Rolf Wolfshohl profite aussi des ennuis d’André Dufraisse pour s’emparer de la 2ème place à 35 secondes. André Dufraisse doit se contenter de la 3ème, à 1′ 33″.
Début 1959, les soucis ne sont pas terminés pour André Dufraisse, après les ennuis mécaniques et la sciatique, c’est une grippe intestinale qui le cloue au lit, quelques jours avant l’important cyclo-cross International de Peyrat de Bellac. J’ai souffert terriblement en Belgique de la boue et de la cuisine trop lourde. C’est là, sans nul doute, l’origine de mon mal. De ma course que dire sinon que j’ai été enfermé au départ, que je n’avais pas eu la possibilité de reconnaitre le parcours et de plus, j’ai fais une chute à deux tours de la fin. Vous voyez je n’ai guère à me réjouir de cette nouvelle incursion outre quièvrain. En outre, je suis un peu saturé de voyages et de cyclo-cross. Pour Peyrat de Bellac, je vais tout faire pour être au départ. Moi qui me réjouissais d’affronter, pour la première fois, depuis le début de saison, tous mes adversaires, je suis cloué au lit. Mais, j’ai confiance quand même, mercredi, je vais me lever et faire une séance de home trainer.
Il n’y aura pas de miracle à Peyrat de Bellac. Amérigo Severini domine tous ses rivaux et André Dufraisse doit regagner les vestiaires, à la fin du 8ème tour, alors qu’il occupait, tout de même, la 4ème position.
Le 11 janvier, dans le parc du Château de Montgeoffroy, à Mazé, près de Tours, André Dufraisse a retrouvé tous ses moyens. En l’absence de l’Italien Amérigo Sevérini la course va se résumer à un duel entre André Dufraisse et Rolf Wolfshohl. Cependant, ce dernier victime d’une chute au premier tour se retrouve rapidement en 15ème position. Alors qu’André Dufraisse caracole, seul en tête, l’Allemand remonte, un à un, tous les concurrents et il va échouer à une trentaine de secondes du champion du monde. André Dufraisse vient de prendre conscience que Rolf Wolfshohl va devenir rapidement le remplaçant de Pierre Jodet et de Roger Rondeaux, sur les prochaines épreuves internationales.
Huit jours plus tard, le 18 janvier, André Dufraisse retrouve sur sa route, Georges Meunier, lors du cyclo-cross de Bourges. Sur un parcours glaiseux, rendu boueux par un dégel subit, André Dufraisse n’avait pas le bon matériel pour courir dans de bonnes conditions. Obligé de descendre plusieurs fois de machine parce que les roues ne voulaient plus tourner, imité en cela, par Amérigo Severini et par Rolf Wolfshohl, placés à la même enseigne que lui. Pendant ce temps, Georges Meunier pédalait ferme, ravi du tour joué à ses adversaires. Le Berrichon va réussir l’exploit de doubler tous les concurrents à l’exception d’Yves Viecelli, excellent 2ème qui termine à 6 minutes et de Rolf Wolfshohl qui prend la 3ème place à 8 minutes. André Dufraisse, 7ème est à un quart d’heure.
Après sa désillusion de Bourges, le 25 janvier, à Nantes, André Dufraisse retrouve son aisance sur un terrain plus facile malgré les petits sentiers détrempés par la pluie des jours précédent. Après un début de course sage, il passe à l’attaque dans les trois derniers tours. Amérigo Severini a été son plus sérieux adversaire mais, il a du s’avouer vaincu dans le dernier tour. Georges Meunier et Rolf Wolfshohl avaient fait de même le tour précédent.
Le 1er février, pour la seconde fois, la commune d’Eyjeaux accueille le Championnat du Limousin. L’Union Vélocipédique Limousine est chargée de l’organisation. Le circuit développe deux kilomètres, à parcourir 10 fois. Les principaux opposants d’André Dufraisse restent les mêmes : Yves Viecelli, Marcel Guitard, René Dufour, Marc Aubert, Raymond Hébras et René Grandcoing, pour ne citer que les principaux. C’est par un temps magnifique que sont libérés les 15 participants. Dès la fin du premier tour, André Dufraisse et Yves Viécelli passent ensemble. Raymond Hébras est en 3ème position puis viennent Marcel Guitard et René Grandcoing qui va faire une course remarquable malgré un bris de cale pied. André Dufraisse attend le 4ème tour pour décramponner Yves Viecelli, dès lors, avec son allure des grands jours, sans donner l’impression de forcer, il se dirige, sans contestation possible, vers la victoire et son 9ème titre de champion du Limousin. André Dufraisse a couvert les 20 kilomètres en 1h 1′. Yves Viecelli, auteur d’une course remarquable, monte, une nouvelle fois, sur le podium après avoir terminé à 15 secondes seulement d’André Dufraisse. A 2′ 48″, Marcel Guitard franchi la ligne à son tour obtenant sa qualification pour le championnat de France prévu à Lyon. Le Nontronnais, René Grandcoing, se qualifie, lui aussi, en prenant la 4ème place à 3′ 19″ d’André Dufraisse.
Pour défendre son maillot de champion de France, le 8 février, à Saint Fons, près de Lyon, André Dufraisse est présent sur les lieux, dès le vendredi. Il a donc eu le temps d’effectuer une bonne reconnaissance du parcours et d’en tirer des enseignements qu’il fait partager au journaliste du Populaire du Centre : Contrairement à ce que certains ont écrit, le parcours ne sera pas uniquement favorable aux routiers. Certes c’est roulant d’autant plus que le sol est sec. Mais, à la sortie du stade, après 600 mètres de route, trois montées consécutives, à pic, escaladent des remblais d’une centaine de mètres et ce n’est pas du gâteau. Par la suite, il y a une portion de trois kilomètres sur des chemins rocailleux, parsemés de cailloux roulants et une descente où il est difficile d’aller vite sans risque de chute. Le parcours me convient, je crains seulement l’étroitesse de la petite rue où les chutes et les accrochages sont à craindre. L’adversaire que je crains le plus est Meunier. J’espère quand même conserver mon maillot demain. J’ai confiance. André Dufraisse avait raison d’avoir confiance, deux jours plus tard, il remporte son 4ème titre de Champion de France. Il devance André Brulé et Georges Meunier. Yves Viecelli termine 17ème et René Grandcoing 30ème. Un homme a joué les troubles fêtes dans ce championnat, il se nomme Gilbert Bauvin. C’est lui qui a lancé la course en compagnie d’André Brulé, dès le départ. André Dufraisse, prudent, les a conservé en point de mire et au 4ème tour, alors que Georges Meunier a attaqué et pris la tête, André Dufraisse passe à l’offensive. A la fin du 4ème tour, il a pris le commandement, Georges Meunier est à 18 secondes, André Brulé à 23 secondes et Gilbert Bauvin, Jacques Muny et Robert Aubry sont à 45 secondes. Forçant son allure, dans la première des trois grimpettes, André Dufraisse augmente son avance. A un tour de l’arrivée, il possède 37 secondes sur le duo Meunier-Brulé qui unissent leurs efforts. Ces derniers vont d’ailleurs se rapprocher à l’arrivée en réduisant l’écart à 11 secondes. Après l’arrivée, André Dufraisse, très éprouvé, analyse objectivement l’avenir : J’ai dû m’employer pour remporter ce succès. Je constate que la forme est revenue. J’ai bon espoir, dimanche prochain à Genève, de conserver mon titre de champion du monde.
Ses espoirs ne vont malheureusement pas se réaliser. Le 15 février, à Genève, André Dufraisse ne monte pas sur le podium du championnat du monde. Il échoue, au pied, en obtenant la 4ème place, devancé par Rénato Longo, Rolf Wolfshohl et Amérigo Sévérini. Les Italiens ont dominé ces 10ème championnats du monde. On a assisté à une passation de pouvoir entre jeunes et anciens. Dès le départ, volé par certains, Rolf Wolfshohl et le jeune Renato Longo prennent la tête. Le Suisse, Emmanuel Plattner, le Luxembourgeois, Jengy Schmit, l’Espagnol, Antonio Barrutia prennent la roue. A la fin de la boucle initiale de deux kilomètres, ce quintet possède 15 secondes d’avance sur André Dufraisse. Cinq tours du grand circuit de 4 kilomètres restent à couvrir. A l’issue du 1er tour, Emmanuel Plattner et Antonio Barrutia ne font plus partie du groupe de tête. Le Belge, Firmin Van Kerrebroeck passe à 23 secondes, André Dufraisse, André Brulé, Gilbert Bauvin et Grazziano Pertusi à 33 secondes. Au tour suivant, Jengy Schmit a rendu les armes à son tour. Amérigo Severini passe en 3ème position à 13 secondes, Jengy Schmit à 33 secondes et André Dufraisse qui continue de perdre du terrain est à 1′ 13″. Durant le 3ème tour, la victoire ne peut plus échapper aux deux hommes de tête. Dans la descente du ravin, Rolf Wolfshohl perd une chaussure et doit s’arrêter pour la remettre. Renato Longo n’en demandait pas tant, il amorce le dernier tour avec 7 secondes d’avance sur son compatriote Amérigo Severini, 10 secondes sur Rolf Wolfshohl, 1′ 3″ sur Jengy Schmit et 1′ 20″ sur André Dufraisse. Lors de la dernière boucle, Renato Longo conserve la pôle position. Rolf Wolfshohl va chercher la médaille d’argent en dépassant Amérigo Severini. et André Dufraisse échoue au pied du podium après avoir dépassé Jengy Schmit.
Le 22 février, à Versailles, André Dufraisse s’incline, à nouveau, face à Renato Longo mais, il n’est seulement battu qu’au sprint par ce dernier, les deux hommes ayant fait toute la course en tête.
Le 1er mars, au Martini de Vincennes, le scénario est le même. Renato Longo s’impose, une nouvelle fois au sprint, face à André Dufraisse. Ce dernier a toutefois était le grand animateur de l’épreuve. Lorsqu’il a attaqué, Rénato Longo a été le seul à pouvoir le suivre mais il a imposé un faux train qui a permis à son compatriote Amérigo Severini de recoller. Les trois hommes se sont disputés la victoire au sprint et, à ce jeu, les transalpins ont été supérieurs.
Le 15 mars, André Dufraisse participe au cyclo-cross, de Tolosa, en Espagne. Les Espagnols restent maitres chez eux, José Luis Talamillo l’emporte devant Antonio Barrutia. André Dufraisse termine 3ème devant Rolf Wolfshohl.
C’est sur les terres limousines qu’une dernière confrontation entre transalpins et français va avoir lieu, le 30 mars, au cyclo-cross d’Isle dans le parc du Château des Bayles. C’est l’occasion pour André Dufraisse de revenir sur cette passation de pouvoir : Il n’est pas question de nier la classe de Longo. C’est un grand champion qui fait honneur à son maillot mais, il a vraiment bénéficié cette saison, de circonstances particulièrement favorables pour me ravir mon titre. Tout d’abord, ma santé m’a donné bien des soucis et je suis à peine remis de ma grippe intestinale. Ensuite, Longo a pu se préparer sans s’émousser en Italie et venir avec des forces intactes. En outre, il faut bien le dire, ce maillot me pesait. Certes, ce n’est pas de gaité de coeur que je l’ai vu partir sur les épaules de Longo mais, depuis cinq ans, chaque course était pour moi un véritable championnat du monde, car je tenais à y faire honneur. Aussi, libéré de ce souci, je vais, à mon tour, jouer les outsiders et croyez moi, Longo va souffrir car c’est lui maintenant qui sera le point de mire de tous. Il a pour lui la jeunesse certes, à chaque sortie il va devoir fournir des efforts j’espère en profiter. A Isle, sur un tracé typiquement de cyclo-cross et devant mon public, je ne lui ferai pas de cadeau.
Le 30 mars, à Isle, malgré sa bonne volonté, André Dufraisse va de nouveau subir la loi de son cadet. Le départ, donné au bas de la côte des écoles, permet à Rolf Wolfshohl, à Renato Longo et à André Dufraisse de faire un premier break. Dans le second tour, Renato Longo attaque dans la partie à pied et il fait le trou. De 30 secondes à la fin du second tour, il porte son avance, à la fin du 5ème tour, à 1′ 40″ sur le duo Dufraisse-Wolfshohl. Au passage des escaliers, dans le parc du château, Renato Longo perce mais conserve 1′ 10″ d’avance. Dans le 7ème tour, André Dufraisse entame un net retour. Au 8ème tour, il n’est plus qu’à 40 secondes. Durant le 9ème tour, André Dufraisse jette toute ses forces dans la bataille pour grignoter cinq secondes supplémentaires. L’ultime boucle ne lui permet pas de combler totalement son retard sur le jeune Italien lequel visiblement termine, à sa main, avec un avantage de 22 secondes.
Saison route 1959 – La tournée des critériums pour mettre du beurre dans les épinards.
Il y a longtemps que j’ai compris que l’on ne pouvait pas courir deux lièvres à la fois. La saison routière me permet simplement de rester en condition. pour l’hiver. par cette déclaration André Dufraisse affiche clairement la couleur.
Le 26 avril, André Dufraisse retourne à Sallanches en compagnie de Valentin Huot pour participer à la célèbre montée, contre la montre, du Bettex. Charly Gaul se montre le meilleur en couvrant les 18 kilomètres en 47′ 7″. Valentin Huot termine deuxième à seulement 8 secondes. André Dufraisse obtient une belle 3ème place dans le temps de 49′ 1″.
Saison de cyclo-cross 1959-1960 – André Dufraisse perd tous ses titres de champions.
André Dufraisse fait sa rentrée,en cyclo-cross, pour la saison 1959-1960, le 11 octobre, à Chateau Chervix. Il y retrouve ses adversaires locaux que sont Yves Viecelli, Marcel Guitard ainsi qu’un petit nouveau, Fernand Boisseau. Sur ce circuit de 750 mètres, à parcourir 30 fois, malgré un sol glissant, André Dufraisse ne laisse aucune chance à ses adversaires. Il triomphe avec 2′ 10″ sur Yves Viecelli et 3 minutes sur Marcel Guitard.
Après avoir participé au cyclo-cross de Gand, en Belgique, André Dufraisse retrouve sur son chemin Renato Longo au cyclo-cross de Château Chinon. Le champion du monde va se livrer à une véritable démonstration en attaquant dès le 2ème des 12 tours de circuit. Pierre Jodet et André Dufraisse sont les seuls à lui résister. Dans la seconde partie de l’épreuve, André Dufraisse qui accuse 46 secondes de retard va faire jeu égal avec l’Italien. Il termine 2ème à 43 secondes. Georges Meunier prend la 3ème place à 50 secondes.
Le 15 novembre, André Dufraisse subit la loi de Georges Meunier à Crosses, près de Bourges. Le parcours tracé à travers des terres labourées et des talus que l’on a aménagé avec un bulldozer, comporte aussi des chemins empierrés qui vont s’avérer cruels pour nombre de concurrents. A la mi-course, la victoire ne peut plus se jouer qu’entre Georges Meunier, André Dufraisse et Hubert Salomon. Georges Meunier parvient à décramponner André Dufraisse dans le dernier tour. Il franchit la ligne d’arrivée avec un avantage de 47 secondes.
Le 22 novembre, André Dufraisse retrouve Rénato Longo, en Suisse, à Volkertswil près de Zurich. Les deux hommes ont failli rater le départ. Ils faisaient route ensemble après avoir participé à un cyclo-cross près de Charleroi mais, une panne de leur véhicule, leur a fait perdre du temps et c’est avec un quart d’heure de retard qu’ils se sont présentés au départ. Les organisateurs les avaient attendus mais ils n’ont pas eu le temps de reconnaître le parcours et ils se sont retrouvés englués au sein du peloton lors du premier tour. André Dufraisse passe en 10ème position, Rénato Longo autour de la 20 ème place. Malchanceux, André Dufraisse est contraint de changer de roue, il est dépassé par Rénato Longo lequel après une remontée fantastique recolle à la roue du leader de la course et régional de l’épreuve, le Suisse, Emmanuel Plattner. A 1,5 km de l’arrivée, Rénato Longo lâche Emmanuel Plattner. Il s’impose avec 23 secondes d’avance sur André Dufraisse, auteur, lui aussi, d’un impressionnant retour après son mauvais départ et son changement de roue.
Le 29 novembre, à Middelkerke, en Belgique, André Dufraisse s’incline derrière les Belges. Roger Declercq remporte l’épreuve devant ses compatriotes René De Rey et Firmin Van Kerrebroeck. André Dufraisse termine 4ème mais c’est tout de même de bonne augure pour les futurs championnats du monde puisque Rénato Longo ne termine que 11ème.
Le 6 décembre, André Dufraisse lève les bras à Poitiers. Drapeau baissé, André Dufraisse, Rolf Wolfshohl et Georges Meunier font la sélection. Rolf Wolfshohl est éliminé par une double crevaison. André Dufraisse produit son effort et il pointe au 6ème tour avec 50 secondes d’avance sur Georges Meunier. La fin de course n’apporte pas de changement. Malgré ses deux crevaisons Rolf Wolfshohl termine 3ème à 1′ 33.
André Dufraisse multiplie les déplacements hors de nos frontières. Le 8 décembre, il se rend à Montagnola, près de Milan, dans la patrie de Rénato Longo. C’est sous la pluie suivie d’une violente chute de neige que se déroule l’épreuve. Dès le départ, Rénato Longo et Rolf Wolfshohl s’enfuient. André Dufraisse ne peut pas tenir leurs roues. Au 4ème tour, Rénato Longo s’envole vers la victoire et durant les quatre derniers kilomètres, il porte son avance à 1′ 5″ sur l’Allemand. André Dufraisse est devancé par Amérigo Severini pour la 3ème place.
Le 13 décembre, malgré une chute et une crevaison, André Dufraisse se rattrape en remportant magistralement le cyclo-cross de Gien. Georges Meunier et André Dufraisse dominent les débats. Georges Meunier se retrouve seul en tête après une chute et une crevaison d’André Dufraisse qui se trouve relégué à plus d’une minute. Sur la fin de course, les spectateurs assistent à une formidable remontée du champion de France. A deux kilomètres du but, il est revenu dans la roue du Berrichon. Plus à l’aise, dans les parties techniques, il se permet le luxe de le battre au sprint.
Le 20 décembre, André Dufraisse remporte pour la 5ème fois consécutive le cyclo-cross de Lurbe Saint Christau. Par un temps ensoleillé mais sur un parcours rendu difficile par les pluies continuelles de la semaine précédente, il devance, une nouvelle fois, Georges Meunier de 1′ 20″. Le champion du monde, Renato Longo, a déclaré forfait au tout dernier moment.
Devenu le rendez-vous incontournable de fin d’année, le cyclo-cross international de Fursac, se déroule comme à son habitude, le jour de noël. La lutte promet d’être particulièrement intéressante entre André Dufraisse, Renato Longo, Rolf Wolfshohl, Georges Meunier, Bernard Vattier, Jacques Muny, André Brulé et Yves Viecelli, pour ne citer que les favoris. Par un temps épouvantable, sur un circuit rendu acrobatique par suite de la pluie, Renato Longo remporte un magnifique succès. Le duel attendu avec André Dufraisse n’a pas eu lieu. Accablé par la malchance André Dufraisse victime de trois crevaisons a regagné les vestiaires à l’issue du 6ème tour. Après un départ rapide, Rolf Wolfshohl et Renato Longo se portent en tête, escortés par André Dufraisse qui ne tarde pas à être distancé suite à une première crevaison. L’Italien va poursuivre sa promenade solitaire jusqu’à la ligne d’arrivée qu’il franchit avec 2′ 37″ d’avance sur Rolf Wolfshohl. André Dufraisse, le grand malchanceux du jour, dès sa descente de machine s’indigne des conditions de course : Je ne comprends pas comment les organisateurs ont vu le parcours mais il est de plus en plus difficile. Si cela continu, il n’y aura plus qu’un seul arrivant et à ce moment là, comprendront-ils peut être, qu’il faut désormais humaniser les parcours des épreuves de sous-bois. Je regrette d’avoir percé trois fois car j’avais une chance aujourd’hui sur un parcours boueux d’autant plus que j’avais pris un excellent départ, mais, je conserve tout espoir de battre le jeune Longo avant la fin de la saison. En Espagne, le parcours du championnat du monde me conviendra. Je le connais déjà et je ne serai pas autant marqué, je serais libre de faire ma course à ma guise.
Il faut avoir une bonne récupération pour enchaîner les épreuves internationales de cyclo-cross. A peine le cyclo-cross de Fursac terminé, Renato Longo et André Dufraisse prennent la route pour Dijon puis sautent dans un train de nuit qui les conduit à Milan afin de participer, le lendemain, au cyclo cross de Giussano. André Dufraisse, plus fort que la saison précédente, s’impose nettement sur cette épreuve. Il devance Emmanuel Plattner, qui s’était abstenu la veille, de 27 secondes. Amérigo Severini termine à 1′ 30″. Le champion du monde, Renato Longo est repoussé à deux minutes. André Dufraisse a dominé les Italiens chez eux ce qui est de très bon augure pour les championnats à venir.
Le 1er janvier 1960, André Dufraisse court, à nouveau, en Belgique, à Overyssche, dans le Brabant. Il s’incline face au Belge, Roger Declercq. Il devance un autre Belge, Pierre Kumps.
Le 10 janvier, c’est à Dreux qu’André Dufraisse fait une démonstration de son talent sur un parcours comportant trois tours de 8, 3 km, avec pour obstacle essentiel l’escalade pédestre de la Butte Saulnier et la montée des marches conduisant à la chapelle. Au premier tour, Pierre Jodet passe en tête. Dans la boucle suivante, Pierre Jodet, que le poids des ans ne semble pas atteindre, conserve 10 secondes d’avance sur un trio composé des Parisiens, Jean Rouel et Robert Aubry et d’André Dufraisse. La 3ème et dernière boucle permet à André Dufraisse de prendre l’avantage à un kilomètre de l’arrivée. Pierre Jodet s’accroche à 15 mètres mais il va chuter lourdement. Blessé à la tête, il est transporté à l’hôpital. Jean Rouel termine à seulement 8 secondes d’André Dufraisse. Robert Aubry, 3ème, est à 23 secondes.
Après ces innombrables déplacements, André Dufraisse a prévu de faire une coupure. Cet arrêt est le bienvenu d’autant plus qu’il souffre d’une angine, cela ne l’empêche d’envisager l’avenir avec confiance : J’ai peut être commis une imprudence en courant à Dreux avec 39 de fièvre mais, je tenais à honorer mon contrat. Or au lieu de me coucher au retour, je suis allé prendre l’air et j’ai rechuté. Toutefois, aujourd’hui, je suis quasiment rétabli et dans 48 heures, je serais complètement remis sur pied de manière à aborder sereinement le triptyque des championnats, Limousin, France et Monde. Il n’y a pas de doute que Longo et fort sur tous les parcours. C’est un très beau champion mais la fatigue peut jouer un rôle. Je ne suis pas de ceux qui disent, je ferais çà ou çà. Il y a trop d’impondérables dans notre métier. Je ferais, en tout cas, tout pour gagner mais je ne dis pas que je vaincrai car lorsqu’il y a un titre en jeu, tout le monde le veut.
André Dufraisse s’était montré visionnaire.
Le 24 janvier, à Bourges, victime d’incidents, il doit mettre pied à terre à plusieurs reprises. C’est avec près de 5 minutes de retard qu’il franchit la ligne en 3ème position. Georges Meunier est resté maître chez lui. Il a largement dominé l’épreuve en repoussant le champion du monde, Renato Longo, à 4 minutes.
Le 7 février, le championnat du Limousin est organisé par le CC Lindois, à Lalinde. Au départ, André Dufraisse va retrouver un concurrent redoutable, Robert Aubry, champion de l’Ile de France et qui porte, à l’aube de la saison 1960, les couleurs du CC Lindois. Ils ne sont que 20 à avoir retiré leur dossard. Une page est tournée. Les plus sérieux adversaires d’André Dufraisse, durant les 10 dernières années, Marcel Guitard et René Dufour sont absents. Dès le départ, André Dufraisse impose un rythme très élevé et seul Robert Aubry est capable de prendre sa roue. Les deux hommes passent ensemble, après un tour de course, avec un écart conséquent sur leurs poursuivants d’autant plus qu’Yves Viécelli a été victime d’une crevaison. Dans les tours suivants, André Dufraisse multiplie les coups de butoir mais Robert Aubry ne plie pas. Les spectateurs présents se rendent vite compte qu’il va falloir attendre l’arrivée pour connaître le nouveau champion du Limousin. Cependant, derrière les deux fuyards, Yves Viécelli fait un retour fracassant et à l’amorce du dernier tour, il a, en point de mire, les deux premiers. Malheureusement pour lui, une seconde crevaison l’écarte à nouveau. C’est sur la partie routière que va se jouer le titre. Robert Aubry, plus rapide, s’impose au sprint avec une longueur d’avance sur André Dufraisse. Yves Viecelli monte sur la 3ème marche du podium à 3′ 30″ des deux premiers qui ont couvert les 21 kilomètres en 1h 21′. André Dufraisse vient de perdre le titre de Champion du Limousin qu’il détenait depuis 1952.
Le 14 février, à Poitiers, André Dufraisse défend son titre de champion de France mais, enfermé dès le départ, il voit s’envoler la tunique tricolore et doit se contenter d’une 4ème place derrière Georges Meunier, Robert Aubry et Jean Gérardin. André Dufraisse a fait un très mauvais départ sur la route qui conduisait aux terres labourées. Alors qu’il était porteur du dossard 1, il se retrouve en quinzième position au moment d’aborder ces dernières. Rapidement, Georges Meunier profite de son avantage pour porter son attaque. A ses basques, seuls Jean Gérardin, Robert Aubry, André Brulé, Pierre Jodet et Maurice Gandolfo parviennent à s’accrocher. Quelques hectomètres plus loin, seul Jean Gérardin colle à la roue de Georges Meunier. Les chutes son nombreuses. Yves Viecelli en est l’une des victimes, il doit abandonner. Dès le 4ème tour, peu après la mi-course, la situation est clarifiée. Georges Meunier précède Jean Gérardin de 30 secondes et Robert Aubry de 43 secondes. André Dufraisse est alors pointé à 1′ 17″. Le titre est fini pour lui. Georges Meunier retrouve donc le maillot tricolore. Il devance Robert Aubry de 23 secondes et Jean Gérardin de 39 secondes. André Dufraisse n’est que 4ème à 1′ 3 secondes. Cette 4ème place a pour conséquence de ne pas être retenu pour disputer le championnat du monde malgré les promesses qui lui avait été tenues au départ. Cela fait l’effet d’un véritable scandale en Limousin. Cette décision parait totalement injuste compte tenu d’une part, du palmarès d’André Dufraisse et d’autre part, du fait que le championnat de France de Poitiers ne s’est pas couru en respect de tous les règlements. (Absence d’appel, départ donné brutalement, sans compter les raccourcis pris, lors de l’épreuve, par de nombreux participants). Dépité, André Dufraisse déclare : C’est vraiment un scandale de voir se dérouler un championnat dans de telles conditions. Pas d’appel au départ donné comme si on avait libéré un troupeau de moutons. Ensuite, un tracé où la majorité des concurrents ne se privent pas de prendre la ligne droite au lieu de suivre les drapeaux balisant le parcours. Surpris et enfermé au départ, j’ai réussi pourtant à revenir aux environs de la 20ème place lorsque nous avons abordé ce fameux passage en U que certains ne virent que de loin. Là, je me suis retrouvé à la 50ème place. La pagaille fut telle qu’à l’arrivée Georges Meunier qui avait pourtant réussi un bon départ m’a dit : j’ai cru que j’allais être dépassé par un paquet de coureur surgissant sur ma droite. Cela vous situe le travail des commissaires. J’avoue qu’à ce moment là, j’ai été comme paralysé. Je me suis demandé si je n’allais pas abandonner. Mais fort de ce que m’avait dit Robert Oubron quant à ma sélection pour les championnats du monde, j’ai décidé de prouver que j’étais en bonne condition. Croyez moi, il fallait l’être pour terminer à la 4ème place. J’ai fait une erreur, j’aurais du m’arrêter et me trouver une excuse. Hélas, je ne sais pas faire de cinéma. Ensuite, j’ai eu l’audace de dire au micro ce que je pensais des rigolos qui s’étaient chargés de mettre sur pied ce championnat. On m’a coupé le micro et on m’a éjecté de la sélection. Qu’importe, ce maillot je suis heureux de le voir sur les épaules de Meunier. Je le reprendrai l’an prochain mais, même vêtu de tricolore, je ne mettrai plus les pieds au sein de l’équipe de France !
En l’absence d’André Dufraisse, en prenant la 3ème place de ce championnat du monde disputé à Tolosa, le 21 février, remporté par l’Allemand, Rolf Wolfshohl devant le Suisse, Arnold Hungerbuhler, Robert Aubry apporte une bien maigre consolation aux sportifs Limousins.
Le 12 mars, André Dufraisse participe au cyclo-cross de Foecy disputé en deux manches en contre la montre puis en ligne. Au contre la montre, il prend la 7ème place, la victoire revenant au champion du monde, Rolf Wolfshohl devant Georges Meunier. En ligne, victoire d’André Brulé devant Rolf Wolfshohl, Jean Gérardin, Renato Longo et André Dufraisse.
Le lendemain, à Vihiers, dans le Maine et Loire, alors qu’il lutte pour la 2ème place derrière Renato Longo, André Dufraisse est victime d’une lourde chute. Il se relève avec une fracture de la clavicule et une luxation de l’omoplate. Sa saison est terminée. Décidément, cette saison au cours de laquelle il a énormément couru aura été néfaste jusqu’au bout à André Dufraisse.
Saison de cyclo-cross 1960-1961 – A nouveau champion du Limousin et un nouveau paletot bleu blanc rouge.
Après avoir disputé une bonne vingtaine de critériums sur route durant l’année 1960, le 9 octobre, André Dufraisse remonte sur son vélo de cyclo-cross pour disputer l’épreuve de Château Chervix. Cette épreuve rendue extrêmement difficile par la pluie et le sol glissant a permis à André Dufraisse de démontrer qu’il n’avait rien perdu de sa classe. Il laisse son second, Yves Viécelli, à deux minutes. A noter la 5ème place d’un débutant dans cette discipline, un certain Henri Rabaute.
Le 23 octobre, afin de peaufiner son état de forme, André Dufraisse prend le départ du championnat de l’Union Vélocipédique Limousine disputé contre la montre. Le départ et l’arrivée ont lieu rue de la Cidrerie à Limoges et les coureurs empruntent une boucle relativement difficile avec notamment l’escalade de la côte de la Croix Ferrée. André Dufraisse remporte le titre en couvrant les 45,5 km en 1h 8′ 5″ laissant le second Armand Blondy à 1′ 35″.
Le 1er novembre, les trois coups officiels sont donnés, au niveau international, à Zermst en Belgique. André Dufraisse prouve qu’il a déjà la condition en s’imposant devant le Belge, René De Rey et l’Italien, Renato Longo.
A l’aube de cette nouvelle saison, André Dufraisse fait le bilan de sa carrière et en tire des conclusions pour l’avenir. Je me sens plus jeune que jamais, tant je pédale facile et je m’aperçois de mes erreurs passées car si j’avais su couper, à chaque saison, pendant deux mois, j’aurais encore deux maillots sur les épaules. Qu’importe, il n’est jamais trop tard pour réparer ses fautes, car je ne suis pas encore un vieillard, comme souvent, on le laisse entendre. J’ai eu 34 ans en juin, ce n’est pas un âge canonique d’autant plus que je ne suis venu au vélo qu’à 23 ans. J’ai donc le droit de penser que je suis un homme encore neuf. Le 11 novembre, avec la revanche du championnat du monde organisée grâce au dévouement de tous ceux qui n’ont jamais douté de moi et en particulier mes dirigeants, je vais passer un premier test. C’est là que je verrai si je suis capable de jouer, cette saison, sur deux plans, le championnat de France à Vihiers et le championnat du monde en Allemagne. Ce sont deux tracés assez difficiles où je devrais me trouver à l’aise bien que ma saison sur route, pour courte qu’elle ait été, me laisse espérer de possibles victoires sur des circuits plus aisés.
Le 6 novembre, à Beaune, André Dufraisse termine second, à 33 secondes de Renato Longo. Georges Meunier prend la 3ème place devant Roff Wolfshohl.
Le 11 novembre, au stade municipal de Beaublanc, à Limoges, les plus grands spécialistes du cyclo-cross se sont donné rendez-vous pour une grande revanche des championnats du monde. Renato Longo, Rolf Wolfshohl, Robert Aubry, Georges Meunier, Maurice Gandolfo, Roger Declercq, Hubert Salomon, Yves Viecelli, Jean Gérardin, Arnold Hungerbulher rêvent tous de s’imposer. Après son éviction de la sélection nationale, l’an passé, André Dufraisse rêvait de cette revanche. Il la voulait tant qu’il va se surpasser pour parvenir à ses fins. 31 concurrents, présentés un à un, par Jean Tamain, ont répondu à l’appel des organisateurs. Dans le premier tour, André Dufraisse, Arnold Hungerbulher, Renato Longo, Rolf Wolfshohl et Georges Meunier se dégagent. Au second tour, le vice champion du monde, Arnold Hungerbulher porte une attaque et seul André Dufraisse peut y répondre. Peu après, le Suisse est victime d’un bris de dérailleur, André Dufraisse se retrouve seul en tête. A la fin du 3ème tour, André Dufraisse a fait le trou. Rolf Wolfshohl est à 1′ 15″, Renato Longo à 1 25″. André Dufraisse va augmenter son avance au fil des tours. Lors du 5ème tour, Georges Meunier parvient à dépasser Renato Longo. Le 6ème tour est bouclé par André Dufraisse sans aucune difficulté et ceci sous les acclamations du public. Il a dominé l’épreuve. Les écarts à l’arrivée parlent d’eux mêmes, Rolf Wolfshohl est à 1 55″, Georges Meunier à 2′ 12″ et Renato Longo à 2′ 22″. Après avoir reçu les félicitations de Louis Longequeue, maire de Limoges, André Dufraisse revient en détail sur sa course : Ce fut dur car la pluie avait encore alourdi le terrain mais, je voulais tellement gagner que tout finalement m’a paru facile. Je crois avoir prouvé que le vieux n’est pas mort et qu’il fera encore souffrir cette saison. Ce ne sera pas aisé, je m’en doute, car Wolfshohl, Longo, Hungerbulher, Meunier et Gandolfo en veulent terriblement. J’ai repris confiance et je crois que cette année, j’ai encore une petite chance d’accrocher un maillot.
Deux jours plus tard à Limours, près de Paris, Renato Longo prend sa revanche en devançant de 1′ 21″ André Dufraisse.
Le 20 novembre, le quatuor André Dufraisse, Renato Longo, Rolf Wolfshohl et Georges Meunier est, à nouveau, à la lutte au cyclo-cross de Foécy. C’est au tour de Georges Meunier de prendre sa revanche sur un André Dufraisse victime d’ennuis mécaniques dans les derniers mètres mais, le Limousin devance encore Rolf Wolfshohl et Renato Longo.
Le 27 novembre, en l’absence des étrangers, André Dufraisse remporte, sans aucune difficulté, le cyclo-cross de Versailles. Il s’impose devant Pierre Jodet et Bernard Vattier qu’il laisse à 1′ 10″. La veille, André Dufraisse s’était incliné face à Roff Wolfshohl à Middelkerke en Belqique. Il avait pris la 6ème place.
Le 4 décembre, la commune de Bonnac la Côte organise, à son tour, un cyclo-cross qui s’annonce comme étant un duel entre Georges Meunier et André Dufraisse. Très vite la sélection est faite à la fin de la 1ère boucle. André Dufraisse, Georges Meunier et Yves Viecelli prennent quelques longueurs d’avance. Au 4ème tour, les choses deviennent plus sérieuses. André Dufraisse passe en tête avec Georges Meunier dans sa roue. Yves Viecelli est à 20 secondes. Jusqu’au huitième tour, les deux hommes restent ensemble. Georges Meunier attaque le premier mais André Dufraisse place un contre décisif. Au 9ème tour, André Dufraisse a porté son avantage à 30 secondes. Le dernier tour n’apporte pas de changement. La lutte entre André Dufraisse et Georges Meunier sur un circuit extrêmement difficile avec notamment la traversée d’un marécage où les vélos s’enfonçaient jusqu’à mi-pédalier a ravi les spectateurs. Georges Meunier ne pouvait, à l’arrivée, que féliciter son adversaire direct : André est actuellement notre meilleur cyclo-crossman et je suis certain qu’il connait une condition bien meilleure que lorsqu’il fut champion du monde la première fois.
Le 11 décembre, au Prix Delavigne à Paris, malgré une crevaison au 2ème tour, André Dufraisse remporte un nouveau succès. Son second Bernard Vattier termine très près, à sept secondes. André Brulé 3ème est à 39 secondes.
Si André Dufraisse est en condition, en ce début de saison 1960-1961, ses adversaires sont aussi en pleine possession de leurs moyens aussi, lorsqu’ils se rencontrent, le quatuor Meunier-Dufraisse-Longo-Wolfshohl se livrent toujours une rude bataille sans qu’aucun d’entre eux soit réellement au dessus du lot. Ainsi, le 18 décembre, à Argentan dans l’Orne c’est au tour de Rolf Wolfshohl de s’imposer devant Georges Meunier, Renato Longo et André Dufraisse.
Le 25 décembre, pour la 8ème année consécutive, la commune de Fursac organise son cyclo-cross international. Les organisateurs sont déçus, seulement 13 coureurs s’alignent au départ. Dès le baisser de drapeau, les cinq meilleurs du lot prennent le commandement. Il y a là, le champion du monde Rolf Wolfshohl, le champion de France, Georges Meunier accompagnés d’André Dufraisse, de Jean Gérardin et de Maurice Gandolfo. Les cinq restent quasiment ensemble jusqu’au 4ème tour, moment que choisi André Dufraisse pour prendre le large. Il ne sera plus inquiété jusqu’à l’arrivée. La surprise vient de Maurice Gandolfo et de Jean Gérardin qui précèdent, à l’arrivée, Georges Meunier et Rolf Wolfshohl.
Le 1er janvier, André Dufraisse triomphe, en Belgique, à Eyzer Overijse, près de Bruxelles.
Le 29 janvier, à Boisseuil, c’est un André Dufraisse revanchard qui se présente au départ du championnat du Limousin organisé par l’Union Vélocipédique Limousine. Le club organisateur possède avec André Dufraisse et Yves Viécelli , récent vainqueur à Croutelle dans la Vienne et à Bourganeuf, les deux meilleures chances de l’emporter. Sur ce circuit de 2000 mètres, à parcourir à 10 reprises, Robert Aubry entend bien obtenir, lui aussi, sa sélection pour le championnat de France qui doit se disputer à Vihiers. Sur ce circuit où les difficultés étaient plutôt rares, André Dufraisse n’a pourtant jamais eu aussi peu de mal pour conquérir le titre et c’est, tout sourire, qu’il franchit la ligne d’arrivée. Il est vrai que la pluie de la veille avait rendu le circuit plus glissant que prévu. Dès le départ, donné à 15 heures, à 19 concurrents, André Dufraisse n’a pas voulu jouer avec le feu. Il donne immédiatement le ton et à la fin du premier tour, il est suivi, comme son ombre, par Robert Aubry et Yves Viécelli. Fernand Boisseau passe avec un retard de 28 secondes. Au second tour, avalant le passage en sous-bois, avec une extrême facilité, André Dufraisse opère une première sélection. Robert Aubry est à 5 secondes, Yves Viécelli à 13 secondes. Pour les autres participants le retard dépasse la minute. Les spectateurs présents comprennent vite qu’André Dufraisse n’est venu que pour une seule raison reconquérir le titre que Robert Aubry lui a ravi la saison précédente. Au 7ème tour, la course est jouée. André Dufraisse possède une minute d’avance sur Robert Aubry et 1′ 30″ sur Yves Viécelli. Marc Aubert s’accroche à la 4ème place. Durant les trois derniers tours, André Dufraisse ne sera pas inquiété. Il a couvert les 21 kilomètres en 1h 1′ 21″. La lutte pour la seconde place est passionnante entre Robert Aubry et Yves Viécelli. Cette seconde place est particulièrement importante cette année puisque André Dufraisse n’étant pas qualifié d’office, seuls deux coureurs peuvent être qualifiés pour le championnat de France. C’est finalement Robert Aubry qui passe la ligne en seconde position, 1′ 15″ après André Dufraisse. Yves Viécelli, dépité, termine à 1′ 30″. Il va devoir se résoudre à suivre, à la radio, la course d’André Dufraisse et de Robert Aubry à Vihiers.
Le 25 janvier, Georges Meunier a annoncé son retrait de la compétition. C’est une nouvelle qui attriste particulièrement André Dufraisse, à la veille des championnats de France. Adversaires dans sur les cyclo-cross, André Dufraisse et Georges Meunier sont de parfaits amis dans la vie. Ils se respectent mutuellement comme sans doute peu d’adversaires. Lorsqu’il parle d’André Dufraisse, Georges Meunier l’appelle ″le Père André″ et pour André Dufraisse, Georges Meunier c’est tout simplement ″Georges″. Ne plus le voir à ses côtés au championnat de France n’est pas une bonne nouvelle pour André Dufraisse.
Le 5 février, lorsqu’il part pour Vihiers chef lieu du Canton de Maine et Loir, André Dufraisse tient à prouver que malgré ses 35 ans, il est encore capable d’être le meilleur spécialiste français. Dès le jeudi soir, il est présent à Vihiers pour reconnaître le parcours : C’est vraiment un tracé impeccable pour le cyclo-cross. Les rouleurs ne seront pas favorisés si ce n’est au départ où nous aurons deux kilomètres à effectuer sur route. La pluie qui n’a pas cessé de tomber depuis 48 heures a rendu le circuit plus difficile que prévu. La course à pied dominera l’épreuve et ce n’est pas pour me déplaire. Les terres labourées seront impraticables sur le vélo. Les sillons sont inondés. Le départ se fait au bas d’une bosse raide pour effectuer une petite boucle puis nous aurons 6 tours qui serpentent autour du canal. C’est là que se trouvent les plus grandes difficultés. Après avoir reconnu le parcours, je peux dire que jamais je n’ai eu une aussi belle chance de pouvoir l’emporter. Pourvu qu’il pleuve encore cette nuit et tout sera pour le mieux.
Porteur du dossard 13, André Dufraisse va reconquérir le titre sans contestation possible en reléguant ses suivants immédiats, Jean Gérardin et Maurice Gandolfo, à plus de deux minutes. A 15h 30, les 53 participants sont libérés. Les adversaires d’André Dufraisse font tout pour l’enfermer sur la route mais André Dufraisse va trouver un allié de choix. Le Limousin, Hubert Fraisseix, étant militaire a été sélectionné pour ce championnat. Il va se mettre à la planche pour placer André Dufraisse en pôle position. La première petite boucle permet à André Dufraisse de profiter des passages marécageux pour continuer à mener le bal. Il précède alors Claude Rigaud, Maurice Gandolfo, André Brulé, Daniel Gregoire et Robert Aubry. Dans la première des grandes boucles, les grandes difficultés commencent. avec une carrière à escalader, suivie du labour où les choux baignent dans la boue. André Dufraisse a décidé de rester en tête et sur les 23 km, les nombreux spectateurs présents vont avoir toujours la même vision, celle d’un maillot rouge et blanc et d’une casquette bleue, toujours en première position. A la fin du premier tour, André Dufraisse passe avec quelques mètres d’avance sur Maurice Gandolfo et Jean Gérardin, 20 secondes sur Robert Aubry, 30 secondes sur Daniel Gregoire. Au second tour, Jean Gérardin est à 50 secondes, Maurice Gandolfo à 1′ 20″. Jusqu’au 6ème tour, les écarts vont se stabiliser puis, André Dufraisse hausse le ton. Jean Gérardin est à 1 15″, Maurice Gandolfo à 2 minutes. Les deux derniers tours, qui n’empruntent pas les grosses difficultés, permettent à André Dufraisse d’augmenter encore son avantage. A l’arrivée, il précède Jean Gérardin de 2 minutes, Maurice Gandolfo de 2′ 36″, Jacques Muny de 3′ 50″ et Claude Rigaud de 4′ 4″. André Dufraisse a retrouvé le maillot tricolore qu’il avait perdu l’année précédente. C’est son 5ème maillot bleu blanc rouge.
Après avoir participé à un cyclo-cross, à Stuttgart, où il a lutté avec le champion du monde, Rolf Wolfshohl, il arrive, à Hanovre, quelques jours avant l’épreuve, afin de reconnaitre parfaitement le parcours du championnat du monde : Le circuit ne comporte que le minimum de difficultés. A part les contreforts des gradins du stade, tout est désespérément plat. Ce sera quand même dur à rouler car les pluies de ces derniers temps ont détrempé la terre, à moins que le soleil de ces deux derniers jours ne continue jusqu’à dimanche et rende le circuit trop facile. Le moral est moyen. La mauvaise nourriture, pas du tout en rapport avec le régime spécial que je suis à la maison, ne me place pas dans les meilleures conditions.
Ce 19 février, si André Dufraisse n’endosse pas un 6ème maillot arc-en-ciel, il monte, tout de même, sur la 3ème marche du podium, devancé par Rolf Wolfshohl et par Renato Longo prouvant ainsi qu’il est toujours le meilleur Français de la discipline. Malgré la pluie de la nuit, le parcours est beaucoup moins difficile que celui de l’année précédente. L’allure est très rapide et après les deux premiers tours préliminaires, totalement plats, le peloton est très étiré. En entrant sur le véritable circuit, Rolf Wolfshohl a pris la tête. Il va régulièrement augmenter son avance mais, après la mi-parcours, il connait un net coup de moins bien ce qui permet à Renato Longo de se rapprocher très dangereusement pour terminer à 14 secondes de l’Allemand. André Dufraisse, très mal parti, prend la 3ème place à 1′ 14″. C’est une satisfaction pour lui : Je suis très satisfait de cette 3ème place. Il fallait être très fort pour vaincre sur le circuit de Hanovre que n’arrivions pas à reconnaître puisque quelques heures avant le départ, personne n’avait pu rouler sur le parcours réel. Nous étions tous logés à la même enseigne, mais Rolf Wolfshohl était, tout de même, plus avantagé que nous. D’autre part, j’ai été totalement étouffé, au départ, sur la piste en cendrée. A la fin du premier tour, je me suis retrouvé à la 20ème place. J’ai alors fait une longue remontée malgré un mauvais rhume qui m’a empêché de respirer. Au 3ème tour, alors que je conservais un petit espoir bien que Wolfshohl ait pris le large, un saut de chaine m’a retardé et, à ce tour également, Salomon qui m’accompagnait a cassé son dérailleur et dès lors, il n’était plus possible de revenir seul sur la tête de course. Malgré cela, à mi-course, sur la cendrée, j’ai pu avoir en point de mire Rolf Wolfshohl mais, sur un tel circuit, les rouleurs, comme lui, étaient avantagés. Néanmoins, je peux dire que je n’en espérais pas plus et, une nouvelle fois, j’ai prouvé que je demeurais un des meilleurs spécialistes. Enfin, l’esprit d’équipe a été excellent, il est dommage que nous n’ayons pas pu mieux nous classer au classement par équipes.
Le 4 mars, André Dufraisse prend la 4ème place du cyclo-cross de Cologne, remporté par le Belge, Pierre Kumps.
Le 12 mars, le CRCL organise, à Nexon, la revanche du championnat du monde. Les Belges sont en force avec Pierre Kumps, Roger Declercq et Firmin Van Kerrebroeck, champion de Belgique. Le vétéran, Pierre Jodet, a fait le déplacement tout comme Jean Robic, Jean Gérardin et Maurice Gandolfo, vainqueur récent, du Martini de Vincennes. C’est le dernier cyclo-cross international de la saison et il va connaître un énorme succès. Jean Gérardin lance les hostilités entrainant avec lui Maurice Gandolfo, André Dufraisse et le trio Belge, Firmin Van Kerrebroeck, Roger Declercq et Pierre Kumps. Au 3ème tour, André Dufraisse place une première estocade mais Maurice Gandolfo saute dans sa roue. Au 4ème tour, André Dufraisse doit changer de roue. Maurice Gandolfo ne sait pas saisir sa chance et ne creuse pas les écarts. Au 5ème tour, André Dufraisse est revenu en tête en ramenant avec lui, Pierre Kumps et Jean Gérardin. Il attaque aussitôt et creuse l’écart. Il augmente son avance dans les quatre derniers tours alors que Firmin Van Kerrebroeck effectue un beau retour. A l’arrivée, André Dufraisse précède Maurice Gandolfo de 1′ 14″, Pierre Kumps de 2 minutes et Firmin Van Kerrebroeck de 2′ 12″.
Le 3 avril, André Dufraisse termine sa saison à Sainte Sévère, près de Châteauroux. Les crevaisons vont se succéder au cours de cette épreuve. Avec quatre crevaisons chacun, Rolf Wolfshohl et Maurice Gandolfo n’ont pas pu disputer loyalement leur chance. Renato Longo et André Dufraisse ont été victimes, eux aussi, d’une crevaison. Cela n’a pas empêché Renato Longo de remporter l’épreuve et André Dufraisse de faire une belle remontée pour aller chercher la 3ème place derrière le Belge, Roger Declercq.
Saison de cyclo-cross 1961-1962 – Sixième titre national et nouveau podium mondial.
Le 15 octobre, comme il l’avait fait la saison précédente, André Dufraisse prend le départ du championnat de l’UVL, disputé à Limoges, contre la montre, sur une boucle de 42 kilomètres passant par Oradour sur Glane, Le Loubier, La Barre. André Dufraisse s’impose, il devance Camille Ducouret et Henri Poulidor.
A l’aube de cette nouvelle saison, André Dufraisse apparait en condition : Je me sens aussi fort que l’an passé et je mettrai tout en oeuvre pour ramener, en Limousin, et surtout, à mes dirigeants de l’UVL, qui sont si chics pour moi, un nouveau maillot tricolore. Pour l’arc en ciel, c’est une autre histoire, tout dépendra de la dureté du circuit.
Le 19 novembre, André Dufraisse se déplace à Foëcy pour participer à un cyclo-cross à l’américaine. Associé à Raymond Poulidor, il prend la 7ème place, la victoire revenant au tandem, Jean Graczyk – Roland Declercq.
Le 3 décembre, André Dufraisse participe au cyclo-cross de Bonnac La côte, organisé par son club. Il retrouve Maurice Gandolfo, réputé casse-cou, pour les risques qu’il prend dans les passages les plus dangereux. Sous une pluie glaciale et diluvienne, Raymond Poulidor libère les participants. Maurice Gandolfo, André Dufraisse et Yves Viecelli sont les plus rapides à se mettre en action. Victime d’une crevaison, Maurice Gandolfo perd une quarantaine de secondes. En trois tours, il comble son retard après avoir dépassé Yves Viecelli qui n’a pas pu suivre André Dufraisse. Les deux leaders ne vont plus se lâcher jusqu’à la fin malgré des ennuis de dérailleur pour André Dufraisse. Au 10ème passage, les écarts sont faits. Yves Viecelli est à 2 minutes, Claude Trimoulet et Fernand Boisseau à 7 minutes et Jean Robic à 9 minutes. Lors du dernier tour, André Dufraisse prend quelques longueurs d’avance qui lui permettent de triompher pour la 2ème fois consécutive sur cette épreuve chère à son président Jean Germaneau.
Après cette première victoire, André Dufraisse se projette déjà sur le championnat de France qui doit se dérouler à Lurbe Saint Christau, sur un circuit qui l’a vu triompher à cinq reprises et il se montre relativement inquiet : Je connais fort bien le circuit de Lurbe Saint Christau. Chaque fois que je m’y suis présenté, je m’y suis bien comporté, mais il est vrai, que ce circuit était très difficile et comportait une descente dangereuse de près de 500 mètres de dénivellation. D’après ce que j’ai appris, le parcours a subi des modifications. On exige maintenant des parcours routiers. On ne veut plus de spécialistes. Ainsi pour le 4 février prochain, on a ajouté de la route, 14 kilomètres au total sur 23. Cela doit me barrer la route du titre. Etant sélectionné d’office, je vais me présenter en condition et connaissant cependant le mamelon qu’il faudra escalader, les routiers auront des difficultés. Graczyk qui a gagné deux cyclo-cross à l’américaine va souffrir. Je lui donne rendez-vous et malgré les décisions fédérales, je compte bien conserver mon titre.
Le 10 décembre, André Dufraisse participe, avec Yves Viecelli, au Prix Delavigne, à Paris. Sur un terrain très gras, il ne parvient pas à lâcher le Belge, Roger Declercq. La victoire se joue au sprint, Roger Declercq laisse André Dufraisse à trois longueurs. Yves Viecelli prend la 3ème place.
Le 17 decembre, les spécialistes des sous-bois se sont donné rendez-vous au premier cyclo-cross de Morterolles. L’UVL a très bien fait les choses, les spectateurs vont assister à un championnat du monde avant l’heure. Outre André Dufraisse et Yves Viecelli, Maurice Gandolfo, Renato Longo, Rolf Wolfshohl, Hubert Salomon, Jean Robic, Karl Eins Kundé, Nello Sfrorrachi ont répondu présents. Renato Longo effectue un départ fulgurant. Il devance au premier tour, Maurice Gandolfo, Rolf Wolfshohl, André Dufraisse et Yves Viécelli. Jusqu’au 3ème tour, Renato Longo mène le bal. Lors du 4ème tour, Maurice Gandolfo fait un retour fantastique puis laisse Renato Longo sur place. Il accroit son avance jusqu’au 6ème tour où l’on enregistre les écarts suivants. Renato Longo est à 10 secondes, André Dufraisse à 20 secondes, Rolf Wolfshohl à 55 secondes. A l’amorce du 8ème tour, en passant sur la ligne, Maurice Gandolfo lève les bras en signe de désespoir, il vient de casser sa chaine. La voie est libre pour Renato Longo qui s’impose malgré un beau retour d’André Dufraisse.
Le 14 janvier, à Bourganeuf, 3000 personnes se sont déplacés pour encourager André Dufraisse mais aussi Raymond Poulidor. Les deux Limousins auront face à eux Yves Viecelli et le duo Allemand, Karl Eins Kunde et Rolf Wolfshohl. Dès le premier passage, André Dufraisse mène la danse suivi d’Yves Viécelli et de Karl Eins Kundé. Après un départ plus en retrait, le champion du monde, Rolf Wolfshohl, rejoint la tête de course au cours du second tour. Il passe immédiatement à l’attaque et dès lors, il va augmenter régulièrement son avance. Au 10ème tour, il se permet même de battre le record du tour mais, la course est déjà jouée depuis longtemps. A l’arrivée, Rolf Wolfshohl précède André Dufraisse de 1′ 30″, Yves Viecelli de 4′ 38″ et Raymond Poulidor de 7′ 22″. Impressionné par la performance du champion du monde, André Dufraisse songe à sa fin de carrière : Au championnat du monde, je vais retrouver Wolfshohl. Je ne connais pas le circuit mais j’espère obtenir une bonne place. C’est ma dernière année et peut être ne faut-il pas croire trop au Père Noël !
Le 28 janvier, le Comité du Limousin organise le championnat du Limousin, à Limoges Beaublanc. Le sélectionneur national, Robert Oubron, a fait le déplacement. André Dufraisse étant qualifié d’office, deux autres coureurs l’accompagneront, le 4 février, au championnat de France, à Lurbe Saint Christau. Si André Dufraisse a annoncé qu’il arrêtait la compétition à l’issue de cette saison, il demeure le grand favori de ce championnat. Il retrouve Robert Aubry et Yves Viécelli qui sont, une nouvelle fois, les plus aptes à se qualifier. Parmi les 25 partants si Marcel Tourade, Fernand Boisseau et Marc Aubert sont toujours là, d’autres noms apparaissent : Jacques Pradaud, Albert Peter et Henri Rabaute. Au total, ils sont 26 à briguer le titre.
André Dufraisse réalise plutôt une course d’attente étroitement marqué par Robert Aubry. Yves Viécelli est aussi à l’affût et à l’amorce de l’avant dernier tour, rien n’est encore joué au point que certains se demandent si l’on ne va pas assister à une arrivée au sprint. Le toboggan derrière le stade va jouer un rôle déterminant. Sous le regard de Robert Oubron, André Dufraisse hausse le ton. Robert Aubry s’accroche mais une crevaison le contraint à mettre pied à terre et il lui faut parcourir près d’un kilomètre à pied pour récupérer une roue. Dès lors, André Dufraisse a course gagnée. Il a couvert les 22 kilomètres en 1h 7′. Yves Viécelli termine en seconde position à 35 secondes. Claude Trimoulet franchit la ligne en 3ème position à 1′ 26″. Le malheureux Robert Aubry, 4ème accuse un retard de 1′ 42″. Marc Aubert prend la 5ème place à 3′ 15″.
Le 4 février, à Lurbe Saint Christau, les Limousins vont réaliser une magnifique performance. André Dufraisse remporte son 6ème titre de champion de France devant Maurice Gandolfo et Bernard Vattier. Robert Aubry termine 6ème et Yves Viécelli 9ème et ceci malgré une crevaison au sixième kilomètre. Ils sont 52 à s’élancer sur terrain particulièrement gras. A l’issue du premier tour, Maurice Gandolfo précède André Dufraisse de 3 secondes et le jeune local, Pierre Bernet, de 5 secondes. Maurice Gandolfo mène la course jusqu’au la mi-course mais André Dufraisse n’est jamais très loin. Au 4ème tour, dans la montée à escalader à pied, la course prend une nouvelle tournure. Maurice Gandolfo trébuche et se retrouve sur les genoux. André Dufraisse en profite pour le passer et pour accélèrer le rythme. Au 5ème tour, André Dufraisse a porté son avance à 43 secondes et à l’arrivée Maurice Gandolfo accuse 1 minute de retard. Le Parisien, Bernard Vattier, auteur d’un beau final, monte sur la 3ème marche du podium. A l’arrivée, André Dufraisse est plus que satisfait : Je suis heureux d’avoir enlevé ce 6ème titre cela me permet d’approcher le record de Christophe et de Rondeaux qui en compte sept. Mais je suis surtout heureux de prouver à mes détracteurs que l’on a des jambes et un coeur bien accroché lorsqu’on a 35 ans. En effet en cyclo-cross, il faut surtout courir le vélo sur l’épaule et savoir nuancer son effort.
Afin de mieux préparer le championnat du monde , André Dufraisse se rend à Esch sur Alzette, au Luxembourg, trois jours avant l’épreuve qui doit se dérouler le 18 février. Après avoir reconnu le parcours, il reste lucide : Il neigeait hier, aujourd’hui il pleut et la terre rouge du circuit d’Esch sur Alzette est transformée en un véritable cloaque gluant. Ce n’est pas pour me déplaire mais il sera tout de même pénible de s’en arracher. Le parcours qui comprend une bosse à fort pourcentage a beaucoup trop de routes où il sera facile de rejoindre pour les plus forts. J’ai le moral et je me sens bien mais ce sera vraiment très dur car mes adversaires ont les dents longues. La piste du stade où est donnée le départ est en cendrée. Il risque d’y avoir des chutes notamment parce qu’après, il y a un longue descente où chacun voudra se positionner. Ce sera une belle bagarre. Je serais prudent sans me laisser trop distancer. Pour gagner demain, il va falloir se sortir les tripes. Je suis bien décidé car le stage à l’INS a confirmé ma bonne condition physique. Alors un 6ème titre … je ne vous donnerai ma réponse que dimanche soir car je le répète il va falloir souffrir terriblement.
L’italien Renato Longo fait un départ étourdissant. A l’issue du 1er tour, il a 30 secondes d’avance sur Roger Declercq et Maurice Gandolfo, 45 secondes sur le groupe Rolf Wolfshohl – André Dufraisse. Au second tour, Renato Longo a porté son avance à 1′ 4″ sur Maurice Gandolfo, 1′ 10″ sur Roger Declercq, 1′ 28″ sur Charly Gaul accompagné d’André Dufraisse. Au 4ème tour, Renato Longo possède 2 minutes sur Maurice Gandolfo, 2′ 30″ sur Roger Declercq qui a été rejoint par André Dufraisse. Deux tours plus tard, après avoir couvert les 20 km 900 en 54′ 15″ Renato Longo remporte le titre avec 1′ 41″ sur Maurice Gandolfo et 2′ 48″ sur André Dufraisse qui s’offre ainsi un nouveau podium mondial. Cerise sur le gâteau, la France est championne du monde par équipes.
Fort de ce beau résultat, André Dufraisse remporte un nouveau succès, à Brest, le 25 février, en devançant l’Italien, Giovanni Picco et le Parisien, Bernard Vattier. Seul Giovanni Picco qui termine à 1′ 50″ n’a pas été doublé par André Dufraisse.
Le 4 mars, André Dufraisse prouve qu’il en a encore sous la pédale en se permettant le luxe de devancer le champion du monde Renato Longo à Vihiers, après être revenu sur lui, il le laisse à 24 secondes.
Saison de cyclo-cross 1962-1963 – 7ème titre national et dernier podium mondial.
Le 2 novembre, André Dufraisse débute sa saison internationale, en Suisse, à Zurich. Il prend la 8ème place.
Le 11 novembre, il donne un premier rendez-vous à ses fidèles supporters Limousins à Sauviat sur Vige. Sur un circuit long de 2 kilomètres à parcourir 10 fois, André Dufraisse n’a comme adversaires que des coureurs régionaux. Il s’impose sans difficultés devant Yves Viecelli et Daniel Samy.
Le 18 novembre, à Compreignac, nouvelle victoire pour André Dufraisse avec le même podium.
Le 25 novembre, près de Pau, à Boeil Bezing, André Dufraisse doit se contenter de la deuxième place derrière Pierre Bernet. Le champion de Guyenne triomphe après avoir fait toute la course en tête.
Le 3 décembre, André Dufraisse s’impose, à Damblainville, dans le Calvados. Il devance le Normand Michel Pelchat.
Le 16 décembre, les dirigeants de l’UVL sont sur le pont pour organiser le 2ème cyclo-cross international de Morterolles. Renato Longo, Maurice Gandolfo, Pierre Bernet, Roger Declercq, Pierre Kumps se sont déplacés. Le routier Henri Anglade est également présent. Sur un terrain gras et boueux, il fallait porter le vélo très souvent sur l’épaule dans les terres labourées et même dans les près inondés par les ruisseaux qui avaient débordés. Les incidents mécaniques, les crevaisons et les chutes se sont multipliés. André Dufraisse en est victime au 7ème km, après une chute et un bris de cale pied, il est contraint à l’abandon. Renato Longo s’impose devant Maurice Gandolfo qui est resté longtemps en tête mais dont la fougue l’a, une nouvelle fois, poussé à la faute. En prenant des risques dans les descentes, il s’est retrouvé deux fois au tapis, laissant ainsi la victoire à l’Italien.
Le 23 décembre, André Dufraisse et Yves Viécelli se déplace à Lurbe Saint Christau. Si l’an passé, sur le même circuit, André Dufraisse s’était imposé ce qui lui avait permis d’endosser le maillot tricolore, cette année, il ne peut faire mieux que 5ème derrière Rolf Wolfhohl, Renato Longo, Pierre Bernet et Maurice Gandolfo. Une page semble se tourner.
En 1963, André Dufraisse continue de participer aux épreuves internationales ainsi, le 1er janvier, il prend le départ du cyclo-cross d’Eyzer, en Belgique. Les Belges, Albert Van Damme et Pierre Kumps font la course en tête mais il ne peuvent pas éviter le retour de Maurice Gandolfo qui va s’imposer avec 27 secondes d’avance. André Dufraisse, plus en retrait, prend la 3ème place à 57 secondes.
Déjà vainqueur en 1958 et en 1959, André Dufraisse remporte, le 13 janvier, le cyclo-cross de Mazé, près d’Angers. Il devance, à cette occasion, le champion de Guyenne, Pierre Bernet et le Parisien, André Lopez.
Le 28 janvier, André Dufraisse ne dispute pas le championnat du Limousin mais celui du Poitou. Le comité du Limousin étant dissout, la Haute Vienne a été rattachée au comité du Poitou. C’est à Croutelle que se déroule le championnat sur un parcours de 24,5 kilomètres assez roulant. (boucle de 3,5 km à accomplir à 7 reprises). 17 coureurs ont fait parvenir leur engagement et dans ce lot, André Dufraisse fait figure de grand favori. Yves Viécelli qui s’est très bien préparé tient à prouver qu’il est bien le numéro 2 de la spécialité dans la région. Parmi les autres limougeauds figurent les coureurs du Cyclo Racing Club Limousin, André Laroudie, Jean Louis Blanchard et Jean Jacques Sagne. Fernand Boisseau représente l’Union Vélocipédique Limousine. Les Poitevins, qui évoluent à domicile, ont pour meilleur représentant, Jacques Currit.
Imbattable était le seul mot qui sortait de la bouche de tous ses adversaires à l’issue de ce championnat lequel, une nouvelle fois, va donner lieu à une victoire, sans équivoque, d’André Dufraisse. Dès le départ, dans la montée derrière la petite église de Croutelle, soit après 800 mètres de course, André Dufraisse n’a plus à ses basques que Jacques Currit et Yves Viécelli. A la sortie de la carrière, alors que les concurrents, quittant les sous bois, descendent sur des pentes verglacées vers la vallée du Miosson, l’écart est de plus de 200 mètres. Au début du second tour, André Dufraisse porte un coup d’accélérateur. Jacques Currit perd pied et Yves Viéciélli s’accroche à une quinzaine de secondes. La seconde partie de la course perd de son intérêt. Les jeux sont faits et les spectateurs n’ont plus qu’à compter les coureurs doublés. Malgré le froid vif (moins 9 en plein vent), ils sont nombreux à rester pour encourager les 17 courageux participants et à admirer le style léger et sobre d’André Dufraisse, les qualités de descendeur de Fernand Boisseau et la classe naissante d’André Laroudie. André Dufraisse a couvert les 24,5 kilomètres en 49 minutes. Yves Viecelli termine à 45 secondes. Jacques Currit à 3′ 35″. Fernand Boisseau à 5′ 20″. André Laroudie à 9′ 30″.
Le 10 février, André Dufraisse se rend à Cesson près de Rennes avec la ferme intention d’égaler le record de Roger Rondeaux à savoir sept titres de champion de France. Paris tenu ! André Dufraisse, après une lutte sans merci, avec Maurice Gandolfo. remporte un 7ème titre. Alors qu’il fêtera ses 37 ans, au mois de juin suivant, André Dufraisse s’est révélé toujours aussi performant. Malgré les 3 kilomètres de route conduisant de Rennes à Cesson où se situait l’entrée du circuit, les routiers n’ont pas réussi à prendre le commandement. La première attaque sérieuse est l’oeuvre de Pierre Bernet. Au 7ème km, il précède Maurice Gandolfo de 18 secondes et André Dufraisse de 22 secondes. Obligé de changer de roue, Pierre Bernet est débordé par André Dufraisse et par Maurice Gandolfo. Au 10ème km, les deux hommes précèdent Pierre Bernet et Michel Pelchat de 13 secondes, André Foucher est à 20 secondes. Le duo de tête va alors augmenter son avance. Ils ne vont plus se quitter. Qui d’André Dufraisse ou de Maurice Gandolfo va revêtir le maillot tricolore, c’est la question que tous les spectateurs se posent même si dans la traversée des champs et des prairies André Dufraisse affiche une nette supériorité. Maurice Gandolfo doit puiser dans ses réserves pour suivre le champion Limousin. Un autre homme va faire douter les deux hommes de tête, il s’agit de Pierre Bernet lequel, à l’amorce du dernier tour, n’est plus qu’à 10 secondes des deux leaders. Tout se joue dans la prairie, André Dufraisse accélère et prend cinq mètres à Maurice Gandolfo mais, ce dernier revient dans son sillage, mieux même, il tente de le déborder mais il échoue. André Dufraisse s’en aperçoit et place alors un contre qui le propulse vers la ligne d’arrivée qu’il va franchir avec sept secondes d’avance. Pierre Bernet termine à 29 secondes et André Foucher à 57 secondes. André Dufraisse savoure ce 7ème titre obtenu à la pédale : Après la neige et la pluie tombées la nuit et dans la matinée, le circuit était plus boueux que prévu. Gandolfo m’a attaqué souvent mais j’ai su résister. Devinant qu’il allait essayer de me lâcher avant la dernière partie routière, je me préparais à répondre. Lorsqu’il est passé à l’attaque, j’étais au commandement et j’avais accéléré. Gandolfo a voulu passer mais il est resté à ma hauteur, j’ai compris qu’il était moins fort alors, j’ai contre attaqué et cela a réussi.
Le 17 février, la France accueille le championnat du monde, à Calais. C’est un nouveau podium pour André Dufraisse devancé par Rolf Wolfshohl et Renato Longo. Rolf Wolfshohl a gagné facilement son 3ème championnat de monde, après Tolosa en 60 et Hanovre en 61. A la fin du premier tour, Rolf Wolfshohl est déjà en tête, il précède Maurice Gandolfo de 5 secondes, Roger Declercq de 10 secondes, André Foucher de 20 secondes. André Dufraisse et Renato Longo, au sein d’un petit groupe sont à 30 secondes. A la fin du 2ème tour, Rolf Wolfshohl a fait le trou. Renato Longo est à 35 secondes, André Dufraisse, Pierre Bernet, Amérigo Severini , Roger Declercq et André Foucher sont à une minute. A la fin du 4ème tour, les places sont déjà attribuées, Renato Longo accuse une minute de retard, André Dufraisse et Amérigo Severini luttent pour la 3ème place à 2 minutes. A l’arrivée, Renato Longo termine à 1′ 20″ de Rolf Wolfshohl. André Dufraisse devance, au sprint, Amérigo Severini ce qui lui permet pour la 2ème année consécutive de monter sur la 3ème marche du podium. Cerise sur le gâteau, la France, grâce à André Dufraisse, Pierre Bernet et André Foucher est championne du monde par équipe devant l’Italie et la Belgique. Malgré c’est excellente 3ème place, André Dufraisse n’est pas totalement satisfait : C’était une véritable course sur route. Ce parcours était trop léger pour moi. Gêné au départ pris à une vitesse endiablée, j’ai du fournir un très gros effort tout de suite pour revenir en 10ème position, sur la promenade de la digue. Sur le parcours entourant le fort, j’étais à l’aise mais c’était trop court. Et dès que je reprenais la route, les démarrages se succédaient sans interruption. Les 50 km 474 ont été couvert en 45′ 52″. S’il n’avait pas fait aussi froid, on aurait couru en 42 minutes ! Longo a, lui aussi, était pris de vitesse au départ mais, je me demande, si mieux parti, je n’aurais pas inquiété l’Italien.
Le 24 février, André Dufraisse se classe 3ème à Gourgillon, près de Lyon, derrière Renato Longo et Maurice Gandolfo.
Le 10 mars, il prend une belle revanche, à Vihiers. Il devance Roger Declercq, Maurice Gandolfo et Renato Longo.
De retour en Limousin, André Dufraisse retrouve sur sa route, le 17 mars, le champion d’Auvergne, Maurice Gandolfo, à Saint Auvent. Maurice Gandolfo fait lâcher prise à André Dufraisse lors du dernier tour. Yves Viécelli prend la 3ème place.
Le 24 mars, André Dufraisse et Maurice Gandolfo sont, à nouveau, en piste, à Ambazac. Pierre Bernet est présent lui aussi. C’est à un véritable chassé croisé que vont se livrer les trois hommes. André Dufraisse prend la tête au premier tour. Maurice Gandolfo le remplace au second. Victime d’une crevaison, il laisse le commandement à André Dufraisse lequel, le tour suivant, subit le même sort et c’est alors Pierre Bernet qui ouvre la route. Au 8ème tour, André Dufraisse a rejoint le Béarnais et dans le dernier tour, il place une attaque, prend 200 mètres et franchit la ligne d’arrivée avec 10 secondes d’avance. Yves Viécelli prend la 3ème place et Maurice Gandolfo, qui a crevé une 2ème fois, la 4ème.
Le 31 mars, André Dufraisse prolonge sa saison en s’imposant dans les Landes, à Labatut devant Renato Longo, Maurice Gandolfo, Pierre Bernet et Michel Pelchat.
Enfin, ce n’est que le 24 avril qu’André Dufraisse met un terme à sa saison. A Saint Georges de Mons, dans le Puy de Dôme, il est devancé par le maître des lieux, Maurice Gandolfo. Michel Pelchat prend la 3ème place.
Saison de cyclo-cross 1963-1964 – Un second titre de champion du Poitou.
Le 3 novembre, André Dufraisse termine second, derrière Roger Declercq, au cyclo-cross de Plessis Robinson, à Paris. Pierre Bernet fait le départ mais Roger Declercq et André Dufraisse reviennent sur lui et le laisse sur place. André Dufraisse termine à 22 secondes de Roger Declercq.
Le 10 novembre, André Dufraisse se déplace en Bretagne, à Saint Hilaire du Harcouet. S’il triomphe, une nouvelle fois, il a été poussé dans ses retranchements par deux figures montantes du cyclo-cross, Michel Pelchat, champion de Normandie et Joseph Mahé,. champion de l’Ile de France.
Le 17 novembre, à Damblainville, près de Caen, la menace se précise. André Dufraisse devance Michel Pelchat seulement au sprint. Maurice Gandolfo prend la 3ème place à 2′ 10″.
Poursuivant sa tournée sur le territoire national, André Dufraisse participe, le 24 novembre, au cyclo-cross de Boeil Bezing, près de Pau. Yves Viécelli l’a accompagné. Pierre Bernet qui est sur ses terres, mène la course de bout en bout. André Dufraisse doit se contenter de la 2ème place devant le champion du monde Rolf Wolfshohl qui a été victime d’une crevaison.
Le 1er décembre, à Meudon, André Dufraisse prend une éclatante revanche sur son jeune rival Pierre Bernet. Les deux hommes se sont livrés une lutte sans merci, Pierre Bernet multipliant les attaques. Ce n’est qu’à l’avant dernier tour qu’André Dufraisse parvient à décrocher son adversaire pour l’emporter avec 17 secondes d’avance. Un autre nouveau venu s’empare de la 3ème place, il s’agit du Parisien, James Herbain.
Le 25 décembre, c’est Pierre Bernet qui s’impose chez lui, à Orthez. André Dufraisse prend la seconde place.
Le 29 décembre, à Bourganeuf, au 3ème cyclo-cross international organisé par la Pédale Marchoise, André Dufraisse revêtu de son paletot tricolore espère bien prouver qu’il reste le meilleur spécialiste français de la discipline malgré le poids des ans. Mais, il a devant lui, deux redoutables adversaires Joseph Mahé et Maurice Gandolfo. Après le départ donné par Raymond Poulidor, les coureurs empruntent un parcours spectaculaire de 1,3 km à parcourir à 15 reprises. Les sous-bois, les prairies et les toboggans s’enchaînent mais surtout, la portion de route verglacée va provoquer rapidement une première sélection, sous les yeux d’un nombreux public, évalué à plus de 3000 personnes. Au premier tour, un quatuor a déjà fait le trou. André Dufraisse, Joseph Mahé, Maurice Gandolfo et Yves Viécelli roulent roues dans roues. Victime de deux crevaisons au 3ème puis au 9ème tour, Maurice Gandolfo va faire à chaque fois un retour magnifique en revenant dans le sillage d’André Dufraisse mais, il a laissé des forces dans la bataille et il va devoir s’incliner au sprint face au champion de France. Joseph Mahé prend la 3ème place à 30 secondes.
En ce début d’année 1964 , André Dufraisse conscient qu’il commence à ne plus être aussi performant fait une demande auprès de la FFC afin d’être reclassé indépendant. C’est le comité des professionnels qui est chargé de statuer sur cette demande. André Dufraisse obtient satisfaction ce qui va lui permettre de participer, sur route, à beaucoup plus d’épreuves régionales.
Le 12 janvier, à Angers, André Dufraisse subit la loi du Parisien, Joseph Mahé qui devance Maurice Gandolfo et Pierre Bernet. André Dufraisse doit se contenter de la 7ème place.
Le 19 janvier, à Saint Christophe de Chalais, sur le circuit assez tourmenté des Essarts, André Dufraisse accompagné de ses coéquipiers de l’Union Vélocipédique Limousine, Yves Viecelli, Armand Blondy et Fernand Boisseau participe au championnat du Poitou de cyclo-cross. Malgré un début d’angine, André Dufraisse, que beaucoup appelle désormais le vieux, domine, une nouvelle fois, les débats. Il couvre les 22,5 kilomètres en 1h 12′. Mais l’on retiendra surtout la performance des coureurs de l’Union Vélocipédique Limousine qui remportent les trois premières places sous le regard de leur président, Jean Germaneau, ravi d’avoir fait le déplacement. Yves Viécelli termine en seconde position à 30 secondes et Fernand Boisseau se permet le luxe de distancer le Poitevin, Jacques Currit, dans les deux derniers tours pour monter sur la 3ème marche du podium à 1′ 15″ du vainqueur. Pour André Dufraisse c’est le deuxième titre consécutif de champion du Poitou.
Le 26 janvier, couru sous un froid très vif, le cyclo-cross de Saint Cybardeaux, en Charente, voit une nouvelle domination de Pierre Bernet sur André Dufraisse, Yves Viecelli prenant la 3ème place.
Le 2 février, les trois coureurs de l’Union Vélocipédique Limousine, André Dufraisse, Yves Viécelli et Fernand Boisseau, représentent le Limousin au championnat de France, sur le circuit de Bec Hellouin dans l’Eure. Les années passent, pour la première fois depuis de très nombreuses années, André Dufraisse n’est pas sur le podium. Il termine en 5ème position. Yves Viecelli termine 8ème et Fernand Boisseau 28ème. Les jeunes ont pris la relève, Michel Pelchat s’est imposé devant Pierre Bernet et Joseph Mahé. Après l’arrivée, André Dufraisse analyse objectivement sa course : Je ne comprends pas comment le départ a été donné. Il y avait beaucoup trop de monde sur la ligne et je suis parti en 30ème position. J’ai abordé les premières difficultés avec beaucoup trop de retard et comme je n’étais pas dans un bon jour, je n’ai jamais pu revoir les hommes de tête. Pelchat marche très fort mais il a abordé les difficultés avec trop d’avance. Malgré cette déconvenue, je n’abandonne pas la compétition. Je vais être, dans les épreuves à venir, beaucoup moins marqué.
Bien que non sélectionné pour les championnats du monde, André Dufraisse poursuit ses déplacements à l’étranger. Le 9 février, au Luxembourg, à Esch sur Alzette, il domine très nettement ses rivaux à l’exception du Hollandais, Hubert Harings qui prend la seconde place, à 55 secondes. Le ″Vieux″ est encore bien présent ! A plus de deux minutes, le Belge, Eric De Vlaeminck qui, par la suite, revêtira à 7 reprises, le maillot arc en ciel, prend la 3ème place.
Le 1er mars, André Dufraisse termine 3ème du cyclo-cross de Bignan, dans le Morbihan, derrière Michel Pelchat et Pierre Bernet.
Le 22 mars, sur un parcours situé en plein coeur de Sauviat sur Vige, André Dufraisse démontre qu’il en a encore beaucoup sous la pédale. Dès le départ, escorté par Maurice Gandolfo, il s’enfuit. Le Belge, Roger Declercq, second du championnat du monde, parvient à recoller. Au 3ème tour, Maurice Gandolfo prend une centaine de mètres sur ses rivaux. Au 4ème tour, André Dufraisse se lance à la poursuite de Maurice Gandolfo. Il ne tarde pas à boucher le trou. Ce n’est qu’au 12ème tour qu’André Dufraisse hausse le ton. Maurice Gandolfo s’accroche mais devant le rythme effréné du champion Limousin, il se relève. A l’arrivée, il accuse un retard qui atteint la minute. L’Italien, Giovanni Picco prend la 3ème place devant le Belge, Roger Declercq.
Le 12 avril, à Saint Auvent, pour l’ultime rendez-vous de la saison 1963-1964, André Dufraisse confirme qu’il n’est pas encore décidé à laisser la main. Il s’impose devant ses deux camarades de club, Yves Viecelli et Fernand Boisseau.
Saison de cyclo-cross 1964-1965 – Ses dernières victoires sous fond de nostalgie.
Le 29 novembre, André Dufraisse fait une rentrée très moyenne au cyclo-cross de Meudon. C’est le jeune, Jean Pierre Ducasse, qui triomphe en devançant Joseph Mahé et Jean Gérardin. André Dufraisse termine à la 5ème place, à 1′ 17″ du vainqueur.
André Dufraisse ne débute pas l’année 1965 dans les meilleures conditions. La marque Raphaël Géminiani ayant disparu, André Dufraisse se retrouve sans employeur. Pour ne rien arranger, son nerf sciatique lui rappelle à nouveau qu’il n’a plus vingt ans et alors que le championnat du Poitou doit se dérouler à Thouron, le 17 janvier, André Dufraisse est contraint de déclarer forfait.
Autre fait marquant de ce début d’année, le nombre d’épreuves de cyclo-cross a beaucoup diminué en Limousin. La disparition du comité du Limousin et le rattachement de la Haute Vienne au comité du Poitou explique, en partie, cet état de fait. L’autre raison est liée aux performances réalisées par André Dufraisse. Au début de sa brillante carrière, il a attiré dans la région les meilleurs spécialistes. Le Limousin était alors la région qui organisait le plus de cyclo-cross. La carrière d’André Dufraisse arrivant à son terme, les spectateurs se sont faits moins nombreux et la concurrence mondiale aidant, beaucoup d’épreuves ont disparu.
Le 7 février, à Brée, en Mayenne, Michel Pelchat, malgré deux crevaisons et un bris de roue libre, s’impose devant André Dufraisse.
Le 7 mars, André Dufraisse renoue avec la victoire au cyclo-cross de Saint Auvent. Il s’impose devant Jean Gérardin et le Nordiste, Jules Leclercq.
Le 28 mars, à Sauviat, André Dufraisse affronte, pour la dernière fois, Renato Longo, champion du monde pour la 4ème fois cette saison. Albert Van Damme, champion de Belgique, Jean Gérardin, 9 fois champion de Champagne, Joseph Mahé, Jacques Currit, champion du Poitou, sont aussi présents, à Sauviat. Les supporters d’André Dufraisse vont être déçus, dès le 5ème kilomètre, son dérailleur se prend dans les rayons, la course est terminée pour lui. Renato Longo remporte l’épreuve mais il a du s’employer pour se débarrasser de Jean Gérardin.
André Dufraisse effectue une dernière saison route en obtenant de belles places d’honneur sur les épreuves régionales.
Le mois de novembre revenu, André Dufraisse entreprend sa tournée d’adieu dans les sous-bois.
Le 14 novembre, il termine 3ème derrière Michel Pelchat et Pierre Bernet à Saint Martin de Seignanx, près de Dax.
Le 28 novembre, il termine 6ème du cyclo-cross de Boeil Bezing remporté par Renato Longo.
Le 5 décembre, à Aureil, Michel Pelchat triomphe. André Dufraisse victime d’une chute abandonne.
Le 26 décembre, André Dufraisse termine 4ème du cyclo-cross de Chalans remporté par Joseph Mahé.
Sa dernière course :
Le 6 mars 1966, à Rancon, André Dufraisse dispute sa dernière épreuve. Il a choisi de faire ses adieux officiels, en Limousin. André Dufraisse doit affronter, Albert Peter, le nouveau champion du Limousin et Jacques Currit, le champion du Poitou. Pour cet événement qui marque la fin de carrière d’un prestigieux champion, 3000 spectateurs ont fait le déplacement. Au dernier moment, Albert Peter déclare forfait. Monsieur Manin, qui a longtemps accompagné André Dufraisse sur ses divers déplacements, donne le départ à 10 concurrents seulement. A l’issue de la première boucle, le champion du Poitou, Jacques Currit prend la tête suivi d’André Dufraisse et de Fernand Boisseau. Jacques Currit chute au second tour mais revient très vite. Au 4ème tour, André Dufraisse a pris l’avantage avec 100 mètres d’avance mais Jacques Currit bouche le trou en ramenant avec lui Fernand Boisseau. Au 9 ème tour, André Dufraisse perd sa chaussure mais, en moins d’un tour, il comble son retard sur les deux hommes de tête. Fernand Boisseau est distancé dans le dernier tour. La victoire se joue au sprint. André Dufraisse se montre le plus rapide, il vient d »ajouter une dernière ligne à sa très longue liste de victoires.
La carrière d’André Dufraisse est donc terminée et lorsque l’on fait le bilan on ne peut être qu’admiratif devant le tableau de chasse.
Onze titres de champion du Limousin auxquels il faut ajouter deux places de 2ème.
Deux titres de champion du Poitou.
Sept titres de champion de France auxquels il faut ajouter une place de 2ème et trois places de 3ème.
Cinq titres de champion du monde auxquels il faut ajouter deux places de 2ème et quatre places de 3ème.
L’essentiel de son palmarès :
1948 –
1er – Limoges – Saint Lazare.
1er – Saint Victurnien.
1er – La Meyze.
1er – Championnat de l’Union Vélocipédique Limousine.
2ème – Saint Brice.
3ème – Masléon.
4ème – Verneuil.
4ème – Pierre Buffière.
5ème – Nexon.
6ème – Brassard des Jeunes.
6ème – Limoges – Séreilhac et retour.
7ème – Limoges – Prix de la Ville et des Commerçants.
7ème – Limoges – Prix Fernand Latié.
1949 –
1er – Limoges – Place Marceau.
1er – Limoges – Circuit des Ponts.
1er – Championnat du Limousin des Sociétés.
1er – Saint Sulpice Laurière.
1er – Pierre Buffière.
2ème – Finale du Championnat du Limousin.
2ème – Masléon.
2ème – Championnat de l’Union Vélocipédique Limousine.
3ème – Limoges – Prix Esders.
3ème – Saint Yrieix La Perche.
3ème – Bourganeuf.
3ème – Limoges – Prix de la Ville et des Commerçants.
3ème – Saillat sur Vienne.
4ème – Limoges – Prix du Souvenir.
4ème – Limoges – Prix Charles Clément.
4ème – Championnat du Limousin.
4ème – Chateauponsac.
5ème – Limoges – Prix des Maisons Blondeau.
5ème – Les Cars.
5ème – Allassac.
6ème – Vayres Les Roses.
6ème – Limoges – Prix Fernand Latié.
6ème – Limoges – Saint Junien et retour.
7ème – Circuit Aixois.
8ème – Eliminatoire Prix Wolber.
10ème – Bellac – Prix de la Ville et des Commerçants.
10ème – Eymoutiers – Prix du Macaud.
1950 –
1er – Championnat de l’UVL de cyclo-cross.
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat du Limousin des Sociétés.
1er – Limoges – Saint Lazare.
1er – Limoges – Prix Esders.
1er – Bellac – Prix de la ville et des commerçants.
1er – Folles.
1er – Chateauponsac.
1er – Cyclo-cross d’Angoulème.
2ème – Cyclo-cross des Cycles Elans.
2ème – Limoges – Place Marceau.
2ème – Lavaveix Les Mines.
2ème – Limoges – Prix de la Vieille Cité.
2ème – Le Palais sur Vienne.
2ème – Limoges – Prix Fernand Latié.
3ème – Saint Yrieix La Perche.
3ème – Limoges – Prix des Maisons Blondeau.
3ème – Championnat du Limousin.
3ème – Vieilleville.
4ème – Limoges – Prix Bonal.
4ème – Limoges – Prix de la ville et des commerçants.
4ème – Limoges – Prix Charles Clément.
4ème – Eymoutiers – Prix du Macaud.
5ème – Limoges – Saint Junien et retour.
5ème – Rochechouart.
5ème – Limoges – Prix du Populaire du Centre.
5ème – Egletons;
5ème – Aubusson – Circuit de Beauze.
7ème – Limoges – Prix de la Quinzaine Commerciale.
7ème – Championnat de France des Indépendants.
8ème – Saint Léonard de Noblat.
8ème – Saint Yrieix La Perche.
10ème – Championnat de France des Sociétés.
12ème – Championnat de France de cyclo-cross.
1951 –
1er – Cyclo-cross de Châteauroux.
1er – Bessereix.
1er – Championnat du Limousin des Sociétés.
1er – Arnac Pompadour.
1er – Mauriac.
2ème – Cyclo-cross de Montreuil.
2ème – Cyclo-cross de Poitiers.
2ème – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
2ème – Championnat de France de cyclo-cross.
2ème – Championnat du monde de cyclo-cross.
2ème – Limoges – Prix de la Vieille Cité.
2ème – Le Palais sur Vienne.
2ème – Cyclo-cross de Genève.
2ème – Cyclo-cross de Fontenay aux Roses.
2ème – Cyclo-cross de Montreuil.
2ème – Cyclo-cross de Dreux.
2ème – Nexon.
3ème – Circuit Aixois.
4ème – Cyclo-cross de Vincennes.
4ème – Vieilleville.
4ème – Bonnat.
4ème – Montmorillon.
4ème – Championnat du Limousin.
4ème – Aureil.
4ème – La Meyze.
5ème – Allassac.
6ème – Circuit des Six Provinces – 7ème étape – Roanne/Lyon.
6ème – Limoges – Prix Fernand Latié.
8ème – Les Cars.
8ème – Limoges – Prix Conchon Quinette.
8ème – Meymac.
9ème – Guéret – Prix A Desmoulins.
9ème – Saint Junien – Prix A Reix.
10ème – Grand Bourg.
10ème – Belvès.
11ème – Circuit des Six Provinces – 3ème étape – Aix les Bains/Bourg.
12ème – Circuit des Six Provinces – 2ème étape – Montélimar/Aix les Bains.
12ème – Championnat de France des Sociétés.
14ème – Circuit des Six Provinces.
15ème – Paris-Limoges.
1952 –
1er – Cyclo-cross de Poitiers.
1er – Cyclo-cross de Limoges – Prix Baudou.
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Saint Yrieix La Perche.
1er – Cyclo-cross de Limoges – Faubourg du Pont Neuf.
1er – Bort les Orgues.
1er – Cyclo-cross de Limoges – Brasserie Mapataud.
1er – Cyclo-cross de Châteauroux.
2ème – Cyclo-cross de La Ferté sous Jouare.
2ème – Championnat du monde de cyclo-cross.
2ème – Bugeat.
3ème – Cyclo-cross de Clamart.
3ème – Cyclo-cross de Zoug.
3ème – Cyclo-cross de Genève.
3ème – Championnat de France de cyclo-cross.
3ème – Prix du Libre Poitou.
3ème – Saint Hilaire les Places.
3ème – Cyclo-cross de Saint Yrieix La Perche.
3ème – Cyclo-cross de Marles.
4ème – Critérium du Centre.
5ème – Brive – Prix de La Libération.
7ème – Montluçon.
7ème – Limoges – Circuit des Ponts.
7ème – Bol d’Or des Monédières.
7ème – Boucles de la Briance.
8ème – Critérium d’Europe – Clermont Ferrand.
8ème – Lavaveix Les Mines.
8ème – Montaignac Saint Hippolyte.
9ème – Clermont Ferrand – Prix des Villes d’Eaux.
10ème – Nantiat.
11ème – Saint Etienne – Coupe Marcel Vergeat.
30ème – Paris-Clermont Ferrand.
1953 –
1er – Cyclo-cross de Marsannay La Côte.
1er – Cyclo-cross de Nontron.
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Clamart
1er – Aranzazu.
1er – Cyclo-cross de Genève.
1er – Cyclo-cross de Calais.
1er – Paulhac.
1er – Folles.
1er – Cyclo-cross de Glanges.
1er – Cyclo-cross de Nieul.
1er – Cyclo-cross de Limoges – Moulin du Gué.
1er – Cyclo-cross de Razès.
2ème – Cyclo-cross de Saint Junien.
2ème – Cyclo-cross de Clamart.
2ème – Cyclo-cross de Vierzon.
2ème – Cyclo-cross de Mehun sur Yèvre.
2ème – Cyclo-cross d’Hern.
2ème – Cyclo-cross de Saint Junien.
3ème – Championnat du monde de cyclo-cross.
3ème – Cyclo-cross du Mans.
4ème – Championnat de France de cyclo-cross.
4ème – Cyclo-cross de Saint Yrieix La Perche.
4ème – Bugeat.
5ème – Saillat sur Vienne.
5ème – Saint Yrieix La Perche – Prix du Conseil Municipal.
5ème – Chamboulive.
6ème – Peyrat La Nonière.
6ème – Saint Junien – Prix A Reix.
6ème – Limoges – Prix Fernand Latié.
6ème – Paris-Limoges.
7ème – Mont Farron.
7ème – Arnac Pompadour.
9ème – Saint Hilaire Les Places.
1954 –
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat du Monde de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Nieul.
1er – Circuit Aixois.
1er – Bugeat.
1er – Grammont.
1er – Cyclo-cross de Glanges.
1er – Cyclo-cross de Nieul.
1er – Cyclo-cross de Razès.
1er – Cyclo-cross de Glanges.
1er – Cyclo-cross de Fursac.
2ème – Cyclo-cross de Levroux.
2ème – Cyclo-cross de Marsannay La Côte.
2ème – Cyclo-cross de Mehun sur Yèvre.
2ème – Cyclo-cross de Dreux.
2ème – Cyclo-cross d’Auray.
2ème – Cyclo-cross de Maubeuge.
2ème – Peyrat La Nonière.
2ème – Aurillac.
2ème – Critérium d’Aubusson.
3ème – Cyclo-cross de Clamart.
3ème – Championnat de France de cyclo-cross.
3ème – Cussac.
3ème – Eymoutiers – Le Macaud.
4ème – Limoges – Prix A Dony.
4ème – Saint Hilaire Les Places.
7ème – Compreignac.
7ème – Vélodrome André Raynaud – Elimination.
1955 –
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat de France de cyclo-cross.
1er – Championnat du Monde de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Milan.
1er – Cyclo-cross de Genève.
1er – Cyclo-cross de Châteauneuf La Forêt.
1er – Grammont.
1er – Cyclo-cross de Donzy.
1er – Cyclo-cross du Mans.
1er – Cyclo-cross de Bourges.
1er – Cyclo-cross de Châteauroux.
1er – Cyclo-cross de Lurbe Saint Christau.
1er – Cyclo-cross de Fursac.
2ème – Limoges – Prix Fernand Latié.
3ème – Cyclo-cross du Mont Valérien.
4ème – Limoges – Prix Martini.
4ème – Glanges.
7ème – Allassac.
8ème – Lavaveix Les Mines.
8ème – Saint Junien – Prix A Reix.
9ème – Paris-Limoges.
9ème – Meymac.
10ème – Belvès.
18ème – Bol d’Or des Monédières.
1956 –
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat de France de cyclo-cross.
1er – Championnat du Monde de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Crézin.
1er – Cyclo-cross de Saint Pierre sur Dives.
1er – Cyclo-cross de Plougasnou.
1er – Cyclo-cross de Bussière Galant.
1er – Cyclo-cross de Genève.
1er – Cyclo-cross de Paris.
1er – Cyclo-cross de Feytiat.
1er – Cyclo-cross de Nieul.
1er – Cyclo-cross du Mans.
1er – Cyclo-cross de Laurière.
1er – Cyclo-cross d’Uzerche.
1er – Cyclo-cross de Saint Laurent de la Mer.
1er – Cyclo-cross de Fursac.
1er – Bort Les Orgues.
2ème – Cyclo-cross – Prix Grimault.
2ème – Cyclo-cross de Versailles.
2ème – Guéret – Prix de la Trinité.
2ème – Saint Junien -Prix A Reix.
3ème – Limoges – Le Vigenal.
4ème – Peyrelevade.
5ème – Peyrat La Nonière.
7ème – Treignac.
8ème – Lavaveix Les Mines.
9ème – Limoges – Prix A Dony.
20ème – Bol d’Or des Monédières.
1957 –
1er – Cyclo-cross de Valençay.
1er – Cyclo-cross de Paris.
1er – Cyclo-cross de Clermont,
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat du monde de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Vincennes.
1er – Cyclo-cross de Versailles.
1er – Cyclo-cross de Vihiers.
1er – Cyclo-cross de Limoges.
1er – Bort Les Orgues.
1er – Cyclo-cross du Palais sur Vienne.
1er – Cyclo-cross de Vierzon.
1er – Cyclo-cross de Laurière.
1er – Cyclo-cross d’Oléron Sainte Marie.
1er – Cyclo-cross de Saint Brieuc.
1er – Cyclo-cross de Fursac.
2ème – Limoges – Le Vigenal.
2ème – Aurillac.
3ème – Championnat de France de cyclo-cross.
3ème – Le Bettex.
3ème – Peyrelevade.
4ème – Cyclo-cross d’Allizzate.
4ème – Guéret – Prix de la Trinité.
4ème – Bourganeuf.
5ème – Peyrat La Nonière.
6ème – Panazol.
6ème – Boucles de la Gartempe.
7ème – Boucles de la Gartempe – 2ème étape.
8ème – Maurs.
8ème – Malemort.
8ème – Guéret.
8ème – Boucles de la Gartempe – 1ère étape.
1958 –
1er – Cyclo-cross de Mazé.
1er – Cyclo-cross de Robinson.
1er – Cyclo-cross de Saint Léger Le Guérétois.
1er – Cyclo-cross de Pons.
1er – Cyclo-cross de Bourges.
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat de France de cyclo-cross.
1er – Championnat du monde de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Villiers.
1er – Cyclo-cross de Clamart.
1er – Cyclo-cross du Beaune.
1er – Cyclo-cross de Lurbe Saint Christau.
2ème – Limoges – Le Vigenal.
2ème – Aurillac.
3ème – Championnat de France de cyclo-cross.
3ème – Le Bettex.
3ème – Peyrelevade.
4ème – Cyclo-cross d’Allizzate.
4ème – Guéret – Prix de la Trinité.
4ème – Bourganeuf.
5ème – Peyrat La Nonière.
6ème – Panazol.
6ème – Boucles de la Gartempe.
7ème – Boucles de la Gartempe – 2ème étape.
8ème – Maurs.
8ème – Malemort.
8ème – Guéret.
8ème – Boucles de la Gartempe – 1ère étape.
1959 –
1er – Cyclo-cross de Mazé.
1er – Cyclo-cross de Nantes.
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat de France de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Château Chervix.
1er – Cyclo-cross de Poitiers.
1er – Cyclo-cross de Gien.
1er – Cyclo-cross de Lurbe Saint Christau.
1er – Cyclo-cross de Giussano.
2ème – Cyclo-cross de Versailles.
2ème – Cyclo-cross de Vincennes.
2ème – Cyclo-cross de Château Chinon.
2ème – Cyclo-cross d’Isle.
2ème – Cyclo-cross de Crosses.
2ème – Cyclo-cross de Volketswil.
3ème – Cyclo-cross de Tolosa.
3ème – Le Bettex.
4ème – Championnat du monde de cyclo-cross.
4ème – Cyclo-cross de Middelkerke.
4ème – Cyclo-cross de Montagnola.
6ème – Panazol.
7ème – Cyclo-cross de Bourges.
8ème – Critérium de Peyrat Le Château.
10ème – Auzances.
1960 –
1er – Cyclo-cross de Dreux.
1er – Cyclo-cross de Château Chervix.
1er – Championnat de l’Union Vélocipédique Limousine.
1er – Cyclo-cross de Zermst.
1er – Cyclo-cross de Limoges.
1er – Cyclo-cross de Versailles.
1er – Cyclo-cross de Bonnac la Côte.
1er – Cyclo-cross de Paris.
1er – Cyclo-cross de Fursac.
2ème – Cyclo-cross de Overyssche.
2ème – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
2ème – Cyclo-cross de Beaune.
2ème – Cyclo-cross de Limours.
2ème – Cyclo-cross de Foëcy.
3ème – Cyclo-cross de Bourges.
4ème – Championnat de France de Cyclo-cross.
4ème – Critérium d’Oradour sur Glane.
4ème – Cyclo-cross d’Argentan.
5ème – Peyrelevade.
5ème – Cyclo-cross de Foëcy.
6ème – Cyclo-cross de Middelkerke.
7ème – Cyclo-cross de Foëcy – Contre la montre.
1961 –
1er – Cyclo-cross d’Eyzer Overijse.
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat de France de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Nexon.
1er – Championnat de l’Union Vélocipédique Limousine.
1er – Cyclo-cross de Bonnac la Côte.
2ème – Cyclo-cross de Paris – Prix Delavigne.
2ème – Cyclo-cross de Morterolles.
3ème – Championnat du Monde de cyclo-cross.
3ème – Cyclo-cross de Sainte Sévère.
4ème – Cyclo-cross de Cologne.
5ème – Limoges – Prix de la Porcelaine.
7ème – Cyclo-cross de Foëcy.
9ème – Champs sur Tarentaine.
1962 –
1er – Championnat du Limousin de cyclo-cross.
1er – Championnat de France de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Brest.
1er – Cyclo-cross de Vihiers.
1er – Cyclo-cross de Sauviat.
1er – Cyclo-cross de Compreignac.
1er – Cyclo-cross de Damblanville.
2ème – Cyclo-cross de Bourganeuf.
2ème – Cyclo-cross de Boeil Bezing.
3ème – Championnat du Monde de cyclo-cross.
3ème – Saint Amandin.
3ème – Critérium de Peyrat Le Château.
4ème – Cyclo-cross de Vincennes.
5ème – Lavaveix Les Mines.
5ème – Cyclo-cross de Lurbe Saint Christau.
6ème – Feytiat.
7ème – Saint Symphorien sur Coise.
7ème – Critérium de Limoges.
8ème – Cyclo-cross de Zurich.
10ème – Guéret – Prix de la Trinité.
1963 –
1er – Cyclo-cross de Mazé.
1er – Championnat de France de cyclo-cross.
1er – Championnat du Poitou de cyclo-cross.
1er – Cyclo-cross de Vihiers.
1er – Cyclo-cross d’Ambazac.
1er – Cyclo-cross de Compreignac.
1er – Cyclo-cross de Labatut.
1er – Cyclo-cross de Saint Hilaire du Harcouet.
1er – Cyclo-cross de Damblainville.
1er – Cyclo-cross de Meudon.
1er – Cyclo-cross de Bourganeuf.
2ème – Cyclo-cross de Saint Auvent.
2ème – Cyclo-cross de Saint Georges de Mons.
2ème – Cyclo-cross de Plessis Robinson.
2ème – Cyclo-cross de Boeil Bezing.
2ème – Cyclo-cross de Fribourg en Brisgau.
2ème – Saint Georges Les Ancizes.
2ème – Cyclo-cross d’Hortez.
2ème – Cyclo-cross de Saint Junien.
3ème – Cyclo-cross d’Eyzer.
3ème – Championnat du monde de cyclo-cross.
3ème – Cyclo-cross de Gourgillon.
3ème – Cyclo-cross de Veauche.
4ème – Saint Junien – Prix Antonin Reix.
10ème – Critérium de Limoges.
10ème – Champs sur Tarentaine.
10ème – Saint Amandin.
10ème – Auzances.
1964 –
1er – Championnat du Poitou de cycko-cross.
1er – Cyclo-cross d’Esch sur Alzette.
1er – Cyclo-cross de Sauviat.
1er – Cyclo-cross de Saint Auvent.
2ème – Cyclo-cross de Saint Cybardeaux.
2ème – Cyclo-cross de Saint Georges de Mons.
3ème – Cyclo-cross de Bignan.
4ème – Ambazac.
5ème – Championnat de France de cyclo-cross.
5ème – Cyclo-cross de Meudon.
6ème – Treignac.
6ème – Sornac.
7ème – Cyclo-cross d’Angers.
8ème – La Jonchère.
10ème – Saint Junien.
1965 –
1er – Cyclo-cross de Saint Auvent.
2ème – Cyclo-cross de Brée.
2ème – Rancon.
3ème – Chalus.
3ème – Cyclo-cross de Saint Martin de Seignanx.
4ème – Vigeois.
4ème – Cyclo-cross de Challans.
5ème – Meuzac.
5ème – Sornac.
6ème – Le Palais sur Vienne.
6ème – Cyclo-cross de Boeil Bezing.
7ème – Ambazac.
7ème – Limoges – Le Mas Neuf.
7ème – Riom Es Montagne.
8ème – Saint Sulpice Laurière.
8ème – Cyclo-cross de Saint Cybardeaux.
8ème – Critérium de Limoges.
9ème – Saint Setiers.
10ème – Saint Exupéry les Roches.
10ème – Allassac.
10ème – Saint Amandin.
1966 –
1er – Cyclo-cross de Rancon.
Sources des données retranscrites : Archives Populaire du Centre, Echo du Centre. Site : Mémoire-du-cyclisme.
Maquettes des maillots : Mémoire-du-cyclisme. Jean Louis Bey.
Photos : ARPAD