Cyclisme en Limousin

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Critérium de Limoges

1961 : un premier critérium plein de promesses.

Le jeudi 20 juillet 1961, quatre jours après l’arrivée du Tour de France au Parc des Princes, à Paris, les spectateurs limougeauds vont avoir le privilège d’applaudir les principaux protagonistes de cette 48 ème édition.  Ce sont les dirigeants de l’Union Vélocipédique Limousine Meubles Mary Masbou, sur l’initiative de leur président, Jean Germaneau, qui sont à l’origine de ce premier Critérium International de Limoges. Lorsqu’il a appris l’annulation de la réunion internationale de Milan, le président Germaneau s’est mis en chasse pour contacter tous les coureurs qui devaient participer à cette réunion et tous ont accepté l’invitation. C’est un exploit réalisé par l’UVL et c’est une première pour Limoges qui certes, par le passé, avait accueilli les héros de la Grande Boucle mais c’était sur la piste du vélodrome André Raynaud.

Les fervents du cyclisme vont donc pouvoir encourager Jacques Anquetil vainqueur du Tour et qui a porté le maillot jaune de bout en bout, son second Guido Carlesi, le troisième Charly Gaul, le cinquième Hans Junkermann, le huitième Jean Dotto, le populaire Jean Forestier : équipier modèle de Jacques Anquetil, la puce du Cantal : Louis Bergaud, le maillot vert : André Darrigade et son second : Jean Gainche ainsi que les rescapés de la formation britannique Brian Robinson et Seamus Elliott.

Parmi les autres engagés, on retrouve Henri Anglade à la recherche d’une sélection dans l’équipe de France pour les Championnats du Monde à Berne. Arnaldo Pambianco qui a battu Jacques Anquetil au Giro.  Roger Darrigade :  le frère d’André. Jean Stablinski qui a perdu son maillot de champion de France au profit de Raymond Poulidor. Guy Ignolin un des animateurs du Tour.

Les régionaux sont représentés par Raymond Poulidor qui pour la première fois portera, en course, son maillot de Champion de France acquis sur le circuit de Rouen Les Essarts. Hubert Fraisseix, le compagnon d’entrainement de Raymond Poulidor, de retour d’Algérie est également présent de même que les trois protégés de l’UVL, Raymond Hébras, Henri Poulidor et Yves ChabrierAndré Dufraisse est également de la fête prêt à se confronter aux routiers.

C’est sur un circuit totalement fermé que doit se dérouler l’épreuve. Le prix d’entrée a été fixé à 5 NF. L’arrivée est située en haut de l’avenue Jean Gagnant. Les coureurs doivent accomplir 80 tours de circuit. Ils doivent prendre à gauche la rue Vacquant (aujourd’hui rue Donzelot) ce qui leur permet de descendre rejoindre le boulevard des Casseaux. De nos jours, ce carrefour a été réaménagé. Après un virage serré sur la gauche les coureurs se présentent en bas de l’avenue Jean Gagnant qu’il doivent remonter jusqu’à la ligne d’arrivée située en haut de la longue ligne droite. Le circuit est entièrement sonorisé et éclairé par de puissants projecteurs. L’animation est confiée au talentueux speaker Jean Tamain.

Dès 20 heures, la foule se présente en masse aux différentes entrées du circuit et les forces de l’ordre ont bien du mal à canaliser tous ces fervents supporters.

Il est 21 h 30 lorsque 21 engagés s’élancent sous les applaudissements des 10000 spectateurs présents. Seul Hans Junkerman manque à l’appel. Victime d’une chute, la veille sur le vélodrome de Reims, il a dû déclaré forfait.

L’épreuve débute mal pour Raymond Poulidor qui dès le 6 ème tour doit changer de roue. L’Anglais Brian Robinson est le premier attaquant. Jean Dotto l’accompagne mais sous l’impulsion de Raymond Poulidor et de Jacques Anquetil, le peloton se reforme au 20 ème passage.

A l’annonce d’une importante prime, un sprint très serré entre Raymond Poulidor et Jean Gainche permet au Limousin de s’imposer sous les ovations des spectateurs déchainés.

A 45 tours de l’arrivée, l’Italien Guido Carlesi place une violente attaque. Il porte  son avance rapidement à 50 secondes. Henri Anglade, lancé à sa poursuite, va parvenir à le rejoindre au 52 ème passage. Derrière eux, un contre est parti avec Arnaldo Pambianco, André Darrigade, Brian Robinson, Jean Gainche, Charly Gaul, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor.

La jonction à peine réalisée, Henri Anglade et Raymond Poulidor se sauvent. Ils ne seront plus rejoints et c’est encouragé par un public en délire que Raymond Poulidor remporte le 1 er Critérium International de la Ville de Limoges..

Après l’arrivée au micro de Jean Tamain, Raymond Poulidor s’avouait comblé  : Je voulais gagner ce 1 er Grand Prix de la Ville de Limoges. C’était la première fois que je portais mon maillot tricolore. J’avais reconnu le circuit dans la journée il me convenait car l’escalade de l’avenue Jean Gagnant n’est pas aussi facile que l’on pourrait le croire. Anglade a été un difficile adversaire je ne pensais pas pouvoir le battre. 

Henri Anglade, animateur de l’épreuve se montrait un peu déçu : Il me faut gagner des Critériums. Marcel Bidot me reproche de ne pas marcher et ainsi, il ne m’a pas retenu pour les championnats du monde à Berne. Aujourd’hui, j’étais bien et je ne crois pas avoir déçu mais, cette seconde place derrière le numéro un français ne suffira certainement pas à prouver ma condition. Que voulez vous, je ferais l’impossible pour convaincre Mr Bidot. 

Jacques Anquetil se montrait, par contre, très satisfait : C’est la première fois que je viens à Limoges mais quel chic public. Je ne m’étonne plus de la réputation du Pays de la Porcelaine et désormais lorsque l’on me proposera de revenir je répondrais oui. Ce critérium était difficile, le circuit fait d’un côte et d’une longue descente ne m’avantageait pas.  Peu à peu, je me suis adapté mais ce diable de Raymond, lorsqu’on le croit au bout du rouleau, il sait déclencher une vitesse secrète qui lui permet de nous laisser sans réaction. 

Le second du Tour, Guido Carlesi,  a trouvé le circuit difficile : Après le Tour nous ne sommes pas habitués à rouler aussi difficilement. La longueur de ce critérium nous a coupé les jambes mais cela a un avantage, nous nous préparons pour Berne, ne l’oublions pas.  

Pour cette première, lorsque les lampions se sont éteints, les dirigeants pouvaient se féliciter du succès de leur organisation.

 

Raymond Poulidor et Henri Anglade encadrés par le speaker Jean Tamain et le Président de l'UVL, Jean Germaneau.

1961 – En bonus – La revanche des Championnats du Monde.

Grisés par le succès de cette première édition, les dirigeants de l’UVL vont faire encore plus fort quelques semaines plus tard en mettant sur pied une autre épreuve ouverte aux coureurs professionnels sur le même circuit de l’avenue Jean Gagnant.

Cette épreuve est présentée comme la revanche du championnat du monde disputé à Berne et remporté par Rik Van Looy. Elle prend le nom du Premier Critérium International de la Porcelaine. Le jeudi 7 septembre 1961, la présence du Champion du Monde, Rik Van Looy est annoncée. Il va avoir à ses côtés une partie de ceux qui, deux mois plus tôt, se sont affrontés sur le circuit de l’avenue Jean Gagnant. Comme il l’avait promis Jacques Anquetil  est à nouveau présent. Arnaldo Pambianco, André Darrigade, Jean Stablinski, Raymond Poulidor, Louis Bergaud sont également de la partie.  Des nouveaux ont aussi rejoint la capitale limousine, le lieutenant de Rick Van Looy  : Edgar Sorgeloos, le redoutable sprinter : Jean Graczyck, le triple vainqueur du Tour : Louison Bobet, le fidèle équipier de Raymond Poulidor : Robert Cazala.

Afin d’élever le nombre de participants à 25, les organisateurs ont sélectionné une dizaine d’indépendants qui vont,  comme le veut la tradition, jouer les troubles fêtes. Parmi ceux-ci  : le sostranien Jacques Pradaud vainqueur des Boucles du Bas Limousin, les coureurs du club organisateur, Raymond Hébras, Jean Marie BouzouPaul Doussaud, André Dufraisse, Yves Chabrier, Henri Poulidor et Hubert Fraisseix qui l’an prochain va franchir le rubicon, le coureur de la Pédale Marchoise Jean Folch, les coureurs du Cyclo Racing Club Limousin Maurice Réjasse et Jacques Tranchant qui vont participer à leur 1 ère nocturne internationale, le coureur de Chatellerault Claude Gabard, champion du Poitou des Indépendants, le coureur de Lalinde,  Claude Mazeaud qui vient d’être sacré champion de France des Indépendants à Pau et enfin Manuel Manzano, la révélation du Bol d’Or des Monédières où il a pris la 4 ème place.

Incontestablement les deux grands favoris de la soirée sont Rik Van Looy et Raymond Poulidor. Premier et troisième du championnat du Monde, les deux adversaires se connaissent parfaitement. Rik Van Looy n’a pas voulu se déplacer seul, il a,  avec lui, son fidèle lieutenant. C’est la preuve qu’il redoute Raymond Poulidor qui devant son public espère prendre sa revanche sur le champion du monde.

Le circuit est le même que celui du 1 er Critérium de Limoges. Le prix d’entrée a été fixé à 4 NF mais il y a une nouveauté, une tribune est accessible au tarif de 7 NF.  Autre amélioration, l’éclairage jugé trop faible a été renforcé.

A 21 h 25, Louis Longequeue, maire de Limoges donne le départ aux 25 engagés. Plus de 5000 personnes se sont déplacées pour l’événement.

Rik Van Looy montre ses intentions, dès le second tour,  en enlevant une prime de 10 NF malgré la résistance de Jean Graczyck.

La  »Puce du Cantal », Louis Bergaud est le premier à secouer le peloton mais il est rapidement ramené à la raison par le Belge Edgard Sorgeloos.

Il faut attendre le 30 ème passage pour assister à la première échappée sérieuse. Elle est l’oeuvre des frères Poulidor, Raymond et Henri, accompagnés de Jean Graczyck, de Jacques Anquetil et de Louis Bergaud.

A mi-course, sous l’impulsion du champion du monde, tout est à refaire. Le régional Hubert Fraisseix tente alors sa chance et il va rester en tête durant une dizaine de tours. Une nouvelle fois, Rik Van Looy bien épaulé par Edgar Sorgeloos ramène tout le peloton.

Le regroupement tout juste opéré, c’est un autre régional, porteur de son maillot de champion de France de Cyclo Cross qui va créer la surprise. André Dufraisse s’échappe en solitaire durant 5 tours et sa fugue va provoquer la bonne échappée. La riposte vient, une nouvelle fois du champion du monde Rik Van Looy qui entraine dans sa roue Raymond Poulidor, Jean Stablinski et Manuel Manzano. Maurice Réjasse avec un temps de retard se joint à la troupe. C’est la bonne échappée, les six ne vont plus se quitter.

A l’arrière, Jean Folch et Yves Chabrier  vont regagner les vestiaires et une chute va jeter à terre Jacques Pradaud, Edgar Sorgeloos et Claude Mazeaud. Ces deux derniers sont contraints à l’abandon.

A la cloche, les spectateurs limougeauds commencent à rêver d’un nouveau succès de leur idole Raymond Poulidor follement encouragé. Lançant le sprint de très loin, Rik Van Looy ne laisse aucune chance au Limousin qui doit se contenter de la seconde place. Maigre consolation, il a gagné une place par rapport à Berne. Malgré cela, le public limougeaud ne lui en veut pas et c’est sous un tonnerre d’applaudissements qu’il accède au podium.

 

Raymond Poulidor mène devant Jacques Anquetil et Rik Van Looy

1962 – Seconde victoire de Raymond Poulidor.

Les dirigeants de  l’UVL ont multiplié les efforts pour présenter au public les principales vedettes du Tour de France pour la 2 ème édition du Critérium de Limoges qui  se déroule le 19 juillet 1962. Treize coureurs professionnels et neuf indépendants ont répondu favorablement à l’appel des organisateurs. Si Jacques Anquetil qui vient de remporter son 3 ème Tour de France est absent, le porteur du maillot vert, l’allemand Rudy Altig, est annoncé tout comme le meilleur grimpeur du Tour, Fédérico Bahamontès surnommé l’Aigle de Tolède.

Sur la liste des engagés figurent de nombreux autres cracks :  Jean Stablinski qui  a remporté un 2 ème titre de champion de France à Revel ;  Rolf Wolfshohl, le spécialiste des sous bois qui est devenu un excellent routier ;  Jean Claude Lebaube, la révélation du Tour de France ;  l’Anglais Tom Simpson de l’équipe Gitane Leroux sacré coureur le plus aimable du Tour en 1960 ;  le Hollandais Albertus Geldermans 5 ème du  Tour et coéquipier de Jacques Anquetil ; le redoutable sprinter  de l’équipe Pelforth Sauvage Lejeune : Joseph Groussard dernier vainqueur du Critérium de Saint Claud.

Les protégés d’Antonin Magne, les coureurs au maillot violine avec à leur tête, Raymond Poulidor, 3 ème du Tour de France, sont venus en force. Jacques Gestraud : Champion de France Amateurs en 1961 et 3 ème des Mondiaux ;  Hubert Fraisseix  : néo pro compagnon d’entrainement de Raymond Poulidor ; Claude Mazeaud  : vainqueur des Boucles du Bas Limousin ; Manuel Manzano le vainqueur de Bordeaux Saintes et du Grand Prix d’Antibes ;

Les indépendants sont représentés par : Eugène Letendre  : vainqueur du Prix de la Renaissance d’Oradour sur Glane en 1959 et récent vainqueur du Prix de Bourganeuf  ; Fernand Delort, 3 ème de Bordeaux Saintes ; André Dufraisse Champion de France de Cyclo Cross et 3 ème du Championnat du Monde ; les régionaux avec Maurice Réjasse, vainqueur à Bussière Galant et récent vainqueur de la Nocturne des Coutures à Limoges, Yves Chabrier vainqueur à Aubusson et au championnat du Limousin des Sociétés ; Jean Folch, le rouleur creusois  vainqueur à Brive, au Prix d’Ouverture et au Prix de la Victoire et à Saint Dizier Leyrenne ; Raymond Hébras, vainqueur au championnat du Limousin des Sociétés ; Henri Poulidor prêt à épauler son frère ; Pierre Tymen, tout récent vainqueur du Prix de la Ville d’Ussel ;

Raymond Poulidor, le coureur  qui a été le plus applaudi au Parc des Princes est le favori numéro un. Il aura à coeur de confirmer sa 3 ème place du Tour et ses supporters n’attendent qu’une chose, le voir rééditer sa victoire de l’an dernier.

Petite déception pour les organisateurs, le nouveau champion du monde  de poursuite Rudy Altig et l’Anglais Tom Simpson ont déclaré forfait au tout dernier moment. Deux autres coureurs sont par contre présents, l’espagnol Juan Campillo coéquipier de Fédérico Bahamontès chez Margnat Paloma et le Parisien Michel Lépine.

C’est par un temps plutôt orageux que Mr Chenard, conseiller municipal, libère à 21 h 30 les 22 participants. Durant les 10 premiers tours Jean Claude Lebaube est le plus entreprenant mais, à chaque fois, les coureurs au maillot violine, sous la conduite de Manuel Manzano, ramènent le peloton.

Le jeune espagnol Juan Campillo va à son tour animer la course escorté par Joseph Groussard. A peine repris, Joseph Groussard repart avec dans sa roue, Manuel Manzano mais au 32 ème tour c’est un peloton groupé  qui passe la ligne en haut de l’avenue Jean Gagnant.

Les 40 premiers tours sont bouclés en 55 minutes. Au 50 ème passage, Frédérico Bahamontès se dresse sur les pédales. Son attaque provoque la réaction de Rolf Wolfshohl, de Juan Campillo et de Fernand Delort. Ces quatre hommes vont porter leur avance à 20 secondes mais Raymond Poulidor, André Dufraisse et Jean Stablinski ramènent le peloton qui a perdu Jean Folch et Henri Poulidor.

Durant une dizaine de tours le calme règne malgré les importantes primes distribuées.  Albertus Geldermans, Fernand Delort et le local Maurice Réjasse relancent la course, mais ce trio n’aura pas plus de chance.  Tout est à refaire au 70 ème passage.

Raymond Poulidor tente alors de fuir en compagnie de Manuel Manzano et de Jean Stablinski. Rolf Wolfshohl est le premier à réagir avec Juan Campillo et Fernand Delort. Après une belle poursuite Joseph Groussard remet les compteurs à zéro en ramenant tout le peloton qui a perdu Hubert Fraisseix et Claude Mazeaud.

A deux tours du final, en montant l’avenue Jean Gagnant, Raymond Poulidor accentue l’allure. 100 m puis 200 m d’avance, le trou est fait. C’est du délire dans le public.  Les 10000 spectateurs présents sont ravis. Avec une dizaine de secondes d’avance Raymond Poulidor franchit la ligne en première position. Fernand Delort l’un des grands animateurs de la soirée se permet le luxe de remporter le sprint pour la seconde place en devançant Joseph Groussard.

 

Le peloton sur la ligne de départ.

1963 – Henri Anglade remporte la 3 ème Nocturne de la Ville de Limoges.

Le jeudi 18 juillet 1963, les dirigeants de l’Union Vélocipédique Limousine sont sur le pont pour organiser la 3 ème édition du Critérium International de Limoges.

Les deux premiers du Tour de France du cinquantenaire, Jacques Anquetil et Fédérico Bahamontès figurent parmi les engagés. Le dimanche précédent, Jacques Anquetil a remporté son 4 ème Tour de France. Il a reçu les ovations du public du Parc des Princes alors que Raymond Poulidor a été sifflé par ses supporters déçus de sa 8 ème place. Fédérico Bahamontès, quant à lui, a remporté, pour la 5 ème fois, le classement du meilleur grimpeur.  Jacques Anquetil ne vient pas seul à Limoges, il a auprès de lui ses équipiers de l’équipe Saint Raphaël Gitane : son fidèle lieutenant : le champion du monde Jean Stablinski ; le porteur du maillot jaune jusqu’à Angers et qui a terminé second du championnat du monde à Salo : l’irlandais Seamus Elliott ; celui qui est devenu un spécialiste des courses par étapes et qui a terminé 4 ème du Tour : Jean-Claude Lebaube ; Guy Ignolin qui a terminé 3 ème du classement du meilleur grimpeur derrière Fédérico Bahamontès et Raymond Poulidor.

Dans la liste des engagés figurent également d’autres grands noms. L’allemand Rudy Altig qui prépare les championnats du monde sur route et sur piste et qui souhaite se faire pardonner son forfait sur l’édition précédente. Le Lyonnais de l’équipe Pelforth Sauvage Lejeune, Henri Anglade, second de la 1 ère édition derrière Raymond Poulidor compte bien prendre sa revanche. Raymond Poulidor a à coeur de faire oublier sa contre performance du Tour et il a auprès de lui celui qui a partagé sa chambre durant 21 jours, le coureur de Bellocq, Robert Cazala. Claude Mazeaud, Jacques Gestraud, René Serre et Hubert Fraisseix sont aussi au départ pour épauler l’enfant chéri du public limousin.

Pour donner la réplique à tous ces cracks de nombreux indépendants sont présents à la plus grande joie du public. Ce sont souvent eux, en effet, qui en titillant les pros donnent aux critériums un intérêt particulier. C’est ainsi que l’on  retrouve sur la ligne de départ : le champion du Poitou et champion de France de Cyclo Cross André Dufraisse qui a terminé aussi 3 ème du championnat du monde à Calais ; le creusois Jean Folch qui porte désormais les couleurs de l’UVL et qui s’est imposé à Tersannes, Salagnac Clairvivre et à La Roche Posay ; Henri Poulidor champion du Poitou des Sociétés ; Yves Chabrier champion du Poitou des Sociétés et vainqueur à Mérinchal ; Jacques Pradaud lui aussi nouveau licencié à l’UVL, champion du Poitou des Sociétés et vainqueur à Moutier Malcard, au Prix Charles Clément à Limoges, à Sauviat, à La Meyze, à Néris Les Bains et à la Nocturne des Coutures à Limoges ; Marius Archambaud champion du Poitou des Sociétés ; Mohamed Ben Brahim le coureur de Rabat surnommé Ben l’élégant par ses pairs ; Robert Magnan le coureur Niortais vainqueur à Bussière Galant ; Raphaël Sallat autre représentant de l’UVL.

Après la présentation des 25 participants par le speaker officiel Jean Tamain et après une poignée de main entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor, c’est par un temps très clément  que le départ est donné et l’ambiance est aussitôt créée. Le public encore plus nombreux que les années précédentes applaudit à tout va autant Anquetil que Poulidor.

A la plus grande joie des spectateurs les  »cracks » et les  »sans grades » vont se livrer une lutte acharnée tout au long de la soirée. Raymond Poulidor va être l’un des premiers attaquants mais Jean Stablinski se charge de ramener le peloton.

Au 16 ème passage, le coureur de l’UVL, Jean Foch se permet le luxe d’ajuster sur la ligne Jean Stablinski sur une importante prime.

Après 21 tours, c’est le puissant coureur Allemand, Rudy Altig, qui relance la course accompagné par le coureur de l’UVL, Marius Archambaud. Ces deux hommes vont poursuivre leur chevauchée durant une vingtaine de tours tout en glanant les primes distribuées par le speaker Jean Tamain. Jacques Anquetil, trouvant que la plaisanterie a assez duré, bouche le trou en ramenant  tout le peloton.

C’est un régional, l’ex champion de France des Indépendants, Claude Mazeaud, qui va être le grand animateur de la fin de soirée. Il s’enfuit en solitaire au 60 ème passage. Son attaque va provoquer la réaction de Jean Stablinski qui va se lancer à sa poursuite accompagné par deux  indépendants, Mohamed Ben Brahim et Jacques Pradaud. Sentant la bonne échappée, Jacques Anquetil qui est venu avec la ferme intention d’inscrire son nom au palmarès de l’épreuve se fait un devoir de ramener le gros de la troupe. La jonction opérée, Raymond Poulidor, qui souhaite faire la passe de trois, se dégage en force mais il est contré par un Henri Anglade revanchard. Le coureur Lyonnais d’adoption entraîne dans sa roue le minuscule Claude Mazeaud. Tous les deux foncent vers la ligne. Le sprint est serré entre les deux hommes mais c’est Henri Anglade qui s’impose, en haut de l’avenue Jean Gagnant.  A l’arrière, Rudy Altig démontre, une fois de plus, sa pointe de vitesse en réglant l’ensemble du peloton.

 

Le sprint entre Henri Anglade et Claude Mazeaud
Yves Viecelli aux côtés d'Henri Anglade qui répond aux questions du speaker Jean Tamain

1964 – 3 ème victoire pour Raymond Poulidor.

C’est à une véritable fête du Tour de France que les dirigeants de l’UVL convient les spectateurs à la 4 ème édition du Critérium International de Limoges,  le 18 juillet 1964, soit 48 heures après l’arrivée du Tour.

Le duel mythique que se sont livrés Jacques Anquetil et Raymond Poulidor dans l’ascension du Puy de Dôme est sans doute l’un des moments les plus mémorables de toute l’histoire de la Grande Boucle. Les fans des deux grands champions sont survoltés et si Jacques Anquetil, trop sollicité, a décliné l’invitation des organisateurs, Raymond Poulidor est bien là et l’enfant chéri des sportifs limousins doit s’attendre à un accueil extraordinaire.

Raymond Poulidor va avoir à ses côtés ses coéquipiers de l’équipe Mercier BP : le jeune britannique Barry Hoban ; le Pyrénéen Robert Poulot qui a bouclé, en rang honorable, son premier Tour de France ; Paul Vermeulen qui a été un excellent soutien pour Raymond Poulidor dans les Alpes ; Manuel Manzano un habitué du circuit et le néo pro Jean Pierre Genet, surnommé bouton d’or pour avoir porté le maillot de leader sur la Course de la Paix.

Face à eux, au rang des principaux favoris figurent les deux grimpeurs espagnols, Fédérico Bahamontès (Margnat Paloma) et Julio Jimenez (Kas). Ce dernier est passé tout près d’empêcher l’Aigle de Tolède de remporter pour la 6 ème fois le classement du meilleur grimpeur du Tour. Fédérico Bahamontès qui connait parfaitement le circuit de l’avenue Jean Gagnant a à ses côtés deux de ses coéquipiers, le vainqueur du Tour de Catalogne 1963,  Joseph Novalès et le recordman de victoires du Tour de France, le redoutable sprinter André Darrigade.

Anquetil absent, l’équipe  Saint Raphaël Gitane est tout de même représentée par le vainqueur du Tour de l’Avenir 1963, André Zimmermann, l’excellent grimpeur Louis Rostollan et par le néo pro Michel Grain.

Autres prétendants à la victoire, le belge Gilbert Desmet vainqueur de la Flèche Wallonne et porteur du maillot jaune pendant 10 jours dans le Tour de France 1963. Il faut aussi compter sur Camille Le Menn vainqueur du Critérium de Saint Claud.

Comme les années précédentes tous ces cracks ne seront pas toujours à la fête face aux indépendants qui seront là pour faire le spectacle. Parmi ceux-ci : Hubert Fraisseix qui depuis son retour chez les indés cumule les victoires. Vainqueur à Vic sur Cère, à Saint Junien et au Mars ; le rapide castelroussin Michel Dejouhannet vainqueur à Dun Le Palestel ; le coureur de Varennes Vauzelles, Bernard Matonnat ; Les représentants du club organisateur : André Dufraisse champion du Poitou de Cyclo Cross ; Yves Chabrier vainqueur à Reterre ; Paul Besse champion du Poitou des Sociétés, vainqueur à Rochechouart et à Saint Alpinien ; Alain Desplat, champion du Poitou des Sociétés et vainqueur à la Nocturne de Beaublanc à Limoges ; Marius Archambaud champion du Poitou des Sociétés ; Claude Mazeaud vainqueur à La Couronne.

Bien avant le début de l’épreuve l’ambiance est au top. Les spectateurs venant de la place Jourdan  peuvent admirer au siège de l’UVL un immense portrait de Raymond Poulidor et sur le circuit on ne compte plus les banderoles à l’honneur du champion Limousin. Jean Tamain qui sera quelques semaines plus tard le speaker officiel des Championnats du Monde à Sallanches, présente un à un les participants. Lorsqu’il arrive au dernier, porteur du dossard numéro 1, il se contente de dire : « Celui là, je n’ai pas besoin de vous le présenter  » et aussitôt le nom de Poulidor, ou plutôt, son prénom est scandé par une foule en délire. C’est dans cette ambiance survoltée que MLouis Longequeue, député maire de Limoges libère les 25 participants.

Les premiers tours sont animés par Michel Grain et Hubert Fraisseix. Puis, Manuel Manzano et le grimpeur Espagnol Julio Jimenez tentent leur chance au 22 ème passage. Raymond Poulidor va se charger de les faire rentrer dans le rang en ramenant l’ensemble du peloton.

Manuel Manzano, intenable remet sa tournée, cette fois ci, en compagnie de Joseph Novalès. Repris au 47 ème tour, il sont contrés par le coureur de l’UVL, Alain Desplat qui va marquer cette 4 ème nocturne, en caracolant en tête jusqu’au 60 ème passage.

Au 72 ème tour, Raymond Poulidor fait vibrer le public en montant à très vive allure l’avenue Jean Gagnant. Au sommet, ils ne sont que trois dans sa roue, André Zimmermann, et les deux uvélistes Hubert Fraisseix et Marius Archambaud. La bonne échappée est partie malgré une réaction d’Alain Desplat et de Manuel Manzano.

Raymond Poulidor, lançant le sprint de loin, l’emporte pour la 3 ème fois en quatre participations. Il devance dans l’ordre Hubert Fraisseix, Marius Archambaud et André Zimmermann.

1965 – Jan Janssen enlève la 5 ème Nocturne de Limoges.

Le 21 juillet 1965, près de 10000 spectateurs se sont déplacés pour assister à la 5 ème édition du Critérium d’après Tour de France. Le plateau présenté par les dirigeants de l’UVL est, une nouvelle fois, de qualité. Le surprenant vainqueur du Tour de France, le néo pro Félicé Gimondi est présent avec son beau maillot jaune. Il est accompagné par son équipier de l’équipe Salvarini, Arnaldo Pambianco. Jan Janssen, champion du monde en titre et  maillot vert du Tour de France est également présent tout comme l’Espagnol Julio Jiménez vainqueur du classement de la montagne.

Jacques Anquetil est lui aussi de retour dans la cité limougeaude après son remarquable exploit réalisé en enchaînant victorieusement le Critérium du Dauphiné Libéré et Bordeaux Paris.  Il a, à ses côtés, son fidèle compagnon de route de l’équipe Ford France, Jean Stablinski quadruple champion de France et champion du Monde 1962. Le néo pro de l’équipe Peugeot, Roger Pingeon  et l’expérimenté Jean Claude Lebaube de l’équipe Kamomé Dilecta ont aussi répondu favorablement à l’appel des organisateurs.

Raymond Poulidor espère que ses fans ne lui en voudront pas trop de s’être incliné devant le jeune coureur italien et il espère lever les bras pour la 4 ème fois en haut de l’avenue Jean Gagnant. Pour cela il peut compter sur l’aide de Jean Pierre Genet, de Jean Louis Bodin et de Robert Cazala.

Une dizaine d’indépendants vont compléter le peloton. André Dufraisse qui n’a manqué aucune édition. Le coureur de Varennes Vauzelles, Bernard Matonnat. Les coureurs de l’UVL, René Paulhiac, Paul Besse, Yves Chabrier, Marius Archambaud et Alain Desplat. Hubert Fraisseix qui porte maintenant les couleurs du VC La Souterraine et qui s’est imposé successivement à la cité Raoul Dautry et à la nocturne du Mas Neuf à Limoges, à Saint Amand, à Ambazac et à Naillat. Albert Peter, le jeune coureur du Cyclo Racing Club Limousin, champion du Poitou des Sociétés et vainqueur de la 3 ème étape du Tour de la Corrèze.

Les pancartes aux noms de Gimondi, d’Anquetil mais surtout de Poulidor sont brandies par les fans. Les « Vas y Poupou » remportent la palme lorsque que Mr Aristide Bariant baisse le drapeau, signal de départ pour les 22 participants qui doivent accomplir 60 tours de circuit.

Dès le 6 ème passage, le champion du monde, Jan Janssen et le vainqueur du Tour de France, Félicé Gimondi se portent en tête montrant ainsi qu’ils ne sont pas venus pour faire de la figuration. Jean Stablinski, provoque le regroupement quelques tours plus tard.

Jean Claude Lebaube et Jean Pierre Genet sortent à leur tour du peloton qui roule à vive allure. Tout est à recommencer au 37 ème passage qui voit attaquer le porteur du maillot Jaune Félicé Gimondi. L’Italien va rester seul en tête jusqu’au 48 ème tour. Une crevaison, la 2 ème de la soirée le fait rentrer dans le rang. Pire même , n’ayant plus de roue, le temps d’emprunter une roue d’un autre concurrent, il va perdre un tour sur le peloton.

Prenant la relève, Jan Janssen place une franche attaque et le porteur du maillot arc en ciel ne sera plus rejoint et ce malgré la chasse organisée par Jean Stablinski, Raymond Poulidor, Jacques Anquetil et Hubert Fraisseix. Il va retrouver un compagnon de route durant les 10 derniers tours en la personne de Félicé Gimondi qui tente de refaire son retard.

C’est finalement avec une petite dizaine de secondes d’avance qu’il va franchir en vainqueur la ligne d’arrivée. Jean Louis Bodin règle tout le monde pour la seconde place. A noter la belle 5 ème place du coureur de l’UVL, Paul Besse. Après l’arrivée, Raymond Poulidor qui avait craint d’affronter ses supporters après son échec sur les routes du Tour se montre plutôt rassuré. « Je crois avoir beaucoup trop couru avant le Tour. Il aurait fallu, sans doute, éviter quelques courses par étapes mais, c’est du passé. De toute façon, Félicé Gimondi est un grand champion ». 

 

Felicé Gimondi qui compte un tour de retard et Jan Janssen ont tenu à sprinter pour l'arrivée.

1966 – Rudy Altig remporte le 6 ème Critérium International de Limoges.

Le 20 juillet 1966, les dirigeants de l’UVL invitent pour la 6 ème fois, les sportifs limougeauds à venir applaudir les  »Tour de France ».  Six jours après l’après l’arrivée du Tour, les trois premiers sont présents à Limoges.

Jacques Anquetil souffrant a abandonné lors de la 19 ème étape après avoir joué à qui perd gagne avec Raymond Poulidor. Il a fait ses adieux au Tour de France après avoir apporté tout son soutien à son équipier de l’équipe Ford France, Lucien Aimar qui n’a pas raté l’occasion. Lucien Aimar est au départ à Limoges avec son équipier Julio Jimenez vainqueur à Briançon et meilleur grimpeur du Tour

Jan Janssen le vainqueur de l’édition précédente  a terminé second du Tour et le coureur de l’équipe Pelforth revient à Limoges pour réussir le doublé.

Raymond Poulidor  vainqueur à Vals Les Bains a terminé une nouvelle fois sur le podium du Tour.  Sa 3 ème place a tout de même un petit goût amère. Il n’a pas pu profiter de l’abandon de son grand rival Jacques Anquetil pour l’emporter.  Ses fans sont convaincus que Maitre Jacques a tout fait pour l’en empêcher en le piégeant malicieusement au profit de Lucien Aimar. Raymond Poulidor a auprès de lui son fidèle lieutenant Robert Cazala et Gilbert Bellone vainqueur d’une étape au Critérium International.

Les italiens sont très bien représentés avec au départ, Gianni Motta vainqueur du Giro et par les deux coureurs de l’équipe Filotex, Franco Bitossi vainqueur de l’étape Briançon – Turin et Marcello Mugnaini, 5 ème du Tour et vainqueur de l’étape Pau –  Luchon.

Rudy Altig équipier de Gianni Motta chez Molteni est aussi présent après ses 3 victoires d’étapes à Charleville, Revel et au Parc des Princes à Paris.

L’équipe Peugeot est représenté par Roger Pingeon, 8 ème du Tour et par le coureur Allemand Karl Kundé, 9 ème du Tour.

Le local et néo pro, Alain Desplat est accompagné par ses équipiers de l’équipe Kamomé Dilecta, Guy Epaud, Maurice Benet et Alain Le Grevès.

Les coureurs indépendants invités sont au nombre de huit. Hubert Fraisseix du VC La Souterraine vainqueur à Moutier Malcard, au Tour du Mont à Aubusson, à Fromental, à Ambazac, à Saint Yrieix La Perche, à Sauviat et à Chambon sur Voueize. Henri Rabaute, du CRCL, vainqueur de la Nocturne du Vigenal à Limoges.  Albert Peter, du CRCL, champion du Limousin de Cyclo Cross et vainqueur sur route, à Couzeix, Saint Sulpice Laurière, Eymoutiers et Ussel. Michel Roudier, le coureur de Commentry. Michel Dejouhannet licencié à l’AVC Chateauroux. Claude Mazeaud licencié à Lalinde et vainqueur du Prix Philips à Brive. Michel Leblanc des Girondins de Bordeaux vainqueur au Dorat.

Le député maire de Limoges, Louis Longequeue, a à peine abaissé le drapeau que Gianni Motta et Roger Pingeon se lancent à l’attaque. Lucien Aimar et Maurice Benet sont les plus prompts à réagir. Maurice Benet qui a fait l’objet d’une émission télé intitulée  »Un inconnu sur le Tour » a bouclé le Tour à la 45 ème place. Le facétieux Rudy Altig qui sait aussi se faire mal quand il le faut, va ramener tout le peloton sur les fuyards.

Raymond Poulidor va, à de nombreuses reprises, faire monter l’ambiance en plaçant de nombreuses attaques.  Le public d’abord réservé à son encontre va changer d’attitude au fil de ses démarrages. Ces coups de butoir vont faire échouer une tentative sérieuse de Lucien Aimar et de Gianni Motta.

Le calme revenu, c’est le local Albert Peter qui va se permettre le luxe de rester en tête de course durant une dizaine de tours. Il s’était auparavant distingué en raflant une prime au rapide sprinter Jan Janssen.  L’Espagnol, Julio Jimenez et le Royannais Guy Epaud comblent le trou. Rejoint, Albert Peter ne peut plus suivre le rythme imposé par les deux fuyards. L’échappée semble sérieuse mais c’est sans compter sur la hargne du puissant Rudy Altig. Le contre va s’avérer payant, Rudy Altig se retrouve seul en tête, il ne sera plus inquiété jusqu’à la ligne d’arrivée qu’il franchit avec plus de 30 secondes d’avance et une roue arrière à plat !

C’est le triomphe des étrangers. Franco Bitossi passe la ligne en seconde position avec 10 secondes d’avance sur le peloton dont le sprint est réglé par le Hollandais Jan Janssen.

Malgré le temps maussade, le public s’est à nouveau déplacé en masse. Il est vrai que la seule présence de Raymond Poulidor est un gage de succès pour les organisateurs. Mais la concurrence est rude pour les organisateurs des critériums. Il est, en effet, de plus en plus difficile de présenter un plateau avec les meilleurs pros du moment. Au soir de cette 6 ème édition, les dirigeants de l’UVL s’interrogent sur la pérennité de leur épreuve.

Louis Longequeue abaisse le drapeau sous le regard de Jean Germaneau, président de l'UVL.
Ginni Motta - Raymond Poulidor - Lucien Aimar

1972 – Une dernière pour Raymond Poulidor.

Il faut attendre 1972 pour revoir les Pros avenue Jean Gagnant.

Ce retour est dû à l’initiative du coureur limougeaud Henri Rabaute.   L’ex pro de l’équipe Peugeot qui a apporté un énorme soutien à Eddy Merckx sur le Giro est frustré que Limoges n’accueille plus les Pros. Voilà 6 ans que Raymond Poulidor n’a pas couru dans sa ville. Sollicités, les dirigeants de l’UVL décident d’apporter leur soutien à  »Riton ». Le nombre de critériums d’après tour commencent à diminuer et les dates proches de l’arrivée du Tour sont particulièrement convoitées par les organisateurs. Tous les organisateurs souhaitent la présence de Raymond Poulidor gage de succès de leur épreuve. La concurrence est donc rude.  Initialement prévue 48 h après l’arrivée du Tour de France, faute de combattants, l’épreuve a été reportée au 28 octobre 1972.

Le départ est prévu à 15 h, mais Henri Rabaute n’est pas au bout de ses peines. Quatre jours avant l’épreuve les services préfectoraux jugent insurmontables les problèmes de sécurité et de circulation, un samedi après midi dans les rues de Limoges. L’épreuve est purement et simplement annulée. Finalement, au tout dernier moment, un accord est trouvé, l’épreuve se déroulera en nocturne.

Pour ce retour, le circuit est modifié de même que la formule. C’est sous forme d’omnium que va se dérouler l’épreuve avec une course de vitesse, une individuelle contre la montre, une poursuite par équipe, une éliminatoire et une individuelle sur 30 tours, le tout sur les deux voies de l’avenue Jean Gagnant. Le public aura ainsi la possibilité de voir en permanence les coureurs sur le circuit.

Raymond Poulidor est heureux de retrouver ses fans après avoir terminé 3 ème du Tour remporté par Eddy Merckx. Il est le seul représentant de l’équipe Gan Mercier.

19 autres coureurs ont répondu favorablement à l’appel des organisateurs.

Le Hollandais  de l’équipe Beaulieu Flandria, Joop  Zoetemelk, qui a terminé 5 ème du Tour. Il a remplacé, au tout dernier moment, Cyrille Guimard retenu pour les 6 Jours de Grenoble.

L’équipe Sonolor est représenté par Yves Hézard,  vainqueur de la 7 ème étape  et 7 ème du Tour et vainqueur final des 4 Jours de Dunkerque. Il est accompagné par Raymond Riotte et par Bernard Guyot vice Champion de France.

L’équipe Bic aligne au départ Bernard Labourdette vainqueur de l’Etoile des Espoirs, Francis Campaner et Francis Ducreux.

Lucien Aimar est lui aussi de retour à Limoges. Il porte désormais les couleurs de l’équipe Rokado Colders. Avec lui, Gilbert Bellone et Jean Graczyck ont fait le déplacement.

Le local Jean Claude Daunat membre de l’équipe Gitane est présent avec  Bernard Dupuch.

Henri Rabaute a aussi contacté ses anciens équipiers de l’équipe Peugeot et ils sont venus en nombre avec Jean Pierre Danguillaume vainqueur du Trophée des Grimpeurs, Christian Raymond, Julien Ferdinand et Jean Pierre Parenteau.

S’il y a un homme particulièrement heureux au départ c’est bien le limougeaud Jean Pierre Guitard qui pour l’occasion va débuter sa carrière professionnelle à Limoges avec le maillot de l’équipe Peugeot sur le dos. Le vainqueur de la Route de France et de Paris Evreux est aux anges. Dans les jours précédents il s’est empressé de remplir tous les formulaires pour être au rendez vous avec son nouveau maillot.

Claude Mazeaud de Lalinde et l’ex pro Albert Frigo ont également signé la feuille d’émargement.

C’est un public plutôt clairsemé qui est venu encouragé les 20 coureurs présents. Le froid et la chaussée humide n’ont pas arrangé les choses. Le speaker Maurice Jouhault a bien du mal à faire grimper l’ambiance de la soirée.

La réunion débute par une épreuve de vitesse par équipes.  Lucien Aimar associé à Yves Hézard s’imposent face à Raymond Poulidor associé à Joop  Zoetemelk.

Tous les concurrents disputent ensuite une course par élimination. Après un tour d’échauffement le coureur qui passe la ligne en dernière position est éliminé. Raymond Riotte va caracoler seul en tête, il se met ainsi à l’abri  de l’élimination et il remporte assez facilement cette épreuve. La lutte pour les places d’honneur a, par contre, donné lieu à de beaux duels. Jean Pierre Guitard en s’imposant à l’issue d’un sprint magnifique face à Gilbert Bellone s’empare de la seconde place.

Les spectateurs limougeauds assistent ensuite à une poursuite par équipe et cette fois-ci c’est l’équipe Poulidor – Zoetemelk qui prend le meilleur sur l’équipe Aimar – Hézard.

La dernière épreuve est une individuelle sur 30 tours de circuit. Raymond Poulidor va faire une véritable démonstration. Il s’impose devant Joop Zoetemelk et Francis Campaner.

Raymond Poulidor, le vainqueur de Paris Nice, est donc resté maître chez lui sans prendre trop de risques. Il se montre satisfait au micro du speaker Maurice Jouhault : « J’aime me retrouver sur cette avenue. Malheureusement la date est un peu trop tardive. Nous ne sommes pas sur la côte d’Azur et qui plus est en nocturne, il ne fallait pas s’attendre à un temps doux. C’est la raison sans doute qui fait que le public ait boudé cette manifestation. Je le comprends mais c’est dommage, la formule est excellente. La saison est pratiquement terminée et après une tournée en Espagne je rentrerai à Saint Léonard pour me reposer en attendant le cyclo cross de Sauviat ». 

Pour ses débuts parmi les pros, Jean Pierre Guitard est, lui aussi, très satisfait : « Ils ne m’ont pas fait de cadeaux et pour la seconde place, Gilbert Bellone ne voulait pas me laisser passer. On s’est frotté aux barrières mais je me devais de m’imposer devant mon public ». 

Cette 7 ème édition sera malheureusement la dernière, il n’y aura pas d’autre critérium ouvert au pros dans la cité limousine.

 

Lors de l'individuelle Raymond Poulidor mène devant Jean Pierre Guitard sous le regard de Joop Zoetemelk.

Sources des données retranscrites : Archives du Populaire du Centre (articles et photos).