Cyclisme en Limousin

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Paris – Limoges

1927 – Premier Paris – Limoges. La victoire pour Antonin Magne.

Le premier Paris-Limoges voit le jour le 28 août 1927 à l’initiative de Marc Parot, président de l’Union Cycliste Limousine.

Tout n’a pas été simple pour ce grand dirigeant sportif qu’était Marc Parot. Dans les semaines précédant l’épreuve, une polémique a éclaté entre les deux clubs de Limoges, l’Union Cycliste Limousine et le Racing Club Limousin et c’est par voie de presse que les deux clubs vont étaler leurs différents.

Pour mieux comprendre l’origine du conflit, il faut savoir que Marc Parot a créé en 1904, le Racing Club Limousin et qu’il a été, la même année, un des principaux artisans de la construction du vélodrome du Grand Treuil à Limoges. En 1926, Marc Parot a créé un nouveau club, l’Union Cycliste Limousine. En 1927, le vélodrome du Grand Treuil est géré par le Racing Club Limousin. Marc Parot a donc logiquement sollicité les dirigeants du RCL afin d’obtenir l’autorisation d’utiliser le vélodrome pour l’arrivée du premier Paris-Limoges. Il a reçu une fin de non recevoir des dirigeants du RCL.  Les membres du RCL reprochent à Marc Parot son côté anti sportif et jettent un fort discrédit sue cette nouvelle épreuve Paris-Limoges, selon eux, vouée à l’échec. Tout ceci est étalé dans les colonnes de la presse régionale et ce conflit et peut être à l’origine de la mésentente qui va régner entre les dirigeants des deux clubs de Limoges et qui va perdurer durant de très nombreuses années et ceci pas toujours dans l’intérêt du cyclisme régional.

Marc Parot ne se décourage pas pour autant. Les allées de Beaublanc serviront de cadre pour l’arrivée du premier Paris-Limoges et ce d’autant plus qu’une grande manifestation sportive (cyclisme, athlétisme, gymnastique, boxe) est prévue, ce jour là, dans le quartier Montjovis tout proche.

Ainsi donc, le 28 août 1927, avec le concours du journal l’Auto, 43 courageux cyclistes s’élancent de la Croix de Berny, à une heure du matin, pour accomplir les 394 km du parcours.

Cette première édition va remporter un énorme succès. Tout au long du parcours, à chaque agglomération, des centaines voire des milliers de spectateurs vont applaudir les coureurs. Ni la poussière, ni la distance, ni les côtes du Limousin ne vont décourager les participants.

Dès le début, le train est rapide. Peu après Longjumeau, un coureur chute sur les rails à un passage à niveau. Ce sera le seul incident de la course.

Profitant d’une erreur de parcours de certains concurrents, quatre  coureurs se font la malle : René  Gérard,  Emile Faillu, Gabriel Marcillac, Onésime Boucheron. La chasse s’organise et au contrôle d’Orléans, ils ne possèdent plus qu’une très faible avance.  Quelques kilomètres plus loin,  35 coureurs  roulent, à nouveau, ensemble.

A Vierzon, à 7h 30′  (km 186), 31 coureurs s’arrêtent pour se ravitailler rapidement.

A Vatan (km 202), Antonin Magne,  de l’équipe Alléluia Wolber, se sauve. Il reste pourtant 180 km à parcourir.

A Chateauroux (km 242), Antonin Magne possède une minute d’avance sur Queroult et Marcel Gobillot. A 2′ passe un premier peloton comprenant, le Charentais Paul Lerme, Onésime Boucheron, Pierre Magne, Marcel Colleu, Eugène Gréau, René Gérard, Alexandre Le Breton, Marcel Godard, Lucien Rich, Rochambaud et Arsène Alancourt.

A Argenton sur Creuse (km 270), Antonin Magne a porté son avance à 2′ sur ses poursuivants conduits par Marcel Colleu.

A La Souterraine (km 314), Antonin Magne possède désormais 4′ sur Marcel Colleu, Pierre Magne, Ernest Neuhard, Arsène Alancourt et René Gérard.

Victime d’une crevaison, 17 km avant Bellac, Antonin Magne, est rejoint par Benoit Faure, Marcel Colleu, Onésime Boucheron  et René Gérard. A la sortie de Bellac, Onésime Boucheron, victime d’une terrible défaillance ne peut plus suivre le rythme imposé.

A Chamboret, René Gérard subit le même sort. Tous deux sont rejoints par Ernest Neuhard auteur d’un beau retour.

A Peyrilhac, à 23 km de l’arrivée, Antonin magne et Marcel Colleu sont suivis par une trentaine de voitures qui soulèvent un nuage de poussière. La côte de La Poitevine, permet à Antonin Magne de se débarrasser de Marcel Colleu. Antonin Magne  fonce désormais seul vers l’arrivée.

A 14h 56′, soit avec trois quart d’avance sur l’horaire le plus optimiste, Antonin Magne, fait son apparition sur l’Allée de Beaublanc. Des milliers de personnes lui font une ovation amplement méritée. Antonin Magne, le coureur de Gargan Livry,  vient de remporter le premier Paris Limoges en 13h 56′ 2″ soit à 28 km/h de moyenne.

Le service d’ordre, assuré par la police et par des gendarmes à cheval, maintient les spectateurs derrière les barrières et c’est en toute sécurité que termine en seconde position, à 4′ 46″, Marcel Colleu. Arrivent ensuite, en ordre dispersé, Ernest Neuhard  à 8′, André Dumont  à 9′, René Gérard  à 11′, Benoit Faure  à 13′.

Pour la 7ème place, Onésime Boucheron, le grand zizi, aimé du public Limousin,  règle au sprint, Pierre Magne et Marcel Gobillot.

A 24′, Arsène Alencourt, Jules Matton, Ernesto Bariffi, Geroult et Raphaël Calmette franchissent à leur tour la ligne d’arrivée à Beaublanc. A noter la 15ème place du local Léon Granger qui termine à 1h 16′ du vainqueur.

Pour un premier essai ce fut un coup de maître. Désormais Paris-Limoges va prendre place parmi les grandes classiques sur route.

 

Antonin Magne

1928 – Victoire au sprint du Tourangeaud René Gérard.

Un an plus tard, le 26 août 1928, le second Paris Limoges  est attendu avec impatience. 10250 francs de prix vont récompenser les coureurs dont 3500 francs au premier. La route nationale a été refaite, tout s’annonce  donc sous les meilleurs auspices.

Pour tenir en haleine les passionnés de cyclisme, des feuilles indiquant la position des concurrents aux passages des contrôles d’Orléans, de Vierzon, de Chateauroux et de La Souterraine seront affichées dans les  différents cafés de la ville de Limoges.

Cette seconde édition va connaître un succès encore plus grand que l’année précédente. Jamais une foule aussi importante n’a pénétré dans l’enceinte du vélodrome du Grand Treuil où est jugée l’arrivée.

Tout a débuté, à minuit, à la Porte d’Orléans, à Paris, où sont distribués les dossards. Les coureurs arrivent les uns après les autres, leur musette sur le dos, vêtus d’un épais chandail et de culottes cyclistes munies de guêtres. Les plus connus sont Eugène Gréau, Marcel Huot, Joseph Mauclair, René Gérard, Marius Gallottini, Ernest Neuhard, Paul Lerme, Benoit et Eugène Faure.

Sur les 32 inscrits, 26 ont retiré leur dossard , Léon Granger, le sympathique coureur de Limoges est parmi eux. Un autre régional Léon Videau de Saint Yrieix La Perche est aussi de la fête. Le porteur du dossard 3, Jouvelat, ne passe pas inaperçu.  Agé de 36 ans, avec sa moustache à la gauloise et son fort embonpoint il est boucher à Montmartre, et il s’aligne à son 2 ème Paris-Limoges. Il a  pour objectif de rallier le Limousin afin d’y passer ses vacances.

Le départ officiel est donné à la Croix de Berny dans la nuit noire. Deux douzaines de cyclistes amateurs se sont joints au peloton et parmi eux une jeune fille très entourée par certains coureurs.

A Longjumeau, l’allure rapide à près de 40 kilomètre heure rejette à l’arrière le vétéran Jouvelat. Le train va toutefois ralentir et à Etampes, à 4h 30, Jouvelat est à nouveau au sein du peloton.  Les coureurs se restaurent et avancent à une allure de tortue.

A Angerville, le jour se lève et les coureurs  eux aussi se réveillent. Peu avant Orléans, Arthur Filliaert brise sa fourche. C’est la fin de l’aventure pour lui.

Il est 7 h 30 lorsque 23 coureurs se présentent ensemble au premier contrôle. Après avoir passé la Loire, les attaques de Benoit Faure et de Paul Lerme ne provoquent pas de sélection. Le peloton reste compact.  Eugène Gréau tente sa chance, à son tour, mais il est repris après 5 kilomètres de poursuite. Il est vrai qu’il a ralenti l’allure en faisant un brin de causette à des jeunes spectatrices sensibles au charmes de ce beau garçon. Ernesto Bariffi, quant à lui, enfourne une douzaine de bananes et boit des litres d’eau qui vont lui coûter très cher dans l’après midi.

A 8h 15, après 170 km parcourus, la course  démarre véritablement. Eugène Gréau, Marcel Huot, Paul Filliat, Georges Leblanc, René Gérard, Benoit et Eugène Faure prennent les devants mais 10 km après la Motte Beuvron tout rentre dans l’ordre à nouveau.

A Vatan, au km 203, le peloton est scindé en trois puis se ressoude mais cette bagarre a rejeté à l’arrière le jeune Léon Videau.

A midi quinze, 19 coureurs signent ensemble à Chateauroux. Rien à signaler jusqu’à Argenton où Lucien Laval remporte la prime de 50 francs. Dans la côte, à la sortie d’Argenton, Gallottini, Paul Filliat, Léon Granger, Georges Leblanc et Pierre Beffarat sont décramponnés.

Un fort vent de face ralentit l’allure ce qui permet à Léon Granger, André Dumont et Prosper Sadoul de regagner la tête de course dans la côte de Le Fay,  peu avant La Souterraine.

Joseph Mauclair, Henri Ours, Marcel Huot, René Gérard, Lucien Laval, Ernesto Bariffi, Benoit Faure, Ernest Neuhart et Arthur Filliaert mènent la course dans la traversée de La Fayolle.

Au ravitaillement de La Souterraine (306 km), ils ne sont plus que huit ensemble. Ernesto Bariffi qui n’a pas digéré ses bananes,  victime d’une indigestion, abandonne.

Les côtes de Bessines (km 336) vont être les juges de paix. A 34 km de l’arrivée, Benoit Faure est seul en tête. Il augmente son avance mais il a trop présumé de ses forces.  Dans la côte de Bonnac La Côte, René Gérard, Paul Filliat et son jeune frère Eugène le reprennent. Quelques kilomètres plus loin, victime d’une crevaison, Paul Filliat doit laisser filer ses compagnons de route.

Les trois hommes de tête arrivent au vélodrome à 17h 35. Acclamés par des milliers de spectateurs, ils se disputent la victoire et à l’issue des deux tours de piste, après une erreur tactique de son jeune frère, Benoit Faure s’incline au sprint, d’une roue face au Tourangeaud René Gérard.  Benoit Faure qui aurait mérité la victoire pleure toutes les larmes de son corps. Le malchanceux Paul Filliat prend la 4 ème place à 7′ du trio de tête.  Quant à Léon Granger, il prend la 13 ème place à 41′ du vainqueur.

Cette seconde édition aura été un succès. A partir de Razès, il y avait du monde tout au long de la route et la haie grossissait jusqu’à l’entrée du vélodrome. Ce sont près de 25000 spectateurs qui se sont déplacés.

René Gérard a couvert les 362 km en 14h 32″. 13 coureurs ont terminé l’épreuve.

René Gérard

1929 – Antonin Magne pour la seconde fois.

Le 25 août 1929, ils sont 24 au départ de cette 3 ème édition. Parmi ceux-ci, Charles Fleury qui vient de gagner le Critérium des Amateurs de Paris est le premier à signer la feuille d’émargement. Parmi les favoris, il faut citer le vainqueur de la première édition Antonin Magne. On note aussi au départ, Georges Cuvelier et Léon Chené. Parmi les régionaux, on retrouve Léon Granger accompagné de Vincent Buissan et du coureur de Bellac Antoine Pommier.

A 2h 30, le cortège s’ébranle pour rejoindre la Croix de Berny. Le temps est superbe, ni trop chaud ni trop froid. Des taxis et des cyclistes amateurs, bien gênants, tiennent absolument à faire un bout de chemin avec les coureurs. Marcel Gobillot est la première victime des crevaisons, imité peu après par Roger Grégoire. Jusqu’au lever du jour il ne va rien se passer. A Angerville, enveloppé dans le brouillard, l’allure reste modérée.

Une accélération se produit à Bury à l’initiative de Marcel Gobillot et de Charles Fleury qui vont rester en tête durant quelques kilomètres à une allure de 45 km/h.

Au 82 ème km, à Arthenay, les crevaisons se succèdent pour Roger Grégoire, Roger Lebas, Louis André Schaffner et Georges Cuvelier.

Orléans (km 102) est atteint à 7 h soit avec 45′ de retard sur l’horaire prévu.  Le peloton toujours groupé passe à Salbris à 9h. Charles Fleury repart à l’attaque mais sans plus de succès.

Rien à signaler jusqu’à Vierzon où, à la sortie de la ville, Léon Granger est distancé et Prosper Sadoul tombe sur les rails du tramway.

A 20 km de Châteauroux, Léon Chené est victime d’une crevaison, le vainqueur de Marseille-Lyon va mettre 8 km avant de réintégrer le peloton.

A Argenton, 18 coureurs sont groupés. La bataille fait désormais rage. La décision se fait dans la côte de Le Fay (km 282). Léon Chené passe à l’attaque. Il est contré par Charles Fleury puis par Antonin Magne. Six hommes franchissent le sommet ensemble. Antonin Magne, Lucien Batel, Georges Cuvelier, René Gérard, Charles Fleury et Marcel Gobillot.

A La Souterraine, Antonin Magne embraye. Seul René Gérard parvient à prendre sa roue.  Malheureusement une crevaison lui fait perdre toutes ses chances.

A Saint Maurice La Souterraine, Antonin Magne a 2′ 15″ d’avance sur Charles Fleury, Louis André Schaffner et Lucien Batel. Epuisé ce dernier abandonne la poursuite.

Dans la côte de Morterolles, Charles Fleury doit laisser filer Louis André Schaffner qui est désormais le seul poursuivant derrière Antonin Magne. Le vainqueur de 1927 ne faiblit pas. Bien au contraire, les côtes de Bessines et de Razès lui permettent d’accentuer son avance et c’est avec 11 minutes d’avance qu’il pénètre sur la piste en ciment du vélodrome du Grand Treuil. Ovationné durant les deux tours de piste par une foule en délire, Antonin Magne vient d’inscrire pour la seconde fois son nom au palmarès de Paris-Limoges. Louis André Schaffner s’empare de la seconde place puis viennent dans l’ordre à 17′ René Gérard, à 20′ Marcel Gobillot et Lucien Batel.

Une belle ovation salue la 15 ème place de Léon Granger qui termine à 53′ et qui devance le second régional Vincent Buissan.

Antonin Magne a couvert la distance en 12h 55′ soit  en une heure de moins que sa victoire de 1927.

 

1930 – Julien Moineau s’envole.

24 août 1930, Marc Parot et les dirigeants de l’UCL sont satisfaits, ils sont 41 à avoir fait parvenir leur engagement pour participer au 4 ème Paris-Limoges.

La course va être très animée malgré les bourrasques de vent qui vont accompagner les coureurs à partir d’Etampes. Parmi les favoris qui vont rendre les armes dès Orléans on retrouve l’Espagnol Salvador Cardonna BalbatrePierre Jouel et Cancellier.

Gowaert et Arturo Bresciani sont les plus remuants. La course se décante à Argenton suite à une attaque du régional Vincent Buissan. Il entraîne avec lui, Gowaert, Julien PerrainEmile Decroix, Louis André Schaffner, Julien Moineau, Robert Brugère, André Godinat, Prosper Sadoul, Marcel Gobillot, Arturo Bresciani, Ernest Neuhard, Roger Gaumont, Ernesto Bariffi, Vincent Bernard et le régional Georges Moulin.

Une nouvelle fois, la côte de Le Fay, entre Argenton et La Souterraine, provoque la sélection. Ils ne sont plus que huit à La Souterraine  : Julien Perrain, Gowaert, Louis André Schaffner, Julien Moineau, Robert Brugère, André Godinat, Emile Decroix et René Gérard.

Dans les rues sinueuses de La Souterraine, le groupe de tête perd André Godinat et Louis André Schaffner.

A Saint Maurice La Souterraine, Julien Moineau s’arrête pour changer de braquet et au prix d’un bel effort, il rejoint rapidement la tête de course. La côte qui précède Bessines permet à Julien Moineau, Roger Brugère et Emile Decroix de prendre 200 m d’avance.

Au sommet de la côte de Bessines, Julien Moineau dans un style souple et puissant décroche ses adversaires. Il s’enfuit à toute pédales vers le but. La côte de Razès est avalée avec une facilité déconcertante. Il franchit le sommet avec 3′ d’avance et c’est avec 6′ qu’il entre au vélodrome sous les acclamations de la foule des spectateurs.

René Gérard, Julien Perrain et Ernest Neuhard qui sont parvenus à rejoindre Robert Brugère et Emile Decroix se disputent au sprint la seconde place. Ernest Neuhard s’impose en battant dans l’ordre Emile Decroix, René Gérard, Robert Brugère et Julien Perrain. Le premier régional, Vincent Buissan prend la 14 ème place ovationné par un public tout acquis à sa cause.

Julien Moineau

 

 

Julien Moineau

1931 – La victoire du grand favori Emile Joly.

Le 23 août 1931, Emile Joly de l’équipe Génial Lucifer Hutchinson, Champion de Belgique des Indés 1928, vainqueur du Tour de Belgique 1930, du Circuit de Paris 1929 et 1930 et de Paris-Rennes 1931 est le grand favori de la 5 ème édition.

Une nouvelle fois Paris-Limoges obtient un succès considérable. Pourtant tout ne s’engageait pas de la meilleure des façons. Une pluie continuelle et glaçante est tombée durant tout l’après midi du samedi. A 1 h 30 du départ une éclaircie va permettre aux 31 courageux cyclistes de rallier la Croix de Berny sur des pavés à demi humides.

L’allure est lente jusqu’à Orléans et aucune attaque ne se produit. Le Bellachon André Lagrange et le coureur de l’UCL Marcel Alix sont les premiers lâchés, peu après la sortie de la ville.

A Vierzon, Camille Foucaux mène la danse avec une heure de retard sur l’horaire prévu. A Châteauroux, la foule est si compacte que les coureurs ont du mal à se frayer un passage.

Peu avant Argenton, le régional Vincent Buissan crève. C’est le début d’une série d’incidents, roues brisées, crevaisons, chutes qui vont éliminer une demi douzaine de coureurs de classe comme Emile Decroix, Marcel Bidot, Hubert Jolivet, Camille Foucaux et Albert Gabard.

Malgré ces incidents 23 coureurs sont encore ensemble à Morterolles. Puis, comme tous les ans, les côtes de Bessines vont donner lieu à une passionnante bataille. A ce jeu, Herbert Sieronski se montre le plus virulent. L’allure est désormais très rapide et l’heure de retard accumulée à Vierzon n’est plus qu’un souvenir, c’est désormais une arrivée en avance sur l’horaire qu’il faut prévoir.

La sélection s’opère par l’arrière et lorsque le groupe de tête arrive à Limoges, ils ne sont plus que sept à pouvoir envisager la victoire. Il y a là le grand favori Emile Joly, son équipier Alexandre Hamelin, l’Allemand Herbert Sieronski, le coureur de Dilecta Léandre Ghyssels, le coureur d’Alléluia Wolber Raymond Louviot, le coureur d’Alcyon Jean Wauters et le coureur de La Française Robert Brugère.  Comme prévu, Emile Joly se montre le plus rapide il devance Léandre Ghyssels et Raymond Louviot.

Les régionaux ont connu des fortunes diverses, André Lagrange ne figure pas au classement. Marcel Alix a terminé l’épreuve très attardé et Vincent Buissan termine au 13 ème rang.

 

 

Emile Joly

1932 – Le beau doublé de Julien Moineau.

 

Le 21 août 1932, au départ de ce 6 ème Paris-Limoges on retrouve le Berlinois Herbert Sieronski qui vient de remporter Marseille-Lyon avec 11′ d’avance. Julien Moineau, le vainqueur de 1930, est également présent. L’homme est en forme, il vient de remporter Paris-Tours. A leurs côtés on retrouve aussi Roger Lapébie qui s’est bien comporté au Tour de France en remportant une étape.

Au total, ils sont 32 à prendre le départ à la Croix de Berny. La route, en mauvais état, du côté de La Souterraine oblige les organisateurs  à modifier le parcours. Les coureurs vont rester constamment sur la route nationale ce qui va rendre le parcours encore plus difficile. En attendant l’arrivée des coureurs  sur le vélodrome du Grand Treuil,  l’Union Cycliste Limousine va faire patienter les nombreux spectateurs en organisant une grande réunion sur piste avec des épreuves de vitesse et une américaine d’une durée d’une heure.

Radio Limoges apporte son concours à l’épreuve en diffusant des reportages à  Châteauroux et à Bessines. Dans un communiqué, les organisateurs rappellent aux coureurs que les ravitaillements sont gratuits. Les engagements sont reçus au siège de l’UCL et au Journal L’Auto  contre la somme de 5 francs.

La Maison Crabié Barraud, gérants du magasin, Tous les vins, 13 rue Jauvion, à Limoges, organise un concours de pronostics. Pour gagner il faut trouver le nom du vainqueur et son temps. L’heureux gagnant revevra 4 Ceps d’Or, 4 Ceps Rubis et 2 Comtes de Rambosc, grand vin mousseux d’Anjou.

Paris-Limoges évolue et le règlement est désormais basé sur les règlements de Paris-Roubaix et de Paris-Tours. Ainsi les deux contrôles fixes à Orléans et à Châteauroux se feront par timbrage des dossards, les coureurs n’auront plus l’obligation de signer. Par ailleurs, les organisateurs attirent l’attention des coureurs sur les dangers de la route et notamment dans les traversées des villes d’Orléans, de Vierzon, de Châteauroux, d’Argenton et de Limoges en raison de la présence des rails de tramway.

Les suiveurs sont aussi soumis à la réglementation suivante : klaxons à tous les croisements selon les prescriptions du code de la route. Ne jamais être devant un coureur. Rester à 25 mètres derrière le coureur en côte et à 150 m en descente. Ne pas s’intercaler entre deux pelotons si l’écart est de moins d’un kilomètre.

Pour cette 6ème édition, la liste des prix est la suivante  : 2000 francs au 1er, 1000 au second, puis 800, 600 et 500 aux suivants.

L’aéroclub de Limoges participe à la fête en distribuant par avion 250 entrées gratuites pour le vélodrome.

Le peloton s’élance à 3 heures du matin de la Croix de Berny.  Peu après le départ, Julien Moineau crève et Herbert Sieronski en profite pour accélérer l’allure.

La poursuite de Julien Moineau va durer 20 kilomètres à cause du train soutenu conduit par Herbert Siéronski, Roger Lapébie et Robert Brugère.  Ceci a eu pour effet d’écoeurer les coureurs italiens qui rapidement mettent la flèche.

Après Orléans, le train diminue et ce n’est que dans l’Indre que la course reprend de plus belle. Avant Vatan, Robert Brugère démarre brutalement. Il va rapidement porter son avance à 4′.

Sous l’impulsion de Julien Moineau et d’Herbert Siéronski, le peloton se rapproche à 2′ au contrôle de Châteauroux, noir de monde.

Dès la sortie de la ville Julien Moineau, Herbert Siéronski, Roger Lapébie, Henri Lemoine et Willy Kutschbach sont sur les talons du fuyard.

La jonction s’opère quelques kilomètres plus loin mais Willy Kutschbach ne tarde pas à décrocher.

Dans la côte d’Argenton, les cinq hommes de tête possèdent 10′ d’avance sur un second peloton composé de Vincent Buissan, Jean Demay,  René Deguay et  de l’allemand Willy Kutschbach qui a pris les roues au passage.

Malgré les attaques  la localité de Morterolles est traversée par les cinq hommes qui restent groupés. Ils abordent ensemble les lacets de la côte de Bessines;  La difficile côte à la sortie de Bessines permet à Julien Moineau et à Robert Brugère de prendre une centaine de mètres d’avance.  Herbert Siéronski et Roger Lapébie sont les premiers à rentrer puis Henri Lemoine,  au prix d’un bel effort, parvient, lui aussi,  à combler le trou.

Les cinq hommes sont à nouveau groupés au pied de la terrible côte de Razès. A mi pente, Julien Moineau se dresse sur les pédales entrainant dans sa roue Robert Brugère.   Ils traversent ensemble Razès. Derrière, Roger Lapébie en voulant changer de vitesse trop précipitamment est victime d’un saut de chaine. Herbert Siéronski et Henri Lemoine luttent avec acharnement mais l’Allemand semble au bout du rouleau.

Julien Moineau et Robert Brugère encore très frais accentuent leur avance. Dans les derniers kilomètres ils sont follement ovationnés par une foule aussi dense qu’enthousiaste. Ils font ensemble leur entrée au vélodrome et parcourent côte à côte le premier tour de piste mais  Robert Brugère, malchanceux, perce au dernier virage et ne peut pas disputer le sprint.

Herbert Sieronsky qui a pu prendre un peu d’avance sur Henri Lemoine finit troisième. Roger Lapébie parvient à conserver la 5 ème place.  Willy Kutschbach devance le premier régional Jean Demay pour la 6 ème place. Les autres régionaux se sont fort bien comportés avec Vincent Buissan 8ème et un tir groupé pour Henri Fagnanas, Auguste Pérucaud, André Dumont et Henri Guionie qui terminent 13ème 14ème 15 ème et 18ème.

Julien Moineau a bouclé la distance en 12h 48′ établissant ainsi le nouveau record de l’épreuve. Il est vrai que la distance était légèrement raccourcie. En renouvelant sa victoire de 1930 Julien Moineau a prouvé qu’il était devenu un des meilleurs routiers de l’époque.

 

 

 

 

 

 

Julien Moineau

1933 – Et de 3 pour Julien Moineau !

Le 27 août 1933, L’UCL  organise non sans difficulté le 7 ème Paris Limoges. La ville de Limoges est touchée par la crise, la situation commerciale de Limoges est critique  ce qui complique la tâche des organisateurs. Les ressources financières se font plus rares. Un appel aux dons aux citadins, industriels et commerçants a été lancé. Des billets de souscription, au prix de 1 franc, ont été proposés dans de nombreux tabacs et bars de la ville.

Le jour de l’épreuve, les deux principaux points de ravitaillement à Orléans et à Chateauroux sont assurés en bananes. Paris Soir a désigné un envoyé spécial qui suivra la course depuis le départ à Paris. Pour les primes, bonne nouvelle pour les régionaux avec deux primes à Bessines de 75 et 50 francs et une prime à Razès de 50 francs.

Pour cette édition le règlement a évolué. Les coureurs peuvent s’échanger nourriture, boisson, clef, boulons à l’exception des pneus et des roues autorisés seulement entre coureurs d’un même groupe sportif.  Chaque marque de cycles a pu engager plusieurs coureurs qui peuvent désormais avoir recours à l’esprit d’équipe.

Dans les jours précédents l’épreuve les organisateurs ont reçu de nombreux  engagements, parmi ceux-ci :  Julien Moineau  double vainqueur de l’épreuve et de Paris-Tours 1932, Pierre Magne, vainqueur du Circuit de l’Allier 1933, Sylvain Marcaillou et Roger Kalmès, tous de l’équipe France Sport, Albert Barthélémy vainqueur de Paris-Bruxelles 1933, Robert Granier 3 ème de Paris-Tours 1933 et  Léon Maillard, tous deux de l’équipe F Pélissier,  de Marcel et Maurice KraussLucien Weiss vainqueur de Paris-Arras 1933, Jean Noret, tous les quatre de l’équipe Lutétia, Robert Brugère, second en 1932.

Parmi les régionaux on retrouve Lucien Batel vainqueur du Circuit Dorachon, Vincent Buissan, Robert Godard, Marcel Alix, Auguste Perucaud, Henri Guionie, Reclus, André Lagrange.

23 coureurs prennent le départ à 2h 45′. D’entrée le peloton roule à vive allure afin de décramponner tous les cyclistes amateurs venus les accompagner et dont nombreux se prennent pour des champions du monde.  Dès qu’ils se sont retrouvés entre eux l’allure est devenue plus modérée. Il faut s’économiser.  Les coureurs boivent le café encore chaud pris à la brasserie au moment du départ et mangent oeufs et bananes.

Dans la côte de Montlhéry, Vincent Buissan et Robert Garnier sont les premiers à relancer l’allure mais sans grande conviction.  Seul André Lagrange va en faire les frais.  Après le ravitaillement d’Orléans le peloton repart à très faible allure à 15 km/h.

A 16 km de Vierzon, Julien Moineau est contraint de s’arrêter. Son dérailleur lui cause des soucis. Ce fait de course donne le signal de la bagarre. Léon Maillard, Joseph Sciardis et Maurice Richebourg démarrent sèchement. Le peloton explose rapidement.  Jugeant l’allure trop faible Maurice Richebourg poursuit seul l’aventure.

A l’arrière, Julien Moineau a perdu 10′ pour démonter son dérailleur. Au passage à Vierzon il a déjà comblé une partie de son retard. Maurice Richebourg passe seul en tête suivi, à 200 m, par Pierre Magne, Lucien Weiss, Robert Brugère, Jean Noret,  Emile Ignat, Sylvain Marcaillou, Marcel Alix, Joseph Sciardis, Franz Dunder, Léon Maillard, Robert Granier et Maurice Krauss. Dans un second groupe on retrouve Vincent Buissan, Roger Kalmes, Desport et Léger.

A la sortie de Vatan, Maurice Richebourg est repris par l’avant garde du peloton. L’allure diminue ce qui permet au groupe de Vincent Buissan  de faire son retour sur la tête de course. Quelques kilomètres plus loin, Julien Moineau arrive en trombe et dans la foulée il prend la tête du peloton.

Les favoris sont donc regroupés seul manque à l’appel Marcel Krauss qui au plus fort de la bataille a percuté une voiture arrêtée sur le bord de la route. Le pouce sectionné il a été contraint à l’abandon tout comme le régional André Lagrange.

A 8 km de Châteauroux,  Robert Brugère place un démarrage.  Léon Maillard, Robert Granier et Maurice Richebourg sont les plus actifs  derrière le fuyard qui est repris quelques kilomètres plus loin. Reclus, Auguste Perrucaud, Henri Guionie, Desport et Léger  sont alors définitivement lâchés.

17 hommes se retrouvent ensemble au pied de la côte de Le Fay. qui provoque une première sélection.  A Bois Mandé, Robert Brugère démarre, à nouveau, en entraînant avec lui Pierre Magne et Maurice Marcaillou les deux équipiers de Julien Moineau qui refusent les relais. A l’arrière, Julien Moineau attend sagement son heure. La chasse est menée par Robert Granier et Léon Maillard.

L’avance des 3 fuyards atteint rapidement les 3 km et pourtant seul Robert Brugère mène le rythme dans les côtes de la Villaudrun et de Ruffec où le trio de tête a porté son avance à 5′.

Dans la côte de Bessines, Julien Moineau se décide enfin  à réagir.

Sur un énorme développement, il parvient à décrocher de sa roue Robert Granier et Léon Maillard les deux seuls  qui ont été capables de le suivre. Devant, Robert Brugère épuise ses compagnons de route. Pierre Magne, à bout de force, se laisse tomber dans le fossé. Maurice Marcaillou  fait lui aussi connaissance avec l’homme au marteau, il doit laisser filer Robert Brugère dans la côte de Razès au moment où Julien Moineau fait un retour remarquable.

Désormais Robert Brugère et Julien Moineau se dirigent vers Limoges sans être inquiétés.

Comme l’an passé la victoire se joue au sprint  entre les deux hommes. A l’issue des deux tours de piste, Julien Moineau enlève pour la 3ème fois Paris-Limoges. Son second, Robert Brugère, épuisé, termine à une demi roue.

Les deux hommes ont couvert la distance en 12h 1′. A 5′, Robert Granier devance Joseph Sciardis et Léon Maillard pour la 3 ème place. Vincent Buissan termine premier régional à une honorable  10 ème place. Marcel Alix franchit la ligne en 12 ème position. Auguste Perrucaud à la 13 ème et Henri Guionie à la 16 ème.

 

1934 – Lucien Weiss devance le jeune Antoine Pellet

Le 19 août 1934, le 8ème Paris Limoges  va connaître diverses modifications dues à l’évolution du sport cycliste mais aussi de la société en général. C’est ainsi qu’en matière de sécurité, le Préfet de la Haute Vienne a pris la décision de fermer, à la circulation automobile, la route nationale depuis Razès.  Autre innovation dans l’intérêt des spectateurs, la course sera filmée de bout en bout par la firme Pathé Nathan avec la présence de son car spécial Tour de France.  Enfin, compte tenu du niveau des coureurs et des moyennes réalisées sur les autres épreuves, le départ est prévu à seulement 5 heures du matin, toujours à la Croix de Berny.

Les principales firmes sportives sont désormais présentes au départ. Les organisateurs sont ravis d’avoir reçu les engagements de nombreux coureurs de renom.

Equipe Génial Lucifer avec Léon Level, Ernest Terreau, Léon Louyet, Eugène Grenu.

France Sport aligne  Julien Moineau, Pierre Magne, Roger Kalmès et Georges Lachat.

Francis  Pélissier avec Léon Maillard, René Durin et Georges Peuziat.

Automoto avec Antoine Pellet et Bernardino Scimia

Lutetia Wolber avec Maurice Richebourg, Lucien Weis, Edmond Weiss, Marcel Sudres, Jean Nedellec, Léon Le Calvez, Théodore Ladron

Oscar Ego aligne Eric Handel et Alfred Natzke

Dilecta a engagé Bernard Van Rysselberghe, Léandre Ghyssels, Ferdinand Le Drogo, Robert Petit, Jean Marie Lemoing

Olympique avec Pierre Janvier, Garcia et Laroulaudie

De nombreux individuels sont aussi au départ comme Hans Werceziono, Camille Foucaux,  Mesmain  et Joseph Sciardis

Les régionaux sont aussi de la partie et pour ce faire un appel à candidature a été lancé par les organisateurs aux coureurs des départements de la Haute Vienne, de la Corrèze, de la Creuse, de l’Indre, de la Vienne, de la Dordogne et de la Charente. 13 postulants se sont fait connaître. Les organisateurs en ont retenus cinq et parmi ceux-ci Marcel Alix et Henri Fagnanas mais, malheureusement pour eux, quelques jours avant l’épreuve ils sont victimes d’un grave accident causé par un autocar lors de l’épreuve Royan-Saint Junien.

Le départ est donné à 5h 30′ par Marc Parot après une minute de silence à la mémoire de Robert Brugère décédé accidentellement quelques jours seulement après sa participation au Paris Limoges 1933.

L’Allemand Alfred Natzke est le premier victime d’une crevaison alors que Julien Moineau tombe sa pompe qui est écrasée par une voiture.

Deux vélocars pilotés par Manuel Morand et Desage font partie du peloton et sur leur vélo couché ils atteignent les 50 km/h sur le plat ce qui n’est pas du goût des autres participants qui vont tout faire pour se débarrasser d’eux.

La côte de Montlhéry attaquée à vive allure par le réputé grimpeur Camille Foucaux étire le peloton mais ne provoque pas d’importantes cassures.

Les coureurs traversent Arpajon et le soleil, qui ne les quittera plus, fait son apparition.

A Etchery, Delage profite d’une longue descente pour prendre quelques centaines de mètres d’avance sur son vélocar mais Léandre Ghyssels ramène toute la troupe sur lui.

Au premier contrôle à Orléans, tout le monde arrive en même temps ce qui oblige les organisateurs à neutraliser l’épreuve durant deux minutes.

Jusqu’à La Ferté Saint Aubin la bataille va se limiter à une lutte entre les vélocars et les cyclistes traditionnels. Si les vélocars sont plus rapides sur le plat et en descente, les côtes les ramènent à la raison.  Peu après, Mesmain,  ex limousin désormais Parisien, relance l’allure en compagnie de Camille Foucaux et de Léon Level. Tout rentre dans l’ordre à la Motte Beuvron, seul le vélocariste Delage n’est plus de la partie.

De Vierzon à Châteauroux, c’est le calme plat. Pierre Magne victime de 3 crevaisons et qui n’a plus de boyaux manque à l’appel.

Le contrôle de Châteauroux se fait dans la précipitation, les coureurs repartent échelonnés ce qui entraîne une course poursuite jusqu’à  Argenton où l’on retrouve 24 coureurs ensemble.

La course s’accélère en escaladant les côtes de Le Fay, de l’Aumone et du Portegeuille. Quatre hommes se retrouvent en tête : Ferdinand Le Drogo, Lucien Weiss, Julien Moineau et Antoine Pellet.  Ferdinand Le Drogo et Antoine Pellet sont les plus actifs. A Ruffec, Ferdinand Le Drogo fait la chasse à la canette ce qui va causer sa perte.

Les trois hommes de tête traversent ensemble Morterolles alors qu’à l’arrière il n’y a plus de peloton.  Dans la côte de Bessines, le triple vainqueur de Paris-Limoges, Julien Moineau, qui a des soucis avec sa roue arrière depuis plusieurs kilomètres doit laisser s’enfuir ses compagnons de route.

Si la présence en tête de course de Lucien Weiss ne surprend personne, celle d’Antoine Pellet  en étonne plus d’un. Le jeune Lyonnais ne ménage pas sa peine.

A Razès, Lucien Weiss et Antoine Pellet possèdent 4′ 45″ d’avance sur Julien Moineau, Léon Le Calvez, Léon Louyet et Hans Wercezionno. Dès lors, la course est jouée et c’est avec 12′ d’avance que les deux hommes de tête pénètrent sur la piste en ciment du vélodrome du Grand Treuil.

Le sprint tourne rapidement à l’avantage du rapide Lucien Weiss qui laisse à six longueurs son surprenant compagnon de fortune.

Derrière eux, sept hommes se sont regroupés dans la dernière descente menant au vélodrome.  Léon Level se montre le plus rapide il devance dans l’ordre Léon Louyet, Hans Werceziono, Georges Lachat, Léon Le Calvez, Théodore Ladron et Julien Moineau.

Lucien Weiss a couvert les 361 km en 11h 44′ 35″. C’est un nouveau record.

Lucien Weiss déjà 5ème en 1933 après avoir crevé près de l’arrivée est tout heureux d’avoir gagné en confirmant ainsi son récent succès sur Marseille-Lyon : Paris-Limoges est une course très dure. Je suis, je crois, le benjamin des vainqueurs . Cette épreuve me plait c’est pourquoi j’ai tout donné pour battre le record de Julien Moineau qui n’a pas eu de chance.

Antoine Pellet n’est pas étonné de sa performance : Vous savez,  nous les régionaux on ne nous connait pas et pourtant nous marchons bien. Au départ j’ai hésité à m’aligner car je n’avais pas été prévenu de l’abstention de mon équipe au tout dernier moment. Enfin tout est bien qui finit bien !

Léon Level se pose des questions : Je n’y comprends plus rien. Dans les côtes j’ai ramé toute la journée et au sprint j’arrive à battre Léon Louyet. Pierrard n’en revient pas. La femme et la petite seront contentes. C’est l’essentiel.

Julien Moineau fataliste  : Je n’ai pas été chanceux, vous en conviendrez. La 3ème place me revenait. Ce Paris Limoges a été le plus difficile pour moi. 

 

 

Lucien Weiss

1935 – Domination des coureurs de Génial Lucifer. Emile Decroix devance Lucien Weiss

Pour la 9ème édition  Paris-Limoges se dispute avant le Tour de France. La date du 30 juin 1935 a été retenue.

Une nouvelle fois, les grandes firmes ont répondu à l’appel des organisateurs. Equipe France Sport avec Pierre Magne, Sylvain Marcailloux et Benoit Faure. Equipe Oscar Egg avec Alfons Ghisquière. Equipe Génial Lucifer avec Lucien Weiss, Jeff Demuysère, Emile Decroix, Hanz Wercegiono. Equipe Delangle avec Léon Le Calvez, Maurice Krauss et Isidore Jamay. Equipe Helyett avec René Bernard, Lucien Lauk, Robert Granier, Louis Minardi et Georges Lachat. Equipe Dilecta avec Frans Bonduel, André Godinat, Bernard Van Rysselberghe, Léandre Ghyssels. Equipe Birma avec Maurice Richebourg et Edmond Weiss. Equipe Colin Wolber avec Jean Nedellec. Equipe Leducq Mercier Hutchinson avec Léon Maillard.

Au total, ils sont 42 à avoir signé la feuille d’émargement.  En raison de la très forte chaleur il ne va quasiment rien se passer avant Argenton exceptés les crevaisons et les incidents mécaniques.  Le Périgourdin Isidore Jamay va ainsi rapidement disparaître après avoir cassé sa direction après seulement 20 km de course.

A Argenton, après le calme c’est la tempête, la bataille va durer une centaine de kilomètres. Ce sont d’abord Alfons Ghisquière, Manuel Morand et Léon Maillard qui passent à l’offensive. Ils sont rapidement contrés par Lucien Lauk, Jeff Demuysère et Adrien Buttafocchi.

Après un nouveau regroupement on retrouve en tête, Emile Decroix, Lucien Lauk, Vincent Marcaillou, Benoit Faure, Jean Nedellec, Jeff Demuysère et René Bernard mais de ce groupe Lucien Weiss s’est extrait et caracole en tête avec 500 m d’avance.

A Rhodes, à 65 km du but, Lucien Weiss juge que l’arrivée est beaucoup trop loin. Il préfère se relever ce qui permet à Emile Decroix, Lucien Lauk, Vincent Marcaillou, Benoit Faure, Jeff Demuysère de retrouver la tête de course.

Avec Lucien Weiss, Emile Decroix et Jeff Demuysère, les Génial Lucifer sont en force. A l’approche de Morterolles, bien protégé par ses équipiers Emile Decroix prend les devants. Le rouleur belge qui fonce tête baissée accroit rapidement son avance. Il traverse Bessines avec 2′ d’avance sur Lucien Weiss lequel, à son tour, a décramponné ses adversaires.

Dans la côte de Razès, Emile Decroix est victime de crampes mais il parvient à basculer au sommet de la côte toujours seul en tête. Le profil plus roulant le conduisant vers Limoges va lui permettre d’accentuer son avance et c’est avec plus de 6′ d’avance sur son équipier Lucien Weiss qu’il remporte ce 9ème Paris-Limoges.

Les écarts son conséquents, à 14′ du vainqueur, neuf hommes se disputent la 3ème place. Frans Bonduel devance dans l’ordre Vincent Marcaillou, Lucien Lauk, Jeff Demuysère, Benoit Faure, André Godinat, Pierre Magne, Jean Nedellec et Adrien Buttafocchi.

Emile Decroix a couvert les 372 km en 12h 6′.  Ce 9ème Paris-Limoges aura été marqué par une lutte Franco Belge qui est revenue à l’avantage des coureurs Belges.

A l’arrivée Lucien Weiss, très satisfait, résume parfaitement la situation : Paris-Limoges me plait toujours. Je suis content de ma seconde place puisque la victoire n’a pas échappé à ma marque. Emile Decroix a fait une très belle course.  Pour vaincre, Emile Decroix,  s’est mis dans le rouge. Epuisé, il  n’arrête pas de répéter : çà été dur, très dur, un véritable calvaire !

 

 

Emile Decroix

1936 – Robert Gabard le meilleur d’un sprint à trois.

Le 21 juin 1936 ils ne sont que 27 au départ de la 10ème édition. La concurrence est sévère Paris-Limoges se déroule le même jour que le Tour du Luxembourg, le Tour de Suisse, Paris-Perros Guirec, le Prix d’Ostende et Bordeaux Paris.

Comme l’année précédente, il ne va rien se passer avant Argenton. Dès la sortie de la ville, c’est Hanz Werceziono, le blond allemand, que les Limousins connaissent bien qui lance véritablement la course.  Verbrouken et Albert Gabard ont réussi à lui filer le train mais un violent orage va les contraindre à lever le pied.

A  Celon, ils sont 19 ensemble. Hanz Werceziono remet sa tournée  dans la côte de Le Fay. Il est  suivi cette fois par  Franz Dunder et par Aldo Buffolo.

Henri Pionnier et Maurice Clochard prennent le relais après Le Portefeuille. Le rythme est trop élevé pour Henri Pionnier. Maurice Clochard se retrouve seul en tête.  Dans la côte de Rhodes il est rattrapé par Hanz Werceziono, Ricardo Roux et par le coureur de France Sport, Roger Kalmès.

A Boismandé, les 4 hommes de tête possèdent une minute d’avance sur Ernest Mottard, Pierre Houbretchs, Robert Renoncé, Marcel Bidot et Alfred Gabard. A La Poste, le deuxième groupe fait la jonction au moment où Hanz Werceziono, qui était peut être le plus fort, est victime d’une crevaison qui lui fait perdre toute chance de l’emporter. Il est remplacé en tête de course par Jean Bidot qui a fait un impressionnant retour.

Sous l’impulsion de Pierre Houbretch, le groupe de tête explose dans la côte de Bessines. Au sommet ils ne sont plus que trois : Pierre Houbretch, Marcel Bidot et Robert Gabard.  Ce trio très homogène ne sera plus rejoint. La côte de Razès n’y changera rien.

C’est Marcel Bidot qui pénètre le premier sur la piste du vélodrome. Il est suivi par Robert Gabard et par Pierre Houbretch. Après un premier tour de piste, Robert Gabard place un démarrage face à la tribune populaire, pleine à craquée. Il prend de suite deux longueurs d’avance qu’il va conserver jusqu’à la ligne d’arrivée. Pierre Houbretch s’empare de la seconde place devant Marcel Bidot qui s’est relevé.

Lucien Weiss pénètre dans le vélodrome au moment ou Robert Gabard lève les bras. Il s’empare de la 4ème place. Les arrivées se succèdent ensuite en rang très serré. 17 hommes vont terminer l’épreuve.

Albert Gabard

1937 – Victoire du jeune Belge René Walschot

Le 27 juin 1937, de l’avis général des suiveurs la 11ème édition du Paris-Limoges va connaître un retentissant succès. C’est peut être la plus belle course depuis sa création. Des milliers de spectateurs massés tout au long des 361 km ont applaudi les 55 coureurs présents au départ. Toutes les firmes sont représentées. Marc Parot et les dirigeants de l’Union Cycliste Limousine peuvent être fiers du travail accompli.

Le départ est donné à la Croix de Berny à 5h 38′. Contrairement aux éditions précédentes, l’allure est vive dès les premiers tours de roues.  Ce sont les Rouges de Génial Lucifer qui impriment le rythme. 33 km 800 sont couverts dans la première heure.

A Etampes, 47 hommes passent ensemble.  En traversant Orléans, devant un public très dense, le peloton perd deux de ses favoris, Lucien Lauk (Mercier) casse son guidon et Robert Gabard (Génial Lucifer) casse son cadre.

Les coureurs arrivent ensemble à la Ferté Saint Aubin, à 9h 30, au premier contrôle de ravitaillement.  Vincent Frémont un coureur qui court en individuel et Marcel Walle (Alcyon Dunlop), qui avaient emporté leur musette depuis Paris, brûlent le ravito. Dès lors, c’est la panique. Chacun interpelle son manager et se précipite sur sa musette. Après une poursuite effrénée, tout rentre dans l’ordre à la Mothe Beuvron.

Sur la large route conduisant à Nouan Le Fuselier, Manuel Garcia (Mercier), René Walschot (Louvet Wolber) et Louis  Hardiquest (De Dion Bouton) tentent leur chance mais sans succès.

En traversant la forêt de Sologne, André Deslias, le seul coureur de l’Union Cycliste Limousine, qui participe à l’épreuve, est victime d’une crevaison.

Entre Salbris et Vierzon, 7 coureurs tentent la belle : Jean Noret (Génial Lucifer), Maurice Krauss (Individuel), Richard Kemps (Louvet Wolber), Albert Bourlon, (Helyett), Jean Bidot, (Génial Lucifer), Eugène Mangin (Louvet Wolber) et Aldo Buffolo (Individuel).  A Vierzon, devant un monde fou, tout est à refaire.

Six kilomètres avant Massay, Hanz Werceziono (Individuel)  place un démarrage et il entraîne avec lui Léon Level (Helyett), Albert Bourlon, Manuel Garcia et André Desforges (F Pélissier). Leur escapade ne dure que six kilomètres et à Châteauroux, au second contrôle de ravitaillement, ce sont 43 hommes qui se présentent ensemble. L’avance sur l’horaire atteint la demi heure.

Le peloton traverse Argenton et dès la sortie de la ville c’est le premier gros obstacle du parcours.  Albert Bourlon, décidément en grande forme, démarre à nouveau, en compagnie de son équipier Joseph Mauclair et de Roger Chené (Génial Lucifer).  Au sommet de la côte du Fay, ils ne sont plus que deux. Joseph Mauclair et Roger Chené possèdent 30 secondes d’avance sur Frans Bonduel (Dilecta), Lucien Weiss (Génial Lucifer), Jean Bidot, Richard Kemps, Fernand Duquesne (Helyett)et Léon Louyet (F Pélissier).

Dans la côte de Rhodes, Lucien Weiss perd pied, Joseph Mauclair et Roger Chené  ont été rejoints et avec le retour de Jules Coelaert (De Dion Bouton), Louis Hardiquest et René Walschot, ils sont désormais 10 en tête à 62 km du but.

La bataille fait rage. Georges Vey (Génial Lucifer), Sylvère Jézo (Dilecta), André Desforges, Marcel Walle (Alcyon Dunlop), Pierre Houbretch (Colin Wolber), Jules Merviel (Hélyett), Georges Hubatz (Dilecta), Emile Decroix (Leducq Mercier), Georges Lachat (Helyett), Léon Level (Helyett), Léon Cointe (Louvet Wolber), Alfred Périkel et Maurice Krauss (Individuel) parviennent à rentrer sur le groupe de tête. 23 hommes peuvent encore espérer vaincre.

Dans la traversée de Bessines, Fernand Duquesne passe seul en tête avec 22″ d’avance sur un groupe de 5 composé de Jean Bidot, Frans Bonduel, René Walschot, Joseph Mauclair et Louis Hardiquest. A 58″ passent Sylvère Jézo, Georges Vey, Georges Lachat et Jules Coelaert.

Fernand Dusquene fait alors figure de vainqueur. Il aborde les difficultés avec aisance mais l’homme au marteau veille !  Fernand Duquesne connaît  un coup de moins bien à quelques encablures du sommet de la côte de Bessines. Derrière lui, Joseph Mauclair est le premier lâché du groupe des poursuivants d’où s’est extrait le belge René Walschot.

L’écart se réduit entre les deux hommes de tête. René Walschot fait son retour au pied de la côte de Razès. Dans un des lacets de cette difficile côte, Fernand Duquesne rend les armes. René Walschot est désormais seul en tête. Fernand Duquesne n’a plus de possibilité d’effectuer un retour pire même il est repris par Jean Bidot, Franz Bonduel et Louis Hardiquest.

René Walschot, le jeune belge qui n’a pas 20 ans fait preuve d’un courage exceptionnel. Sans se soucier de rien, il continue son bonhomme de chemin. De La Bastide, à l’entrée de Limoges, jusqu’au vélodrome, il fonce vers la victoire, entre deux haies de spectateurs. Après deux tours de piste, il passe la ligne d’arrivée avec 49″ d’avance  sur Frans Bonduel qui règle au sprint Louis Hardiquest, Jean Bidot et Fernand Duquesne.  On retrouve ainsi 4 belges dans les 5 premiers.

A 1′ 27″ Joseph Mauclair prend la 6ème place en battant au sprint Jules Coelaert, Georges Vey et  Sylvère Jézo. Le top 10 est complété par Georges Lachat qui termine à 2′ 23″ du vainqueur.

Ce 11 ème Paris-Limoges a été couvert à une allure record puisque les 363 km ont été parcourus en 10h 58′ 48″. Le record de l’épreuve détenu par Lucien Weiss a été battu de  plus de 51′. Autre record, il y a eu 28 arrivants.

A noter le très bon comportement des régionaux qui ont, eux aussi, battu le record. Marcel Doucet 21ème, Amédée Michelon 23ème, Louis Latié 24ème.

René Walschot

1938 – Le régional André Dumont domine les internationaux.

Le 26 juin 1938, Marc Parot et son équipe de l’Union Cycliste Limousine organise le 12ème Paris Limoges.

En raison de l’arrivée trop prématurée de l’an passé ce qui avait perturbé la traditionnelle réunion d’attente sur piste, les organisateurs ont décidé de repousser le départ à 6h du matin.  Il est finalement 6h 15 lorsque les 29 coureurs présents s’élancent. Le faible nombre de partants est dû à la concurrence des tours d’Allemagne et du Luxembourg mais aussi de la défection, sans préavis, de presque toute l’équipe Helyett.

Disons tout de suite qu’il ne va rien se passer jusqu’à Argenton. Les suiveurs s’ennuient dans les véhicules et le retard sur l’horaire s’accumule.

La côte après Argenton joue encore son rôle. Louis Londero est le premier attaquant. Il sème une belle pagaille dans le peloton. Fabien Galateau (Lucien Michard Wolber) champion de France des Aspirants 1937, Joseph Mauclair (Helyett), Jean Goujon (Lucien Michard Wolber) et Albert Adam (Helyett) sont les plus prompts à réagir. Mais l’entente est mauvaise et quelques kilomètres plus loin, tout est à refaire.

La côte de Le Fay ayant provoqué son habituelle sélection, ils ne sont plus que dix en tête, à l’approche de La Souterraine.  On retrouve aux avants postes : Joseph Mauclair, Jean Goujon, Albert Adam, Emile Bewing (Peugeot), Adhémar Brabant (Génial LUcifer), Louis Thiétard (Génial Lucifer), Albert Ritserveldt (De Dion Bouton), Daniel Sola (Lucien Michard Wolber), Alexandre Szucs (Dilecta) et le Confolentais, André Dumont.

A Saint Maurice La Souterraine, Emile Bewing qui pourtant a été décroché à quatre reprises du groupe de tête fausse compagnie à ses compagnons d’échappée. Le Luxembourgeois bascule en haut de la côte de Morterolles avec une centaine de mètres d’avance sur le groupe de poursuivants réduit à 7.  Joseph Mauclair et Adhémar Brabant ont été décrochés.

Dans la côte avant Bessines, Louis Thiétard accélère le rythme. Emile Bewing est repris. Il est de suite lâché. Seuls, André Dumont, Albert Adam, Albert Ritserveldt et Jean Goujon ont réussi à filer le train au second de Bordeaux-Paris.

Au bas de la côte de Razès les cinq hommes sont encore ensemble mais, à mi pente, Albert Ritserveldt pkace un puissant démarrage. Il traverse Razès en solitaire et il semble se diriger tout droit vers la victoire.

Pendant 10 km, les quatre poursuivants vont lutter sans reprendre le moindre pouce de terrain. André Dumont, celui que l’on attendait pas en si bon rang décide alors de se lancer seul à la poursuite du coureur belge. Il le rattrape et le dépose irrésistiblement à Grossereix.

Dans les derniers kilomètres, à l’approche du vélodrome, ce sont près de 20000 personnes qui l’acclament. Sourire aux lèvres, il pénètre sur la piste en ciment avec 48″ d’avance sur ses poursuivants. Moment intense d’émotion de débordement d’enthousiasme, une ovation indescriptible lui est faîte. Lui, le bon régional vient de battre les vedettes internationales.

Pour la seconde place Jean Goujon s’impose devant Louis Thiétard, Albert Ritserveldt et Albert Adam.  Il faut attendre 13′ pour assister à l’arrivée d’Alexandre Szucs. A 16′, termine Emile Bewing qui devance au sprint Adhémar Brabant, Joseph Mauclair et Daniel Sola.

André Dumont a couvert les 365 km en 12h 5′ 52″ soit à 30,4 km/h.

 

 

André Dumont félicité à gauche par Charles Clément et à droite par Félix Faux.

1939 – Victoire du Flamand Adolf Braeckeveldt. Domination des Helyett.

Au départ de ce 13ème Paris Limoges qui se dispute le 2 juillet 1939, la lutte s’annonce passionnante entre  les grosses écuries que sont Helyett Hutchinson, Génial Lucifer et Dilecta.

L’équipe Helyett a engagé 8 éléments : Camille Beeckman, Antoine Dignef, Adolf Braekeveldt, Jean Fontenay, René Segers, Jean Marie Goasmat, Léon Level,  et François Neuville.

L’équipe Génial Lucifer est composée de Emile Gamard, André Blanchet, Jean Cottard, Raymond Lemarié, Sylvain Hordelalay et Fabien Galateau.

L’équipe Dilecta a aligné Achille Buysse, Jules Coelaert, Théophile Van Oppen, Albert Ritserveldt, Edgar De Caluwé et Alexandre Szucs.

Ils sont 36 à s’élancer de la Croix de Berny avec 20′ de retard sur l’horaire prévu.  Les premières escarmouches sont l’oeuvre d’Emile Gamard, de Jean Fontenay d’André Blanchet et de Danté Franzil (Lucien Michard). Ils vont tenir tête au peloton durant une trentaine de km.

Philémon De Meersman, qui court en individuel, prend le relais.  Malheureusement pour lui, après avoir porté son avance à 2′ 35″ il va devoir s’arrêter à Arthenay pour changer sa tige de selle qui s’est brisée. Il va assurer la réparation avec l’aide d’un marchand de cycles lequel, heureusement, s’était levé tôt pour regarder passer Paris-Limoges.

Au 122 ème kilomètre, à la Ferté Saint Aubin, lieu du premier ravitaillement, René Segers, Manuel Garcia (Lucien Michard) , Jean Cottard, Jean Fontenay et Camille Beeckman repartent rapidement avant leurs camarades encore occupés à remplir leur musette.  Les cinq hommes vont creuser rapidement un écart conséquent mais c’est sans compter sur un vent de face violent qui va mettre fin à leur escapade, 10 kilomètres plus loin.

Dans la traversée de la Sologne, Raymond Lemarié place une première banderille qui va vite tourner court mais, il remet çà après Vierzon et cette fois ci, il est accompagné par Léon Level et Camille Beckman. Le rythme est trop élevé pour Raymond Lemarié qui est remplacé en tête de course par Manuel Garcia. Les trois hommes vont atteindre Châteauroux avec 3′ 15″ d’avance, sur un peloton fort de 26 unités.

A Lothiers, à 105 km du but, ils n’ont plus que 2′ 15″ d’avance sur le peloton qui s’est scindé en trois parties.

Au sommet de la côte d’Argenton, Julius Hamelryckx n’a plus que 30″ de retard sur le trio de tête. Jean Marie Goasmat, Théophile Van Oppen et Adolphus Braeckeveldt sont pointés à 45″. André Dumont, Hanz Werceziono et Edgar De Caluwé à 52″, André Blanchet et Josef Torfs (De Dion Bouton) passent à 58″. Jean Fontenay et Jules Coelaert sont à 1′ 27″, Emile Gamard à 2′, Fabien Galateau, Alexandre Szucs et Sylvain Hordelalay à 2′ 10″, François Neuville, Jean Cottard et Albert Ritserveldt à 2′ 20″.

A Celon, Julius Hamelryckx a fait la jonction avec la tête de course.  A 13 kilomètres de La Souterraine, on retrouve 12 coureurs en tête. Jean Marie Goasmat, Théophile Van Oppen, Adolphus Braeckeveldt, Philémon De Meersman, René Segers, Achille Buysse, Hanz Werceziono et Cyrille Dubois (France Sport) ont eux aussi réussit à boucher le trou.

Il y a un monde fou à La Souterraine ce qui donne des ailes au Flamand, Adolphus Braeckeveldt. A Saint Maurice La Souterraine, il a déjà creuser l’écart. Les côtes de Morterolles, de Bessines et de Razès ne vont rien changer.

A Maison Rouge, Adolphus Braeckeveldt possède 3′ 10″ d’avance sur le second qui n’est autre que son coéquipier de chez Helyett, Léon Level.  Le Dilecta Théophile Van Oppen passe en 3ème position  à 4′ 30″, suivi de près par un autre Hélyett, Camille Beckman.

Sans être inquiété, Adolphus Braeckeveldt remporte ce 13ème Paris Limoges avec 3′ d’avance sur Léon Level. Il a couvert les 363 km en 11h 13′.  Théophile Van Oppen règle, au sprint, Camille Berckman pour la 3ème  place avec un écart de 3′ 20″. Philémon De Meersman termine 5ème à 5′.  Edgar De Caluwé devance, au sprint, Antoine Dignef et Julius Hamelryckx pour la 6ème place à 6′ 30″ du vainqueur. Domination de l’équipe Hélyett laquelle, outre les deux premières places, occupe 5 places dans les 10 premiers.

André Dumont n’a pas pu renouveler sa performance de l’an passé. Il termine au 13ème, juste devant le second régional Hanz Werceziono.

Enorme succès populaire pour ce 13ème Paris Limoges. On estime à 50000 le nombre de personnes présentes dans les derniers kilomètres et au sein du vélodrome.

 

 

 

Adolf Braeckeveldt

1945 –  Eloi Tassin enlève le 14 ème Paris Limoges.

Le 16 juin 1940, Le Cyclo Club Limousin fait paraître  un article dans le Populaire du Centre : Le 14ème Paris Limoges est ajourné.

Il faut attendre la fin de la guerre pour revoir Paris-Limoges inscrit au calendrier cycliste. Le 14ème Paris-Limoges se déroule le 24 juin 1945

Il y a des nouveautés pour la renaissance  de l’une des plus importantes courses de la région.  L’Union Cycliste Limousine n’existe plus. Fin 1940, les quatre sociétés cyclistes de Limoges ont été réduites à deux. Le Cyclo Club Limousin et le Racing Club Limousin ont fusionné pour créer le Cyclo Racing Club Limousin avec pour président  Mrs Mazaud et Marchadier. L’Union Cycliste Limousine et le Vélo Club des Ponts ont fusionné pour créer l’Union Vélocipédique Limousine avec pour Président Marc Parot.

C’est donc désormais l’Union Vélocipédique Limousine qui a en charge l’organisation de Paris-Limoges. Le Populaire de Paris et le Populaire du Centre sont également associés à cette organisation. L’épreuve est dotée de 200 000 francs de prix et de primes dont 15000 francs au premier.  Elle est annoncée comme étant l’épreuve internationale la plus intéressante  de la saison avec la participation des as belges et des meilleurs routiers italiens et espagnols.

Pour animer l’épreuve, le Ruban des Grandes Villes a été créé avec des sprints à Orléans, Vierzon, Chateauroux et Limoges. Un classement est établi avec une dotation de 3000 francs au premier. Les grimpeurs ne sont pas oubliés avec la création du Critérium du Meilleur Grimpeur disputé au sommet des côtes d’Argenton, de Morterolles, de Bessines et de Razès. Là encore, le premier se verra remettre 3000 francs.

Enfin, comme à l’accoutumé, une grande réunion est organisée au Vélodrome André Raynaud avec la participation des meilleurs pistards du moment.

Les principales marques de cycles sont présentes au départ :

Alcyon Dunlop : André Brulé, Jules Rossi, Robert Bonnaventure, Lucien Boda.

Dilecta Wolber : Philippe Martineau, Marcel Tiger

Rochet Dunlop : Auguste Mallet, Telmino Caselatto, Joseph Bintener, Jeng Kirchen, Louis Négroni,

Génial Lucifer : Lucien Le Guevel, Sylvain Hordelalay, Louis Caput, Jean Robic, Maurice Quentin

Peugeot Dunlop : Albert Dolhats, Maurice Bocquet, Maurice De Muer, Robert Dorgebray, Gabriel Gaudin,

Métropole Dunlop : Manuel Huguet, Eloi Tassin,

Garin Wolber : Pierre Jodet, Giuseppé Tacca, Domenico Pédrali

France Sport Dunlop : Albert Van Schendel, Danté Gianello, Raoul Rémy

Erka Dunlop : Gaston Grimbert, Jean Maréchal, Georges Munier,

Ray Dunlop : Lucien Teisseire, Fermo Caméllini, Jean Marie Goasmat, Joseph Magnain, Amédée Rolland, Pierre Cogan

 

A 6h 15′, ils sont 70 à la Croix de Berny. C’est un record.

Le peloton roule vite sur la route pavée. Gabriel Gaudin et Lucien Teisseire sont les premières victimes des crevaisons.

Au 7ème km, dès Longjumeau, 6 hommes provoque une cassure : Manuel Huguet, André Brulé, Jules Rossi, Auguste Mallet, Pierre Jodet et Robert Bonnaventure.  A Etrichy ils sont rejoints par 7 autres coureurs : Lucien Le Guevel, Telmino Caselatto, Albert Dolhats, Maurice Bocquet, Maurice Deschamps, Joseph Bintener et Sylvain Hordelalay.

Sentant le danger, à Etampes rappliquent Eloi Tassin, Albert Van Schendel, Gaston Grimbert, Jeng Kirchen, Kucien Boda, Maurice De Muer, Louis Negroni et Overbecke ce qui porte à 21 le peloton de tête.

Il y a trop de coureurs échappés, l’entente  n’est pas au top, peu avant Angerville c’est le regroupement général.

Quelques dizaines de km avant Orléans, André Brulé  tente l’aventure. Il remporte le premier classement  du Ruban des Grandes Villes avec 3′ 15″ d’avance sur les poursuivants.  Derrière lui, le sprint du peloton est remporté par Telmino Caselatto qui devance  Jean Maréchal, Louis Caput et Jean Robic.

La traversée de la ville d’Orléans ne laisse pas indifférents les suiveurs qui peuvent voir avec énormément de tristesse, les dégâts causés par la guerre. Les bâtiments en ruines de la  capitale du Loiret témoignent de la dureté des combats.

A Olivet, André Brulé a porté son avance à 3′ 30″ alors que le régional, André Dussartre, est lâché du peloton.  A Salbris, l’avance d’André Brulé est de 6′ 30″. Au second sprint, à Vierzon, André Brulé passe en tête avec 7′ 5″ d’avance sur l’avant garde du peloton réglé par Suez, Eloi Tassin et Georges Munier.

A Vatan, André Brulé n’a plus que 4′ 30″ d’avance mais à Châteauroux, lieu du 3ème sprint du Ruban des Grandes Villes, l’écart est remonté à 6′. Souffrant de l’estomac, André Brulé veut alors abandonner. Il descend de machine mais encouragé par les suiveurs, il repart en direction d’Argenton. Suez, Louis Caput, Eloi Tassin et Lucien Teisseire remportent les derniers points à Chateauroux.

Au courage, André Brulé continue sa longue chevauchée en solitaire ce qui lui permet d’engranger les premiers points au classement du Critérium des Grimpeurs à la sortie d’Argenton. Derrière lui, Philippe Martineau, Fermo Caméllini, Eloi Tassin et Giuseppé Tacca prennent dans l’ordre  les points restants.

A 89 km de Limoges, au bout du rouleau, André Brulé rend les armes. 40 coureurs sont alors groupés.

3 km avant la côte de Le Fay, Jean Marie Goasmat et Jeng Kirchen s’enfuient. Le breton Jean Marie Goasmat lâche son compagnon de route et à la Souterraine il devance un groupe composé de Fermo Camellini, Eloi Tassin, Giuseppé Tacca, Doménico Pédrali, Pierre Cogan, Manuel Huguet, Robert Dorgebray, Maurice Quentin, Maurice De Muer, Jeng Kirchen.

Jean Marie Goasmat est repris à Saint Maurice La Souterraine. Le groupe de tête comprend 11 unités.

Fermo Camellini porte une attaque très franche avant Morterolles. Jean Marie Goasmat est définitivement décroché.

Le second classement du meilleur grimpeur disputé à Morterolles est remporté par Pierre Cogan qui  devance Eloi Tassin,  Fermo Camellini, Giuseppé Tacca et Robert Dorgebray.

La côte de Bessines est escaladée à vive allure. Pierre Cogan, Eloi Tassin  et Fermo Camellini basculent dans cet ordre au sommet. Giuseppe Tacca passe avec 150 m de retard. Maurice Quentin conduit le groupe de chasse à une trentaine de secondes.

Les 3 hommes de tête arrivent ensemble à Razès Bas. Fermo Camellini attaque le premier mais il est contré par Eloi Tassin qui passe en tête au meilleur grimpeur suivi de près par  Fermo Camellini et Pierre Cogan.  Les poursuivants conduits par un remarquable André Brulé et par Maurice Quentin ne reverront jamais les hommes de tête.

Sur la piste André Raynaud, Eloi Tassin pénètre le premier et à l’issue du tour de piste il s’impose de peu devant Pierre Cogan.  Fermo Camellini qui s’est relevé prend la 3ème place. Les 3 hommes ont bouclé les 365 km en 11h 10′ 4″. André Brulé malgré les efforts consentis tout au long de la journée s’empare de la 4ème place à 4′ 27″ du trio de tête. Il bat au sprint Maurice Quentin et Manuel Huguet.

Eloi Tassin a couvert les  365 km en 11h 10′ 4″. Il fait coup double en remportant le Critérium des meilleurs grimpeurs devant Fermo Camellini et Pierre Cogan.

Le Ruban des Grandes Villes est logiquement remporté par André Brulé devant Eloi Tassin et Louis Caput.

 

 

 

Eloi Tassin devance au sprint Pierre Cogan et Fermo Camellini

1946 – Le jeune belge Jacques Geus pulvérise le record de l’épreuve.

La date du 30 juin 1946 a été retenue pour l’organisation du 15ème Paris Limoges.

Les médias annonce cette épreuve comme étant la course cycliste la mieux dotée de France. Un effort a été fait dans ce sens puisque 300 000 francs de prix, primes et indemnités sont alloués aux participants. Le premier recevra la somme de 25000 francs. Les challenges, Ruban des Grandes Villes et Critérium du Meilleur Grimpeur ont été reconduits avec 3000 francs aux premiers de chacun de ces classements. Le Populaire de Paris et le Populaire du Centre ont renouvelé leur soutien à l’épreuve de l’Union Vélocipédique Limousine présidée désormais par Jean Germaneau qui a pris la relève de Marc Parot.

Ils sont 67 à signer la feuille d’émargement à la Croix de Berny. Toutes les grandes équipes sont représentées.

Génial Lucifer : Jean Robic, Maurice Quentin, Daniel Thuayre, Serge Berselli, Pierre Cantuel,

Alcyon Dunlop : André Brulé, Severin Virgili, Edouard Muller, Charles Coudrain, Jacques Prevotal, Giuseppe Tacca, Fernand Mithouard

Rochet Dunlop : René Terrot, Lucien Boda, Sylvain Hordelalay, Auguste Mallet, Albert Dubuisson, Jacques Geus, Raymond Louviot

Dilecta : André Kerguet, Kléber Piot, Martineau Philippe, Sylvère Jézo

Peugeot : Robert Dorgelay, Albert Dolhats, Camille Danguillaume, André Denhez,

Mercier : André Forget, Armand Le Moal, Richard Depoorter, Guy Butteux, Jules Lowie, Pierre Mancicidor,

Garin Hutchinson : Roger Lambretch,

Métropole : Roger Pontet, Pierre Brambilla,

De Dion Bouton : René Barret,

Ray Dunlop : Jean Marie Goasmat

Les premiers tours de roues sont donnés à 5 h 45′. La première échappée  se produit 7 kilomètres après le départ. Les spectateurs courageux qui se sont levés tôt voient passer 7 coureurs non moins courageux : André Forget, Jean Robic, André Brulé, Fernand Mithouard, Maurice Quentin, Roger Lambretch et René Terrot.  A l’arrière, Lucien Boda, malchanceux, casse son guidon.

La chasse s’organise ce qui a pour conséquence de casser le peloton en trois parties et dans la dernière on retrouve Robert Dorgelay, Sylvain Hordelalay et le régional Paul Lerme.

A Arpajon, si André Brulé et Jean Robic sont toujours en tête, les autres ont été remplacés par André Kergoet, Edouard Muller, Roger Pontet et Auguste Mallet.

Le peloton conduit par Armand Le Moal et Daniel Thuayre passe à Etampes avec un retard de 1′ 25″. A Angerville, l’écart est monté à 4′ 25″ sur un peloton qui roule au train au sein duquel le régional Paul Lerme a retrouvé sa place.

L’avance des échappés continue de croître jusqu’à Orléans pour atteindre 7′ 15″. Edouard Muller empoche les 3 points du premier sprint du Ruban des Grandes Villes. Il devance André Brulé et Jean Robic. Fernand Mithouard et Kléber Piot victimes d’ennuis mécaniques ont regagné les vestiaires.

A la Motte Beuvron, lieu du premier ravitaillement, les échappés prennent au vol leur musettes et il faut attendre 8′ 35″ pour voir arriver les deux coureurs de Rochet, Jacques Geus et Albert Dubuisson qui ont pris 300 m d’avance sur le reste des poursuivants.

Un kilomètre avant Vierzon, Jean Robic  mal remis d’une lourde chute dans Paris Roubaix, se plaint de maux de tête et préfère laisser filer ses cinq autres compagnons.  Le second sprint, à Vierzon, est remporté par André Kergoet qui bat Edouard Muller et Auguste Mallet. Les échappés ont porté leur avance à 8′ 50″ alors que les Peugeots conduisent la chasse.

A Vatan, les coureurs ont 36′ d’avance sur l’horaire prévu et l’avance des échappés n’est plus que de 7′ 24″ . En tête du peloton, les plus actifs sont Charles Coudrain, Albert Dolhats, Camille Danguillaume, Pierre Brambilla et Pierre Cantuel.

Châteauroux est atteint et c’est Edouard Muller qui rafle les 3 points du meilleur sprinter en devançant André Brulé et Auguste Mallet.  L’allure du groupe de tête a nettement diminué. André Brulé victime de crampes ne va pas tarder à mettre la flèche.

Quelques kilomètres plus loin Roger Pontet s’arrête à une ferme pour remplir ses bidons. Réduit à trois , les hommes de tête continuent de perdre du terrain.  Edouard Muller est le plus frais alors qu’André Kergoet donne des signes de fatigue.

Au sommet de la côte d’Argenton où est jugé le premier classement du meilleur grimpeur, Auguste Mallet précède André Kergoet de 45″. Edouard Muller qui lui aussi s’est arrêté pour faire un ravitaillement en boisson passe avec un retard de 1′ 15″.

Relançant l’allure Auguste Mallet augmente à nouveau son avance. La très forte chaleur ne l’incommode pas, pas plus que la côte de Le Fay qu’il avale sans paraître forcer. Le peloton, conduit par Philippe Martineau et Guy Butteux, accuse alors un retard de 9′. Les abandons se multiplient. C’est au tour d’Armand Le Moal et d’André Denhez de retirer leur dossard.

André Kergoet en perdition est repris par le peloton à la rivière de l’Agloux.

A La Souterraine, Auguste Mallet possède 1′ 7″ d’avance sur Edouard Muller. Derrière ces deux hommes le peloton a éclaté. Un groupe de contre pointé à 3′ 45″ comprend Pierre Brambilla, Jean Marie Goasmat, Albert Dolhats, Raymond Louviot, Jacques Geus et Camille Danguillaume. A 5′ 15″ arrivent Jules Lowie, Sylvère Jézo et Giuseppé Tacca.

A Saint Maurice La Souterraine, Edouard Muller a rejoint Auguste Mallet.

Dans la côte de Morterolles, Edouard Muller laisse sur place Auguste Mallet à bout de force. Au sommet, il prend 3 points supplémentaires au classement du meilleur grimpeur.  Auguste Mallet prend la seconde place, Pierre Brambilla qui conduit le groupe de chasse passe en 3ème position.

La côte de Bessines, toute proche, permet à Edouard Muller d’engranger 3 nouveaux points. Auguste Mallet est pointé à 40″. Jacques Geus est à 3′ 35 » en compagnie de Raymond Louviot et de Pierre Brambilla. Arrivent ensuite, Sylvère Jézo et Jean Marie Goasmat.

La côte de Chanteloube ne compte pas pour le classement du meilleur grimpeur, c’est pourtant la plus difficile et elle va être fatale à Auguste Mallet qui ne va pas pouvoir prendre les roues de ses deux coéquipiers de l’équipe Rochet, Raymond Louviot et Jacques Geus escorté par le coureur de Métropole Pierre Brambilla. Quelques kilomètres plus loin ce trio va tomber sur le dos du pauvre Edouard Muller complètement à la ramasse après une échappée de près de 300 kilomètres.

Dans les derniers mètres de la côte de Chanteloube, Raymond Louviot est lâché.

Jacques Geus et Pierre Brambilla aborde ensemble la dernière difficulté, la côte de Razès. Au sommet Jacques Geus passe en tête mais Pierre Brambilla s’accroche. Raymond Louviot qui passe en 3ème position sait déjà qu’il ne reverra pas les deux hommes de tête.

Sur la route menant au vélodrome Pierre Brambilla va attaquer une dizaine de fois pour se débarrasser de ce diable de Jacques Geus mais, le jeune belge, ne l’entends pas de cette oreille.

Tout va se jouer sur la piste du vélodrome André Raynaud. Jacques Geus va s’imposer avec une longueur d’avance sur Pierre Brambilla. Raymond LOuviot complète le succès des Rochets en prenant la 3ème place à 4′ 3″.  Jean Marie Goasmat termine 4ème à 4′ 55″. Puis arrivent à 7′ 15″ Syvère Jézo, à 9′ 26″ Auguste Mallet, à 9′ 49″ Albert Dolaths.

Carton plein pour Jacques Geus qui outre la victoire, remporte aussi la prime de 3000 francs pour avoir battu le record de l’épreuve en couvrant la distance en 10h 16′ 55″ soit près de 40′ de mieux que le record de Walshot. Sur les 25 arrivants, 21 ont battu le record de l’épreuve.

Edouard Muller, l’un des héros du jour, se console en remportant le Ruban des Grandes Villes et en se partageant avec le deuxième héros du jour, Auguste Mallet, le Prix du Critérium du Meilleur Grimpeur.

Après son arrivée, Jacques Geus répond aux questions des journalistes et le jeune belge démontre qu’il n’a pas la langue de bois : Prendre un bon commerce et me retirer, voilà ce que j’ambitionne. C’est parce que je suis un inconnu que mon directeur sportif  n’a pas voulu me faire disputer Bordeaux Paris.  A ma place il a pris Somers, Neuville et Louviot qui ont tous des barbes longues comme çà ! (une façon  pour lui de dire qu’ils sont trop vieux) Mais maintenant, j’espère que le patron voudra bien me faire confiance. Il y a encore de belles courses à disputer en France dont le Grand Prix des Nations. C’est que je roule fort contre la montre et il n’y a pas à dire, il faut que je sorte de ma tunique de second plan. Enfin, j’espère que Paris-Limoges m’y aidera. Vous avez pu remarquer mon coup de pédale. J’aurais pu lâcher Brambilla mais ce n’était pas la peine, le résultat aurait été le même. Vous voyez, quand on remporte une étape du Critérium de la République et la semaine suivante 3 critériums en Belgique tous les espoirs sont permis. Mais, vous me verrez gagner d’autres belles courses. Puis regardant son coéquipier Auguste Mallet allongé inerte sur la pelouse : le pauvre petit il est bien fatigué !

Auguste Mallet aura été un des grand animateur du jour.  Ce coureur va connaître une succession de drames tout au long de sa carrière et un destin tragique. En 1936, une chute lors de Paris-Roubaix lui vaut d’être hospitalisé dans le coma à l’hôpital de Beauvais pendant une semaine. Au début de la saison 1938, il se fracture le crâne après une chute dans la descente du col de la République lors d’une étape de Paris-Nice. Remis de ses blessures, il dispute le Tour de France 1938 au cours duquel il est renversé par un suiveur dans la descente du col d’Izoard. Grièvement blessé, il est victime d’une éventration. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est blessé lors des combats à Dunkerque et reçoit la Croix de guerre et la médaille militaire pour conduite héroïque. De retour à la compétition, après la Libération, il est renversé par une voiture lors des championnats de France 1944, puis est, à nouveau, hospitalisé pendant une durée de deux mois après avoir lourdement chuté sur la course Rouen-Caen-Rouen en 1945. Ces blessures à répétition n’entament pas sa détermination : Auguste Mallet remporte ainsi le Grand Prix des Alpes en 1946.  Quelques mois après avoir disputé Paris-Limoges le 9 décembre, alors qu’il circule à vélo dans Paris, il tombe et est écrasé par un camion. Il meurt pendant son transfert à l’Hôtel-Dieu, à l’âge de 33 ans.

Jacques Geus félicité par M Germaneau Président de l'UVL en compagnie de Maurice Rougerie Directeur du Populaire du Centre et M Naegelen Ministre de l'éducation nationale

1947 –  Victoire de Roger Chupin le jeune poulain d’Antonin Magne.

Le 15 juin 1947, il est 6h 15′ lorsque les 73 partants s’élancent de la Croix de Berny sous une pluie torrentielle et un vent debout qui souffle par rafales. Malgré cela, dès le drapeau baissé,  André Mahé (Métropole) et François Bozec (Garin Wolber) attaquent et font rapidement le trou. Un groupe de contre se lance à leur poursuite et on retrouve onze hommes en tête. Outre André Mahé, François Bosec il y a  Ange Le Strat, Robert Bonnaventure (La Perle), Raymond Louviot (Garin Wolber), Raymond Haegel (Mercier), Sylvain Hordelalay, Serge Chaumont, Joseph Auville, Victor Cosson  (Rochet), Paul Pothée  (Génial Lucifer). La présence de quatre coureurs de l’équipe La Perle dans l’échappée provoque une vive réaction du peloton et tout rentre dans l’ordre rapidement.

Après une heure de course, à Etrichy, une nouvelle échappée prend corps alors que la pluie et le vent rendent la course particulièrement difficile.

A Etampes, ils sont, à nouveau, onze en tête, on retrouve quasiment les mêmes. Serge Chaumont , Joseph Auville et André Mahé ont disparu Ils ont été remplacés par René Barret (Alcyon), Maurice Quentin (Génial Lucifer) et Roger Chupin (Mercier). Un second groupe composé de Jean Bernardoni (Génial Lucifer), Maurice Diot, Guy Butteux et René Berton  (Mercier), Louis Schmitt (La Perle), Armand Le Moal, Edouard Muller  et René Le Boulanger  (Alcyon), et André Mahé est pointé à 1′. Puis à 2′ 35″, Alexandre Pawlisiack (Rochet) et André Forget (Mercier) conduisent le reste des concurrents.

A la sortie d’Etampes, le peloton qui se scinde en cinq groupes lutte toujours contre les intempéries. Le 1er groupe avec Raymond Louviot possède 2′ 35″ sur le groupe Maurice Diot, André Mahé, René Berton. Le 3ème groupe comprend 22 hommes, il est pointé à 3′ 50″. Le 4ème  groupe composé de quelques unités passe à 5′ et enfin le dernier groupe qui comprend la moitié des concurrents est pointé à 5′ 35″.

Des trombes d’eau s’abattent sur les coureurs qui roulent en éventail.  C’est sous le déluge que les hommes se ravitaillent et peu à peu les abandons s’ajoutent aux abandons.  Sylvain Hordelalay et Maurice Quentin victimes d’incidents disparaissent du groupe de tête.

Après Vierzon la pluie cesse enfin à part quelques averses mais le vent est toujours aussi violent. Au sein du premier groupe, l’entente est parfaite, l’avance est montée à 9′. François Bozec et Raymond Louviot donnent la cadence..

Raymond Haegel victime d’une chute doit laisser filer les hommes de tête tout comme  Victor Cosson qui souffre des genoux.  Ils ne sont donc plus que sept à l’approche des premières difficultés.

Dans la côte de Le Fay, Raymond Louviot, très à l’aise, dépose ses compagnons. D’une pédalée souple, il creuse l’écart mais, malheureusement pour lui, la course va brusquement s’arrêter. Sur la très mauvaise route conduisant à La Souterraine, sa fourche vient de se briser.

Sur ordre de son directeur sportif Francis Pélissier, Robert Bonnaventure place une attaque. Il prend rapidement du champ bien protégé par son équipier Ange Le Strat. Il reste cependant 56 km à parcourir.

Bien en rythme, Roger Bonnaventure escalade facilement les côtes de Morterolles et de Bessines et au sommet de la côte de Razès son avance est de 1′ 30″ mais derrière les poursuivants roulent fort.

François Bozec est contraint de s’arrêter pour satisfaire un besoin pressant. A l’avant, Roger Bonnaventure qui a trop puisé dans ses réserves, est victime d’une terrible défaillance qui le laisse sans force. Il est rattrapé puis déposé par Roger Chupin, René Barret et Ange Le Strat. Paul Pothée  n’a pas pu suivre le rythme imposé.

René Barret semble le plus fort mais, à 7 km de Limoges, il crève. C’est fini pour lui.

Sur le vélodrome, après un sprint très disputé, Roger Chupin bat Ange Le Strat d’un quart de roue. Le malchanceux René Barret termine à 40″. Roger Bonnaventure parvient à conserver sa 4ème place à 2′ 15″ du vainqueur. Complétement épuisé il faudra l’aider à descendre de machine.  Il se console en remportant, à la fois, le classement du Ruban des Grandes Villes et le classement du Meilleur Grimpeur. A 3′ 44″, terminent Eugène Macé (Peugeot) et Jean Bernardoni.  A la 7ème  place, termine Paul Pothée avec un retard de 5′ 55″ puis à 6′ 15″ René Berton bat au sprint François Bozec.

Compte tenu des conditions météo du début de course, le record n’est pas battu. Roger Chupin a couvert la distance en 11h 23′ 36″. 20 concurrents seulement sont parvenus au vélodrome.

Le Trophée Auguste Mallet à la mémoire du regretté disparu récompense la meilleure équipe. Ce sont les Mercier, les hommes d’Antonin Magne,  qui remportent le Trophée.

 

 

 

Roger Chupin entouré, à sa droite, par Maurice Rougerie, Directeur du Populaire du Centre, et Jean Germaneau, Président de l'UVL, et, à sa gauche, par son directeur sportif Antonin Magne.

1948 – Louis Caput le plus rapide d’un sprint à six.

Le 13 juin 1948 au départ du 17ème Paris-Limoges le temps n’est pas de la partie. Un  brouillard épais et froid enveloppe la zone de départ au moment où les 80 coureurs s’élancent de la Croix de Berny à 5h 55′ précises.

Après une heure de course les coureurs sont à Etampes. La côte, à la sortie de la ville, provoque  des cassures. Romain Grégoire (Génial Lucifer) et Louis Londéro (Métropole) possèdent 25″ d’avance sur Guy Lapébie ( Métropole), Raymond Haegel (Olympia), René Berton (La Perle) et Sylvain Hordelalay (Génial Lucifer).  Le reste du peloton est pointé à 55″.

Malheureusement pour Sylvain Hordelalay, Paris-Limoges va se terminer brutalement quelques kilomètres plus loin. Après avoir cassé son guidon, il chute lourdement et se fracture la clavicule.

A Angerville, les deux hommes de tête possèdent 1′ d’avance sur le groupe Lapébie.

Après 2 heures de course cette échappée prend fin. 76 kilomètres ont été parcourus.

Le calme est de courte durée, Roger Buchonnet (Rivat Sport), Alphonse Devreese (Peugeot) et Jean Blanc (Métropole) relancent l’allure. Leur avance croit régulièrement pour atteindre 1′ 30″ à Orléans sur Louis Londéro et Romain Grégoire, à nouveau, sortis du peloton.  Le peloton conduit par Paul Maye (Dilecta), Louis Caput (Olympia Dunlop), Louis Thiétard (Métropole) et Roger Chupin (Mercier) passe avec un retard de 3′ 25″. A noter que  Roger Buchonnet a remporté le premier sprint du Ruban des Grandes Villes devant Alphonse Devreese et Jean Blanc.

Au ravitaillement de la Motte Beuvron, l’avance du trio de tête est de 4′ 50″ sur le duo des poursuivants en chasse patates et de 8′ 45″ sur le peloton.

A Vierzon, Roger Buchonnet remporte le second sprint devant Alphonse Devreese.  Jean Blanc a été lâché,  il passe en 3ème  position à 2′. Le peloton a absorbé Louis Londéro et Romain Grégoire.

La pluie d’orage fait son apparition, elle ne va plus quitter les coureurs jusqu’à Limoges. L’écart diminue peu à peu et au passage à Chateauroux, Alphonse Devreese qui remporte le sprint devant Roger Buchonnet ne possède plus que 3′ 18″ sur le peloton conduit par Marcel Dussault (Rivat Sport).

18 kilomètres après Châteauroux l’échappée prend fin.

Le local, Louis Paquet (Rivat Sport) prend la relève. Il passe en tête au sommet de la côte d’Argenton avec 1′ 30″ d’avance sur Louis Caput et Guy Lapébie. Alors que la pluie redouble, la sélection commence à s’opérer.

Louis Paquet a trop puisé dans ses réserves, il est repris par le peloton et de suite décroché. Sur une route en très mauvais état avant La Souterraine, les crevaisons se multiplient ce qui réduit le peloton à 33 unités.

La grande bagarre débute. César Marcelack (Mercier) passe à l’attaque. Raymond Haegel (Olympia) se lance à sa poursuite.  Les deux hommes creusent l’écart alors que Paul Giguet (Peugeot) et Georges Ramoulux (Dilecta)  sont sortis en contre.

A Morterolles, César Marcelak s’est débarrassé de Raymond Haegel qui a été repris par les poursuivants.  François Person (Gitane Stella) se lance à son tour à la poursuite de César Marcelak toujours en tête au sommet des  côtes de Bessines et de Razès. La malchance n’épargne pas,  François Person, victime d’une crevaison, il perd toutes ses chances de revenir sur l’homme de tête.

Tout comme Roger Bonnaventure la saison précédente, la victoire de César Marcelak semble acquise mais c’est sans compter sur un redoutable quintet lancé à sa poursuite.  Louis Caput,   Paul Giguet, Louis Thiétard et les deux Peugeots, Jean  De Gribaldy et Maurice De Muer vont fondre sur le pauvre César Marcelack qui va être repris à seulement 2 kilomètres de Limoges. (César Marcelak prendra une éclatante revanche quelques jours plus tard en remportant le titre de Champion de France).

Les commissaires qui avaient envisagé de faire  disputer l’arrivée sur la route, devant le vélodrome, afin d’éviter des chutes sur la piste en ciment détrempée, reviennent sur leur décision au tout dernier moment.

Les six hommes maculés de boue pénètrent ensemble sur la piste et  c’est Louis Caput qui se montre le plus habile. Il devance nettement Jean De Gribaldy, César Marcelak, Louis Thiétard, Paul Giguet et Maurice De Muer.  A 2′ 40″ termine Raymond Haegel qui bat au sprint  Louis Deprez (Mercier), François Person prend la 9ème place à 3′ 30″. Il devance Georges Ramoulux.

En couvrant les 365 km en 9h 56′ 50″ Louis Caput a battu le record de l’épreuve de 17′ 5″. C’est une performance remarquable compte tenu des conditions météo. 37 coureurs ont terminé l’épreuve.

C’est Roger Buchonnet qui remporte le Ruban des Grandes Villes. César Marcelak remporte le classement du meilleur grimpeur.

 

 

Louis Caput avec à sa gauche Jean Germaneau Président de l'UVL.

1949 – Roger Pontet devance au sprint Jean Marie Goasmat.

Le 12 juin 1949, à 6h, Henri Boudard, président des commissaires donne le départ du 18ème Paris-Limoges. Ils sont 84 à rêver de la victoire.

Le Journal l’Equipe patronne désormais cette classique. La sonorisation  est assurée par le véhicule de la caravane du Tour de France Kléber Colombes. Cette société finance le classement du meilleur grimpeur ainsi qu’un prix spécial pour l’équipe qui classe le mieux trois de ses coureurs.

Dès le départ les tentatives d’échappées sont nombreuses. A Longjumeau, Robert Bonnaventure (La Perle), Pierre Hérubel (Rivat Sport), Urbain Caffi (Alcyon Dunlop) et Raymond Lucas (Alcyon Dunlop) possèdent 300 m d’avance sur le peloton qui roule à 50 km/h.

A Montlhéry, les quatre échappés ont 50″ d’avance. Sous l’effet d’un vent de trois quart le peloton a éclaté en quatre bordures.

Au sommet de la côte d’Etampes, Louis Londero (Métropole) et Georges Blum (Rivat Sport) sont pointés à 30″. Le peloton regroupé est à 1′ 5″. Sur le plateau, après le sommet de la côte, les deux poursuivants rejoignent la tête de course.

A Toury, Raoul Rémy (La Perle) et Edouard Muller (Alcyon Dunlop) ont réussi à faire le jump mais l’entente ne règne plus et l’avance commence à décroître. A Arthenay tout rentre dans l’ordre et aussitôt, Yves Pieracci (Rochet) et Pierre Elie (Génial Lucifer) tentent la belle. Ils prennent rapidement 55″ d’avance et ils reçoivent le renfort, peu avant Orléans, de Georges Ramoulux (Dilecta), Samson, André Chassang (Olympia) et Romain Grégoire (Olympia).

Les six hommes de tête possèdent 1′ 5″ d’avance à l’entrée d’Orléans. Georges Ramoulux remporte le sprint devant Pierre Elie et Yves Pieracci.  Au sein du peloton, les régionaux Yves Dadat et Marcel Alix sont toujours dans le coup.

A la Ferté Saint Aubin, après 122 kilomètres de course, les six fuyards ont porté leur avance à 2′ 30″. A la Motte Beuvron, lors du ravitaillement, Marcel Alix et Yves Dadat sont victimes d’une chute. Seul Marcel Alix parvient à réintégrer le peloton.

A Salbris, le groupe de six s’est renforcé de trois nouveaux coureurs : Raymond Louviot (Garin Wolber), José Beyaert (Gitane Hutchinson) et Raymond Haegel (La Perle). L’écart avec le peloton dépasse alors les 3′.

Raymond Louviot, malchanceux est le premier à disparaître  sur ennui mécanique. Sa cuvette de pédalier est desserrée. C’en est fini pour lui.

A Vierzon, Romain Grégoire remporte le sprint. Ils ne sont plus que cinq à Vatan, André Chassang atteint de crampes, Samson et Yves Pieracci ont été absorbés par le peloton.

A Châteauroux, José Beyaert, Georges Ramoulux, Raymond Haegel et Romain Grégoire prennent leur musette 4′ 40″ avant le gros du peloton qui a repris Pierre Elie. José Beyaert, le champion Olympique à lunettes, fait l’essentiel du travail.

Romain Grégoire passe en tête au sommet de la côte d’Argenton mais il va être victime d’une crevaison et à Celon, Georges Ramoulux, Raymond Haegel et José Beyaert n’ont plus que 2′ 35″ d’avance.

Dans la côte de Le Fay, José Beyaert dépose, au train, Georges Ramoulux et Raymond Haegel totalement épuisés. A la Souterraine, José Beyaert est seul en tête mais jugeant l’arrivée beaucoup trop loin, il préfère se relèver.

Alors que Jean Robic (Rivat Sport) casse ses deux cables de dérailleurs, Ange Le Strat (La Perle), Pierre Cogan(Carrera Dunlop), Jean Marie Goasmat (La Perle), Roger Pontet (Olympia Dunlop) et Louis Aubrun (Hélyett) passent à l’attaque. Aux Genêts d’Azérables, Louis Aubrun a disparu et le quatuor de tête possède 50″ d’avance.

L’allure est vive, les compteurs affichent 50 km/h.  A La Croisière, Ange Le Strat est décroché.

Les trois hommes de tête sont d’excellents grimpeurs, la victoire ne peut plus leur échapper.

Jean Marie Goasmat place une attaque dans la traversée de Bessines.  Roger Pontet et Pierre Cogan réagissent immédiatement mais, dans la côte suivante, Pierre Cogan est le premier à rendre les armes.

A Razès, Jean Marie Goasmat et Roger Pontet possèdent 1′ 20″ sur Pierre Cogan qui a été repris par Pierre Baratin (Rhonson Dunlop). A 2′ 15″ passent, Georges Guillier (Génial Lucifer), Fermo Camellini (Rivat Sport), Louis Thiétard (Métropole), Lucien Lauk (Marèze Hutchinson).

Les deux hommes de tête ne vont pas faiblir. Jean Marie Goasmat ne parvient pas à se débarrasser de Roger Pontet. Sur la piste du vélodrome, Roger Pontet va laisser Jean Marie Goasmat à plusieurs longueurs.

Six coureurs se présentent ensemble et se disputent le sprint à 4′ du vainqueur. Lucien Lauk est le plus rapide, il devance, Georges Guillier, Pierre Baratin, Louis Thiétard, Pierre Cogan et Fermo Camellini. A 4′ 45″, termine Marcel Dussault. Roger Chupin complète le Top 10 en prenant la 10ème place, à 6′ 10″ du vainqueur.

Roger Pontet a couvert la distance en 9h 50′ 40″. Le record est à nouveau battu. 37 coureurs ont terminé l’épreuve dont Marcel Alix (34ème).  En plaçant cinq hommes parmi les arrivants, l’équipe Dilecta remporte le challenge Auguste Mallet.  Romain Grégoire remporte le Ruban des Grandes Villes patronné par les Maisons Blondeau. Jean Goasmat remporte le Critérium du Meilleur Grimpeur patronné par Kléber Colombes. Le prix spécial Kléber Colombes qui récompense les trois coureurs par équipe les mieux placés revient à l’équipe Métropole.

 

 

 

 

Roger Pontet

1950 – Serge Blusson s’impose au courage.

Le 19ème Paris Limoges se dispute le 13 août 1950.

L’épreuve ne va pas souffrir de ce changement de date. Les précédentes éditions permettaient aux directeurs sportifs  de donner les derniers noms pour le Tour de France.  Déplacé en août, l’épreuve sert de référence aux sélectionneurs pour la participation au Championnat du Monde.

Le départ est donné à 7 h 45′ de la Croix de Berny et c’est Romain Lardiller qui abaisse le drapeau. Agé de 83 ans, Roger Lardiller  est un creusois originaire de Bénévent l’Abbaye et il est surtout connu pour être le premier vainqueur d’un Paris-Limoges qui s’est couru en 1893. Il n’était pas alors question de boyaux et de vélos ultra légers. Sur les roues, on montait des pneus pleins et les roulements à billes était remplacés par des galets. Quant à l’outillage principal du cycliste, il se résumait à un marteau et à une burette d’huile pour effectuer un graissage presque constant. Huit courageux ont pris le départ. Romain Lardiller prend les devants dans la nuit et se retrouve seul en tête au moment d’aborder les dernières côtes. A Razès, totalement épuisé, il tombe dans le fossé. Ce sont de jeunes sous officiers dragons qui le transportent sous une fontaine pour lui faire retrouver ses esprits. Couvert de sang, il va remonter sur sa machine et va finir par ralier Limoges. Il est alors accueilli en triomphateur et il est porté en triomphe du cimetière de Louyat à la place Denis Dussoubs. En récompense, il a reçu 1000 francs en or et un hébergement de 8 jours dans un hôtel. 

80 coureurs ont répondu à l’appel de cette 19ème édition.

Le premier à mettre le nez à la fenêtre est Jean Cayzac, un jeune coureur de l’équipe Dilecta, qui s’en va seul dans la traversée d’Arpajon. Serge Berselli (Marèze Hutchinson) est le premier à le rejoindre. Dans la côte d’Arpajon, Ange Le Strat (La Perle), Antoine Frankowski (La Perle) et Jean Chateau (Automoto) portent à cinq le nombre de coureurs composant cette première échappée.

A Etampes, les cinq hommes de tête ont 50″ d’avance sur un groupe composé de Raymond Haegel (Olympia), Georges Ramoulux (Dilecta), Pierre Mancicidor (La Perle), René Urbain (Mervil Dunlop) et Pierre Scalbi (Mervil Dunlop). Le peloton est à 1′ 15″

La côte d’Etampes accentuent les écarts. Au sommet, le groupe de tête  possède 1′ 20″ d’avance sur le second groupe et 2′ 20″ sur le peloton.

A Angerville, les deux groupes de tête n’en forment plus qu’un.  Les écarts vont alors se creuser sous l’impulsion des hommes de Francis Pélissier et en particulier d’Antoine Frankowski qui ne ménage pas sa peine.  Après 70 km de course, leur avance est de 3′ 45″. A Saran, le retard du peloton qui s’endort est de 5′ 55″.

A Orléans, Ange Le Strat enlève le premier sprint du Ruban des Grandes de Ville. Le peloton se présente avec un retard de 8′ 15″.

Au passage de la Ferté Saint Aubin, deux hommes sont sortis en contre et se sont rapprochés à 5′ 30″ de la tête. Il s’agit d’Emile Teisseire (Hélyett) et d’Eugène Telotte (Mercier). Le peloton passe avec  7′ 20″ de retard.

Au ravitaillement de la Motte Beuvron, le peloton n’est plus qu’à 6′ 20″ des dix fuyards.

A Vierzon, atteint à 12h 45′, René Urbain se montre le plus rapide. Le peloton conduit par Attilio Redolfi (Mercier) n’est plus qu’à 4′ et à l’approche d’Argenton, le groupe de tête qui a perdu plusieurs éléments ne possède plus qu’un avantage de 2′ 30″.

Les uns après les autres, les échappés du matin sont rejoints par le peloton et immédiatement lâchés mais il y a encore de courageux combattants en tête de course. Au sommet de la côte d’Argenton, Antoine Frankowski passe en tête suivi par Jean Cayzac et Pierre Scalbi.

A Celon, Antoine Frankowski  passe seul en tête. Jean Cayzac est à 1′ 40″, le peloton à 2′.

Faisant preuve d’un courage remarquable Antoine Frankowski reprend le guidon par en dessous et creuse, à nouveau, les écarts. 4′ 10″ à La Souterraine où André Dufraisse (Rochet) change de roue.

Après La Souterraine, les attaques se multiplient. Elles sont l’oeuvre de Jean Rey (Mercier), Serge Blusson (Delangle Wolber), Maurice Diot (Mercier), Raoul Rémy (La Perle).  Les régionaux Jean Rigout et André Dufraisse sont toujours au sein du peloton qui est réduit à 33 unités.

Ce changement de rythme du peloton va provoquer la perte d’Antoine Frankowski qui n’a plus que 2′ d’avance  à La Croisière. Il est repris à Morterolles où il s’écroule complètement épuisé.

Au sommet de la côte de Morterolles, Eloi Tassin (Dilecta) conduit un groupe de sept coureurs. On retrouve à l’avant, Serge Blusson, Attilio Redolfi, Raoul Rémy, Lucien Lauk (Rochet), René Berton (Automoto) et Hugues Guelpa (Rhonson Dunlop).

La victoire ne peut plus échapper à l’un de ce groupe de sept, tous de marques différentes.  La lutte va être farouche entre les sept leaders. Raoul Rémy et Attilio Redolfi semblent les plus forts. Eloi Tassin connait un passage à vide mais il se ressaisit et parvient à remporter le dernier classement du meilleur grimpeur à Razès.

Sur la route conduisant à Limoges, Serge Blusson est victime de crampes. Dans chaque faux plats il est décroché mais, au courage, il revient à chaque fois. Raoul Rémy tente de partir seul mais sans succès.

Dans la dernière petite côte, à La Bastide, à l’entrée de Limoges, Serge Blusson est à nouveau lâché. Les six hommes de tête n’ont plus qu’à se laisser couler jusqu’à l’entrée du vélodrome. mais dans ces 2 km de descente, ils se regardent. Personne ne veut prendre l’initiative. Tout ceci profite à Serge Blusson  qui recolle une nouvelle fois aux roues.

Ils sont donc sept à pénétrer ensemble sur la piste en ciment et c’est celui qui semblait le plus fatigué qui va s’imposer au sprint. Serge Blusson devance Lucien Lauk, Attilio Redolfi, Raoul Rémy, Hugues Guelpa et Eloi Tassin. Charles Joly (Gitane Hutchinson) prend la 8ème place à 3′ 40″.  Roger Bon (Mervil Dunlop) est 9ème 4′ 50″, Charles Van Dormael (Alcyon) est 10ème 6′ 15 ».

Jean  Rigout très applaudi termine dans le second peloton à la 15ème place. André Dufraisse termine 26ème. C’est le dernier classé.

Serge Blusson a couvert la distance en 10h 16′ 15″. Ange Le Strat a remporté le Ruban des Grandes Villes et Eloi Tassin le classement du meilleur grimpeur.

Les correspondants du Populaire du Centre ont eu du mal à recueillir les impressions de Serge Blusson après l’arrivée. Sitôt la ligne franchit, l’effort a été si violent qu’il a perdu connaissance. Ce n’est qu’après le protocole que remis de ses émotions il s’est confié aux journalistes présents : Sur ma forme de la fin du Tour de France, je me sentais aujourd’hui en excellente condition mais j’ai souffert de crampes dans la dernière partie de la course au moment même où après avoir rejoint Frankowski nous attaquions vos fameuses rampes. Tassin, excellent grimpeur, attaquait sans arrêt de même que Rémy et  Lucien Lauk et j’ai fini par être lâché plusieurs fois mais j’ai serré les dents. Je suis revenu près de l’entrée du vélodrome et dans un effort désespéré je me suis replacé pour le sprint. J’ai profité de la lutte que se livraient mes adversaires pour m’imposer.

Lucien Lauk ne se remettait pas de cette seconde place : Songez que Blusson a été lâché plusieurs fois et qu’il avait même perdu 500 m sur la fin et qu’il a rejoint sur la petite route conduisant au vélodrome parce que aucun d’entre nous ne voulait mener. 

Eloi Tassin   a tenté jusqu’au bout de l’emporter pour la seconde fois.  Il a été repris à 1 km de la ligne et il éprouve le même  ressenti : René Berton a tout ramené sur moi et plus personne n’a voulu mener ce qui a permis le retour de Blusson. Je pensais toutefois l’emporter au sprint mais je me suis fait coincer dans le dernier virage. 

 

1951 – Georges Meunier le plus rapide à Beaublanc.

Pour sa 20ème édition, Paris Limoges retrouve sa place au calendrier quelques jours avant le départ du Tour de France. L’épreuve se déroule le 17 juin 1951.

Le temps est beau même si quelques nuages colorent le ciel au moment du départ à 7h 55′. 78 coureurs sont libérés et d’entrée le vainqueur de l’édition précédente, Serge Blusson (Delangle) place une attaque. Dominique Forlini  (Gitane) saute dans sa roue. A Longjumeau, les deux hommes possèdent 25″ d’avance sur un groupe de contre qui roule 400 m devant le peloton. Dans ce groupe de contre figurent Lucien Maelfait (Rochet), Edouard Muller (Gitane), Raymond Scardin (Alcyon), Maurice Diot (Mercier), Roger Bourgeteau (Métropole), Robert Jarrige (La Perle), Louis Cassagnes (Métropole), Maurice Quentin (Alcyon), Georges Meunier (La Perle), Roger Pontet (Gitane) et Eugène Telotte (Mercier).

L’allure est vive. Dans un premier temps, Serge Blusson et Dominique Forlini sont repris par le groupe de contre mais, à Etrichy, c’est le regroupement général.

Le calme est de courte durée, quatre volontaires déclenchent aussitôt l’échappée la plus sérieuse de la matinée. 22 km ont été parcourus et on retrouve à l’avant Guy Allory (Magnat Debon), Charles Danielou (Stella Dunlop), Jean Erussard (Arliguié Hutchinson) et Pierre Mancicidor (La Perle).

A Etampes, le peloton qui n’attache aucune importance à cette échappée compte déjà 2′ 35″ de retard. Malgré un fort vent de côté, les hommes de tête vont augmenter régulièrement leur avance. 4′ à Monnerville, 5′ 30″ après 64 km de course.

Le groupe de tête atteint Orléans avec 9′ 40″ d’avance. Guy Allory remporte le premier sprint du Ruban des Grandes Villes.

Au ravitaillement de la Motte Beuvron, les quatre hommes de tête ont porté leur avantage à 10′ 20″. Georges Danielou juge cette échappée suicidaire, il préfère se relever. Ils ne sont désormais plus que trois en tête.

A Salbris, les trois leaders ne faiblissent pas. Il faut attendre 11′ 40″ pour voir arriver le peloton.

Pierre Mancicidor enlève le second sprint à Orléans.  Georges Meunier et Jean Marie Ciéleska conduisent le peloton avec un retard de 11′ 45″.

La chasse commence enfin à s’organiser.  A Châteauroux, Pierre Mancicidor se montre, une fois de plus,  le plus rapide. Il devance Jean Erussard et Guy Allory. Georges Meunier passe en 4ème position et l’écart n’est plus que de 6′ 35″.

A Tendu, le peloton sous la conduite des Rochets s’est rapproché à 4′ 45″.

Jacques Marinelli (Alcyon Dunlop) place une violente dans la côte d’Argenton. Au sommet de ce premier grimpeur, Jean Erussard passe en tête suivi de Pierre Mancicidor et de Guy Allory.  Jacques Marinelli passe seul à 3′ 30″.

Sur la route qui conduit les coureurs vers La Souterraine, le peloton a déjà les fuyards du matin en ligne de mire.  C’est la fin de l’aventure pour eux, 15 km avant La Souterraine. Jean Erussard n’ira pas plus loin, il monte dans la voiture balai.

A La Souterraine, à 15h, devant une foule énorme, Jean Abello (Arliguié Hutchinson) prend sa musette 20″ devant le peloton où figurent toujours André Dufraisse (Rochet) et André Bernard (Royal Fabric).

Jean Abello repris c’est Raymond Tourne (Olympique Dunlop) qui, à son tour, tente sa chance mais sans plus de succès.

Dès le début des premières bosses, le peloton vole en éclat.  Jacques Marinelli montre ses talents de grimpeur en passant en tête en haut de Morterolles devant Armand Audaire (Gitane) et Antoine Frankowski (La Perle).

André Dufraisse attaque à son tour dans Bessines mais, au sommet de la côte, c’est Armand Audaire qui remporte les points devant Maurice Monier (Olympique Dunlop).

Les coureurs abordent la côte de Razès entre deux haies de spectateurs qui n’ont d’yeux que pour André Dufraisse, l’enfant du pays. Follement acclamé, André Dufraisse démarre une nouvelle fois mais il battu de justesse par  Jacques Marinelli au classement du Meilleur Grimpeur.  Les deux hommes ont rejeté à 45″ leurs poursuivants, Emile Bruneau (Automoto), Jean Gueguen (Mercier), Galliano Pividori (Automoto), Georges Meunier et Louis Forlini (Gitane).

Jacques Marinelli est très costaud, il sort de sa roue André Dufraisse dès la sortie de Razès. André Dufraisse est repris par le groupe des poursuivants qui s’organise.

Jacques Marinelli est repris après La Crouzille.

La foule est énorme à l’approche de Limoges et notamment le long du Bois de La Bastide. Jacques Marinelli n’a pas dit son dernier mot, il place une nouvelle attaque dans la côte du château d’eau. Seuls, Louis Forlini, Georges Meunier, Galliano Pividori et Jean Gueguen réussissent à prendre la roue.

Contrairement aux autres années les hommes ne tournent pas à gauche pour rejoindre le vélodrome Raynaud. Ils foncent tout droit jusqu’à la Place Carnot puis remontent ensuite la rue Emile Labussière totalement pavée pour rejoindre le stade municipal de Beaublanc où est jugée l’arrivée sur la piste en cendrée.

Aux abords du stade, ils sont toujours cinq en tête mais le plus rapide d’entre eux Jean Gueguen est victime d’une crevaison qui le prive de la victoire.

Sur la piste en cendrée, dans la ligne opposée, Georges Meunier démarre. Il a course gagnée mais il se relève trop tôt et c’est finalement avec un écart minime qu’il enlève le 20ème Paris-Limoges.  Louis Forlini prend la seconde place devant Galliano Pividori et Jacques Marinelli.

Maurice Diot sorti du peloton dans le final prend la 5ème place devant le malheureux Jean Gueguen à seulement 25″.  Après avoir amené le sprint pour la 7 ème place, André Dufraisse se fait débordé par Armand Audaire qui devance Louis Desprez (Mercier), Jean Delahaye (Arliguie Hutchinson) et Jean Marie Ciéleska. André Dufraisse prend une méritoire 15ème place et l’on retrouve dans ce même peloton son camarade de l’UVL, André Bernard qui termine 17ème.

Georges Meunier a couvert la distance en 10h 31′ 21″.  Grâce à son échappée matinale, Pierre Mancicidore remporte le Ruban des Grandes Villes alors qu’en toute logique, le classement du meilleur grimpeur revient à Jacques Marinelli.

Georges Meunier vainqueur de la 20ème édition. A sa droite : André Dufraisse
André Dufraisse et Marinelli dans Razès lors de Paris LImoges
Tour d'Honneur pour Georges Meunier et Francis Pélissier

1952 – Les Merciers dominent. Victoire de Nello Laurédi.

C’est, de nouveau, après le Tour de France que se déroule le 27 juillet 1952 le 21ème Paris Limoges.

Lorsque M Boudard libère les 80 coureurs à 6h 55′, le temps est beau et la journée s’annonce chaude surtout dans les derniers kilomètres.

Dès le départ, sur les pavés de la Croix de Berny, André Mahé  (Terrot Hutchinson) flingue. A Arpajon, il possède 35″ d’avance sur André Darrigade (La Perle Hutchinson) et Edouard Muller (Gitane) sortis en contre. Les trois hommes se regroupent et à Angerville, le peloton passe avec 3′ 35″ de retard.

A Toury, l’écart est de 4′ 15″ mais le peloton qui s’agite un court instant revient à 3′ 55″. Après un nouveau ralentissement, l’écart est de 5′ 50″ à Orléans où André Darrigade enlève le premier sprint du Ruban des Grandes Villes.  Edouard Muller est victime d’une crevaison. Il abandonne aussitôt.

Au ravitaillement de la Motte Beuvron, André Darrigade et André Mahé  prennent leur musette 2′ 50″ avant Robert Varnajo (Gitane) qui s’est lancé à leur poursuite. Le peloton accuse un retard de 4′ 30″.

Robert Varnajo est victime d’ennui mécanique. Il perd 6′ mais, au courage, il rentre au sein du peloton mais il paiera ses efforts en fin de course. Devant, André Darrigage et André Mahé commencent à fatiguer. Comprenant que leur tentative est vouée à l’échec, ils préfèrent se relever.

Au sein du peloton, les régionaux André Dufraisse (Rochet) et Albert Treuil (CRCL) semblent très à l’aise alors qu’André Bernard (Royal Fabric) s’accroche.

Adolphe Deledda (Terrot) passe à l’attaque mais il ne parvient pas à faire le trou. Il est imité par André Thomas (Dilecta) sans plus de succès.

A Vierzon, Jean Marie Ciéleska (Gitane) remporte le second sprint devant Georges Meunier (La Perle).  L’allure s’est considérablement réduite et les coureurs commencent à prendre du retard sur l’horaire.

Le sprint de Châteauroux est remporté par Maurice Bertrand (Mercier) qui devance André Darrigade et Joseph Morvan (Dilecta). La fatigue commence à peser. De nombreux coureurs passent par la fenêtre.

Les coureurs escaladent la côte d’Argenton au train. Au sommet, Robert Varnajo devance Marcel Molinès (Dilecta) et Galliano Pividori (Vanoli Dunlop).

A la bifurcation pour prendre la route de La Souterraine, André Bernard, malade,  est décroché.  Après une poursuite acharnée de 10 km, il parvient à réintégrer le peloton.

Au passage à La Souterraine, Bernard Gauthier (Mercier) et Albert Chaumarat (Métropole) comptent 50″ d’avance sur Roger Creton (Gitane) qui conduit le peloton.

La bataille fait rage, le peloton s’est morcelé en plusieurs groupes avant d’atteindre Morterolles. En tête de course, on retrouve, à la poursuite des deux fuyards, à 30″,  Nello Laurédi et Robert Varnajo et à 40″ un groupe composé de :  Serge Kreher (Alcyon), Gabriel Gaudin (Gitane), Georges Decaux (Gitane), Jacques Renaud (Mercier), Galliano Pividori, Emile Baffert (Mercier), François Mahé (Dilecta), Marcel Molinès, Maurice Diot (Mercier), Charles Joly (Dilecta), Alain Moineau (Mercier), Willem Hendricks (Peugeot), Raymond Tourne (Métropole), Jean Marie Ciéleska (Gitane), Charles Coste (Stella) et Eugène Telotte (Mercier).

Dans la côte de Morterolles, Albert Chaumarat craque et Bernard Gauthier, un instant seul en tête, assiste au retour de ses poursuivants.

Nello Lauredi prend la relève de son équipier Bernard Gauthier dans la côte de Bessines. Il passe au sommet en tête devant ses deux coéquipiers Jacques Renaud et Bernard Gauthier qui encadrent Gabriel Gaudin.  Nello Lauredi continue sur sa lancée.

A Razès, il a 45″ d’avance sur  Eugène Telotte un autre Mercier, 1′ sur Georges Decaux, Jacques Renaud et Roger Creton, 1′ 15″ sur Bernard Gauthier, 1′ 40″ sur Charles Joly, Armand Audaire, Maurice Diot, Robert Varnajo et Willem Hendrickx.

Sur la route conduisant à Limoges, Nello Lauredi va lutter de toutes ses forces. Derrière lui, un groupe de cinq s’est formé. Les deux Gitanes Georges Decaux et Roger Creton sont étroitement surveillés par les poulains d’Antonin Magne, Jacques Renaud, Eugène Telotte et Bernard Gauthier.

C’est finalement avec 1′ 15″ d’avance que Nello Lauredi remporte le 21ème Paris-Limoges. Il est ravi mais épuisé au point qu’il faut l’aider à descendre de machine. Il va rester plusieurs minutes allongé sur l’herbe incapable de bouger.

La seconde place revient à son coéquipier Georges Decaux qui devance Roger Creton, Bernard Gauthier, Jacques Renaud et Eugène Telotte. Il n’y a pas de véritable sprint pour départager ces cinq hommes qui passent  la ligne séparés par 10 mètres chacun. C’est la preuve que le final a lourdement pesé dans les jambes.

Il faut attendre 3′ 8″ pour assister à l’arrivée de Jean Marie Ciéleska un autre Gitane .

Ce 21ème Paris-Limoges aura donc été marqué par une lutte entre les Merciers et les Gitanes, les coureurs au maillot violine étant les grands lauréats du jour. Ils placent cinq coureurs dans les six premiers.

Nello Lauredi a couvert les  365 km en 10h 17′ 25″. Au total, ils ne sont que 34 à franchir la ligne d’arrivée.

Les trois régionaux au départ, André Dufraisse, André Bernard et Albert Treuil ont connu des fortunes diverses. André Dufraisse se trouvait dans un 3ème  groupe  en arrivant à Razès. La tentation était trop forte, ayant perdu toutes ses chances de bien figurer il a préféré se retirer en arrivant chez lui. André Bernard termine premier régional mais il est relativement loin au classement. N’ayant pas pu s’alimenter avant Argenton, il a payé la note. Albert Treuil était encore dans le coup à Bessines mais il va connaître une terrible fringale dans le final ayant raté sa musette à Châteauroux. Au courage, il va cependant terminer l’épreuve.

 

 

 

Nello Laurédi tout heureux après sa victoire

1953 – 42 hommes au sprint. Victoire de Charles Coste.

Le 22ème Paris Limoges se dispute le 14 juin 1953. Depuis 1952, l’épreuve porte aussi le nom de Trophée du Sucre et elle s’annonce toujours aussi passionnante. Patronnée par l’Equipe et le Populaire du Centre cette édition est la dernière épreuve qualificative pour le Championnat de France. Elle compte aussi pour le Championnat de France des constructeurs et pour le challenge Yellow.

Autre fait important, les coureurs vont retrouver pour l’arrivée le vélodrome André Raynaud qui a fait l’objet d’une rénovation et qui réouvert ses portes en début d’année 1953.

Le record des partants est battu.  A 6h 51′, à la Croix de Berny, 97 coureurs sont libérés par le vétéran Romain Lardiller qui fête ses 80 ans.

A la sortie d’Arpajon, Francis Siguenza (La Perle), Louis Cavanna (Stella Wolber) et Jean Carle (Gitane) lancent la première échappée sérieuse.

En raison des travaux de réfection de la route nationale, les coureurs empruntent une déviation qui les conduits à Mèreville. Les trois fuyards possèdent alors 1′ 55″ d’avance sur le peloton.

A Angerville, alors que le peloton musarde, l’écart est monté à 4′ 15″. Francis Pélissier, directeur sportif de Francis Siguenza, lui donne l’ordre de se relever.

Continuant leur escapade, Louis Cavanna et Jean Carle atteignent Arthenay avec 8′ 15″ d’avance.

A Orléans, le premier sprint de la journée est remporté par Louis Cavanna qui devance Jean Carle. Robert Mignat (Royal Codrix) passe en 3ème position en tête du peloton. La sorcière aux dents vertes fait des siennes. A son plus grand désespoir, Jean Carle casse sa fourche et voit avec regrets son compagnon de route poursuivre seul l’aventure.

A 11 h, Louis Cavanna traverse La Motte Beuvron, lieu du contrôle de ravitaillement, avec 9′ d’avance sur le peloton. Le retard sur l’horaire prévu ne cesse de croître.

L’avance de Louis Cavanna commence alors à diminuer. A Salbris, le peloton n’est plus qu’à 6′ 15″. Louis Cavanna passe en tête au second sprint du Ruban des Grandes Villes, à Vierzon avec 5′ 20″ d’avance. Jean Marie Ciéleska (Gitane) conduit le peloton devant Georges Meunier (La Perle) et Jean Leullier (Alcyon).

Avant Massay, Noël Lajoie (Terrot) se lance à la poursuite de l’homme de tête.  A la sortie de la ville les deux hommes sont ensemble. Ils précèdent le peloton de 1′ 35″.

Jean Delahaye  et Pierre Mancicidor, tous les deux de l’équipe La Perle,  sortent, à leur tour, du peloton. A Vatan, ils pointent à 55″ de la tête de course. Le peloton est à 1′ 40″.

A 26 kilomètres de Châteauroux, c’est le regroupement général.  Bernard Gauthier (Mercier) remporte le dernier sprint à Châteauroux. Il devance  le champion du monde en titre Heinz Muller (La Perle)  et Georges Meunier.

Peu après, Roger Lambretch (Royal Codrix) passe à l’attaque. Il compte 1′ 25″ d’avance à Lothiers mais il n’insiste pas.

La bosse d’Argenton est montée au train. Au sommet, Robert Van Der Stock (Peugeot) devance Emile Baffert (Mercier) et Roger Pontet (Royal Codrix).

Avant la côte de Le Fay, Pierre Pardoen (Arliguie) tente sa chance mais le peloton réagit. Les Royal Fabric et les Merciers veillent au grain.

70 hommes se présentent ensemble au controle de ravitaillement de La Souterraine.

A 16h 20′, le peloton traverse La Croisière et les suiveurs attendent toujours l’attaque décisive.

Au sommet de la côte de Morterolles, Stanislas Bober (Alcyon) passe en tête suivi par Jacques Vivier (Royal Fabric) et par Jean Marie Ciéleska.

Dans la descente avant Bessines, le régional Georges Gay (Rochet) chute revient courageusement alors qu’un autre régional André Bernard tente sa chance. Il est rapidement repris et au sommet de la côte de Bessines le peloton étiré  est amené par Pierre Baratin (Terrot) qui devance Emile Baffert et Francis Siguenza.

A Razès, Attilio Redolfi (Mercier) mène la danse suivi par le jeune Stanislas Bober qui relance immédiatement l’allure. Quatre hommes se détachent Attilio Redolfi, Stanislas Bober, Robert Van Der Stock et Francis Siguenza. Derrière eux, un contre se forme avec Bernard Gauthier, Roger Creton (Gitane) et Marius Bonnet (Fachleitner).  Le peloton, tout près, compte encore 40 unités.

La poursuite est engagée mais l’entente ne règne guère en tête de course et à Grossereix, après qu’Attilio Redolfi ait tenté sa chance en solitaire, c’est le regroupement général.

Le sprint est inévitable et pour la première fois depuis sa création, plus de 40 coureurs pénètrent ensemble sur la piste du vélodrome André Raynaud. Jean Bidart (Royal Fabric) rentre en tête avec quatre longueurs d’avance mais il est débordé dans l’avant dernier virage. Charles Coste (Stella) devance, d’une roue, Attilio Redolfi puis viennent De Valk (Garin Wolber), André Darrigade (La Perle), Maurice Quentin (Alcyon). Tous les autres coureurs, malgré leurs protestations, sont classés ex aequo. Les régionaux, Georges Gay, Jacques Vivier, André Bernard et André Dufraisse sont parmi ceux-ci.

Charles Coste a couvert les 368 km en 10h 49′ 40″. Les suiveurs sont restés sur leur faim. Le manque de combativité des coureurs et notamment de tous ceux qui pouvaient encore espérer trouver une place au sein des équipes du prochain Tour de France leur est reproché.

Le Ruban des Grandes Villes est logiquement remporté par l’attaquant Louis Cavanna. Stanislas Bober est sacré meilleur grimpeur.

 

 

 

 

Charles Coste

1954 – Magnifique victoire du régional Valentin Huot.

Le 20 juin 1954, le temps est couvert et assez frais au moment  où le directeur de course, Henri Boudard, libère les 63 concurrents du 23ème  Paris Limoges.

La réfection de la RN20 va, une nouvelle fois, obliger les coureurs à une déviation vers Authon La Plaine ce que va rallonger l’épreuve de 16 km.

A Angerville, Robert Mignat (Royal Codrix) fait cavalier seul avec 1′ 50″ d’avance et le soleil se montre enfin.

Au 100ème km, Robert Mignat est rejoint par Henri Surbatis (Rochet), Charles  Coste (Royal Codrix) et Alfred Tonello (Alcyon). Le peloton est à 2′ 10″.

Roger Mignat est lâché à La Ferté Saint Aubin. Les quatre hommes de tête augmentent leur avance qui atteint 4′ 45″ au ravitaillement de la Motte Beuvron.

La chaleur est de plus en plus forte, le peloton fait la chasse à la canette. Les hommes de tête en profitent pour porter leur avantage à 8′ 15″ dans la traversée de Vatan.

Au second ravitaillement, à Chateauroux, l’écart est de 10′ 30″ mais dès la sortie de la ville, Henri Surbatis, au bout du rouleau, met la flèche.  Au sein du peloton, André Dufraisse (Terrot) pourtant en grande forme est aussi contraint d’abandonner. Il a  cassé des rayons mais il n’a trouvé personne pour lui passer une roue.

A Argenton, l’avance des leaders diminue. Ils n’ont plus que 7′ 50″ d’avance sur le peloton puis 4′ 40″ en abordant la côte de Le Fay.

Le regroupement s’opère à La Souterraine. Armand Baeyens (Plume Sport) relance la course dans la traversée de La Croisière. Rejoint dans la côte de Montcocu, il récidive mais sans plus de succès.

Valentin Huot (Terrot) et Jean Forestier (Follis Dunlop) placent un démarrage dans la côte de Morterolles. Au sommet de la côte de Bessines, les deux hommes sont encore ensemble. Ils précèdent le régional Georges Gay (Terrot) de 20″ puis un groupe à 30 ″composé d’Adolphe Deledda (Terrot), Raymond Guégan (Rochet), Tino Sabbadini (Terrot), Martin Van Geneugden (Gitane), Roger Pontet (Royal Codrix), Albert Dolhats (Rochet), Maurice Quentin (Alcyon), Louis Barès (Mercier), Albéric Schotte (Alcyon), Raoul Rémy (Mercier) et Robert Varnajo (Gitane).

Au sommet de Chantelauve, Valentin Huot est seul en tête avec 1′ 10″ d’avance sur Tino Sabbadini, Martin Van Geneugden, Maurice Quentin, Adolphe Deledda, Robert Varnajo, Raymond Guégan et Albert Dolhats qui ont repris Jean Forestier. Georges Gay qui a attaqué s’est lancé seul à la poursuite de Valentin Huot.

Razès est atteint. Valentin Huot possède 2′ d’avance sur Georges Gay et 2′ 30″ sur le groupe de chasse.

A La Crouzille, Georges Gay est repris par Martin Van Geneugden, Tino Sabbadini, Maurice Quentin et Robert Varnajo.

A 15 km de l’arrivée, Valentin Huot est toujours en tête. Les poursuivants ont reçu le renfort de Roger Pontet, Albert Dolhats et d’André Dupré (Alcyon).  Les attaques fusent  de Brachaud jusqu’à La Bastide mais Valentin Huot est hors de portée.

Au vélodrome André Raynaud, la foule en délire accueille le deuxième régional après André Dumont vainqueur de Paris-Limoges.  Valentin Huot a couvert les 381 km en 10h 44′ 50″. A 2′ 30″, neuf hommes sprintent pour la seconde place, Martin Van Geneugden est le plus rapide. Il devance Tino Sabbadini, Georges Gay, Robert Varnajo, Albert Dolhats, André Dupré, Albéric Schotte, Maurice Quentin et Roger Pontet.

27 concurrents ont terminé l’épreuve. A noter la belle 14ème place du local Marcel Guitard (Terrot).

 

 

 

L'arrivée de Valentin Huot

1955 – Joli doublé pour Louis Caput.

Le 24ème Paris Limoges se déroule le 19 juin 1955.

Depuis sa création la réglementation a évolué mais il y a encore  quelques points du règlement qui peuvent prêter à sourire en comparaison  avec la réglementation des  compétitions des années 2000.

Règlement du Paris-Limoges 1955 :

Article premier : La course cycliste Paris-Limoges organisée par le Populaire du Centre et l’Union Vélocipédique Limousine sous le patronage de l’Equipe se déroulera le 19 juin 1955 sous les règlements de la FFC. Elle entre dans le cadre des épreuves qualificatives 2ème série pour le championnat de France et est ouverte aux coureurs professionnels et aspirants et à une sélection d’indépendants français ainsi qu’aux coureurs professionnels étrangers appartenant aux fédérations affiliées à l’UCI.

Article 2 : Les engagements sont reçus au siège du Populaire du Centre  jusqu’au mardi 13 juin à 18 h 30.

Article 3 : Seules les bicyclettes de type courant sont autorisées à condition quelles soient mues par la seule force musculaire de ceux qui les montent.

Article 4 : La course sera disputée selon la formule Esprit d’équipe s’exerçant sur le plan tactique.

Article 5 : L’esprit d’équipe ne pourra se manifester qu’entre coureurs d’une même marque ou d’un même groupe de marques. Seront considérés comme appartenant à une équipe les seuls coureurs engagés par une marque ou un groupe de marques.

Article 6 : Tous les coureurs inscrits pourront se rendre entre eux de menus services tel que prêt ou échange de nourriture, de boissons, de clés, de boulons etc… à l’exclusion des bicyclettes , des roues et de toutes autres pièces dont la dépossession aurait pour conséquence de sacrifier la chance d’un concurrent par rapport à un autre. L’échange de boyaux est autorisé entre coureurs de même groupe et avec le directeur sportif de la marque. En outre, un coureur pourra toujours en cas d’accident rendant la machine inutilisable, étant entendu qu’un vélo n’est pas rendu inutilisable par une crevaison, changer de vélo avec un cycliste de rencontre à condition que le vélo emprunté soit de type courant prévu à l’article 3 et qu’un tel échange ne résulte en aucun cas d’un service organisé. En tout point du parcours, les coureurs sont autorisés à recevoir de leur Directeur Sportif se trouvant à bord du véhicule déclaré, une roue munie d’un boyau gonflé même en cas de crevaison. Il est précisé que le directeur sportif ou le mécanicien peuvent aider un coureur accidenté à changer de boyau ou à réparer mais seulement à l’arrêt absolu, pied à terre.

Article 11 : Les coureurs devront solder tous leur frais en cours de route. Les organisateurs ne reconnaissent aucune dette qu’ils pourraient contracter.

Le temps est couvert à 7 h 14′ au moment du départ de la 24ème édition de Paris-Limoges. 76 partants s’élancent de la Croix de Berny et vont affronter un vent de face relativement violent. Ce vent va d’ailleurs les accompagner tout au long du trajet avec en bonus des averses très violentes.

Sur la nouvelle route qui évite Longjumeau, Eugène Tamburlini (Gitane),  Roland Joassin (Saint Raphaël), Olivier Dessoles(Alcyon), André Mahé (Individuel), Marcel Dussault (Rochet), Armand Papazian (Gitane), Maurice Quentin (Gitane), Brik Schotte (Alcyon), Nicolas Barone (Saint Raphaël); Roger Chupin (Follis) et Raphaël Jonckheere (Bertin d’Alessandro) sont les premiers à mettre le nez à la fenêtre. Ces onze hommes ne s’entendent pas et seul André Mahé  insiste. Il possède 30″ d’avance au sommet de la côte d’Arpajon.

A Etampes, après 1h 10′ de course, Olivier Dessoles et Marcel Dussault se sont lancés à la poursuite d’André Mahé.

Au 38ème km, André Mahé est toujours en tête, les deux poursuivants sont à 55″ et le peloton, qui ne réagit pas, est à 3′ 25″. Les trois hommes de tête vont se regrouper. Face au vent violent, ils vont courageusement augmenter leur avance.

A Angerville, ils possèdent 9′ d’avance puis 15′ dans la traversée d’Arthenay.

Olivier Dessoles enlève le premier sprint du Ruban des Grandes Villes, à Orléans, devant Marcel Dussault et André Mahé mais dès la sortie de la ville ce dernier qui a mal aux jambes abandonne la partie. Le peloton accuse alors un retard de 17′.

L’écart est le même au ravitaillement de la Motte Beuvron.

Olivier Dessoles se montre à nouveau le plus rapide à Vierzon. La 3ème place revient à Noël Lajoie (Mercier) qui règle au sprint un peloton qui commence à prendre au sérieux cette échappée matinale.

Peu avant Châteauroux, Marcel Dussault qui impose un train soutenu,  lâche Olivier Dessoles. Le peloton s’est rapproché à 12′ 30″ du leader.

A Châteauroux, Marcel Dussault, l’enfant du pays, est follement acclamé. Olivier Dessoles passe à 4′ 55″. Le peloton conduit par Louis Caput (Arliguie) accuse un retard de 7′ 45″.

Au sommet de la côte d’Argenton, sous une pluie violente, Marcel Dussault n’a plus que 2′ 30″ sur Eugène Tamburlini, Louis Caput, Raphaël Géminiani (Saint Raphaël) et Robert Pallu (Gitane) qui secouent le peloton.

La belle aventure de Marcel Dussault se termine 3 km avant Le Fay.

A La Souterraine, traversée à 16 h 50′, Gérard Bousquet (Arliguie)  passe seul avec 1′ 15″ d’avance. Il est repris à La Croisière alors que se profilent les premières bosses sérieuses.

Dès l’ascension de Morterolles, Marcel Dussault et Gérard Bousquet disparaissent du peloton et une sévère sélection se fait par l’arrière. Valentin Huot (Rochet) attaque mais il est étroitement surveillé par Jacques Vivier (Gitane) qui passe en tête en haut de Morterolles suivi par  Eugène Tamburlini et par le régional Marcel Guitard (Terrot).

La décision ne se fait pas et 53 coureurs attaquent ensemble la montée de Bessines qui est escaladée à vive allure. Au sommet, Stanislas Bober (Alcyon) passe en tête suivi par Jacques Vivier et Eugène Letendre (Rochet).

Dans la côte de Chantelauve, Joseph Mirando (Follis) a déposé tout le monde.  Jean Bellay (Mercier) et Brik Schotte tentent, en vain, de le rejoindre.

A Razès, Joseph Mirando est toujours en tête mais  il est poursuivi par Marcel Guitard et par Attilio Redolphi (Mercier). Au sein du peloton, Raphaël Géminiani se montre le plus actif.

Marcel Guitard et Attilio Redolphi reviennent sur Joseph Mirando à La Crouzille et ils le laissent sur place. Abert Dolhats reste un temps intercalé. Alors que les spectateurs présents au vélodrome entrevoient une nouvelle victoire d’un régional, en la personne de Marcel Guitard, les deux fuyards voit fondre sur eux la meute déchaînée où les attaques fusent de toutes parts. Maurice Quentin et Isaac Vitré (Mercier) sont les plus entreprenants.

Malgré cela le sprint est inévitable, 28 coureurs font leur entrée ensemble au vélodrome. Le groupe se coupe en deux et dans le premier groupe où figurent les meilleurs sprinters Louis Caput se montre le plus rapide. Pour la seconde fois, il inscrit son nom au palmarès de Paris-Limoges.  Brik Schotte prend la seconde place. Marcel Guitard, très bien placé, se fait déborder par Maurice Quentin, Albert Dolhats, Robert Desbats (Mercier), Armand Audaire (Gitane), Philippe Agut (Splendid),  Raymond Elena (Gitane).

Marcel Guitard est finalement classé 9 ème ex aequo avec  Eugène Tamburlini, Eugène Telotte (Mercier), Guido Anzile (Mercier), Adolphe Deledda (Terrot), Jean Gueguen (Arliguie), Roland Callebout (Bertin), Michel Vuylsteke (Bertin), Maurice Pelé (Gitane), Jean Stablinski (Gitane) Raymond Guégan, Robert Pallu, Roger Chupin et André Dufraisse (Terrot).  Valentin Huot très  énervé après sa lutte avec Jacques Vivier n’effectue pas le second tour de piste.

Louis Caput a couvert les 365 km en 11h 5′ 30″. 45 coureurs sont classés. Le challenge du meilleur grimpeur patronné par Suze Vabé est remporté par Jacques Vivier. Le Ruban des Grandes Villes revient à Olivier Dessoles.

Louis Caput après son doublé

1956 – Claude Le Ber, le meilleur aux points.

Pour la 25ème édition de Paris-Limoges qui se déroule le 17 juin 1956, les organisateurs ont souhaité innover. Sera déclaré vainqueur le coureur qui aura totalisé le plus de points distribués tout au long du parcours.  Les éditions précédentes donnaient lieu trop souvent  à une première partie de course monotone et la compétition ne démarrait véritablement qu’à partir d’Argenton au moment des premières difficultés.

La répartition des points baptisée Trophée Félix Pottin,  a été longuement étudiée afin de ménager le suspense jusqu’au bout. Ainsi , à Orléans, Vierzon et Vatan, les 3 premiers marqueront 3,2 et 1 point puis à Chateauroux et à Argenton, 6,4 et 2 points, à La Souterraine 8,6 et 4 points, à Morterolles 10,8 et 6 points, à Bessines 15,10 et 8 points, à Razès 20,15 et 10 points. Enfin, à Limoges les 10 premiers marqueront les points suivants : 50, 40, 30,25,20,15,10,8,6 et 5.

Une pluie fine tombe sur le dos des 50 coureurs alignés sur la ligne de départ. Cette pluie froide va se transformer en averses et même en bourrasques et ceci jusqu’à 10 km de l’arrivée à Limoges.

Le vent défavorable va vitre provoquer des bordures lesquelles vont piéger de nombreux favoris et les malchanceux victimes de crevaisons vont avoir beaucoup de mal à rentrer dans le peloton.

Dans ces conditions exécrables, Henri Sitek (Mercier) va faire preuve d’un courage exemplaire en se lançant dans un raid solitaire dès la traversée de Toury. Dans un style saccadé mais  efficace, il lutte contre les éléments.

A Orléans, il a porté son avance à 2′ 35″ sur Dinard et Guy Million (Follis). Christian Fanuel (Follis) et Stanislas Bober (Mercier) sont à 3′. Robert Varnajo (Essor Leroux) qui conduit le peloton passe à 3′ 20″.

L’escapade d’Henri Sitek va durer 150 km. Il n’est repris qu’à Vatan après avoir compté plus de 5′ d’avance à Salbris.

Claude Le Ber (Mercier) le remplace en tête de course en attaquant dans la côte d’Argenton soit à 100 km de l’arrivée.

Au sommet de la côte de Le Fay, Claude Le Ber possède 3′ 25″ d’avance sur les poursuivants. Son avance va monter jusqu’à 4′ 20″ mais suite à une contre attaque de Joseph Groussard (Helyett), il ne possède plus que 3′ 20″ à La Souterraine et 4′ sur André Darrigade (Helyett) qui tire le paquet.

A Morterolles, Claude Le Ber a repris du poil de la bête. Il précéde Pierre Michel (Essor Leroux) qui a laissé sur place Joseph Groussard de 4′ 30″.

A Bessines, Claude Le Ber  devance toujours Pierre Michel qui est suivi par André Darrigade qui est sorti du peloton.

A Razès, Claude Le Ber n’a plus que 2′ d’avance sur André Darrigade. Le peloton conduit par Robert Desbats (Mercier) est à 3′ 20″.

Le final est passionnant. André Darrigade se rapproche de plus en plus de Claude Le Ber  marqué par sa longue chevauchée.

Au courage, Claude Le Ber va conserver 25 petites secondes sur André Darrigade qui est parti trop tard mais qui, lui aussi,  a faibli sur la fin. Pour la 3ème place, à quelques secondes,  Maurice Quentin  (Essor Leroux) devance Albert Dolhats (Rochet).  Martin Van Geneugden (Mercier) devance au sprint  Robert Desbats pour la 5ème place.

28 coureurs sont parvenus à Limoges. A noter la 28ème place d’Henri Sitek qui a tenu à terminer après sa longue échappée solitaire et surtout deux crevaisons dans la dernière partie de la course.

Avec 107 points cumulés sur toute la journée Claude Le Ber est officiellement déclaré vainqueur de la 25ème  édition.

Le nouveau règlement n’aura donc rien changé, le vainqueur aux points est aussi le coureur qui a franchi la ligne d’arrivée en première position.

Avec 100 km d’échappée dans des conditions atmosphériques déplorables Claude Le Ber a réalisé un exploit : Et dire que je voulais abandonner à Orléans, tellement j’avais froid. Sur la fin du parcours j’ai faibli, j’avais mal aux reins et la fin de l’itinéraire que je ne connaissais pas est terrible mais je suis satisfait d’en être venu à bout. Le fait de ne pas connaître les difficultés de fin de parcours m’a sans doute aidé.

Parmi les régionaux, André Dufraisse qui lui connaissait parfaitement la fin de parcours n’est pas parvenu à Limoges. Transi de froid, souffrant de la pluie, il était dans l’incapacité de faire des efforts comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Il a abandonné à Orléans. Jacques Vivier et Georges Meunier  ont connu le même sort. Seuls André Dupré et Georges Gay  sont parvenus à rallier Limoges.

 

 

 

 

Claude Le Ber

1957 – Supériorité des poulains d’Antonin Magne. René Privat au bout du bout !

La date du 18 mai 1957 a été retenue pour l’organisation du 26 ème Paris-Limoges. L’épreuve est ainsi un dernier test avant Bordeaux-Paris. Le Populaire du Centre et l’Union Vélocipédique Limousine sont toujours les maitres d’oeuvre de l’épreuve.  Baptisée également Trophée La Foncière Transport, la course est patronnée par Saint Raphaël Quinquina  qui dote la Progression.  La Progression reprend le principe des points  de l’édition précédente. En plus des points,  des primes dont le montant évolue au fil des kilomètres sont attribuées aux 3 premiers coureurs. Ainsi  les 3 premiers recevront 2000 francs à Orléans, Vierzon et Vatan, 4000 à Châteauroux et à Argenton, 5000 à La Souterraine, 6000 à Morterolles, 7000 à Bessines, 8000 à Razès et 10000 à Limoges.

C’est Avenue de Paris, à Versailles, devant les grilles de l’Orangerie que les 73 participants se rangent sur la ligne de départ à 6h 40.  Le départ lancé est donné dans la côte de Buc à 6h 58′.

A Châteaufort, huit hommes sortent du peloton : Georges Gay (Rochet), Pierre Michel (ACBB Félix Potin), Gilbert Henry (Rochet), Maurice Diot (Ravat Sport), Roger Chaussabel (Coupry La Perle), Mario Bertolo (Géminiani Saint Raphaël), Francis Siguenza (Rochet)  et Louis Caput (ACBB Leroux).

A Limours, avec le retour d’Eugène Telotte (ACBB Félix Potin) et de Maurice Quentin (ACBB Leroux) le groupe de tête compte 10 unités.

A Saint Cyr sur Jourdan, huit autres coureurs grossissent encore le groupe de tête : Valentin Huot (Mercier), Nicolas Barone (Géminiani Saint Raphaël), Seamus Elliott (ACBB Félix Potin), Fernand Picot (Mercier), Michel Puiatti (Royal Fabric), Jean Lerda (Rochet), Marcel Hendrickx (Peugeot) et Serge David (ACBB Leroux). Le peloton passe avec 30 ″ de retard. En 1h, 34,5 km sont couverts.

Les 18 fuyards sont repris à l’entrée d’Etampes.

A Ormoy (Km 57), Robert Desbats (Mercier), Mario Bertolo et Louis Caput (ACBB Leroux) passent à l’attaque et creusent rapidement le trou surtout sur l’impulsion de Mario Bertolo.

A Autruy, sur la route parallèle à la Nationale 20, ils possèdent 2′ 40″ d’avance.

Le peloton somnole , les trois hommes de tête creusent l’écart, 5′ 30″ à Acquebouille, 6′ 25″ à Bazoches, 10′ 30″ au pont sur la Loire.

Au ravitaillement de la Motte Beuvron, le peloton compte 16′ de retard. 130 km ont été couverts en 4h.

A Nouan Le Fuselier, l’écart est de 17′. Les trois échappés pénètrent dans Vierzon avec un avantage de 19′.

Le peloton se décide enfin à réagir et après 259 km de course, à Châteauroux l’écart est de 15′ 30″. A l’avant, Louis Caput, pris de fringale, entre dans un café et abandonne.

Continuant seuls, Robert Desbats et Mario Bertolo ne se résignent pas, ils vont même, à nouveau, augmenter leur avance qui va atteindre 20′.

Avant Argenton, le peloton commence à accélérer. Sous l’impulsion de Joseph Mirando (ACBB Félix Potin) et de Raymond Eléna (Coupry La Perle), l’écart est ramené à 11′ en haut de la côte d’Argenton gravie au sprint.

Antonin Magne va alors donner l’ordre à Robert Desbats de ne plus rouler. Mario Bertolo  assure donc l’essentiel du travail avec un courage exemplaire.

A Vareilles, les deux fuyards ont encore 8′ 15″ d’avance. La pluie fait son apparition au ravitaillement de La Souterraine.  A La Croisière, c’est un déluge qui s’abat sur Robert Desbats et Mario Bertolo qui ne possèdent plus que 3′ 30″ d’avance.

Dans la côte après La Croisière, pour la première fois depuis de nombreux kilomètres, Mario Bertolo laisse faire le travail à Robert Desbats.

60 coureurs attaquent  ensemble Morterolles à la poursuite des deux hommes de tête. Les défaillances sont nombreuses. Une chute jette à terre Georges Gay (Rochet) Roger Hassenforder (ACBB Leroux) et Bernard Bultel (Rochet) qui sera le plus sérieusement touché.

A La Croix du Breuil, Mario Bertolo n’a plus d’essence. Robert Desbats le dépose. Il reste 40 km à parcourir pour le Bordelais qui croit, de nouveau, à ses chances mais la dure rampe, qui ne rend pas,  à la sortie de Bessines va lui être fatale. Son camarade de marque, André Ruffet, qui s’est dégagé du peloton, revient sur lui à toute allure puis le passe irrésistiblement dans l’ascension de Chantelauve.

Le Breton André Ruffet donne alors l’impression d’être le futur vainqueur mais, dès les premiers lacets de Razès, il connait une terrible défaillance. Collé à la route, il parvient à basculer au sommet avec 20″ d’avance sur son coéquipier René Privat qui est sorti, en force, dans l’ascension.

Avant La Crouzille, René Privat rejoint puis lâche André Ruffet qui est repris par un groupe où les Mercier sont en force. Ce groupe est composé de Tino Sabbadini (Mercier), Michel Van Aerde (Mercier), Jean Bellay (Mercier), Albert Dolhats (Raphaël Géminiani), Stanislas Bober (Mercier) et Francis Siguenza (Rochet).

La bataille est furieuse. René Privat fonce vers l’arrivée avec des pointes à 70 km/h. Derrière lui, Albert Dolhats  fait le forcing mais il a dans sa roue cinq Mercier qui refusent de collaborer. Le peloton se rapproche aussi sous l’impulsion d’André Darrigade (ACBB Félix Potin)  et de Gilbert Scodeller (ACBB Leroux).

A Grossereix, René Privat n’a plus que 10″ d’avance sur un peloton regroupé de plus de 30 coureurs.

Dans la côte du Château d’eau, à La Bastide, à l’entrée de Limoges, René Privat n’a plus que 30 m d’avance  mais l’Ardéchois, dans un dernier coup de rein, trouve les ressources nécessaires pour repousser ses adversaires.

Il conserve son maigre avantage jusqu’au vélodrome. Il franchit  la ligne  d’arrivée avec  seulement 2 petites secondes d’avance sur le peloton réglé par le Vendéen  Robert Varnajo (ACBB Leroux). Richard Van Geneugden (Mercier) prend la 3ème place devant Michel Van Aerde (Mercier) , Albert Dolhats et André Darrigade.

René Privat a couvert les 395 km en 11h 26′ 35″.  52 coureurs sont parvenus au vélodrome. C’est un record.

Robert Desbats qui a été repris après 300 km d’échappée se console en enlevant la Progression Saint Raphaël Quinquina.

Après l’arrivée, les vestiaires du vélodrome André Raynaud évoque le radeau de la Méduse en cette fin d’après midi pluvieuse.  Les faces défaites, les corps meurtris par les chutes, la pluie et la fatigue témoignent de la difficulté de l’épreuve.

Le vainqueur René Privat, lui aussi très marqué se confie volontiers aux journalistes : J’avais le soir du Grand Prix de Panazol promis de gagner Paris-Limoges à mon ami Claude François, journaliste du Populaire du Centre. J’ai réitéré cette promesse auprès de mon directeur sportif. Mais avec les clients qu’il y avait au départ, il n’était point facile de tenir parole. En grande condition, je courais après un succès depuis le début de saison. Vous ne vous imaginez pas ce que j’aurais aimé triompher, le 8 mai, à Panazol. Marcel Guitard ne me l’a pas permis mais aujourd’hui, quelle revanche !  Maintenant j’espère que cette victoire va m’ouvrir les portes de l’équipe tricolore du Tour. Une chose m’inquiète, le Critérium du Dauphiné Libéré qui risque d’être bien épuisant à quelques jours de la grande boucle  et comme je suis Ardéchois, je ne peux pas rester inaperçu. 

De son côté, le second, Robert Varnajo, ne décolère pas : Ah nom de nom de nom de nom ! Si j’étais parti plus tôt. Mais c’est bien fait pour moi, j’aurais dû me douter que René Privat trouverait les ressources surhumaines pour s’imposer.

André Darrigade cache lui son amertume en faisant allusion au passé : Varnajo a été battu par Privat de la même façon que je l’ai été l’an dernier par Claude Le Ber. Ces 400 kilomètres ont été pénibles mais c’est une bonne chose à la veille de Bordeaux-Paris. Au sprint, sur la piste glissante, je n’ai pas pris de risques. Ah si cela avait été pour la première place, ce n’était pas la même histoire.

Tout comme Robert Desbats, le volontaire Marie Bertolo a terminé l’épreuve, il revient sur sa longue chevauchée : Si Louis Caput avait été dans un bon jour, c’était la valise !  De plus, la pluie a fait très mal aux jambes.

Le plus heureux des directeurs sportifs était bien évidemment Antonin Magne : Merci Privat ! Vous saviez que je tenais à triompher à Limoges, 30 ans après mon succès à la première édition en 1927. Je me suis demandé, à un moment, si Desbats n’allait, comme je le fis naguère, après une longue échappée, connaître une défaillance. J’étais pris entre deux feux.  Négliger Desbats au profit des hommes du peloton. J’ai été bien inspiré. Mais quelle course que Paris-Limoges ! On m’y reverra l’an prochain.

Le voeux d’Antonin Magne ne sera malheureusement pas exaucé.  Des ombres planent sur l’organisation.

Ce 26 ème Paris Limoges a pourtant connu un énorme succès sportif et populaire. C’est peut être un des plus beaux. mais tout n’a pas été simple pour les organisateurs. Les autorités préfectorales n’ont autorisé l’épreuve qu’à la condition qu’elle se déroule un samedi, qu’elle n’emprunte pas la route nationale à la sortie de Paris et qu’elle ne traverse pas la ville d’Orléans.

Ces contraintes vont considérablement se renforcer l’année suivante avec l’interdiction d’emprunter la route nationale sur toute sa longueur.  Les organisateurs vont baisser les bras.

 

 

 

 

Georges Guétary félicite le vainqueur de Paris-Limoges René Privat

1976 – La Renaissance de Paris-Limoges. Maurice Le Guilloux dernier vainqueur.

La 26ème édition ne sera pas toutefois la dernière. Il faut cependant attendre 19 ans pour que l’épreuve revoit le jour à l’initiative de Claude Genet du Syndicat Force Ouvrière. L’épreuve est ouverte aux coureurs pros de seconde catégorie et elle se déroule en deux étapes. Le samedi 1 er mai, Etampes-Châteauroux et le dimanche 2 mai, Châteauroux-Limoges, par le chemin des écoliers.

La 1ère étape va se dérouler sans faits spectaculaires. En début d’étape, Francis Campaner (Peugeot) et Guy Leleu (Gitane) tentent une échappée. Leur aventure tourne court.

A l’approche de Châteauroux, on retrouve à l’avant Jean François Pescheux (Jobo), Maurice Le Guilloux (Gan Mercier) , Raymond Martin (Gitane) et Jean Luc Molinéris (Peugeot) mais, là encore, le peloton revient très vite.

Le sprint est inévitable. 73 coureurs sur les 74 partants se disputent la victoire au sprint. Alain Meslet (Gitane) est le plus rapide. Il devance Michel Périn (Gan Mercier), Régis Delépine (Gan Mercier), Jean Louis  Danguillaume (Peugeot), Rachel Dard (Peugeot), Ferdinand Julien (Lejeune) et Roger Legeay (Lejeune). Tous les autres coureurs sont classés ex aequo.

La seconde étape va être beaucoup plus animée.  Eric Lalouette (Lejeune) est le plus audacieux. Il va rester, seul en tête, durant 50 km.  Il est repris par un groupe comprenant, Maurice Le Guilloux, Francis Campaner, Jean Pierre Guitard (Peugeot) , Bernard Bourreau (Peugeot), Pierre Raymond Villemiane (Gitane) , et Hubert Arbes (Gitane).

A Bénévent l’Abbaye, à 90 km de l’arrivée, tout est à refaire.  Francis Campaner tente alors sa chance. 15 km plus loin il est rejoint par Bernard Bourreau,  Georges Talbourdet (Gan Mercier) , Hubert Arbes, Claude Magni (Jobo), Joël Hauvieux (Lejeune), Robert Alban (Gan Mercier), Jean Chassang (Gitane)  et José Catieau (Peugeot).

A Sauviat, les 9 hommes de tête possèdent 2′ 15″ d’avance.

Dans la côte de Marsac, après Saint Léonard de Noblat, Francis Campaner place une attaque. Bien protégé par ses coéquipiers José Catieau et Bernard Bourreau, il creuse rapidement l’écart.

Au passage aux Bardys, il possède plus de 2′ d’avance. L’écart est le même à Beaubreuil  lorsqu’il pénètre sur le circuit final,  long de 16 km, mais il commence à piocher.  Derrière lui, Maurice Le Guilloux, Joël Hauvieux et Robert Bouloux (Jobo) sont sortis en contre. Ils reviennent vite sur Francis Campaner qui ne peux pas prendre les roues au passage.

Au sprint, Maurice Le Guilloux s’impose devant Robert Bouloux et Joël Hauvieux.  A 2′ 5″, Francis Campaner sauve, de peu, sa 4ème  place. Le sprint du peloton est remporté par Rachel Dard qui devance  Alain Santy (Gitane) et Georges Talbourdet.

Tout le monde étant arrivé dans le même temps la veille, le classement général est le même que le classement de la 2ème étape.  Maurice Le Guilloux a couvert les 430 km en 10h 17′ 30″.

Maurice Le Guilloux restera le dernier vainqueur de Paris-Limoges.  Il n’y aura pas de 27ème édition.

Cette épreuve sera remplacée en 1980  par Châteauroux-Limoges.

 

 

 

Maurice Le Guilloux, au micro de Paul Perrier, félicité par Louis Longequeue, maire de Limoges

Sources des données retranscrites : Archives du Populaire du Centre,  (articles et photos).

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